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tectrice et avec l'inexpérience qui préside le plus souvent à la préférence accordée par les parents à telle profession plutôt qu'à telle autre.

Pour le travailleur, le choix d'un état est de la plus grande importance. Le père et la mère ne sauraient y apporter trop de réflexion. C'est la base sur laquelle repose toute l'existence de l'ouvrier.

En général, les parents veulent toujours donner à leurs enfants un état plus avantageux, plus doux ou plus distingué que celui qu'ils exercent eux-mêmes et dont ils connaissent les inconvénients, comme cela arrive à toutes choses qu'on pratique. Ces désirs ne sont que louables, même avec le grain d'orgueil que l'on n'avoue pas; mais ils produisent très-souvent le contraire de ce que l'on en attendait. Si le père est maçon ou charpentier, il trouve son industrie trop dangereuse; s'il est forgeron, trop pénible; il veut que son fils soit menuisier ou sculpteur; si lui-même est menuisier, il en fait un bijoutier ou un ciseleur.

Sans prétendre que les enfants doivent nécessairement suivre la profession de leurs parents, nous pensons qu'il y aurait avantage qu'ils continuassent celle de leur père, ou qu'ils en prissent une qui fût en rapport avec la leur, et dans laquelle ils pourraient être aidés de son expérience. Il y a des enfants dont les

forces ne correspondent pas aux industries de leurs parents; d'autres, dont les aptitudes sont tellement développées pour tel métier, qu'on aurait tort de les contrarier; mais ce sont des exceptions le plus souvent étrangères aux motifs qui ont déterminé le choix d'un état.

Le menuisier, par exemple, sait quelles sont les notions élémentaires de son état; si son fils est apprenti menuisier, il lui fera apprendre le dessin linéaire et un peu d'ornement. Après sa première communion, il le prendra avec lui, son établi près du sien, il le surveillera avec cette sollicitude qu'on ne peut demander à un étranger, il l'initiera aux moyens les plus faciles et les plus prompts. Le soir, il l'enverra à une école d'adultes, où il se perfectionnera dans le dessin et puisera quelques éléments de géométrie. Avec quel soin le père évitera tout ce qui pourrait porter atteinte à l'innocence de son âge! il le préservera, autant que possible, des mauvaises habitudes et des connaissances dangereuses, si funestes à cette époque de la vie.

L'apprentissage terminé, le fils aura acquis, avec l'habileté manuelle, la théorie de son état; il ne sera pas un ouvrier ordinaire, mais un artisan, peut-être même un artiste. Ouvrier distingué, il deviendra contremaître, cet apprentissage de la maîtrise. Il sera recherché, estimé, considéré. Pour lui, jamaiș de chômage;

au contraire, un travail bien rétribué qui lui procurera l'aisance dans son ménage et le repos dans sa vieillesse.

Si, moins favorisé, le père est obligé de travailler lorsque les forces commenceront à lui manquer, quand l'œil sera moins sûr et la main moins habile, à son tour il viendra prendre place auprès de son fils qui protégera ses vieux jours, qui allégera ses derniers labeurs, avec la même sollicitude qu'il avait mise lui aussi à développer les germes de sa jeune intelligence. Touchante réciprocité d'affection et de reconnaissance qui se rencontre trop rarement dans les familles de travailleurs.

Mais si, au lieu d'un menuisier, le père a fait de son fils un bijoutier ou un ciseleur, celui-ci, sorti d'apprentissage, n'aura pas le patronage paternel. Les connaissances que le père a faites dans les ateliers pendant sa longue carrière, les bonnes relations qu'il a établies avec les maîtres chez lesquels il a travaillé, seront perdues pour son fils. Alors le jeune ouvrier restera des jours, des semaines, peut-être des mois, sans travailler, tandis qu'il n'aurait pas connu le chômage s'il eût pris le métier de son père. Sa bonne conduite sera souvent sans profit pour lui et sans résultat utile pour l'avenir, à défaut des conseils éclairés d'un père et d'une sage direction donnée à ses travaux.

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L'intérêt général, aussi bien que l'intérêt particulier, exige que les apprentis deviennent de bons ouvriers. Tous ceux qui ont vécu au milieu des ouvriers, sont d'accord sur ce point que les moins laborieux et les plus débauchés sont presque toujours les moins habiles. En effet, l'ouvrier adroit éprouve du plaisir à travailler; la matière prend facilement la forme qu'il veut lui donner; il se fatigue à peine, tant sa main est sûre, et tant les heures du travail s'écoulent rapidement. Au contraire, l'ouvrier inhabile est malheureux et harassé avant la fin de la journée. Il ne peut remplir facilement sa tâche, et il ne faut qu'un prétexte léger pour lui faire abandonner un ouvrage péni

ble, dont la confection ne répondra pas à son attente,

et pourra lui attirer des reproches. Le prix de la journée ou de la façon est toujours inférieur aux prétentions de l'ouvrier inhabile qui ne les mesure pas à son inhabileté. De là tendance à faire surélever les prix de la main d'œuvre. Si ces malheureux ne sont pas les acteurs les plus apparents des coalitions, ils en sont ordinairement les promoteurs et les agents les plus actifs.

Pour remédier autant que possible à cet état de choses, nous croyons que l'autorité devrait intervenir dans une juste et sage mesure, au moyen des conseils de prud'hommes, dans les contrats d'apprentissage.

Les industriels qui voudraient avoir des apprentis, en feraient la demande à leur conseil. Un registre serait ouvert à cet effet au secrétariat auquel s'adresseraient également les parents qui auraient des enfants à placer. Des contrats d'apprentissage rédigés par les membres de chaque industrie limiteraient la durée de l'apprentissage suivant l'âge des enfants, les conditions de nourriture, de coucher et d'entretien. Il y aurait des apprentis internes et des apprentis externes; le contrat serait passé au secrétariat des conseils et revêtu de la signature du président. Les parties pourraient s'entendre entre elles, mais tous les contrats devraient être enre

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