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tholique, spécialement en Italie, Nous espérons, avec la bénédiction divine, des fruits abondants et heureux.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 18 décembre 1903, la première année de Notre Pontificat.

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SOUVENIRS DE SEIZIEME ANNEE

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"Sweet sixteen, they say!"

TENNYSON.

Il a seize ans. Pour lui la vie est une fête;
Dans nos âpres sentiers il va cueillant des fleurs.
De tout bonheur humain il veut gravir le faîte
Et le seul dévouement lui fait couler des pleurs.
Son front sans ride encor ne connaît pas l'épine
Et le cœur vierge et fort qui bat dans sa poitrine
Jamais ne s'est brisé sous le choc des douleurs.
Aurore radieuse, ô première jeunesse,

Point de nuage au ciel, l'aube est pleine d'espoir,
Mais l'âme sent venir un souci qui l'oppresse,
Le matin est bien beau, mais quel sera le soir?
Seize ans. Il faut déjà songer à l'avenir,
Donner son âme ardente à ces graves pensées,
Laisser rêves, désirs, illusions passées,
Derniers restes aimés d'un temps qui va finir.
A ses yeux indécis se déploient vingt bannières,
Il voit s'offrir à lui de brillantes carrières
Qui toutes à la fois se disputent son cœur.
Dans ce combat nouveau quel sera le vainqueur?
Or, un soir, qu'il roulait en son âme oppressée
Des rêves caressants de gloire et de plaisirs,
Une image du monde, objet de ses désirs,
Comme une vision s'offrit à sa pensée.

Jeunes gens de vingt ans, sans espoir, sans amour,
Oublieux de l'honneur, tremblant au sacrifice,
Sans honte ni remords se plongeant dans le vice.
"Jouissons, chantaient-ils, nous ne vivons qu'un jour."
Plus de force en leur cœur, plus de joie en leur âme,
Dans la honte et la fange, ils ont éteint la flamme
Qui jadis dévorait les héros leurs aînés:
Pauvres arbres sans fleurs, pauvres êtres fanés.
Hommes de l'âge mûr, esprits dissimulés,
Rampant devant le fat qui répand ses largesses,
Vendant le vieil honneur pour de simples richesses:
Pauvres arbres sans fruits, pauvres cœurs étiolés.
Vieillards à cheveux blancs pour qui la mort est proche.
Quelques-uns éhontés, cyniques, sans remords,

D'autres pleurant, hélas! et pas un sans reproche:
Pauvres arbres flétris, pauvres cœurs presque morts.
Etait-ce donc bien là le monde qu'il rêvait?
Prostituer son cœur aux sales jouissances,
Abandonner ainsi ses belles espérances!

Jamais, plutôt mourir. Mais que faire? - Il pleurait.
Tout à coup dans son âme un rayon de lumière
Descendit; et semblable à la voix d'une mère
Disant à son enfant effrayé "je suis là."

Dans son cœur tourmenté la voix de Dieu parla.
"Le monde est bien trop vil pour ton âme si belle.
Dans cette fange, ô lis, tu perdrais ta beauté.

Me servir c'est régner. C'est ton Dieu qui t'appelle,
Je te veux à sa vigne, exalte sa bonté.

A d'autres les plaisirs, les gloires éphémères,
Laisse les insensés poursuivre ces chimères.
Moi, je ceindrai ton front de lauriers immortels,
Viens boire à mon calice et monte à mes autels."

Vous l'avez appelé, mon Sauveur. Le voici.
De son amour entier recevez l'assurance,
Broyez-le sous les coups de la bonne souffrance:
Dans les bras de la croix il vous dira: Merci.

J.-M. Leleu.

Troy, N.-Y.

A TRAVERS LES FAITS ET LES ŒUVRES

La session anglaise. Le cabinet Balfour en mauvaise posture.

Les chamberlainites le forcent à capituler. - Une défaite aux communes. Les libéraux sont confiants. La guerre russo-japonaise. Les sympathies françaises. — L'œuvre des sectaires en France. Le tortueux et onctueux M. Buisson. - Un aveu cynique. M. Méline. Les conférences du carême à Paris. Les moines abbés. Le P. Janvier à Notre-Dame.- Les miracles du curé d'Ars. — Un décret de la Congrégation des rites, et une allocution du Pape. La santé de Pie X. Ses habitudes quotidiennes. La situation financière du Saint-Siège. La session fédérale. Elections provinciales. M. Alfred Garneau.

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A mesure que la session du parlement anglais avance, la situation du ministère paraît de plus en plus précaire. Son ancienne majorité de 150 fond à vue d'œil, et son sort est à la merci du premier incident dangereux. Cet incident a failli se produire le 9 mars courant. M. Pirie, un membre de l'opposition, proposait une motion dans la quelle il était dit que " cette chambre, en vue de l'agitation persistante en faveur de tarifs protecteurs ou préférentiels, agitation encouragée par le langage de certains ministres de Sa Majesté, croyait nécessaire de condamner cette politique." Le premier ministre avait jugé opportun de faire présenter par un de ses partisans, M. Wharton, comme contrepoids à cette proposition, un amendement “approuvant les déclarations ministérielles sur la question fiscale, en ce qu'elles n'étaient favorables ni à un système général de protection, ni à une préférence basée sur la taxation de la nourriture." Mais ici se produisit une périlleuse compli cation. Les députés ministériels protectionnistes ou chamberlainites, au nombre de 112, se réunirent sous la présidence de sir E. Maxwell, et adoptèrent un ultimatum en vertu duquel ils décidèrent de s'abstenir en bloc lors du

vote sur la motion Pirie, si le cabinet ne faisait pas retirer l'amendement Wharton. En présence de cette menace, M. Balfour dut renoncer à sa manœuvre, et l'amendement fut retiré. Au cours du débat, M. Asquith, l'un des chefs libéraux, rappela que le mémorandum soumis par M. Balfour à ses collègues, au mois de septembre dernier, était favorable à un droit préférentiel sur la nourriture; on devait donc en conclure que la politique du gouvernement n'excluait pas cette taxe. En réponse M. Balfour a déclaré qu'il n'avait pas insisté sur l'adoption de ce mémorandum; que le gouvernement se bornait à demander le pouvoir de se défendre contre les tarifs hostiles, le pouvoir d'user de représailles; qu'il faudrait une élection générale pour décider cette question, et pour déterminer un changement aussi fondamental. Ce sera là le programme qu'il soumettra au pays. Lord Hugh Cecil, le fils de lord Salisbury, a annoncé que le premier ministre n'ayant pas répudié le programme de Birmingham, il allait voter contre le gouvernement. La motion Pirie a été repoussée par 289 voix contre 243; la majorité ministérielle s'est donc trouvée réduite à 46, résultat que l'opposition a salué de ses applaudissements. Les chamberlainites ont appuyé le ministère, par suite de la capitulation de M. Balfour. Soixante nationalistes irlandais et vingt-six unionistes libre-échangistes ont voté avec l'opposition.

Les journaux de Londres s'accordent à considérer ce débat et ce vote comme une victoire pour le parti de M. Chamberlain. Le gouvernement évidemment ne se maintient que par son appui, et il est obligé de subir ses condisuccomber.

tions pour ne pas

Mais le cabinet Balfour a subi encore une pire aventure. Le 15 mars, il a été battu par 11 voix, sur un vote de surprise provoqué par M. Redmond, le chef du parti irlandais. Ce dernier proposait la réduction d'un article du budget de l'éducation en Irlande, afin de saisir la chambre des griefs

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