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TIONS SUR

L'EVANG.

*Heb. II. 2,3,4

qu'il nous impofe. Difons donc avec faint Paul: * Si la Loi qui a MÉDITA- été donnée aux anciens Juifs par le ministère des Anges eft demeurée ferme, & que toute tranfgreffion & défobéiffance contre cette Loi ait reçu un jufte châtiment, comment l'éviterons-nous, fi nous négligeons une doctrine auffi falutaire que celle qui nous est enfeignée par JESUSCHRIST, qui ayant pris fon commencement par l'explication qu'il en a faite lui-même, nous a été confirmée par ceux qui l'ont ouie de Sa propre bouche, Dieu y rendant témoignage par tant de fignes, par tant de miracles, par tant de prodiges, & enfin par l'effufion manifefte de fon Saint-Efprit? Et encore avec le même faint Paul: Si lorf 29,30,31. qu'on avoit violé la Loi de Moyfe, qui n'étoit que le ferviteur, on périffoit fans miféricorde fur la dépofition de deux ou de trois témoins, quel fupplice mériteront ceux qui auront foulé aux pieds le Fils de Dieu; qui ont tenu pour profane le Sang de Alliance, par lequel ils ・ont été fanctifiés, & qui ont fait outrage à l'efprit de la grace? Car nous fçavans combien puissant eft celui qui dit: A moi appartient la vengeance, & je la faurai bien faire. Et encore: Le Seigneur jugera fon Peuple. Il eft horrible de tomber entre les mains du Dieu

Heb. X. 28,

vivant,

XIX. JOUR.

Rechûtes. Luc. XI. 21. 27. Saint Paul. Heb. v1. 4. 9. 2.
II. Petr. II. 20. 21. 22.

OUR nous affermir contre les rechûtes, appuyons fur ce qui eft
dit dans faint Luc du fort armé.

Po

Le fort armé, c'eft le démon. Confidérez ces paroles: Ce qu'il poffede eft en paix. Songez à la malheureuse paix, dont jouiffent les pécheurs. La confcience affoupie, on fe voit périr de fang froid, & fans s'émouvoir; les fens nous enchantent, & le Démon regne tranquillement. JESUS-CHRIST a chaffé ce fort armé, quand il a ébranlé ce cœur endurci, & qu'on a fait pénitence. Mais ce n'eft pas tout, & il ne quitte pas prife; il revient avec fept Démons plus méchans que lui. Pefez tout: ces efprits immondes fouillent de nouveau la maifon que la pénitence a nettoyée, & ils établissent leur demeure: Et le dernier état de cet homme eft pire que le premier. Si toujours à chaque rechûte l'état devient pire, fi le joug du Démon s'affermit: fi l'on s'enfonce de plus

en plus dans le mal; fi les forces diminuent fans ceffe, où en fera-t-on à la fin, & comment fortir de cet abyfme? Dieu MÉDITAnous en tirer, je le fçai; mais s'il n'y a rien à défespérer, tout eft à TIONS SUR

craindre.

peut

Il eft impoffible à l'homme, dit faint Paul, felon le cours ordinaire des chofes humaines, & il n'y a que Dieu qui le puiffe faire par un effort, pour ainfi parler, de fa toute-puiffance: Il eft impoffible, dis-je, que ceux qui ont une fois été illuminés par la grace du Baptême, qui ont goûté le don céleste, & ont été faits participans du Saint-Esprit, & qui enfuite font déchûs, foient renouvelles. Si faint Paul parle ainfi de ceux qui ont violé la fainteté du Bap tême, que doivent craindre ceux qui ont ajoûté à cette profanation, celle de la pénitence fi fouvent réitérée, & fi fouvent méprifée? La terre qui boit fouvent la pluie qui tombe fur elle, & qui ne produit que des épines & des chardons, eft à la veille d'être maudite,& enfin on y met le feu.

Ces paroles font capables de vous remplir de frayeur; mais relevez votre efpérance par les fuivantes, & croyez que toute Eglife vous dit avec faint Paul: Nous espérons de vous de meilleures choses.

9.

L'EVANG.
Heb. VI. 4,

Ibid.

2. Ep. II.

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Après avoir oui faint Paul, écoutons encore faint Pierre. Il vau droit mieux n'avoir pas connu le chemin de la justice, que de retour 21 y 22. ner en arriere, comme un Chien qui ravale ce qu'il a vomi; & comme un Pourceau qui fe vautre de nouveau dans la boue. Cela fait horreur - feulement à entendre; & ces expreffions foulévent le cœur; mais ce qu'on voit faire à ces animaux, eft au-deffous de ce qui arrive aut Pénitent qui retombe.

X X. JOUR.

Vaine gloire dans les bonnes œuvres. Matth. vI. 1. 4.

A

PRE's avoir porté la juftice Chrétienne au fouverain dégré de perfection, & jufqu'à prendre pour modéle la perfection de Dieu même; Jefus-Chrift voit que l'homme enclin à la vanité, voudroit tirer de la gloire des pratiques extérieures d'une juftice fi parfaite; & c'est ce qui donne lieu à ce précepte: Prenez garde à ne pas faire votre juftice devant les hommes, pour Matth. VI. en être regardé. Il ne défend pas de pratiquer la juftice Chrétienne 1.

*

en toute rencontre, pour édifier le prochain; au contraire, il a MEDITA- dit: Que votre lumiere luife devant les hommes, afin que votre Pere TIONS SUR Céleste foit glorifié dans vos bonnes œuvres; mais prenez garde de L'EVANG. ne les pas faire pour être regardés des hommes, autrement vous per*Matth. V. dez votre récompenfe. Demandez-la aux hommes, pour qui vous agiffez; mais n'attendez de Dieu que la punition qu'il a réservée aux hypocrites.

16.

Toutes les fois qu'on vous loue, craignez cette parole du SauMatth. VI. veur: En vérité, je vous le dis, vous avez reçu votre récompenfe. Parole fi importante, que Jefus-Chrift la répéte à chaque action qu'il marque en particulier dans ce Chapitre.

2,5.

Luc. XVI.

Souvenez-vous de ce qu'il a dit du mauvais Riche: Il a reçu fes 25. XIV. 12. biens en cette vie. Et ailleurs dans la Parabole du feftin: On vous a rendu ce qu'on a reçu de vous.

Col. III. 3.

Heureux donc ceux dont la vie eft cachée en Dieu, comme dit faint Paul, que le monde ne connoît pas, qui vivent dans le fecret de Dieu, qui fe contentent de fes yeux; car quelle erreur 2.Cor. VI.8. & quelle folie de ne fe pas contenter d'un tel fpectateur? Ils font comme inconnus, dit le même faint Paul: car ils ne font point dans les vains difcours des hommes; mais ils font connus. Dieu les regarde d'autant plus, que perfonne ne fonge à eux, & qu'ils font comme n'étant pas fur la terre. Heureux, heureux ! Si je plaifois encore aux hommes, dit faint Paul, je ne ferois pas ferviteur de JefusChrift.

Gal. I. 10.

Matth. VI.

3, 4.

15.

Il faut bien prendre garde ici à une certaine nonchalance qui fait négliger les actions du dehors, qui édifient le prochain. On dit : Que m'importe de ce qu'il penfe? comme qui diroit : Que m'importe de le fcandalifer? A Dieu ne plaife. Dans les actions du dehors édifiez le prochain, & que tout foit réglé en vous jusqu'à un clin d'œil; mais que tout cela fe faffe naturellement & fimplement, & que la gloire en retourne à Dieu.

Gardez-vous bien auffi de vous contenter de vous régler à l'extérieur; il faut à Dieu fon spectacle, c'est-à-dire, dans le fecret un cœur qui le cherche.

Que votre gauche ne fache pas ce que fait la droite. Cachez voEccli. XXIX, tre aumône à vos plus intimes amis. Cachez-la dans le fein du pauvre, dit le Sage: que le pauvre même, s'il fe peut, ne vous connoiffe point. Il faudroit, s'il fe pouvoit, vous pouvoir cacher à vous-même le bien que vous faites. Cachez-en du moins le mérite à vos yeux : croyez toujours que vous faites peu, que

Vous

vous ne faites rien, que vous êtes un ferviteur inutile : craignez toujours dans vos bonnes œuvres que votre intention ne foit pas affez pure, affez dégagée des vûes du monde. Laiffez connoître à Dieu feul le mérite de vos actions: faites bien fans retour fur vous-même : occupez-vous tellement de la bonne œuvre en ellemême, que vous ne fongiez jamais à ce qui vous en reviendra. Laiffez tout au jugement de Dieu; ainfi il vous verra feul: vous vous cacherez à vous-même.

MÉDITA

TIONS SUR

2.

L'EVANG.

Ne fonnez pas de la trompette devant vous, comme ceux qui Matth. VI. parlent fans ceffe de ce qu'ils font, & de ce qu'ils difent. İls font eux-mêmes leur trompette, tant ils craignent de n'être pas vûs.

XXI. JOUR.

Priere, & préfence de Dieu dans le fecret. Matt. vi. 5. 6. 7. 8.

E

Nirez dans votre Cabinet, dans le plus intime de la maison; mais entrez dans le plus intime de votre cœur. Soyez dans un parfait recueillement fermez la porte fur vous, fermez tous vos fens : ne donnez accès à aucune penfée étrangère. Priez en fecret épanchez votre coeur devant Dieu feul; qu'il foit le dépofitaire de vos fecrétes peines.

Ne parlez pas beaucoup. Il n'eft pas ici queftion d'apprendre à Dieu par un long difcours vos befoins fecrets; il fçait tout avant que vous parliez. Dites intérieurement ce qui peut vous profiter à vous-même, vous exciter, vous recueillir en Dieu. Les prieres des Payens qui ne connoiffent pas Dieu, ne font qu'une furabondance de paroles inconfidérées. Parlez peu de la bouche, & beaucoup du cœur. Ne multipliez pas vos penfées; car c'est ainsi qu'on s'étourdit, & qu'on fe diffipe foi-même. Arrêtez vos regards fur quelque importante vérité qui aura faifi votre efprit, & votre cœur. Confidérez, pefez, goûtez, ruminez, joüissez. La vérite eft le pain de l'ame. Il ne faut pas engloutir d'abord pour ainfi parler, chaque morceau; il ne faut pas fans ceffe paffer d'une pensée à une autre, d'une vérité à une autre. Tenezen une, ferrez-la jufqu'à vous l'incorporer: attachez-y votre cœur plûtôt que votre efprit. Tirez-en, pour ainsi dire, tout le fuc à force de la preffer par votre attention.

Tome IX.

E

L'EVANG.

Dieu vous voit dans le fecret. Songez qu'il vous voit jufques MÉDITA- dans le fond, infiniment plus que vous-même. Faites un Acte de TIONS SUR foi fimple & vif fur fa préfence. Ame Chrétienne, mettez-vous fous fes yeux toute entiere. Il eft intime, il eft préfent; car il donne l'être & le mouvement à tout. Ne vous arrêtez pas néanmoins à cette préfence, dont toutes les créatures animées & inanimées font également capables. Croyez par une foi vive qu'il vous eft préfent, comme vous donnant au-dedans toutes les bonnes pensées, comme tenant en fa main la fource d'où elles fortent, & non-feulement les bonnes penfées, mais encore les bons défirs, les bonnes réfolutions, & toutes les bonnes volontés depuis le premier principe qui les fait naître, jusqu'à la derniere perfection. Croyez encore qu'il eft dans les juftes, & qu'il y fait 1. Joan. XIV. fa demeure, felon cette parole du Sauveur : Nous viendrons d lui, & nous ferons notre demeure en lui. Il y eft d'une maniere ftable & permanente; il y établit fa demeure. Souhaitez qu'il foit en vous de cette forte: offrez-lui votre intérieur, afin qu'il y foit, & qu'il en faffe fon temple. Sortez quelquefois de vousmême; & avec la même foi qui vous le fait voir dans vous-même, regardez-le dans le Ciel où il fe manifefte à fes bien-aimés. C'est là qu'il vous attend. Courez, volez, rompez vos liens : rompez toutes ces attaches qui vous lient à la chair & au fang. O Dieu, quand vous verrai-je ? Quand aurai-je ce cœur pur qui fait qu'on vous voit, en foi-même, hors de foi-même, par-tout? O lumiere qui éclairez tout ! O vie qui animez tout ! O vérité qui nourriffez tout! O bien qui raffafiez tout! O amour qui uniffez tout! Je vous loue, mon Pere Célefte, qui me voyez dans le fecret.

23.

R

XXII. JOUR.

Oraifon Dominicale. Notre Pere. Matth. vi. 9.

EGARDEZ dans toutes les demandes un exercice d'a

mour.

Notre Pere: Dès ce premier mot de l'Oraison Dominicale, le cœur fe fond en amour. Dieu veut être notre Pere par une adoption particuliere. Il a un Fils unique qui lui eft égal, en qui il a mis complaifance; il adopte les pécheurs. Les hommes

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