Page images
PDF
EPUB
[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

PROVINCE DE MAJUNGA

Limites.

[ocr errors]

Le territoire de la province de Majunga s'étend de la baie de la Mahajamba à celle de Makamby. Il est borné au Nord par la mer, au Nord-Est et à l'Est par la Sofia, et l'affluent de ce fleuve, le Bemarivo, au Sud-Est par le cercle militaire d'Ambatondrazaka, au Sud par les cercles d'Andriamena, de Mevatanana, à l'Ouest par la ligne de crêtes située à l'Est de la Mahavavy et qui le sépare du cercle-annexe de la Mahavavy.

Hydrographie. La Sofia et ses affluents, dont le cours a été récemment relevé à la suite des opérations militaires de 1897, dans l'Ouest du Bouéni, constituent des routes commerciales très fréquentées. A l'époque des hautes eaux, à 60 kilomètres de son embouchure, la Sofia a 300 mètres de large et 10 mètres de profondeur; le Bemarivo, affluent de gauche de la Sofia, a 120 mètres de large, 7 mètres de profondeur à la même distance de la mer; l'Anjobony, affluent du Bemarivo, a 100 mètres de large et 6 mètres de profondeur.

Les bâtiments d'un certain tonnage peuvent remonter ces cours d'eau jusqu'à une assez grande distance.

La Mahajamba, qui se jette également dans la baie du même nom, est navigable à la saison des hautes eaux jusqu'à Andranolava, village situé à une journée de marche de Tsaratanana.

Le village de Tsinjomitondraka, où se trouve le sous-gouverneur indigène, et le village de Tsinjoarivo, à la tête du delta de la Mahajamba, sont les principaux marchés du commerce de la vallée de cette rivière.

La côte, qui, au sortir de la baie de Mahajamba, s'infléchit vers l'Ouest, reçoit le Marosakoa, rivière pouvant être remontée en canot à vapeur jusqu'à Mahavavy. Cette région, désignée sous le nom de Marosakoa, relève du village d'Ambenja, situé à l'entrée de la baie de Mahajamba et où se trouve un poste de douane. Au Sud, s'ouvre la baie de Bombetoke, qui reçoit la Betsiboka, et à la pointe Nord-Est de laquelle s'élève la ville de Majunga.

Majunga, chef-lieu de la province, siège d'une justice de paix à compétence étendue, est le centre le plus important de toute la côte Ouest. Sa population totale, évaluée à près de 6.000 habitants, est composée d'éléments divers. Les Hovas y sont peu nombreux; l'élément indigène proprement dit est constitué par les apports des villages voisins, Sakalaves et Makoas; les Indiens, assez nombreux, détiennent une grande partie du commerce et comprennent la partie la plus riche de la population; ils servent aussi d'intermédiaires aux commerçants européens et forment leur meilleure clientèle. On y rencontre enfin des Arabes, des Comoriens et des Antaloatras, métis d'indigènes et d'Arabes, tous musulmans. Les Français et les Européens, qui n'étaient que la minorité avant la prise de possession de Madagascar, tendent de plus en plus à s'établir à Majunga et forment dès maintenant un groupe important de négociants, d'industriels ou de colons.

Majunga est situé par 43° 58' 25" de longitude Est et 10° 43' 24" de latitude Sud, à l'embouchure de la Betsiboka. Ce fleuve est grossi de l'Ikopa, voie fluviale navigable jusqu'à Mevatanana, c'est-à-dire au tiers environ de la distance qui sépare la côte de la capitale de la colonie.

Majunga, par sa situation même, occupe un emplacement des plus favorables à l'installation d'un port maritime de premier ordre et à l'établissement

d'une grande ville coloniale. Majunga, érigé en commune par arrêté du Gouverneur Général du 15 octobre 1897, possède une commission municipale composée de sept membres français et d'un indigène.

La plus grande partie de la ville est en surface horizontale, abritée par un massif de 30 mètres de hauteur, où est construit l'ancien «rova » malgache, actuellement occupé par nos troupes et près duquel sont installés les établissements sanitaires de la côte Ouest. Cette disposition permettra aux colons de construire leurs maisons d'habitation sur les flancs de la colline, en face du magnifique panorama de la baie, tandis que les installations commerciales pourront se grouper le long de la rive du fleuve.

Aux grandes marées, qui dépassent trois mètres de hauteur, Majunga forme une ile triangulaire nettement séparée de la banlieue. Sa situation sur une presqu'ile, constamment balayée par la brise, lui vaut une salubrité réelle.

Le port est naturellement formé par le fleuve, qui baigne le plus grand côté de la ville. Les fonds sont plus que suffisants pour que les plus grands navires de commerce y trouvent un excellent mouillage à proximité des points de débarquement.

Un grand phare d'une portée de trente milles va être établi sur la hauteur de Katsepe et deux feux élevés seront placés sur la pointe du Caïman et à l'extrémité du port.

--

Climatologie. La tradition, qui a fait de la province et de la ville de Majunga, l'une des régions les moins saines de Madagascar, doit être combattue. D'anciens colons, commerçants ou industriels, y sont établis depuis des années et conservent une santé excellente.

Durant la dernière période quinquennale, la température maxima de 37° n'a jamais été dépassée, ni la température minima de 16°, tandis que la moyenne habituelle du thermomètre se tient entre 24 et 28 degrés centigrades.

Quant aux pluies, qui tombent du mois de novembre au mois de mars, elles surviennent presque toujours la nuit.

Travaux publics. De réels progrès ont été réalisés à Majunga au cours de la dernière année et la ville même a pris un aspect tout nouveau: un chemin de fer Decauville la sillonne; les rues sont éclairées et empierrées; des promenades se dessinent; un jardin public y est bien entretenu; les travaux de recherche des eaux potables y seront incessamment réalises, une résidence s'y élève. Les principales maisons de commerce, la compagnie des Messageries Maritimes, la société des Chargeurs Réunis, la compagnie Havraise Péninsulaire, ont installé leurs agences le long de la ligne des futurs quais; les maisons de commerce allemandes D. D. A. G. et Oswald, de Hambourg, ont commencé la construction d'entrepôts importants.

Dans la partie Sud de la baie de Majunga, à Amboanio, la compagnie des mines d'or de Suberbieville possède des ateliers.

Enfin le territoire de la province est une des rares régions de la Grande-lle où tous les matériaux de construction se trouvent réunis par la nature : pierres, chaux, sable, argile. Une industrie est déjà créée pour la fabrication des tuiles nécessaires aux constructions légères, rapides et peu coûteuses. C'est avec ces produits que vont être édifiés, à Majunga, une église, les bâtiments de la douane, des quais, des magasins, des logements, un hôtel qui ne comprendra pas moins de 30 chambres avec appartements de familles, salons divers et

restaurant.

Commerce. En tant que chef-lieu d'une importante province agricole, Majunga est le point d'écoulement naturel des productions locales provenant des vastes rizières qu'arrosent la Betsiboka, la Maliajamba, la Mahavavy et leurs nombreux affluents, tels que l'Ikopa, la Sofia, le Bemarivo, l'Anjobony, sur lesquels de nombreuses pirogues transportent en retour les marchandises de notre industrie jusqu'au pied de la grande chaine du massif central de Mada

gascar.

C'est aussi le point où aboutissent les lignes de transport du versant occidental et celui où se concentre l'activité mercantile de la population indienne et des étrangers.

Les principaux produits qui alimentent actuellement les transactions du marché de Majunga sont : le riz, le caoutchouc, la cire, les bois précieux : ébène, palissandre, rafia; les cuirs, le bétail, l'or.

En dehors de ces éléments de trafic avec la Métropole, il y en aura encore, et de plus considérables peut-être, avec les vastes contrées de l'Afrique Orientale qui, de Natal à Zanzibar, font face à la Grande-lle et qui ne disposent pas des ressources qu'offre notre colonie.

Au point de vue agricole, de vastes concessions de terrains ont déjà éte accordées et des compagnies de colonisation, de simples particuliers même, ont entrepris leur exploitation.

Des essais de plantation de café, de caoutchouc, de cocotiers, de palmiers à huile ont donné dès le début les meilleurs résultats.

La canne à sucre dans la région de Marovoay pousse presque spontanément. Marovoay, ville indigène de 500 habitants environ, à 75 km. au Sud de Majunga, est le centre commercial le plus important de l'intérieur de la province. C'est le véritable entrepôt des produits de la haute Mahajamba et du Kamoro, Trois grandes compagnies maritimes desservent mensuellement et régulièrement le port de Majunga.

La compagnie des Messageries Maritimes.

La compagnie Havraise Péninsulaire.

La Deutsche Ost Afrika Linie de Hambourg.

1° La compagnie des Messageries Maritimes fait communiquer Majunga avec les autres ports de Madagascar, La Réunion et Maurice d'une part et Zanzibar, l'Abyssinie, l'Egypte, la France d'autre part.

Les prix du fret est de: 50 francs la tonne métrique de Majunga en France. Un service annexe s'effectue chaque mois sur la côte Ouest, par le paquebot Mpanjaka. Ce batiment, qui part de Nossi-Bé, dessert Majunga, Maintirano, Morondava, Ambohibé et Tuléar.

2o La compagnie Havraise Péninsulaire a organisé un service direct de France à Majunga; au retour, les bâtiments font escale à Diégo-Suarez, Tamatave et La Réunion.

Le prix du fret de France à Majunga est de 50 franes la tonne en moyenne. L'agence de Majunga ne prend pas de fret pour la France; le vide des cales est réservé pour Maurice et La Réunion comme fret de retour, généralement assuré par ces deux îles.

3o La Deutsche Ost Afrika Linie de Hambourg, qui fait escale à Marseille, dessert Mozambique, Beïra, Delagoa Bay, Durban.

Le prix du fret sur cette ligne de transport est, suivant la nature du chargement: 65 à 70 francs la tonne pour l'importation de Marseille à Majunga et de 70 à 80 francs la tonne (suivant les marchandises) de Majunga à Marseille.

La compagnie des Chargeurs kéunis qui, l'année dernière, desservait Majunga mensuellement, ne touche plus notre port depuis que son itinéraire comprend les escales de la côte Est. Fort-Dauphin, Mananjary et Vatomandry.

Des démarches sont tentées en ce moment en vue de rétablir l'ancien service qui assurait à Majunga des relations directes avec Natal, la Transwaal et le Cap. Quelques vapeurs appartenant à des maisons de commerce (Mantes et Borelli, Oswald) visitent de temps à autre Majunga, qui est également approvisionné en marchandises par les boutres qui font le va-et-vient avec Zanzibar et ceux quí, chaque année, profitant de la mousson de Nord-Est, viennent directement de Bombay au mois de mars, débarquent leurs marchandises et attendent pour rejoindre l'Inde chargés de nos produits la mousson du Sud-Ouest en août.

Ces boutres sont généralement des bâtiments de 90 à 120 tonnes, montés des équipages de 5 à 6 hommes.

par

Le nombre des boutres qui viennent ainsi annuellement à Majunga est d'environ 30 à 40.

Il est important d'ajouter que Majunga communique directement par câble avec l'Europe et que le Comptoir national d'escompte y a établi une succursale. Un grand nombre de maisons de commerce sont établies ou représentées à Majunga; toutes font de l'importation et de l'exportation.

Exportations. Les principales exportations sont :

Le rafia, le caoutchouc, la cire, le bois d'ébène, les peaux de bœufs et les dépouilles, la poudre d'or et quelques écailles de tortue.

Le rafia est très abondant à la côte Ouest de Madagascar et représente actuellement une des principales exportations de Majunga.

Il y a six ans environ que l'on a commencé ce commerce à Majunga.

Les prix du rafia, pris à Majunga, sont actuellement les suivants :

Rafia non manipule: 45 francs les 100 kilos

Rafia manipulé sur quai: 65 francs les 100 kilos.

La rafia traité à Majunga vient généralement de la baie de la Mahajamba, de la baie de Baly et de l'intérieur du pays par la rivière, mais il est à remarquer que, quoique très abondant sur la côte, au Sud de Baly, les indigènes ne veulent pas le récolter.

La presque totalité du rafia traité à Majunga est expédié sur Marseille.

Les caoutchoucs traités à Majunga viennent de Morarano, de la baie de la Mahajamba, de Namakia, de Soalala, de Marambitsy et principalement de Maintirano et de Morondava. Ces deux derniers points fournissent, en effet, la moitié de la production totale du caoutchouc dans le district.

Généralement, les caoutchoucs de la côte Ouest viennent surtout des lianes ou vahy que les indigènes incisent malheureusement sans soin, coupant même les racines pour obtenir plus de suc. Le plus recherché est le pinki rose, mais on trouve aussi dans l'Ambongo, le grand roa et le vea.

Dans le Nord, le caoutchouc est généralement préparé par les indigènes à l'acide sulfurique, au citron, au sel ou au tamarin; dans le Sud, au contraire, on ne le coagule qu'au sel aussi le caoutchouc préparé par ce procédé, et qui vient surtout de Morondava et Maintirano, a-t-il une valeur marchande inférieure à celui du Nord.

Le caoutchouc, préparé à l'acide sulfurique, vaut en effet 370 francs les 100 kilos tardis que les autres caoutchoucs ne valent que 300 francs les 100 kilos.

La production totale du district est d'environ 120 tonnes par an, dont 60 fournies par Majunga et 60 par Maintirano et Morondava.

Les deux tiers environ de la production totale sont expédiés sur Londres, le dernier tiers représente les envois sur Marseille et Hambourg.

Presque toute la cire traitée à Majunga est apportée de la Mahajamba et de la Sofia: la production du Sud est insignifiante. Autrefois, les hauts plateaux en fournissaient une grande quantité et on en expédiait, parait-il, jusqu'à cent mille kilos par an; aujourd'hui, l'exportation annuelle est réduite à six mille kilos environ à destination de Marseille et Hambourg.

Le cours actuel de la cire à Majunga est de 220 francs les 100 kilos.

Les peaux de boeufs, traitées à Majunga, sont dirigées sur Londres, Hambourg,

le Havre. Elles sont toujours séchées au sel marin.

Le prix moyen des peaux séchées est de 80 francs les 100 kilos.

Les maisons allemandes de Majunga exportent aussi une certaine quantité

de cornes. Le prix courant est de 0 fr. 10 pièce.

Le commerce des bois d'ébène est nouveau à Majunga, car sous la domina

tion hova, l'exportation des bois était interdite.

Les premières expéditions ont été faites en 1894 et il est certain que le commerce des bois précieux de la Grande-lle prendra de l'extension; actuellement, c'est surtout sur Hambourg que les expéditions de bois d'ébène sont faites; il y a encore peu de demandes de France.

La sortie mensuelle à Majunga est d'environ 20 tonnes.

Le prix en est de 250 francs la tonne. Jusqu'à ce jour, on n'a pas exploité

« PreviousContinue »