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beaucoup moins sensible que les précédentes et ne doit par conséquent pas être tentée.

Liebig avait proposé, pour constater la présence de très petites proportions d'acide azotique très étendu d'eau, de chauffer ce corps avec du sulfate d'indigo et de l'acide sulfurique; la décoloration de l'indigo devait être une preuve de l'existence de l'acide azotique; mais j'ai fait voir en 1828, bien avant M. O'Schaugnessey, quoi qu'en dise M. Devergie, que les acides chloreux, iodeux, etc., affaiblis agissent exactement de même sur le sulfate d'indigo, et qu'il faut par conséquent renoncer à ce mode d'expérimentation. (Voy. Journal de Chim. medic., tome IV, page 409, année 1828.)

J'ai voulu savoir jusqu'à quel point l'or métallique pourrait remplacer les sulfates de narcotine et de fer, ainsi que les autres moyens que j'ai proposés pour découvrir des atomes d'acide azotique étendu d'une grande quantité d'eau ; à cet effet j'ai essayé de dissoudre à la température de l'ébullition une parcelle d'or pur dans une liqueur composée de 7 à 8 grammes d'eau, d'une, deux, trois ou quatre gouttes d'acide azotique, et d'autant d'acide chlorhydrique concentré; celle de ces liqueurs qui contenait le moins d'acide azotique en renfermait assez pour que l'on pût constater tous les caractères que je viens d'assigner à cet acide, et pourtant l'or n'a été dissous par aucune d'elles, même au bout de plusieurs jours de contact. L'insuffisance de ce moyen a été surtout sensible lorsque j'ai voulu chercher de petites proportions d'acide azotique mêlé à la matière des vomissements, à du lait étendu par du bouillon, du café, etc.... Acide azotique mêlé à divers liquides alimentaires (lait, thé, café, sucre, vin), à la bile, au sang, à la matière des vomissements et aux liquides contenus dans le canal digestif. L'eau sucrée, le thé, le vin et la gélatine ne sont pas troublés par cet acide; le lait est coagulé ainsi que l'albumine et les grumeaux ne tardent pas à jaunir. La bile précipite en jaune, et le dépôt verdit d'abord, puis rougit par une plus forte proportion d'acide. Le sang est noirci et coagulé.

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A. Le liquide filtre contient de l'acide azotique libre. Si

l'on était certain que le liquide alimentaire ne renferme que de l'eau sucrée, du thé ou du vin, on pourrait, après avoir constaté son acidité au moyen du papier de tournesol, le saturer par de la potasse à l'alcool et évaporer jusqu'à siccité, pour obtenir de l'azotate de potasse, facile à reconnaître aux caractères qui viennent d'être indiqués; ici la matière organique n'altèrerait pas sensiblement les caractères de l'azotate de potasse. Mais comme nous devons supposer que l'expert ne sait pas au juste quelle est la nature de la matière organique contenue dans le mélange, il importe de procéder comme si cette matière était de nature animale. Pour cela, on sature le liquide par du bicarbonate de soude, et on le fait traverser pendant une heure environ par un courant de chlore gazeux et lavé, qui jouit de la propriété de décomposer la majeure partie de la matière animale; on filtre et on fait bouillir le liquide pendant quelques minutes pour chasser l'excès de chlore, et on le fait évaporer jusqu'à siccité. Le produit de l'évaporation renferme de l'azotate de potasse, du chlorure de sodium, une certaine quantité de matière organique qui n'est pas assez abondante pour empêcher de décéler la présence de l'acide azotique, et assez souvent un peu de chlorate de potasse. C'est à tort que M. Devergie conseille de faire passer le courant de chlore avant d'avoir saturé le liquide par le bicarbonate, car en agissant ainsi, on perd une quantité notable d'acide azotique au moment où l'on fait bouillir la liqueur pour en chasser l'excès de chlore. Les choses étant dans cet état, on mettra sur les charbons ardents quelques parcelles de la masse solide obtenue pour voir si elle fuse; il arrivera souvent, si la proportion d'azotate de potasse est très faible, par rapport à la matière organique restante, qu'il n'y aura point de scintillation. Si celle-ci a eu lieu, on décomposera tout ce qui reste de matière solide par du cuivre, de l'eau et de l'acide sulfurique concentré dans l'appareil décrit à la page 6, et l'on fera passer le gaz à travers quelques gouttes d'une dissolution de protosulfate de fer; si l'on a obtenu des vapeurs orangées parfaitement visibles dans le tube, que le protoșulfate de fer se soit coloré en brun café, et que

cette liqueur brune ait passé au violet par l'addition d'une assez forte proportion d'acide sulfurique concentré, on affirmera que le liquide suspect renfermait de l'acide azotique ou de l'acide azoteux. S'il n'y a eu ni scintillation sur les charbons ardents, ni dégagement de vapeurs orangées (ce qui n'aura lieu que dans le cas où le liquide suspect ne contiendra que des atomes d'acide azotique), que le protosulfate de fer se soit coloré en brun café, et que ce liquide brun ait acquis une couleur violette avec l'acide sulfurique concentré, on établira de grandes probabilités en faveur de l'existence de l'acide azotique,sans pourtant affirmer que la liqueur suspecte en contient, parce qu'il ne suffit pas d'un caractère uniquement fondé sur des nuances brune et violette, pour conclure d'une manière positive, en l'absence des vapeurs nitreuses qui constituent un des meilleurs caractères des acides azotique et azoteux. A plus forte raison devrait-on user d'une grande réserve, si la liqueur brune obtenue avec le protosulfate de fer ne devenait pas violette par l'addition de l'acide sulfurique concentré; il faudrait même se garder dans ces cas de faire soupçonner que l'empoisonnement a pu avoir lieu par l'acide azotique, à moins que le médecin n'y fût autorisé par l'ensemble des symptômes éprouvés par le malade et des altérations des tissus constatées après la mort. Il résulte en effet de mes expériences qu'en traitant par le bicarbonate de soude des matières animales liquides, ne contenant point d'acide azotique,ou qu'en faisant bouillir avec ce sel un estomac de l'homme à l'état normal, et en décomposant ensuite les liqueurs par le chlore exactement comme il a été dit plus haut, on obtient dans quelques circonstances, et après l'évaporation, un produit solide qui, étant traité par le cuivre, l'eau et l'acide sulfurique, fournit un gaz qui colore le protosulfate de fer en brun café, et pourtant il n'existe pas un atome d'acide azotique dans ces liqueurs. Il est vrai de dire que ce n'est pas ainsi que les choses se passent habituellement : le plus souvent les matières animales dont il s'agit jaunissent d'abord le protosulfate de fer, puis le verdissent sans lui communiquer la teinte café; mais il suffit que le fait signalé par moi se produise

quelquefois pour qu'on ne doive attacher au caractère tiré de la simple coloration brune du protosulfate de fer, qu'une importance fort médiocre. Il arrive, lorsque le produit solide sur lequel on expérimente contient fort peu d'azotate de potasse et beaucoup de chlorure de sodium, que le protosulfate de fer brunit d'abord pour devenir ensuite d'un vert foncé, à mesure qu'il est traversé par de nouvelles quantités de gaz ; peu importe ce changement de couleur, si le liquide ainsi verdi se colore en violet ou en rose quand il est versé dans de l'acide sulfurique concentré; toutefois il vaut mieux ne pas s'exposer à verdir la liqueur, en arrêtant l'opération dès que le protosulfate de fer aura été bruni.

On aurait tort de substituer le sulfate de narcótine au sel de protoxyde de fer dans l'espèce dont je parle, parce qu'il pourrait être rougi par le chlore qui se dégage, alors même que le produit solide ne renfermerait pas un atome d'acide azotique.

Il se présente maintenant une question importante dans l'intérêt de l'accusation. Doit-on par cela seul que le produit de l'évaporation n'a ni fusé sur les charbons ardents, ni donné du gaz acide azoteux par l'action du cuivre et de l'acide sulfurique concentré, ni coloré le protosulfate de fer en brun, affirmer qu'il ne renferme pas d'azotate et par conséquent qu'il n'y avait pas d'acide azotique dans la liqueur suspecte? Non certes. J'ai fait dissoudre dans l'eau un mélange d'une parcelle d'azotate de potasse et de 200 parties environ de chlorure de sodium solide; la liqueur a été partagée en deux parties égales ;l'une d'elles a été évaporée jusqu'à siccité et traitée par le cuivre et l'acide sulfu rique; le gaz, en traversant le protosulfate de fer l'a jauni avant de le brunir; ce liquide brun ne passait pas au violet par l'addition de l'acide sulfurique concentré; en continuant à faire arriver du gaz, la liqueur devenait d'un vert de plus en plus foncé; dans cet état, elle dégageait du chlore et de l'acide chlor+ hydrique par l'acide sulfurique, sans passer au violet. L'autre portion de la liqueur mélangée avec un peu de lait et de gélatine dissoute, a été évaporée jusqu'à siccité; le produit, décomposé

à froid et à chaud pendant 25 minutes par du cuivre et de l'acide sulfurique, a donné un gaz qui a rendu le protosulfate de fer jaune verdâtre assez foncé, sans le brunir, et ce liquide, ne sé colorait pas en violet en ajoutant une forte proportion d'acide sulfurique concentrẻ. La matière contenait pourtant de l'azotate de potasse. Cette expérience souvent répétée m'a con stamment fourni les mêmes résultats. L'influence d'une grande quantité de chlorure et de chlorate de sodium sur la coloration du protosulfate de fer par de l'acide azoteux, lorsque celui-ci est en très petite quantité, ne saurait être contestée. Or, il arrive nécessairement qu'en traitant, comme nous sommes obligé de le faire, les matières suspectes par du bicarbonate de soude et du chlore, il se forme du chlorure et du chlorate de sodium; il n'est donc pas étonnant que lorsqu'il n'existe que des atomes d'azotate dans une liqueur suspecte,qui peut renfermer d'ailleurs des proportions considérables de ces sels ou du moins de l'un d'eux, les réactions du gaz dégagé par l'action de l'acide sulfurique eu du cuivre soient telles que l'on ne puisse pas conclure à l'exi stence d'un azotate, alors même qu'il s'en trouve quelques atomes dans les liqueurs suspectes. £, obilo

·B. Le liquide filtré ne contient pas d'acide azotique libre. Ce cas ne se présentera pas, certes, une fois sur mille; pour peu que la dose d'acide azotique soit appréciable, quelle que soit d'ailleurs la proportion de matière organique solide conte nue dans le mélange, il reste toujours de l'acide azotique libre dans la liqueur, surtout si on a eu soin de laver cette matière solide dans de l'eau distillée à plusieurs reprises, et de réunir les eaux de lavage au liquide dont je parle. J'admettrai toutefois qu'il puisse en être autrement, et que l'expert soit obligé de chercher l'acide azotique dans les matières solides. Ces matières jaunies par cet acide paraissent en retenir une proportion excessivement minimo, même après avoir été lavées avec de l'eau distillée pendant plusieurs jours, et jusqu'à ce que les eaux de lavage ne rougissent plus le papier bleu de tournesol le plus sensible. L'expérience suivante vient à l'appui de cette assertion. On fait bouillir, avec du bicarbonate de soude, pen-s

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