tions et de titres, posséder la fortune d'un nabab : s'il n'a aucune valeur personnelle, s'il ne produit rien, il végétera dans l'obscurité écrasé par le souvenir de ses aïeux. L'homme de science ou de génie, au contraire, dans quelque condition que le hasard l'ait fait naître, prendra la place assignée à son mérite malgré les obstacles qu'il rencontrera sur sa route. Nous sommes de l'avis de M. Th. de Bénazé : « De nos jours on ne dit plus : Noblesse oblige. La meilleure noblesse est celle du cœur; chacun ne croit plus relever que de sa conscience. Aussi, ce qui oblige, c'est le nom qu'on s'est fait, c'est la position qu'on occupe, c'est le rang qu'on a su conquérir. >> Pour nous renfermer dans le sujet que nous nous sommes tracé, ouvrez le livre des artisans illustres, ce livre d'or du travail; que voyez-vous? Des ouvriers qui, par une intelligence supérieure, se sont placés à la tête de leur industrie, qu'ils ont fait progresser, et, au bout de leur sillon, ont trouvé l'honneur, la considération et la fortune. A la dernière Exposition, le gouvernement, en décorant des contre-maîtres et de simples ouvriers, répondait au vœu national qui, de jour en jour, tend à effacer toute démarcation entre les différentes classes de la société, et confond tous les services rendus au pays dans un même sentiment de reconnaissance comme ils le sont dans l'unique symbole de la récompense. La marche incessante du progrès et de la raison nous approche du moment où se réalisera cette formule de l'école saint-simonienne: A chacun suivant ses œuvres. CHAPITRE VII. LA MAITRISE. -- LES LIVRES DE COMMERCE RÉGULIÈREMENT TENUS SONT INDISPENSABLES. Notre cadre serait incomplet si nous ne nous occupions pas des ouvriers qui parviennent à s'établir. Ils n'en restent pas moins pour cela des travailleurs ; ils sont fabricants ou petits commerçants. Quelques-uns, par suite de circonstances heureuses ou par le déve loppement de leur intelligence, deviennent chefs de maisons importantes; mais c'est l'exception. Nous ne nous adressons qu'aux premiers. A mesure que l'homme franchit un degré de l'échelle sociale, sa responsabilité s'accroît tout avantage a ses obligations. Il n'y a que l'impuissance et l'envie qui ne voient que du bonheur ou de la chance, pour nous servir du mot consacré, dans le fait de celui qui arrive à la fortune. Sans doute, il faut du bonheur', c'est-à-dire savoir profiter des événements favorables; mais il faut aussi de l'intelligence, du talent et de l'ordre dans l'administration de la maison, de l'économie dans les dépenses; il faut savoir surtout résister aux enivrements du bien-être et du luxe, qui tentent tous ceux qui passent de l'état précaire de l'ouvrier à la position plus large de l'homme établi. Il faut, sans vanité, relâcher ou même rompre avec des habitudes d'atelier ou de camaraderie pour en contracter d'autres, non plus honorables, mais mieux en rapport avec la nouvelle carrière que l'on veut parcourir. Il ne suffit plus d'être un ouvrier habile, mais un commerçant, souvent même négociant; c'est, en général, par là que pèchent les industriels qui arrivent à la maîtrise. Ceux qui sont parvenus à des positions com 1 Les mots fortune et bonheur ne doivent être entendus que dans un 'sens relatif. Tel est riche avec 3,000 francs de rentes, lorsque tel autre est pauvre avec 25,000 francs. L'homme riche est celui qui mesure ses besoins à son revenu, et dont les désirs ne dépassent pas les ressources. L'homme heureux est celui qui sait trouver dans la paix de sa conscience et l'accomplissement de ses devoirs, la félicité qu'il est permis de goûter ici-bas. Dans ces deux conditions. la fortune et le bonheur sont plus faciles à atteindre que l'on ne pense, et beaucoup, s'ils le voulaient, seraient riches et heureux. merciales importantes le doivent à la réunion de diverses qualités. La condition essentielle de toute réussite, c'est l'ordre, c'est-à-dire la balance journalière des recettes et des dépenses, et l'on n'y arrive que par une tenue de livres régulière. Là encore, si l'on suivait les prescriptions de la loi; on éviterait les embarras et souvent les funestes conséquences qui sont la suite de cette négligence. Voici, sur cette matière, ce qui est édicté par le livre II du Code de commerce : « Art. 8. Tout commerçant est tenu d'avoir un livrejournal qui présente, jour par jour, ses dettes actives et passives, les opérations de son commerce, ses négociations, acceptations ou endossements d'effets, et généralement tout ce qu'il reçoit et paye, à quelque titre que ce soit, et qui énonce, mois par mois, les sommes employées à la dépense de sa maison; le tout indépendamment des autres livres usités dans le commerce, mais qui ne sont pas indispensables. » Il est tenu de mettre en liasse les lettres missives qu'il reçoit, et de copier sur un registre celles qu'il cnvoie. >> La loi ne fait aucune différence entre les commerçants qui font 20,000 francs d'affaires par année et |