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EAN-FRANÇOIS MILLET naquit dans une petite commune, à Gréville (Manche), le 4 octobre 1815. Son père, simple laboureur, possédait une âme d'artiste; il dirigeait le choeur du village et savait régler un ensemble choral avec toute la pureté des anciennes maîtrises. Sa mère, métayère modèle, pieuse autant que laborieuse, partageait son temps entre les soins du ménage et les travaux des champs. Mais c'est sa grand'mère, Louise du Jumelin, qui laissa dans la pensée du peintre le souvenir le plus doux et le plus profond. D'un caractère rigide et d'une piété angélique, elle l'avait élevé dans la crainte de Dieu, l'amour du travail et de l'honneur. Son attachement aux siens n'était surpassé que par son inépuisable charité; devant les yeux elle eut toujours l'idéal d'une sainte.

C'est ainsi que, au milieu des paysans, l'idée vague de l'art commença à se préciser dans l'esprit de Millet. L'étude acheva d'arrêter d'une manière définitive ce que le rêve et la contemplation n'avaient fait qu'ébaucher. Le recteur de la paroisse, ayant remarqué la précocité étonnante de cet enfant, lui enseigna le latin et lui mit entre les mains la Bible et Virgile. Vivement impressionné par la lecture des "Géorgiques" et des "Bucoliques," il sentit tout

un monde de pensées s'éveiller dans son intelligence et il n'était pas rare de le surprendre plongé dans de longues et douloureuses rêveries. Mais cette vie d'étude était trop conforme à ses goûts pour durer longtemps. Comme il était l'aîné de huit enfants, il dut renoncer à ses livres pour prendre la charrue et la faucille. Ainsi le futur chantre de la "Vie des champs" fit péniblement l'apprentissage du métier de laboureur et de ces mains qui devaient manier le pinceau, il sema, moissonna, faucha et fana, comme le plus humble des paysans, à côté de son père et de sa mère.. Dans ses rares moments de loisir, il revenait cependant à ses lectures. Quelques vieilles gravures d'une Bible lui donnèrent l'envie de les imiter. II se mit donc à observer avec patience la perspective du paysage qui était devant lui; il dessina le jardin, les étables, les champs avec

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JEAN-FRANÇOIS MILLET

la mer bleue pour horizon et parfois les animaux qui paissaient dans les terres marécageuses. Tout dans la nature était déjà pour lui un sujet d'émotion. Son père, frappé des heureuses dispositions de son fils pour le dessin, lui déclara un jour que maintenant que ses frères étaient assez vieux pour prendre sa place aux champs, il pouvait, s'il le voulait, se livrer à ses goûts et se chargea même de le

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