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Le conseil d'administration est composé de douze membres choisis parmi les notabilités de la ville de Paris, niembres de l'Institut, du conseil général, du conseil municipal, du conseil de préfecture. Il examine les comptes et règle le budget des recettes et dépenses; il transmet au ministre de l'Intérieur les nominations des fonctionnaires de l'école, qui tous, le directeur-agent-général, les administrateurs et les professeurs, sont nommés par ce conseil.

L'intérêt qu'inspire l'École royale gratuite de Dessin devait s'étendre à plusieurs institutions particulières consacrées aux ouvriers. Deux écoles de dessin fondées par M. Charles, une école de dessin et de modelé instituée par M. Dupuis et dirigée par lui et par M. Caillouette, une école de sculpture pour les bronziers créée par M. Lequien, et quelques autres établissements du même genre nés comme ceux-ci de la bienfaisance privée, ont également trouvé protection et encouragement auprès de l'autorité municipale parisienne.

M-L.

ÉCONOMIE, esprit d'ordre et de justice qui règle les dépenses d'un état, d'une famille, d'un individu, selon ses revenus, et applique à chaque besoin, avec mesure, soit une somme d'argent, soit des objets de consommation. L'économie n'est qu'une distribution juste et proportionnée des biens que l'on possède: l'avare enfouit ces biens; le prodigue les dissipe; tous deux en abusent: l'homme économe seul en jouit raisonnablement.Le résultat de l'économie n'est pas moins important sous la hutte du sauvage que dans nos palais; car si le sauvage n'apporte aucun soin à conserver les produits de sa chasse, de sa pêche, de la culture de son mais, s'il ne les divise avec prévoyance et ne les emploie sobrement, il meurt de faim. Un sort semblable atteint notre riche insouciant, et la civilisation offre peu de ressource à celui qui, ne mettant point en balance l'or qu'il reçoit et celui qu'il donne, n'en réserve pas pour fertiliser des terres s'il est propriétaire, perfectionner des machines s'il est manufacturier, escompter des billets s'il est banquier, solder des armées s'il est roi. C'est seulement par son économie que la

femme du pauvre artisan parvient, en recevant chaque soir le médiocre salaire de ses travaux, à le nourrir le lendemain avec ses enfants et à leur assurer à tous un asile; ce n'est que par son économie qu'une reine arrive à encourager tous les arts et à secourir toutes les infortunes. L'économie assure à l'homme une grande partie de son indépendance politique; il lui doit le repos d'esprit indispensable pour se livrer aux travaux intellectuels, et son honneur, sa réputation de probité en dépendent. Sans économie, comment payer à échéance, comment pourvoir aux dépenses de la maison, aux frais de l'éducation des enfants, au soulagement d'un parent ruiné, aux misères du pauvre, aux besoins de la patrie? L'économie est donc une vertu, puisqu'elle est indispensable à l'accomplissement de nos devoirs, et nous ne devons rien négliger pour l'acquérir. C'est à son défaut qu'on doit attribuer la chute de plus d'un empire, les malversations de toute espèce, l'aigreur entre époux, une partie de la corruption des mœurs, et plusieurs crimes. Avec de l'economie on prévient les désordres ou l'on en réprime les suites.

Nécessaire à tous, mais principalement aux femmes, ses avantages doivent leur être démontrés avec soin et persévérance, et son étude est une partie essentielle de leur éducation; car c'est surtout dans les dépenses journalières et de détail que les résultats de l'économie sont considérables; et la femme, chargée souvent de l'administration d'une fortune qui ne lui appartient point en propre, doit joindre au goût de l'économie la délicatesse de conscience qui nous oblige à ne disposer qu'avec prudence et réserve d'un bien confié.

Vainement des esprits frivoles blâmentils les privations que s'imposent les gens économes, et les accusent-ils de manquer d'inspiration, d'entraînement, de n'avoir que des vues étroites et une conception bornée : c'est à eux seuls qu'ils peuvent avoir recours quand, subissant les conséquences de leur caractère, ils trouvent un déficit dans leur caisse ou découvrent qu'ils sont ruinés. Françoisler, encore duc d'Angoulême, raillait Louis XII sur son économie, et ce roi disait :

« Ce gros garçon gátera tout. » Quant | le faut répéter, l'économie est une vertu aux finances, Louis XII eut raison. Un par elle-même, et de plus elle est indes hommes dont s'honore la France, dispensable à l'existence de presque touSully, intitula ses mémoires : Économies tes les autres, puisqu'elle seule met à l'aroyales d'État, domestiques, politiques bri des excès et du désespoir enfantés et militaires de Henri-le-Grand, comme par la misère. On ne peut donner de si en ces économies eût consisté toute conseils sur la manière d'établir l'écol'importance de l'administration dont il nomie dans quelque administration que avait été chargé. Le désordre des finances ce soit, car dans telle circonstance il est fut la cause et encore plus le prétexte économique d'outrepasser son revenu, des révolutions qui troublèrent la France dans telle autre l'économie consiste à se en 1789; et depuis ce temps l'économie réduire au strict nécessaire et à aug(son nom au moins) a été un des leurres menter son fonds. L'économie est insufque l'on a présentés avec le plus de suc- fisante quand il s'agit d'entreprendre, cès à la nation. La manière dont s'admi mais il n'y a pas d'entreprise qui réusnistrait la maison de Napoléon était un sisse sans économie. L'économie ne crée modèle d'économie, et ce fait seul suffit pas, elle conserve; la création devenant à prouver qu'une véritable supériorité inutile sans la conservation, tout esprit se reconnaît en toutes choses. Grand complet doit être capable de conserver parmi tous les princes, Charlemagne aussi comme de créer. L. C. B. s'était fait remarquer par son économie. Il faut regarder en pitié ceux qui déclarent incompatibles le génie qui crée et celui qui conserve, puisqu'on peut leur opposer Charlemagne et Napoléon.

Mais s'il n'est point une position dans laquelle l'économie ne soit nécessaire, on doit en faire l'objet d'une étude sérieuse, afin de ne la point confondre avec la parcimonie, l'avarice et la sordidité. C'est surtout pour être juste, charitable, généreux, qu'il faut être économe; car l'économie n'est point l'accumulation des biens, mais leur dispensation proportionnée dans un ordre rationnel, selon leur quantité, leur qualité, et la situation des individus qui les possèdent. Toute économie qui n'atteint point son but, lequel est de suffire, quel que soit l'objet auquel on l'ait appliquée, doit changer de nom : ainsi n'appellera-t-on point économie le défaut d'approvisionnements d'une armée, l'emploi de bois vermoulus dans la construction d'une maison, l'achat à bas prix de mauvaises étoffes, d'aliments malsains, ou la diminution de paie qui ferait remplacer des ouvriers laborieux et adroits par des ouvriers paresseux et mal habiles. De l'expérience et de la méditation provient bientôt le discernement qui préserve d'erreur à cet égard et ne laisse point satisfaire aux exigences d'un vice en le décorant du nom de vertu; car, il nous

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ÉCONOMIE DOMESTIQUE. A proprement parler, l'économie, comme on peut s'en convaincre en décomposant ce mot (oizos, maison, et vóμos, loi), n'est autre chose que la loi qui doit présider à l'administration des affaires de la maison, du ménage; en sorte que l'épithète de domestique est un véritable pleonasme. Ce pléonasme, toutefois, est justifié par la nécessité; car, ainsi qu'il est arrivé pour d'autres mots, le sens unique et simple d'économie s'est étendu de la famille privée à la grande famille ou l'état, et l'on a été amené à désigner sous le nom d'économie politique l'administration des | richesses nationales, comme on a désigné sous celui d'économie domestique celle des propriétés particulières.

L'économie domestique est appelée à connaître de tous les objets qui peuvent concourir à la prospérité de la maison et à en diriger l'usage de la manière la plus avantageuse: l'intérieur du ménage, l'agriculture et le jardinage, la chasse, la pêche, les bestiaux, les haras, les eaux et forêts, différentes manufactures, telles que faïence, poterie, chaux, brique, fer, tout ce qui concerne les bâtiments nécessaires à l'individu, la famille, les domestiques, les animaux, les récoltes, et généralement tous les travaux rustiques, rentrent dans son domaine.

L'économie domestique, malgré la défaveur que le préjugé attache à ses tra

vaux, comme à tout ce qui est moins brillant qu'utile, n'en est pas moins d'une haute importance; nous dirons même qu'elle a une mission sociale à remplir. C'est elle qui nous apprend à apporter dans la gestion de nos affaires cet ordre, cette entente, seuls capables d'assurer à l'homme l'aisance qui est la première garantie de la morale, des vertus civiles et privées. Voy. l'art. précédent.

En première ligne des travaux économiques figure l'exploitation agricole, matière importante qui a déjà été traitée spécialement aux mots AGRICULTURE, Culture, Cultivateur, et à laquelle sera spécialement consacré ci-après l'article ÉCONOMIE RURALE. En conséquence nous nous bornerons ici à quelques observations de détail qui n'ont pu trouver place dans ce même article.

L'économe doit se mettre parfaitement au courant des non-valeurs réelles ou supposées, s'appliquer à apprécier leurs causes, afin de distinguer celles qui sont nécessaires et constantes de celles qui ne sont qu'accidentelles et passagères; savoir quelles sont les choses dont l'acquisition est le moins dispendieuse et l'emploi le plus avantageux; connaitre la proportion exacte qui existe entre les frais et le revenu, la qualité et le prix commun des denrées, la mesure de la❘ consommation sous le double rapport de la quantité et de la rapidité, l'étendue et la qualité du commerce, pour assurer l'écoulement de ses produits; enfin il n'y a pas jusqu'au nombre et au caractère des habitants qu'il n'importe à l'économe de connaître. Mais le point capital pour lui est de savoir tirer parti de tous les hommes qui sont sous sa direction, assigner à chacun d'eux le poste qu'il est le plus capable de remplir, et donner toujours des ordres précis dont il ne doit pas cesser un instant de surveiller l'exécution. Voulez-vous stimuler au travail le zèle de vos gens, il ne suffit pas de leur prêcher la diligence, il faut encore, il faut surtout les instruire par l'exemple, présider vous-même à tous les exercices qui remplissent la journée, vous montrer à eux partout, quelle que soit la rigueur ou l'intempérie de la saison, et ne pas craindre de vous associer à des fatigues

qui leur paraîtront beaucoup plus légères ou dont au moins ils n'oseront pas se plaindre du moment qu'ils vous les verront partager. Si vous vous levez tard, par exemple, ils se lèveront tard, tandis que, si vous vous imposez la loi d'être toujours sur pied avant eux et de les conduire à l'ouvrage, ils se feront un plaisir de vous suivre. Disons ensuite que l'ignorance des travaux rustiques trop souvent dédaignés est un des premiers écueils que l'économe ait à éviter; il serait même à souhaiter qu'aux notions théoriques qu'a pu lui fournir l'étude il réunit les enseignements bien autrement efficaces de l'expérience pratique, qu'il ne craignit pas de mettre, de temps à autre, la main à l'œuvre, et fût en état de faire personnellement tous les ouvrages que réclame l'exploitation agricole. Savoir travailler soi-même, voilà le plus sûr moyen de diriger sagement le travail d'autrui.

C'est quelque chose de plus difficile qu'on ne pense que la direction d'un domestique nombreux : il faut d'abord apporter dans le choix de ceux qui nous servent le plus grand soin, et, quand on les renvoie, éviter, autant que possible, de leur donner des sujets de plainte fondés, sans quoi il deviendrait difficile ensuite de s'en procurer de bons. Un économe sage s'appliquera à maintenir entre eux une égalité parfaite et ne souffrira d'autres distinctions que celles qui doivent nécessairement résulter de la hiérarchie des emplois. Pour cela, il répartira le travail de la manière la plus équitable, en ayant soin de le proportionner aux forces et au traitement de chacun, et de prendre ses précautions pour que tous soient occupés. C'est le moyen de couper court à la jalousie, source ordinaire de toutes les dissensions; car il suffit qu'un seul reste dans l'inaction pour que ce privilége décourage et révolte les autres. D'ailleurs, un travail continu, sans être trop fatigant, ne laissera pas de temps à ces querelles, enfants ordinaires de l'oisiveté, toujours préjudiciables aux intérêts du maître, tant par les désordres qu'elles entraînent que parce qu'elles lui font perdre souvent ses meilleurs sujets. Pour se trouver en mesure de fournir toujours du travail à seș

gens, il faut restreindre le personnel de | de cette manière on les a toujours sous sa maison au strict nécessaire, sauf à se la main et l'on court moins de risques faire aider par des journaliers dans les de les laisser égarer ou tomber entre les moments de presse. Une autre mesure mains des voleurs. On profite également non moins importante, c'est que chacun de l'hiver pour faire différentes opéraait sa fonction spéciale: par là on évi- tions, telles que curer les étables, tondre tera la confusion, et personne ne pouvant les haies, arracher les épines nuisibles, etc. se reposer sur autrui pour faire la beso Le père de famille assistera à ces diverses gne dont il est chargé, il n'y aura pas opérations, veillera à ce que tout se passe de temps perdu, pas de contestations pos- dans l'ordre, et aura soin de donner chasibles. Plus on connaît la nature d'une ter- que soir à ses gens, avant de se coucher, re, et mieux on la cultive: aussi doit-on | les instructions relatives aux travaux qui éviter de changer trop souvent de labou- devront remplir la journée du lendemain. reurs, parce que la terre y gagne ordinaire- Il ne doit pas négliger d'écrire,sur un livrement aussi peu qu'un enfant gagne à chan- journal, le jour d'entrée de ses domesger de nourrice. Si cependant quelques- tiques chez lui, la quotité de leurs gages, unes des personnes qu'on emploie étaient ainsi que celle des paiements successifs entachées de vires essentiels, il n'y au- qu'il leur fait, afin de prévenir les erreurs rait pas à balancer pour les renvoyer de qui pourraient préjudicier soit à ses sersuite, de peur que leur contact ne cor- viteurs, soit à lui-même. Il n'oubliera rompit les autres. Voy. DOMESTIcité. pas de se faire payer exactement de tout ce qui lui est dû, s'astreindra, en toutes choses, aux lois d'une épargne sage et prévoyante, sans jamais donner dans le travers de cette parcimonie qui touche à l'avarice; entretiendra avec soin toutes les dépendances de son domaine; organisera une espèce de cominerce sur l'excédant de produits qui se trouvera en dehors de sa consommation, ne laissera rien perdre et pourvoira à tous les besoins de la maison.

Un des premiers éléments de prospérité que l'homme ait à sa disposition, c'est l'ordre, sans lequel rien ne prospère et dont l'absence entraîne la perte des fortunes les plus florissantes. En conséquence, dans une maison bien réglée, tous les exercices correspondront à des heures dont la fixité n'admettra d'autres variations que celles qui sont indiquées par les saisons. Pour ce qui est des repas, par exemple, ils doivent être prêts, en hiver, c'est-à-dire depuis la mi- octobre jusqu'à la mi-février environ, avant le jour, afin que, lorsqu'il parait, tout le monde puisse se rendre à son travail; et comme la durée des jours, dans cette saison, est déjà si courte, les domestiques ne doivent pas quitter les champs avant la nuit, qui devient le signal du souper, après lequel on panse les bêtes. La perte du temps est, avant toutes choses, ce qu'il faut éviter pour échapper à cet écueil, on consacrera les longues soirées d'hiver aux travaux qui ne se font que de nuit ou lorsqu'il est impossible de travailler dehors; et les temps de pluie, neige et frimas, seront employés à la ré-niques et les mieux appropriées aux diparation des outils de labourage et autres instruments qui prendrait un temps précieux si on renvoyait à s'en occuper dans les beaux jours. On emmagasine ensuite tous ces instruments dans un local

spécialement affecté à cette destination; |

Maintenant se présentent à notre pensée les mille détails de tant d'exploitations diverses, et pour poser de simples jalons sur la ligne de l'économie domestique, il nous faudrait parcourir, de la cave au grenier, de la grange à l'étable et de l'usine au pressoir (voy. ces mots), tous les bâtiments qui servent à l'homme ainsi qu'aux choses et aux animaux sur lesquels il a étendu le sceptre de sa puissance. Ce serait ici le lieu de tracer la disposition relative des appartements, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur; de lever le plan des différentes constructions dans leurs proportions les plus harmo

vers services auxquels elles sont affectées; d'indiquer la manière de créer, modifier et conserver, dans leurs incalculables variétés, les produits que peut faire éclore l'industrie de l'homme. Nous

aurions une rapide promenade à faire

dans le jardin, le parterre, le potager, le verger, et c'est à peine si, après une course baletante à travers les champs et les prés, nous trouverions le moyen de nous esquiver sous les ombrages de la forêt voisine. Heureusement d'autres l'ont fait dans cet ouvrage ou le feront dans la suite, à mesure que l'ordre alphabétique amènera les différents sujets.

Jusqu'à présent nous n'avons encore parlé que des devoirs du père de famille; mais le ménage, cette alvéole sociale dont l'économie domestique est appelée à régulariser le travail, est toujours incomplet ou plutôt n'existe jamais sans la femme. Or, la nature, en la rapprochant de l'homme, lui a départi une mission toute de douceur et de bienveillan

ce,

une part de travail appropriée à ses forces, à la finesse de son tact, à la délicatesse de son organisation. Aussi, parmi les soins que réclame l'économie domestique, en est-il qui sont plus spécialement de son ressort. Tels sont ceux de la basse-cour, du colombier, la fabrication du pain, du laitage, du linge, la préparation des aliments des maitres, domestiques, bestiaux et autres animaux, les attentions à donner aux enfants, aux malades, toute l'économie intérieure; enfin, pour résumer en un mot notre idée, l'homme est chargé de la conduite de la maison, le ménage est la sphère d'activité, le domaine exclusif de la femme. C'est à elle de remplacer son mari absent, et, même lorsqu'il est présent, elle doit exercer sa surveillance sur mille objets de détail qui peuvent échapper à l'œil du père de famille. La direction des servantes, l'ordre et le maniement des menues affaires sont placés sous le patronage immédiat de la femme. La propreté doit marcher à sa suite; le calme, la douceur, l'aménité des relations doivent, au son de sa voix, succéder aux orages des haines et des dissensions. C'est à elle qu'il appartient d'envoyer dans les marchés les produits de la basse-cour et de faire circuler à l'intérieur les richesses fournies par le travail de l'homme, de manière à en tirer le parti le plus avantageux.

Ainsi que la plume exercée d'une femme nous l'a bien fait comprendre au premier article ECONOMIE, on s'abuserait enl

croyant que l'économie domestique consiste à épargner l'emploi des capitaux et autres objets de consommation; car, dans certains cas, l'épargne est aussi contraire à l'économie que la prodigalité elle-même. La science dont nous venons d'esquisser les principaux traits ne défend pas d'user des richesses qu'on a à sa disposition, mais elle enseigne, au contraire, le moyen de les employer de manière à augmenter toujours ses dépenses, en les mettant en balance avec un revenu sans cesse croissant. La science économique a, comme toutes les autres, ses règles fixes et invariables, dont les principales sont : acheter peu et vendre beaucoup, ne rien laisser perdre, ne rien dissiper inutilement, et tirer parti de toutes les ressources qu'on a entre les mains. La sphère de cette science, dont le nom fait sourire de pitié des gens dont l'orgueil dédaigne toutes les combinaisons utiles, est plus large qu'on ne le croit communément. Son application rationnelle exige le génie du grand uni à l'esprit de détail, la profondeur des vues et l'étendue des lumières servies par une infatigable activité. Disposer l'ordre général de manière à en faire ressortir naturellement les effets de détail, ne laisser aux caprices du hasard aucune des chances dont la prudence peut s'emparer, étudier la marche des fonds, soit qu'ils rentrent, soit qu'ils sortent, employer le moins de forces possible, savoir faire à propos un sacrifice pour sauver une perte plus considérable, garder que le jeu d'un ressort n'entrave celui d'un autre, présider, en un mot, à l'harmonie des grands mouvements sans cesser un instant de faire sentir sa présence jusque dans les détails les plus infimes: tels sont les devoirs et les principales conditions de succès que l'économie domestique indique au chef de famille intelligent.

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Si l'on considère maintenant que l'exploitation de l'économe est un centre d'activité qui peut rallier à lui les bras et les intelligences dans une circonscription territoriale plus ou moins étendue, et que les richesses qu'il crée par son industrie peuvent, suivant la direction qu'il leur imprime, répandre la prospérité et a vie sur tout un pays, on se sentira peut

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