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vons dit (voy. CHEVALIER), au fils de l'empereur de Byzance.

Les écuyers combattaient aussi dans l'occasion: nous avons fait remarquer au même lieu que plusieurs figuraient au combat des Trente et que ce fut un simple écuyer appelé Jacques de SaintMartin, qui tua Chandos à l'escarmouche du pont de Lussac, en 1369. Mais ils étaient maintenus dans un rang inférieur à celui des chevaliers par la défense de porter les éperons d'or, le haubert, la cotte d'armes, etc., et par certaines prérogatives exclusivement réservées à ceux-ci. Les écuyers pouvaient posséder aussi certains fiefs de peu d'importance, qu'on désignait pour cela sous le nom d'écuage.

Après l'extinction de la chevalerie, le titre d'écuyer servit encore à qualifier la noblesse du dernier ordre, et beaucoup de roturiers s'en emparèrent sans scrupule. Destouches le rappelle d'une manière fort plaisante dans une des meilleures scènes du Glorieux. Les Anglais emploient de la même manière le mot esquire (par abréviation esq.), qui a évidemment la même origine (voy. l'article).

On voyait encore dans l'ancienne maison des rois de France un grand- écuyer, chargé de la surveillance des écuries et équipages du roi, qui portait l'épée devant lui à ses entrées solennelles, comme jadis le connétable*; un premier écuyer de la grande écurie et un de la petite, un écuyer cavalcadour (voy.), un écuyer tranchant, qui coupait les viandes devant le roi, comme avait fait Joinville à la table de saint Louis, un écuyer-bouche, etc. Toutes ces charges, rétablies pour la plupart sous l'empire et sous la Restauration, ont définitivement disparu depuis la révolution de 1830.

On a donné encore le nom d'écuyer à un serviteur d'un ordre plus élevé que les autres, dont les fonctions se bornaient à donner la main à une dame de qualité dans ses courses et visites. Cet usage se retrouve dans les romans espagnols, même du siècle dernier.

(*) On l'appelait, pour abréger, M. le grand, et ee titre rappelle le mot odieux de Louis XIII sur la mort de l'infortuné Cinq-Mars (voy.).

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EDDA. On désigne sous ce nom deux codes religieux dépositaires des croyances scandinaves. Le mot Edda se retrouve dans les langues du Nord, soit dans le sens d'aïeule, soit dans celui de loi : dans l'un et l'autre sens il atteste le respect dont furent entourées ces antiques traditions. Les deux Edda remontent à des époques différentes : la première, l'Edda poétique ou versifiée, fut composée en Islande à la fin du x1° siècle, cinquante ans environ après l'introduction du christianisme dans cette ile, par Sæmund-Sigfuson, surnommé le Sage, qui, à la vue de la nouvelle doctrine qui effaçait la religion de ses pères, animé d'un zèle patriotique pour ses croyances longtemps respectées, employa son temps et sa science à en sauver au moins quelques débris. L'Edda poétique se compose en effet de fragments plus ou moins complets, plus ou moins intelligibles, empruntés à la tradition orale qui les avait transmis dans les familles à travers les générations successives des anciens habitants de la Norvège, dont une nombreuse colonie occupa l'Islande au 1x siècle. L'Edda en prose fut rédigée cent ans après l'autre par l'historien Snorro - Sturleson, qui, voulant joindre aux documents historiques contenus dans ses savants écrits un précis aussi complet que possible des dogmes religieux de sa nation, commenta en prose les oracles de l'ancienne Edda, en suppléant aux lacunes qu'elle présente par des récits circonstanciés propres à jeter du jour sur une foule de passages et à développer les formules mystérieuses que la poésie n'avait fait qu'indiquer.

Si l'on ne considérait l'Edda, soit en vers, soit en prose, que d'après la date de son apparition, on serait tenté de contester son importance et de la mettre au niveau de toutes les œuvres purement idéales qui inondèrent l'Allemagne au moyen-âge. Mais si sa publication date du temps des croisades, son sujet, sa substance, sa forme même, se rattachent à

une époque beaucoup plus reculée et lui | plus de concision, de rudesse, d'énergie,

mais, comme eux, elle n'est qu'une des branches du grand système qui s'étend sur l'Europe, et qui, embrassant, avec les langues germaniques, le grec, le latin, le celtique, le slavon, se résume enfin dans l'antique langue indienne.

L'Edda, considérée en général, se compose de chants lyriques, de récits en vers ou en prose. Le rhythme de ses vers est marqué par la mesure et par l'allitération ou retour des mêmes lettres au commencement des mots les plus saillants. Les poésies contenues dans l'ancienne Edda sont ou mythologiques ou

portent la Vauluspa, ou chant de la création, le Havamal ou oracle d'Odin, trois chants sur la cosmogonie, trois sur les exploits de Thor, deux sur ceux de Loke et de Freyr, deux sur la mort de Balder, quatre sur divers mythes scandinaves. A la seconde classe appartiennent une vingtaine de poèmes d'une origine toute différente, destinés à conserver le souvenir des principaux conquérants germains. On y trouve les noms de Völsung et de Sigurd, d'Attle et de Gunnar, de Brynhild et de Gudrun, des héros et des héroïnes célébrés dans les chants des Minnesinger, et dont la renommée, traversant toute l'Allemagne, pénétra jusqu'aux confins du pôle.

assurent une haute autorité. Dépositaire des traditions d'un grand peuple que ses destinées longtemps incertaines ont conduit d'Asie en Europe, du sud au nord, de la terre à la mer, qui, poussé sur les côtes désertes de la Scandinavie, occupa toutes ses iles, peupla tous ses écueils, envahit de là tous les fleuves de l'Europe qu'il remplit de la terreur de son nom, l'Edda nous retrace les premières croyances de ce peuple, ses dogmes religieux, ses légendes poétiques, ses mœurs empreintes d'une sauvage énergie, ses chants de mort et de victoire. Elle nous montre, dans sa mythologie comme dans son his-héroïques. A la première classe se raptoire, la lutte de l'homme contre une nature rebelle, du bien contre le mal, des Ases contre les lotes. Elle nous peint à grands traits la création du monde et les principaux phénomènes de son existence; elle personnifie toutes les forces naturelles d'après le sombre aspect qu'elles présentent dans le Nord, et, au milieu de leur conflit terrible, elle jette les noms de ses guerriers, de ses héros, dont les proportions gigantesques atteignent bientôt la stature des dieux. C'est ainsi qu'elle célèbre la gloire d'Odin, le roi suprême, celle de Thor, dieu de la discorde, celle de Balder, dieu de la paix, et d'une foule d'autres divinités qui sont autant de vivants symboles. C'est ainsi qu'elle représente le monde entier sous la forme de l'arbre mystique Ygdrasil, dont les branches s'élèvent jusqu'au ciel, où elles sont émaillées d'étoiles, tandis que sa base traverse la terre et plonge jusqu'au fond de l'enfer. A ces grands tableaux s'en mêlent d'autres plus simples, d'où la trivialité n'est pas toujours exclue; car l'Edda est un mélange de tous les styles, de tous les degrés de civilisation. Sa langue est l'ancien scandinave parlé jadis dans la double péninsule du Danemark, de la Suède et de la Norvège, par les ancêtres des habitants actuels, peuple de race indo-européenne, dont les mœurs et l'idiome règnent encore en Islande dans toute leur pureté primitive. Cette langue scandinave, mère du suédois et du danois, est sœur du saxon, du tudesque, du gothique; elle se distingue de ces divers idiomes par

L'Edda en prose, commentant celle en vers, se divise en plusieurs parties: la première, la plus importante, contient toutes les légendes mythologiques et historiques développées dans les deux cycles de Gylfé et de Bragi, la seconde partie, appelée Kenningar, est un long vocabulaire poétique; la troisième, sous le nom de Skalda, contient les règles de la prosodie scandinave. Le style de ces traités est généralement fort simple et diffère essentiellement de celui de l'Edda

en vers.

Les manuscrits de l'Edda recueillis en Islande sont déposés à Copenhague et à Upsal. Les textes originaux avec leurs principales variantes ont été reproduits et traduits par Resenius et ensuite par Finn Magnusen, à Copenhague, par A. Afzelius, à Stockholm. Le savant philologue Rask a également consacré ses soins

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à la révision de l'Edda, dont on s'occupe | Mais où était situé l'Éden? Il n'y a peutencore avec zèle en Danemark, en Suède, être pas dans l'Écriture une question qui en Allemagne, où elle a été commentée ait autant partagé les opinions. Les uns par les frères Grimm. F. G. E. l'ont placé en Arménie, en Tatarie, à EDELINCK (GÉRARD), né à Anvers la place qu'occupe actuellement la mer en 1649, occupe un des rangs les plus Caspienne, dans la Mésopotamie, dans distingués parmi les graveurs de son siè- l'Assyrie, dans la Syrie, dans la Palescle. Il reçut dans sa patrie les éléments tine, dans l'Arabie, sur les bords du de son art, mais c'est en France, après Gange, dans l'ile de Ceylan, dans les que Colbert l'y eut appelé, que son ta- Indes, auxquelles il aurait donné leur lent acquit tout son développement. Louis nom, dans la Chine, dans un lieu inhaXIV le traita avec une faveur toute bité par-delà le Levant. D'autres l'ont particulière, et le chargea de graver la placé en Europe; ceux-ci en Afrique, Sainte famille de Raphaël et la Vi- sous l'équateur, dans les montagnes de site d'Alexandre à la famille de Darius, la Lune; ceux-là à l'extrémité du midi, d'après Le Brun. Il grava aussi le Com- dans la Terre de Feu, ou à l'extrémité bat des quatre cavaliers de Léonard de du nord, sous le pôle arctique. QuelVinci. On doit faire un choix entre ses ques-uns, ne trouvant sur la terre aucun grandes planches, exécutées d'après des lieu qui répondit exactement à la destableaux historiques; mais beaucoup de cription qu'en a donnée la Genèse, s'ises figures sont remarquables par leur maginèrent que Dieu l'avait caché sous fini. Un de ses plus beaux ouvrages est le la terre; quelques autres prétendirent Crucifiement d'après Le Brun. Edelinck qu'il était dans la région moyenne de n'était pas moins heureux dans les por- l'air, dans la lune, dans le ciel de la ́traits, et il a gravé ceux d'un grand nom- lune, dans le troisième ou même le quabre de personnages distingués de son trième ciel. Huet le plaçait au point de siècle. Plusieurs de ces portraits font par- jonction du Tigre et de l'Euphrate. Phitie de la collection des hommes illustres, lon et Origène croyaient que l'Éden était publiée par Perrault. Un burin pur et purement spirituel. D'autres prétendaient brillant, une manière large, un trait cor- qu'il était invisible, d'autres que c'était rect et léger, beaucoup de naturel et de une allégorie, d'autres enfin que c'était vérité, joints à une harmonie de détails un tableau hieroglyphique. inimitable, assurent aux ouvrages de cet Quant à nous, nous sommes fort porartiste une supériorité incontestable sur tés à croire que l'Éden de Moïse n'était tous ceux de sa nation. Edelinck mourut ni une allégorie ni un hiéroglyphe, mais le 2 avril 1707, graveur ordinaire du une tradition reposant sur un fait. Ne roi et membre de l'Académie royale de retrouve-t-on pas effectivement dans les Peinture. Son fils (NICOLAS) et ses deux souvenirs de tant de peuples une espèce frères (JEAN et GASPARD), qui se livrèrent de vague réminiscence d'un âge d'innoà la gravure, ne l'égalèrent jamais, quoi- cence, d'un àge d'or; et la science, d'acqu'ils ne fussent pas sans mérite. C. L. m. cord cette fois avec la tradition, n'a-t-elle ÉDEN, en hébreu mot traduit par pas établi que les premiers habitants les Septante napádaicos, par la Vulgate de la terre doivent être descendus du paradisus voluptatis, signifie propre- plateau de l'Asie centrale? La description ment mollesse, délices, et, par métony- que Moïse fait du paradis terrestre, de mie, un lieu de délices, un paradis. ce jardin planté par Dieu dans l'Éden, C'était dans l'Éden que, selon la tradine peut guère s'appliquer qu'à l'Artion mosaïque, Dieu avait planté le jar-ménie, malgré les erreurs géographidin où il établit nos premiers parents et d'où il les chassa après leur désobéissance. Ce jardin, comme ceux des Turcs et des Persans de nos jours, réunissait les deux qualités nécessaires sous un climat brûlant, l'ombre et la fraîcheur. | kel ou Tigre, et le Phrat ou Euphrate.

ques qu'il est facile d'y signaler. C'est effectivement dans cette partie de l'ancienne Médie que se trouvent les quatre fleuves indiqués par la Genèse : le Phison ou Phase, le Gihon ou Oxus, le Chidé

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ÉDENTÉS. Cette dénomination désigne un ordre formé par M. Fréd. Cuvier et contenant les tardigrades, les édentés ordinaires, qui se composent des tatous, des oryctéropes, des fourmiliers et des pangolins, et les monotrèmes, qui se composent des échidnés et des ornithorynques.

Le mot édentés ne doit pas être pris littéralement. Il en est d'absolument dépourvus de dents (les pangolins, les fourmiliers); d'autres ne présentent qu'une ou deux sortes de dents et jamais d'incisives (les tardigrades); d'autres n'ont que les molaires (les fouisseurs). Chez quelques individus, les deux mâchoires sont pourvues de dents (les narvals, les cachalots); chez d'autres, qui sont absolument dépourvus de dents, la mâchoire supérieure est garnie de fanons (la baleine).

L'ordre des édentés, dans la classification de M. de Blainville, comprend des animaux organisés pour la natation et pour vivre dans la mer (les cétacés); le test qui les recouvre est dur, leurs ongles sont longs et comprimés; leur forme est celle des poissons et ils se terminent par une nageoire horizontale.

L'ordre des édentés est celui qui s'écarte le plus des autres mammifères; on croirait volontiers qu'il est l'œuvre d'une composition particulière. On a rapporté à cet ordre l'animal fossile du Paraguay, le mégatherium, et le mégalonyx, trouvé dans les cavernes calcaires de l'Amérique septentrionale.

L. D. C.

ÉDESSE (COMTÉ D'). La ville d'Édesse, métropole de la Mésopotamie, aujourd'hui le Diarbekir, pays riche et fertile, est située au-delà de l'Euphrate,

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à une journée de marche de ce fleuve; elle se nommait anciennement Rhages. Ce fut dans cette ville que le vieux Tobie envoya son fils redemander à Gabel dix talents d'argent qu'il lui avait prêtés dans son enfance. Édesse est citée dans l'histoire ecclésiastique comme ayant reçu une des premières, de l'apôtre Thadée, la doctrine de Jésus-Christ (voy. ABGAR), doctrine dans laquelle ses habitants persévérèrent constamment jusqu'à l'époque des croisades. En 1097 cette ville, qui n'avait jamais été subjuguée par les Infidèles, était gouvernée par des princes grecs. Baudouin, frère de Godefroy de Bouillon, y fut appelé par le dernier d'entre eux, et il lui succéda peu de temps après, ce prince, qui l'avait adopté, ayant péri dans une émeute. Édesse devint alors la capitale d'un nouvel état connu sous le nom de comté. Mais la durée de cet état fut courte; il n'eut que quatre souverains, les deux Baudouin et les deux Josselin. Les trois premiers établirent leur résidence à Édesse, qu'ils rendirent redoutable à toutes les villes environnantes. Le premier Baudouin, vainqueur de tous ses ennemis, avait reçu la soumission de la belle ville de Mélitène, métropole de la Médie, et, maître d'une vaste étendue de pays, il goûtait quelque repos, quand il fut appelé, en 1101, pour succéder à son frère Godefroy au trône de Jérusalem. Il résigna alors toutes ses possessions au seigneur Baudouin du Bourg, son cousin. Celui-ci gouverna dix-huit ans, avec autant de fermeté que de bonheur, le pays soumis à sa domination. Cependant, en 1103, il en céda une partie, située aux environs de l'Euphrate, à un de ses cousins, nommé Josselin de Courtenai (voy. COURTENAI), du pays de Gåtinais, en France, qui n'avait ni terres ni propriétés. Josselin gouverna ce territoire avec une grande habileté. Mais, en 1104, Baudouin et Josselin, étant allés, avec Boémond et Tancrède, faire le siége de la ville de Carrhes, voisine d'Édesse, furent faits prisonniers par les Turcs et demeurèrent cinq ans en captivité. Tancrède, qui avait échappé, ainsi que Boémond, à la destruction de l'armée chrétienne, gouverna le comté d'Édesse dans

Josselin, battu dans un combat que lui livra Balak, prince des Turcs, en 1123, fut pris, chargé de fers et conduit dans une forteresse. Baudouin, allant au secours de la principauté d'Antioche, fut surpris par le même Balak peu de temps après et mené dans la même forteresse. Les deux princes furent délivrés par des Arméniens, qui s'introduisirent déguisés dans la citadelle. Josselin fut envoyé par le roi pour aller chercher du secours, et Baudouin se fortifia dans la place avec ceux qui l'avaient délivré.

En 1130, le soudan d'Iconium vint mettre le siége devant une des forteresses du comté d'Édesse. Josselin, vieux, malade et infirme, mais toujours plein de courage, fit appeler son fils et lui ordonna de prendre avec lui tous les chevaliers du comté et de marcher vigoureusement à la rencontre de l'ennemi; mais le jeune

l'absence de Baudouin, et Boémond se chargea du soin de la terre de Josselin. | Lorsque les deux prisonniers recouvrèrent leur liberté, Tancrède refusa d'abord de rendre à Baudouin sa principauté; mais se souvenant bientôt de l'engagement qu'il avait pris, il lui remit la ville et tout le pays. Il paraît néanmoins que ce refus irrita Baudouin et Josselin, qui bientôt après déclarèrent la guerre à Tancrède. Peut-être y avait-il encore quelque autre motif de rupture entre eux; car Josselin surtout, qui était plus voisin d'Antioche, se montra aussi le plus animé. Tancrède marcha à sa rencontre et perdit d'abord beaucoup de monde; mais son armée, reprenant courage, fit un grand carnage des Turcs, que Josselin n'avait pas eu honte de prendre pour auxiliaires, et lui-même fut forcé de fuir. Les principaux habitants de la contrée et les hommes les plus sensés inter-Josselin paraissant peu disposé à remplir posèrent leurs bons offices et parvinrent à réconcilier les deux princes. En 1113 il s'éleva une horrible famine dans le pays d'Édesse. Le territoire où commandait Josselin fut à l'abri de cette calamité: il possédait en abondance des grains et toutes sortes de denrées; mais Josselin ne songea pas à offrir à Baudouin la moindre partie de son superflu. Celui-ci, irrité, le manda auprès de lui sous un prétexte, lui reprocha son ingratitude, le fit charger de fers, et, à force de tour-dable à ses ennemis pour les décider à ments, l'obligea à quitter le pays qu'il gouvernait et à lui rendre tous les dons qu'il avait reçus du comte. Josselin s'en alla auprès du roi de Jérusalem, qui lui donna la ville de Tibériade avec tout son territoire. En 1118, ce roi étant mort, les grands du royaume se réunirent pour délibérer sur l'élection de son successeur; divers avis furent proposés. Josselin, qui était présent et dont le crédit était devenu grand dans tout le royaume, proposa d'élire Baudouin du Bourg. Cet avis dut étonner de la part d'un homme qui peu de temps auparavant avait été si maltraité par le comte d'Édesse; néanmoins il fut suivi, et Baudouin fut élu roi d'un consentement unanime. Le nouveau roi de Jérusalem ne crut pouvoir mieux réparer ses torts envers lui qu'en lui | donnant l'investiture du comté d'Édesse.

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cette commission, le comte assembla luimême ses chevaliers et toute la population du pays, et, se faisant placer sur un brancard, marcha à l'ennemi. Le soudan, instruit de son approche, abandonna le siége et se retira dans ses états. Le vieux Josselin, à la nouvelle de cette retraite, se fit déposer à terre, et, levant les mains vers le ciel, les yeux baignés de larmes, il rendit grâces au Seigneur de ce que son nom avait encore paru assez formi

s'éloigner, et il expira peu après. Son fils se montra peu digne de l'héritage de fortune et de gloire qu'il lui laissait; il renonça au séjour d'Édesse pour aller s'établir près de l'Euphrate, dans le lieu appelé Turbassel, et il y demeura constamment livré au plaisir et au repos, négligeant les soins qu'il aurait dû prendre de sa capitale. Édesse se trouva livrée aux mains des Chaldéens et des Arméniens, qui n'avaient aucune habitude de la guerre et qui ne pratiquaient que les arts du commerce. Les Latins n'y vinrent plus que rarement; il n'y avait dans la ville qu'un petit nombre d'habitants de cette nation. La garnison d'Édesse était composée de mercenaires, qui n'étaient pas même régulièrement payés. A cette époque, Zenghy, profitant des dissensions qui régnaient entre les

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