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nu maître du royaume de Naples, avait institué un ordre de l'Éperon pour récompenser les militaires qui l'avaient aidé à conquérir cette couronne. C. P. A. ÉPERON D'OR (ORDRE DE L'). Institué par Pie IV, en 1559, comme récompense du mérite civil, cet ordre fut jadis célèbre, et ses chevaliers jouissaient de grands priviléges. C'était la seule décoration avec laquelle il fût permis aux ambassadeurs de Venise, à Rome, de faire leur entrée solennelle dans le sénat de cette république, au retour de leur mission. Tant que les souverains pontifes furent les seuls dispensateurs de cet ordre, il se maintint dans l'opinion; mais le droit qui fut attribué à plusieurs grandes charges de la cour de Rome de créer quelques chevaliers donna naissance à des abus: aussi ce droit a-t-il été | retiré en 1815, époque où cet ordre était vendu à vil prix dans Paris. Le SaintSiége, aujourd'hui, s'impose beaucoup plus de réserve dans les nominations.

La marque de l'ordre est une croix d'or à huit pointes, émaillée de blanc, entre les branches inférieures de laquelle est fixé un éperon d'or; elle est suspendue au cou par une chaîne d'or, ou attachée à la boutonnière de l'habit par un ruban ponceau.

Cte DE G.

| Ils offrent d'ailleurs de nombreuses variétés, suivant l'âge, les localités, etc. L'épesvier habite les champs dans presque toutes les parties de l'Europe; il se nourrit de reptiles, de petits mammifères et d'autres oiseaux. Voy., comme complément de cet article, le mot FAUCON.

Ou appelle épervier du furet une sorte de filet avec lequel on prend le poisson dans les rivières. Voy. PECHE. C. S-TE. ÉPHÉLIDES (de èπi, sur, et ños, soleil), taches d'un jaune plus ou moins foncé, de formes et de dimensions fort variables, et que l'on voit paraître sur divers points de la peau, mais principalement là où elle est exposée à l'action de l'air extérieur. On les nomme vulgairement taches de rousseur, son, etc., et à vrai dire l'on ignore leur cause immédiate, quoiqu'elles aient été attribuées par les uns à l'action du soleil, par les autres à une altération des voies digestives. Quelquefois elles paraissent dépendre de l'action du feu, comme on le voit sur les jambes des personnes qui demeurent trop longtemps devant un foyer ardent. D'après ces causes, les éphélides ont été appelées hépatiques, ignéales, etc. Quelques-unes ont été aussi nommées scorbutiques ou syphilitiques, parce qu'elles existaient simultanément avec la syphilis ou le scorbut; mais ce sont plutôt des coïncidences que des faits ayant une liaison directe.

Quoi qu'il en soit, ces taches, dont la coquetterie s'inquiète et s'alarme, n'ont effectivement aucune importance; elles sont d'ailleurs assez opiniâtres dans quelques cas, au lieu qu'elles disparaissent dans d'autres spontanément. On a obser

ÉPERONS (JOURNÉE DES). On a donné ce nom, dans l'histoire de France, à la bataille de Guinegate, où les Français furent mis en déroute (1513) presque sans coup férir, et parce que cette fois on fit plus usage des éperons que des épées. Les Flamands ont donné le même nom à la bataille de Courtrai (1302), où ils défirent l'armée de Philippe-le-vé qu'elles sont plus communes chez les Bel, et d'où ils remportèrent 4,000 paires femmes, les enfants, les sujets blonds ou d'éperons dorés comme trophée de la roux, qui d'ordinaire ont la peau très victoire. C. P. A. blanche. Les femmes enceintes y sont particulièrement sujettes, et la saison chaude favorise le développement de ces taches.

ÉPERVIER (falco nisus). Cet oiseau est regardé par la plupart des naturalistes comme constituant une espèce dans le genre faucon. Il a les parties supérieures d'un cendré bleuâtre, et les parties inférieures blanches, avec des raies brunâtres, longitudinales sous la gorge, transversales sous le ventre. Son bec est noirâtre; ses pieds et l'iris de ses yeux, jaunes. Le mâle a 32 centimètres de long, la femelle quelques-uns de plus.

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quelques pommades excitantes et résolutives ont été également conseillées avec des succès variables. F. R.

ÉPHÉMÈRES (mot grec qui, dérivé de huspa, jour, signifie journalier, durant un jour), genre d'insectes de l'ordre des névroptères, fondé par Linné et rangé par Latreille dans la famille des subuli

cornes.

Ses caractères principaux sont : tête très petite au-devant de laquelle sont insérées immédiatement des antennes très courtes, sétacées; corps allongé, terminé par deux ou trois filets longs et sétacés ; pattes allongées; tous les tarses à cinq articles; absence de mandibules; palpes courtes; ailes au nombre de quatre, inégales, réticulées; yeux réticulés, arrondis, saillants.

Plusieurs naturalistes, entre autres Swammerdam et Degeer, ont étudié les habitudes des éphémères tant à l'état parfait que dans l'état de larve et de nymphe. Les larves et les nymphes se développent dans l'eau, où elles restent sous ces divers états quelquefois pendant plusieurs années, tandis qu'à l'état d'insecte ailé et parfait elles ne vivent que trois ou quatre jours, quelquefois même quelques heures. Nées au coucher du soleil, elles périssent avant l'aurore. C'est de cette brièveté de leur vie qu'elles ont pris la dénomination d'éphémères. Les larves, sous la forme de vers hexapodes, restent dans des trous pratiqués dans la vase, sous l'eau, et disposés de manière à ne pas en permettre l'entrée à des animaux plus gros qu'elles ; d'autres sont errantes, mais se retirent sous les pierres, sous les racines des arbres qui bordent le rivage, pour se soustraire à la voracité des poissons qui les poursuivent. Elles respirent l'air contenu dans l'eau au moyen des branchies dont elles sont pourvues. Après être restées dans cet état une ou plusieurs années, les larves se métamorphosent en nymphes, état dans lequel elles ne diffèrent de celui de larves que par les rudiments de leurs ailes; puis elles se dépouillent des étuis qui les enveloppent, deviennent nymphes ailées et prennent leur essor. Ce travail, qui dure quatre à cinq jours, se fait dans les mois de juin, juillet et août. C'est dans les soirées de

cette saison que nous voyons des essaims de ces petits insectes voltiger dans les jardins, ou se précipiter sur les lumières qui éclairent nos appartements. Arrivés à l'état parfait, les éphémères ne s'occupent qu'à se reproduire. On a cru distinguer les mâles d'avec les femelles par deux crochets dont sont munis les premiers et dont on dit qu'ils se servent pour cramponner la femelle pendant l'accouplement. Cependant les opinions sur le mode de fécondation ne sont pas encore définitivement arrêtées; on sait seulement que les femelles déposent leurs œufs en masse et en même temps dans l'eau, sur les murailles et sur les branches d'arbre; mais on ignore l'époque de la fécondation de ces œufs, si elle a lieu après la ponte, comme cela arrive pour le frai des poissons. Cependant des observations assez récentes semblent confirmer l'opinion de Degeer et de Latreille en faveur d'un accouplement réel qui, bien qu'il ne dure qu'un clin d'œil, suffit à la fécondation des sept à huit cents œufs que renferme l'ovaire.

En botanique, on désigne sous la dénomination d'éphémères certaines plantes dont la vie se renferme dans la durée de peu de jours ou de quelques heures; plusieurs champignons sont dans cette catégorie.

La même qualification appartient à des fleurs qui ne restent que peu de temps écloses et tombent ensuite pour ne plus s'épanouir: les fleurs des cistes en offrent un exemple.

On ne doit pas ranger parmi les éphémères les fleurs qui ne demeurent épanouies que pendant quelques heures, mais qui, comme l'ornithogale (dame d'onze heures), s'épanouissent et se referment alternativement pendant plusieurs jours de suite. L. D. C.

ÉPHÉMÉRIDES (inpepides, acta diurna), espèces de journal ou de récapitulation journalière de ce qu'on a vu, lu ou éprouvé d'intéressant pendant cet intervalle. Certains ouvrages historiques où les faits sont enregistrés jour par jour et faiblement liés entre eux, ont pris le titre d'Éphémérides. Celles de la vie d'Alexandre-le-Grand, par Diodote d'Érythres et par Eumène de Cardie, qui jouissait de la confiance de ce roi, parais

sent avoir été l'une des sources où Arrien nuelles des sociétés savantes. C'est un rea puisé son histoire. Plusieurs recueils cueil des tables les plus usuelles pour le modernes ont reçu le même titre. S. calcul des mouvements célestes, avec l'inLes éphémérides des mouvements cé- dication de tous les phénomènes qui doilestes sont des ouvrages que les astrono- vent arriver ou peuvent être observés chames sont dans l'usage de publier depuis la que jour. renaissance de l'astronomie : il en existe un très grand nombre; nous allons citer les principaux.

Regiomontanus, peu avant de quitter l'Allemagne pour aller à Rome où il mourut, publia à Nuremberg des éphémérides qui représentaient l'état du ciel depuis 1475 jusqu'en 1506; ces éphémérides furent ensuite réimprimées en divers endroits, particulièrement à Venise, avec ou sans date. D'autres éphémérides furent celles de Engel : J. Angeli Ephemerides motuum cœlestium ab anno 1494 ad annum 1500, Vienne, 1500, in-4°. L'Espagne nous fournit des éphémérides vers le même temps. Sumario en el qual se contienen las conjunciones y opposiciones,los eclypses del sol y luna, fiestas movibles desde el anno MCCCCLXXXVIII hasta el MDL, por Bernardo de Granolachs. Nous apprenons de Nicolas Antonio, dans sa Bibliotheca Hispaña, que ce Bernard de Granolachs était un docteur en médecine de Barcelone. L'ouvrage, quoique sans date, est probablement de 1488. Nommons encore Jo. Stoffleri Ephemerides astronomicæ ab anno 1499 ad ann. 1531ex tabulis Alphonsinis (v.) ad meridianum ulmensem; Ulmæ, 1499, continuées jusqu'à 1556; Abraham Zacuthi, Almanach perpetuum, à Jo. Michaele Germano Budorensi interpolatum et auctum. Venet., 1499; Almanach nova plurimis annis venturis inservientia per Joan. Stofflerinum Justingensem et Jac. Pflaumen Ulmensem accuratiss. supputata, et toti ferè Europa dextro sidere impertita, Venet., 1507 : c'est une nouvelle édition des éphémérides d'Ulm, 1499, citées plus haut.

Mais il est inutile de transcrire les titres de toutes les éphémérides; on les trouvera dans la bibliographie astronomique de De Lalande.

Indépendamment des éphémérides publiées longtemps d'avance et pour plusieurs années, on a des éphémérides an

L'Académie des Sciences de Paris paraît être la première qui ait publié un ouvrage semblable sous le nom de Connaissance des temps*. Le premier volume de cette éphéméride parut en 1679. Ce fut d'abord Picard qui publia cet ouvrage; il fut remplacé par Lefebvre, Lieutaud, Godin, Maraldi, par Lalande, et aujourd'hui c'est le Bureau des longitudes qui est chargé de cette publication. Voy. ALMANACH et CALENDRIER. A-É.

ÉPHÈSE. Strabon et Pausanias indiquaient les Cariens et les Lélèges comme les premiers habitants de cette ville de l'Asie-Mineure située au bord du Caystre dans l'Ionie et à quelque distance de la mer. La fable dit que des Amazones habitaient les environs du temple de Diane; mais Pausanias réfute l'opinion qu'elles l'auraient bâti : il blâme Pindare de l'avoir émise, et l'accuse d'avoir en cela fait preuve de peu de connaissance de l'antiquité. Ce géographe prétend au contraire que les Amazones, battues par Hercule et précédemment par Bacchus, s'étaient réfugiées dans le temple comme dans un asile. Le vrai fondateur serait Ephesus, qui passait pour le fils du fleuve Caystre. Dans la suite, Androclès, fils de Codrus, en fit la conquête avec ses Ioniens, et fut tué dans un combat contre les Cariens; mais la colonie subsista. Lysimaque fit entourer la ville de murs, et, pour vaincre la résistance des Éphésiens qui ne voulaient point y venir demeurer, il profita d'une pluie abondante, boucha les canaux et causa une inondation qui fut suivie d'une complète obéissance de la part des récalcitrants. Il voulut ensuite changer le nom d'Éphèse en celui d'Arsinoé, sa femme; mais ce nom fut bientôt oublié, comme ceux d'Alope, Orty

détails, T. IV, p. 503, article CALENDRIER. Nous (*) Voir le titre complet, ainsi que d'autres citerons en outre les Ephemerides astronomica ad meridianum Vindobonensem, publiées de 1757 dont les Annales de l'Observatoire de cette ville, à 1806, par différents astronomes de Vienne et par M. Littrow, ont pris la place.

S.

gie, Trachée, Samorion, que cette ville avait plus anciennement portés. Ce prince transporta à Éphèse les habitants de Lébédos et de Colophon; d'ailleurs la population s'accrut de jour en jour, tant à la faveur du commerce dont Ephèse était le principal entrepôt qu'à raison de la célébrité de son temple, qui attirait les hommages de tout le monde connu.

Ce temple rebâti deux cents ans avant que Pline nous en donnât la description, a passé pour une des sept merveilles du monde. Adossé au pied d'une montagne, élevé sur un sol marécageux, il n'avait pu être assis que sur des souterrains pratiqués pour l'écoulement des eaux. Sa longueur était de 425 pieds, sa largeur de 220; il comptait 117 colonnes de 60 pieds de haut; quelques-unes étaient ornées de magnifiques bas-reliefs, et l'on citait particulièrement un beau travail du sculpteur Scopas. Il n'en reste plus que des fragments informes en briques revêtues de marbre. L'architecte de cet édifice fut Chersiphron, dont le nom est peu répété par la renommée, tandis qu'elle se plaît à célébrer celle du destructeur Érostrate, insensé qui, pour se faire un nom digne de mémoire, mit le feu au temple dans la nuit même où naquit le grand Alexandre, c'est-à-dire le 6 du mois hécatombéon, en la première année de la 106 olympiade (359 avant J.-C.). Diverses prédictions furent répandues à ce sujet : entre autres les devins dirent que dans cette nuit s'allumait un flambeau qui devait un jour embraser toute l'Asie. Lorsque Alexandre prit Éphèse, en la troisième année de la 111 olympiade, il offrit aux Éphésiens tout l'argent nécessaire à la reconstruction de l'édifice; mais ils refusèrent, disant qu'il ne convenait pas à un dieu d'élever des temples à d'autres dieux. Cependant on s'occupait du rétablissement de ce siége du culte, et l'on eut recours à l'architecte qui avait conçu l'absurde et gigantesque projet de convertir le mont Athos en statue d'Alexandre. Au temps d'Auguste, Strabon vit l'autel qui était de Praxitèle. Mithridate et plus tard Marc-Antoine réglèrent l'étendue du rayon dans lequel s'exercerait le droit d'asile; Tibère l'abolit. Le temple que

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Pline a décrit est évidemment le même que celui qu'a vu Strabon, et n'a rien de commun avec celui que brûla Éros

trate. Ce nouvel édifice subit une dévastation complète de la part des Scythes, l'an 263 après J.-C.; il fut ensuite pillé par ar les Goths. Il est souvent représenté sur les médailles de Domitien, Adrien, Antonin, Marc-Aurèle, Septime - Sévère, etc., etc. La ville elle-même eut beaucoup de médailles; presque toutes portent une Diane chasseresse.

On croit que le temple de Diane fut détruit sous Constantin, par suite de l'édit général rendu contre le culte païen. Héraclite, le plus chagrin des philosophes, était né à Éphèse; cette ville fut aussi la patrie d'Hermodore, que ses compatriotes bannirent pour qu'il n'y eût pas parmi eux un citoyen plus homme de bien que les autres. Hipponax le poète, les peintres Appelle et Parrhasius, l'orateur Alexandre, surnommé Lychnus, étaient tous d'Éphèse. Saint Paul y vint l'an de J.-C. 54, et y séjourna trois ans; c'est de là qu'il écrivit sa première épître aux Corinthiens, et quelques années plus tard, étant à Rome dans les fers, il écrivit aux Ephésiens une lettre fort touchante. Suivant une ancienne tradition, la sainte Vierge mourut dans cette ville et y fut enterrée; les saints pères du concile d'Ephèse ajoutent qu'on y voyait son tombeau. Ephèse n'est plus qu'un misérable village que les Turcs appellent Aiasaloué, corruption d'un nom grec. Saint Jean est en effet nommé Alos Scologos, pour Agios Theologos, et cet apôtre y passa la plus grande partie de sa vie; en sorte que le nom turc a une origine toute chrétienne.

P. G-Y.

ÉPHESTION ou HÉPHÆSTION, fils d'Amyntor, de la ville de Pella, en Macédoine, est associé, dans l'histoire, à l'immortalité d'Alexandre - le - Grand, dont il fut l'ami et le confident intime. Sa mère avait nourri le conquérant macédonien, et, plus tard, il fut un des sept officiers attachés à la personne d'Alexandre sous le titre de gardes-du-corps. Dès lors leurs vies se trouvèrent mêlées dans une fraternité dont la mort seule fut le terme. Les deux amis ne se séparaient pas. Après la bataille d'Issus, comme ils

entraient l'un et l'autre dans la tente des deux reines de Perse que le sort des armes avait laissées entre les mains du vainqueur, Sysigambis, mère de Darius, adressa le salut à Éphestion, qu'elle prit pour Alexandre à la supériorité de sa taille et à l'éclat de son costume. Avertie de son erreur, elle veut s'en excuser et tombe aux pieds du prince, qui la relève en lui disant : « Vous ne vous êtes pas trompée, ô ma mère; celui-ci est aussi Alexandre. » Voy. LEBRUN et MIGNARD. Malgré sa tendresse pour son favori, Alexandre ne se faisait pas illusion sur son mérite, et il ne lui confia aucun commandement important avant la destruction de l'empire de Perse. Cependant Tyr venait d'être conquise, et Straton, roi des Sidoniens, expiait, par la perte de son trône, le tort d'avoir combattu sous les drapeaux de Darius. Éphestion, chargé de lui nommer un successeur, avait offert sa couronne à deux frères chez lesquels il logeait et qui étaient les premiers citoyens du pays par leur naissance et leurs richesses. Ils refusèrent, et Éphestion leur déféra l'honneur de cette nomination leur choix tomba sur le sage Abdolonyme (voy.), descendant très éloigné des rois de Sidon.

pays

Après la mort de Darius, Alexandre envoya d'abord son ami dans la Sogdiane pour y fonder quelques villes; puis il lui donna, concurremment avec Perdiccas, le commandement d'un corps de troupes qui devait préparer le passage de l'Indus. Lorsque Porus, vaincu, eut fait sa paix, Éphestion resta dans le pour soumettre un autre roi du même nom que Porus et quelques peuples enclavés entre l'Hydaspe et l'Hydraote. Enfin, au retour de l'Inde, Alexandre, en s'embarquant sur l'Hydaspe avec une partie de son armée, pour gagner la mer par l'Indus, laissa le reste de ses Macédoniens sous le commandement d'Éphestion et de Cratère, qui devaient suivre, par terre, les mouvements de l'expédition maritime; et, lorsque après une marche pénible, depuis l'Indus jusqu'à la Caramanie, Alexandre eut pris les devants avec quelques troupes légères, Éphestion dut encore ramener le reste de l'armée en Perse,

Il entrait dans la politique du conquérant de mêler, par des alliances, le sang dont les deux peuples, vainqueurs et vaincus, avaient confondu les flots sur les champs de bataille. Pour rapprocher encore davantage de lui son ami d'enfance, il le maria à Drypatis, fille de Darius et sœur cadette de Statira, qu'il épousa lui-même. Ce fut peu de temps après cette union qu'Ephestion mourut à Ecbatane, en Médie, l'an 325 av. J.-C., à la suite de fêtes et de sacrifices célébrés pour remercier les dieux du succès des armes macédoniennes. Alexandre, inconsolable de cette perte, coupa sa chevelure, demeura huit jours entiers, ou au moins trois jours, suivant d'autres, sans prendre de nourriture ni parler à personne. Il interrompit les jeux, fit éteindre le feu sacré, comme à la mort des rois de Perse, et, si l'on en croyait quelques auteurs, il aurait même fait mourir en croix le médecin qui avait soigné Éphestion dans sa dernière maladie, et qui lui aurait administré mal à propos un remède. Il voulut qu'on rasât les crins, en signe de deuil, à tous les chevaux et mulets de son armée. Plutarque prétend aussi qu'il immola, sur le tombeau de son ami, les Cusséens, peuplade nombreuse, à l'imitation d'Achille, qui avait sacrifié plusieurs princes troyens aux månes de Patrocle. Mais n'oublions pas de dire qu'Arrien s'inscrit en faux contre les cruautés dans lesquelles, si l'on ajoutait foi aux récits dont nous venons de faire mention, le grand conquérant aurait laissé s'égarer sa douleur. Perdiccas fut chargé de faire transporter le corps d'Éphestion à Babylone, où Alexandre se rendait pour recevoir les ambassadeurs de cent peuples divers. Dix mille talents (56 millions de francs environ) furent affectés à la construction du bûcher, dont Diodore de Sicile nous a laissé la description*. Alexandre n'avait pas paru disposé d'abord à survivre à son ami : la mort servit bien son désespoir. Il succomba lui-même avant d'avoir

pu

célé

brer les obsèques d'Éphestion, et les 5000 athlètes et musiciens qu'il avait mandés

(*) On le voit représenté à la page 469 de l'Examen des historiens d'Alexandre-le-Grand, par Sainte-Croix. Voy. aussi l'article ÉPHORE. S.

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