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HISTORIQUE

DE

L'INFLUENCE FRANCAISE

AD

ASCAR

Har le

le capitaine j. Marce

de l'état-major du corps expé

tionnaire.

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SOMMAIRE.

CHAPITRE Ier

(... . . . . . . . à 1638)

Considérations géographiques sur Madagascar.Naissance et formation des royaumes betsimisaraka, sakalave, hova, d'après la tradition. - Andrianampoinimerina. — Radama Ier. Ranavalona Ire.

L'île de Madagascar, située dans la mer des Indes, entre les quarantième et quarante-neuvième degrés de longitude orientale, a environ trois cent soixante lieues de longueur sur une largeur moyenne de cent lieues; elle s'étend depuis le cap d'Ambre au Nord (10° 57' 20" de latitude Sud), jusqu'au cap Sainte-Marie au Sud (25° 45' 0" de la même latitude). Sa superficie, de 590.000 kmq, est approximativement équivalente à celle de la France, de la Belgique et de la Hollande réunies. Sa forme est très allongée et la direction Nord-Est Sud-Ouest de sa principale chaine de montagnes la divise en deux grands versants; sur la crête, on trouve des sommets atteignant 2.850 mètres (sommet de l'Ambaro, relevé par le lieutenant Boucabeille).

La structure générale de l'île se compose d'une série de paliers partant de la côte Est et de la côte Ouest et s'élevant progressivement jusqu'aux hauts plateaux. L'arête principale étant beaucoup plus rapprochée de la côte orientale que de l'autre, le terrain s'élève très rapidement de ce côté et présente certaines difficultés pour la construction des voies carrossables dans le sens perpendiculaire à l'axe de l'île; sur le versant occidental, au contraire, le terrain s'élève en pente assez douce jusqu'au pied des Ambohimenas (chaîne centrale).

Les trois plus grands fleuves de l'ile sont: 1° la Betsiboka, grossie de son principal affluent, l'Ikopa; prenant tous deux leur source en Imerina, ils se rejoignent à Marololo pour aller, d'un cours commun, se jeter dans l'Océan à

Majunga; 2o la Tsiribihina, qui se jette au Nord de Morondava; 3° le Mangoro, seul fleuve important de la côte Est, qui prend sa source au Nord de Fianarantsoa et se jette dans la mer au Sud de Mananjary.

On trouve sur le périmètre côtier de Madagascar, évalué à 900 lieues, un certain nombre d'iles; parmi elles, Nossi-Bé au Nord-Ouest et Sainte-Marie à l'Est ont seules quelque importance.

Les principales races qui habitent Madagascar sont: les Hovas, sur les hauts plateaux; les Sakalaves, sur le versant occidental; les Betsimisarakas, sur la côte Est. Ce ne sont là que de grandes divisions, car celles-ci se subdivisent ellesmêmes en une foule de groupes secondaires: Baras, Antankaras, Betsiléos, Bezanozanos, Antsianakas, Antankayes, Betanimènes, Antayfaninos, Antanos, etc.; mais ces groupes offrent beaucoup de caractères généraux communs. Malgré les recherches faites jusqu'à ce jour on n'a pas de renseignements certains sur les habitants primitifs de l'île et l'on croit généralement qu'il n'en reste pas de représentants indemnes de tout croisement.

Le Hova a les cheveux unis et plats, les traits droits, sa couleur est jaune olivatre, ses formes sont déliées et élancées; le trait distinctif de son caractère est un mélange de douceur, de ruse et de circonspection. Il appartient peut-être à un groupe d'autochtones croisés d'Arabes ou de Sémites. Les races Betsimisarakas sont moins sveltes; elles paraissent provenir de croisements entre les primitifs et les naufragés jetés sur les côtes de l'île à toutes les époques.

Les Sakalaves de la côte ont la peau noire, les cheveux crépus, le visage large, le nez épaté, les lèvres épaisses; ils semblent résulter du mélange d'indigènes et de nègres de la côte d'Afrique. Ceux de l'intérieur ont la peau plus claire et les cheveux lisses.

On croit généralement que les Betsimisarakas proviennent d'unions de Polynésiens et d'indigènes; une remarque curieuse est que la couleur de la peau, assez claire dans les pays du Sud, va s'accentuant de plus en plus vers le noir à mesure que l'on se rapproche du Nord. Le passé de toutes ces races est à peu près inconnu et l'historique suivant est constitué à l'aide de renseignements trouvés dans les archives de nos anciens établissements de l'Océan Indien et par les histoires des traitants, des missionnaires, etc.

BETSIMISARAKAS

Avant le XVIIe siècle, la côte Est de Madagascar était habitée par de petites tribus indépendantes les unes des autres; quelques chefs nous sont connus moins à cause de leur autorité que par suite des difficultés qu'ils eurent avec des Européens Dian Nong par exemple, qui est de la lignee de Dian Rahazi et vivait dans la région voisine du Mahanoro actuel. Dian Rahazi descendait luimême de Ramini, Arabe dont le navire avait échoué dans la province de Lamanoussi. Il se maria à la fille d'un chef et fut, de ce fait, le fondateur de la dynastie des Antananes et des Matatanes.

On connaît encore Dian Missaran et Dian Rohits, qui massacrèrent les Portugais venus sur la côte dans les environs de Manghafia, vers le XVI° siècle. C'est en pays betsimisaraka, dans la région qui se trouve en face de Ste-Marie, que le capitaine Laforest, commandant un des navires de la compagnie d'Orient, fut massacré avec quelques-uns de ses hommes en 1655.

De nombreux navires anglais, portugais et français vinrent pendant le XVIe siècle sur la côte Nord-Est, où ils trouvaient des abris sûrs contre les tempêtes de l'Océan Indien; ils y trafiquaient beaucoup, ce qui permettait aux habitants du Nord de se procurer des armes, de la poudre et des balles. Les tribus du Sud qui n'avaient pas de port, jalouses de voir leurs voisines entretenir des relations avec les marins de toutes nationalités, résolurent de s'unir pour les combattre et leur en enlever un. Elles s'assemblèrent sous l'autorité d'un

des chefs de tribus, Ramanano, qui, formant une troupe nombreuse, se rua sur ses voisins: Tamatave et Fénérive furent pris et les vainqueurs s'établirent non loin de ce dernier port qui fut pendant deux siècles le plus fréquenté de Madagascar. Mais Ramanano exerça son autorité sur les vaincus d'une façon brutale, volant leurs troupeaux, pillant les villages et vendant comme esclaves les femmes et les enfants qu'il avait enlevés.

C'est à ce moment que revint d'Angleterre le chef malata Ratsimihabo, fils du pirate anglais Tom et d'une négresse de la côte. Son père avait voulu le faire élever à l'européenne; mais après trois mois de séjour en Angleterre, le métis avait eu la nostalgie de la patrie et était revenu, rapportant de l'argent, des marchandises et des munitions. Ratsimihabo forma le projet de chasser Ramanano de Fénérive. Il s'entendit avec un de ses cousins et tous deux allèrent trouver le chef envahisseur qu'ils sommèrent de rentrer chez lui avec les siens. Celui-ci, qui n'était pas prêt à la lutte, se retira à l'entrée de la baie d'Antongil.

Ce résultat produisit un grand effet sur la population et Ratsimihabo fut considéré comme un libérateur; profitant de l'enthousiasme produit, il engagea vivement le peuple à la guerre. Tout le monde accepta et les diverses tribus décidèrent d'être inséparables, d'où leur nom de Betsimisarakas. Rendez-vous fut donné à ceux qui voulaient combattre, à Ambitsika, pour le troisième jour de la nouvelle lune. Ce. jour-là, deux cents jeunes gens furent armés et, à la suite de leur chef improvisé, ils allèrent tenter d'enlever Fénérive occupée par les Tsikoas. Ils ne purent y parvenir et, usant de ruse, ils simulèrent un départ : Ratsimihabo divisa son armée en deux; une partie alla non loin de là attaquer ouvertement le fort de Vohimasina; les habitants de Fénérive se portèrent au secours de ce point; ils eurent à parcourir un terrain rougeâtre détrempé par les pluies, ce qui leur valut le surnom de Betanimènes. Profitant de cette division, l'autre fraction de la troupe assiégeante se porta par un mouvement dérobé contre Fénérive et s'en empara, mais Vohimasina ne put être prise. Au bout d'un certain temps de siège, Ramanano proposa aux assiégeants de se retirer vers le Sud, en ne conservant que le port de Tamatave. Cette proposition fut acceptée malgré l'avis contraire de nombreux Betsimisarakas. Les hostilités terminées, Ratsimihabo fut acclamé roi vers 1712 et reçut le surnom de Ramaramanompo (le seigneur qui a beaucoup de serviteurs).

Cependant Ramanano se préparait à recommencer la lutte et interdisait l'entrée de Tamatave aux Ambanívolos. Ceux-ci implorèrent l'aide de Ramaramanompo, qui envoya des ambassadeurs au roi betanimena; mais ce chef, non content de les mal recevoir, sortit de Tamatave avec ses troupes et dévasta leurs villages. Le chef betsimisaraka rassembla aussitôt ses guerriers et vint mettre le siège devant Tamatave, dont les défenseurs, menacés de manquer d'eau, prirent la fuite. Ramaramanompo les poursuivit et s'empara d'Andevorante et de Ranomainty. Les Betanimenas se retranchèrent dans un camp fortement installé entre la Vohitra et la Varavarambao, d'où leurs ennemis s'efforcèrent en vain de les déloger.

Après un an de lutte indécise, Ramaramanompo s'allia au chef antatsimo Kalaheka, dont il épousa la fille; il s'engagea à céder à son beau-père, en cas de victoire, plusieurs places dont le port de Fénérive.

Les Betsimisarakas, secondés par les Antatsimos, attaquèrent à nouveau les Betanimenas et leur infligèrent une défaite sanglante. Ramanano dut abandonner Tamatave et payer un tribu annuel au vainqueur.

La paix conclue, Ramaramanompo signa avec la reine Béty, le 30 juillet de la même année, l'acte qui donnait à la France le droit de suzeraineté sur toute la côte betsimisaraka. Trois ans plus tard, le directeur à Madagascar de la compagnie d'Orient, Gosse, fut accusé par la reine d'avoir violé la tombe de son mari pour y prendre de l'or. La population se souleva et, la veille de Noël 1754, l'établissement fut incendié et les colons massacrés. Un vaisseau envoyé de l'île de France vint tirer vengeance de ce massacre et Béty fut envoyée sur la Grande Terre. Elle alla s'établir avec son frère à Foulpointe et se maria avec un ancien caporal de la compagnie des Indes nommé Labigorne, qui prit un grand ascen

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