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atome d'une base quelconque; mais il en faut deux atomes pour neutraliser un atome du dernier acide. Le poids d'un atome d'acide nitrique est donc l'équivalent au poids de la moitié d'un atome d'acide phosphorique. On a un instrument, inventé par Wollaston, appelé échelle des équivalents chimiques, qui est fort commode pour l'usage des laboratoires. Cet instrument n'est en effet que l'échelle logarithmique dont se servent les ouvriers pour leurs calculs, et qui consiste en deux règles sur lesquelles les nombres de 10 à 100 sont placés à des distances proportionnelles aux logarithmes correspondant à chaque nombre. On fait le calcul en les glissant l'une contre l'autre. Sur l'une de ces règles, Wollaston a substitué aux nombres les noms des substances dont le poids équivalent est exprimé par le chiffre remplacé. Cet instrument fournit un moyen facile de calculer, pour des opérations chimiques, la quantité qu'il faut employer d'une substance pour saturer ou décomposer un poids donné d'une autre substance; mais il a l'inconvénient de ne pouvoir contenir qu'un nombre limité de noms. On le remplace donc le plus souvent par une échelle logarithmique ordinaire, à laquelle on joint des tables alphabétiques des poids équivalents des corps simples et composés. B-z-s. ÉQUIVOQUE (d'aqua vox, voix ou sens égal), substantif masculin et féminin avant Vaugelas, mais uniquement féminin du temps de Boileau, qui commença sa 12 satire par un doute sur le genre de ce mot:

De quel genre te faire, équivoque maudite, Ou maudit?

Ce vice d'élocution présente deux sens entre lesquels l'esprit reste incertain. Or, cette incertitude vient, ou des mots, ou de leur arrangement: des mots, par l'impropriété; de leur arrangement, par des constructions incorrectes ou des relations ambigues. La langue française, plus amie de la clarté qu'aucune autre, proscrit l'équivoque,

Tourment des écrivains, juste effroi des lee

teurs

Par qui,de mots confus sans cesse embarrassée,

Ma plume, en écrivant, cherche en vain ma pensée. BOILEAU. Mais l'équivoque déjoue les meilleurs esprits; elle les trompe par l'ambiguïté des termes; elle les enlace dans le réseau des rapports multiples qu'offrent les qui, que, dont, les il, elle, ils, lui, eux, elles, leur, les celui, celle, ceux, celles, les le, la, les, son, sa, ses, etc.

L'équivoque donne lieu aux sophismes appelés dans les écoles fallaciæ grammaticales. Ces sophismes n'ont point disparu avec la scolastique. L'abus des mots pris dans des acceptions diverses entretient nos conversations, alimente notre polémique.

Presque toujours les hommes se rapprocheraient s'ils se comprenaient; ils seraient d'accord sur les choses, s'ils l'étaient sur les mots.

En morale, l'équivoque est une proposition à deux sens, dont l'un est compris de celui qui écoute, et l'autre de celui qui parle; c'est un artifice que le fourbe emploie volontiers dans ses marchés, une subtilité coupable, trop souvent en usage dans les relations des hommes politiques.

Quant à l'équivoque, jeu de mots, voy. CALEMBOURG. J. T-v-s.

ÉRABLE, genre de la famille des acérinées, composé d'une trentaine d'espèces, toutes indigènes dans les régions tempérées de l'hémisphère septentrional. Les érables sont des arbres ou des arbrisseaux à rameaux opposés, articulés et cylindriques. Leurs feuilles, dépourvues de stipules, sont simples, opposées, pétiolées et lobées, ou anguleuses. Les pédoncules communs naissent le plus souvent solitaires au sommet des jeunes pousses. Les fleurs, par avortement unisexuelles, sont en général petites et disposées en grappe, ou en thyrse, ou en corymbe, ou en ombelle. Le calice, inadhérent et caduc, se compose de quatre à douze (le plus souvent de cinq) folioles; les pétales sont en même nombre et de même couleur que les folioles calicinales, ou quelquefois ils manquent. Le nombre des étamines varie de quatre à douze, mais le plus souvent on en observe huit; elles s'insèrent sur un bourrelet charnu qui entoure la base du pistil. L'ovaire est

Le fruit se compose de deux samares accolées face à face et se séparant l'une de l'autre à la maturité; chacune d'elles se prolonge postérieurement en aile membraneuse, et renferme une seule graine à embryon roulé en crosse.

didyme et terminé par un style bifurqué. | dressés; en outre, les ailes de son fruit, au lieu d'être érigées ou convergentes, divergent dans une direction horizontale. C'est un arbre atteignant 60 à 80 pieds de haut sur 2 pieds de diamètre, et qui habite aussi presque toute l'Europe jusqu'au-delà du 60° degré de latitude; il se plaît dans les expositions fraîches des montagnes et parvient à un âge d'environ 150 ans. Son bois, d'un blanc sale, ou jaunâtre dans les vieux troncs, est plus pesant et plus compacte que celui de l'érable sycomore; il s'emploie commu

Après les conifères, les chênes et quelques autres amentacées, une partie des érables occupe le premier rang, sous le rapport de l'utilité, parmi les arbres forestiers de la zone tempérée. D'ailleurs la plupart des espèces abondent dans les plantations d'agrément, car on les recher-nément dans la menuiserie et le charronche à cause de leur feuillage précoce, élégant et touffu.

Les espèces indigènes les plus remarquables sont l'érable sycomore (acer pseudo platanus, Linn.); le plane (acer platanoides, Linn.); l'érable champêtre (acer campestre, Linn.); l'opale (acer opalus, Linn.), et l'érable trilobé (acer creticum et acer monspessulanum, Linn.).

L'érable sycomore (qu'il faut avoir garde de confondre avec le sycomore d'Orient, lequel est une espèce de figuier) atteint 60 à 100 pieds de haut et 2 à 3 pieds de diamètre. Ses feuilles, glauques ou pubescentes en dessous, sont divisées en cinq ou sept lobes dentés. Les fleurs, petites et de couleur verdâtre, sont disposées en longs thyrses pendants. Cet arbre croit dans toute l'Europe, mais surtout dans les montagnes et dans le Nord; il exige, pour prospérer, un sol frais et fertile. On estime sa durée à environ 200 ans. A raison de son port élégant et de sa croissance assez rapide, on aime à en planter les avenues et les promenades publiques. Son bois, marbré, blanchâtre, d'un tissu dense, susceptible d'un beau poli, sert à de nombreux usages dans les arts et métiers; comme bois de chauffage, il l'emporte sur tous les autres bois indigènes, sans en excepter le hètre.

L'érable plane (ainsi nommé à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles du platane) se distingue facilement de l'érable sycomore à son suc propre laiteux, à ses feuilles d'un vert gai, divisées en lobes très acérés et sinués, ainsi qu'à ses fleurs disposées en corymbes

nage. Le bois des racines, qui offre de très belles marbrures, sert à des ouvrages de tour et de marqueterie. La sève de l'érable plane, plus abondante et plus sucrée que dans les autres espèces indigènes, fournit, à la suite d'une cuisson prolongée, environ la 24o partie, en volume, d'un sirop semblable à celui de mélasse: aussi les jeunes feuilles de l'arbre ont-elles une saveur douceâtre et elles peuvent être mangées en guise de salade ou de légume.

L'érable champêtre ne s'élève guère à plus de 40 pieds, et plus souvent il ne forme qu'un buisson. On le reconnaît facilement à l'écorce extérieure de ses branches, laquelle est presque toujours crevassée et de nature fongueuse, comme le liége. Les feuilles sont divisées presque jusqu'à leur base en cinq ou sept lobes, soit entiers, soit dentés. Les fleurs, d'un jaune verdâtre, sont disposées en thyrses dressés, raccourcis et très lâches. Les ailes du fruit divergent dans une direction parfaitement horizontale. Cette espèce abonde dans les sols calcaires. Son suc propre est laiteux, comme celui de l'érable plane. Le bois est d'un jaune blanchâtre, noirâtre au centre, très tenace, compacte, d'un grain fin et serré. Les ébénistes, les tourneurs, les layetiers l'emploient à une foule d'ouvrages. Considéré comme bois de chauffage, on l'estime autant que l'orme. L'érable champêtre n'est pas très recherché comme arbre d'ornement; mais comme il se prête très bien à la taille, on peut en former d'excellentes haies, dont les rejetons s'utilisent pour nourrir le bétail.

L'érable opale, connu dans le midi

de la France sous les noms de duret et d'érable à feuilles d'obier, croît plus spécialement dans l'Europe australe; il forme un petit arbre de 20 à 30 pieds de haut ou bien un buisson touffu. Ses feuilles ressemblent assez à celles du sycomore, mais ses fleurs sont disposées en corymbes sessiles ou courtement pédonculés. La cime arrondie et touffue de l'opale le rend éminemment propre à orner les jardins paysagers. Son bois jaunâtre, veiné, à tissu fin et susceptible d'un beau poli, est recherché, surtout en Italie, par les tourneurs et les ébénistes.

L'érable trilobé, qui ne diffère du précédent que par ses feuilles plus petites, plus coriaces, divisées en trois lobes peu profonds et entiers ou à peine dentés, croît particulièrement dans les contrées voisines de la Méditerranée. On le cultive fréquemment dans les bosquets. Son feuillage se développe dès le commencement du printemps, et persiste jusqu'à l'entrée ou même jusqu'à la fin de l'hiver. Cette espèce prospère dans les terrains les plus ingrats, et son bois est fort dur.

Parmi les espèces propres à l'Amérique septentrionale, l'une des plus intéressantes est sans contredit l'érable à sucre (acer saccharinum, Linn.), très commun au Canada et dans le nord des États-Unis, où l'on extrait de la sève de cet arbre un sucre cristallisable qui ne cède en rien au sucre de canne. Toutefois, cette exploitation ne peut se faire avec avantage que dans les contrées où les érables à sucre croissent en grandes forêts, et nous possédons sans doute dans la betterave une plante bien plus précieuse sous le mème rapport. L'érable à sucre a le port de l'érable plane, et parvient à 80 pieds de hauteur; son bois est l'un des combustibles les plus estimés aux États-Unis, où on l'emploie aussi au charronnage, aux constructions légères, ainsi qu'à la menuiserie. L'érable rouge (acer rubrum, Michx.), ainsi nommé à cause de la couleur de ses fleurs, et Vérable blanc (acer eriocarpum, Michx.), qui doit son nom à la couleur blanchâtre de la face inférieure de ses feuilles, contiennent aussi une sève très

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sucrée, dont on tire parti aux États-Unis. Au témoignage de M. André Michaux, le bois de l'érable rouge est d'un effet magnifique dans les ouvrages d'ébénisterie, et mérite d'être préféré à l'acajou. Enfin nous signalerons encore l'érable jaspé (acer striatum, Lamk.), remarquable par son écorce luisante, marbrée de vert et blanc, ainsi que l'érable à épis ( acer spicatum, Lamk.), l'un et l'autre fréquemment cultivés dans les jardins paysagers. ED. SP.

ÉRARD (SEBASTIEN), primitivement ERHARD, célèbre facteur de pianos et de harpes, naquit à Strasbourg le 5 avril 1752. De bonne heure il montra des dispositions heureuses pour tout ce qui tenait aux arts mécaniques. Travaillant dans les ateliers de son père qui était fabricant de meubles, il se distingua bientôt par une habileté peu commune, et déjà son esprit inventeur se fit remarquer par toutes sortes de petits objets qu'il imagina et fabriqua pour son amusement. Dans ses études théoriques, son goût le porta principalement à la géométrie, à la perspective et au dessin linéaire, connaissances qui lui furent plus tard d'un puissant secours pour le genre de ses travaux.

Ayant perdu son père qui laissait une veuve et plusieurs enfants sans fortune, Sébastien résolut d'aller à Paris pour y chercher de l'emploi. Il y arriva à l'âge de 16 ans et se plaça chez un facteur de clavecins. Sa supériorité ne tarda pasi exciter contre lui la jalousie des ouvriers et du maître, qui le congédia en lui reprochant de vouloir tout savoir. Heureusement un autre facteur, embarrassé de construire un instrument qu'on lui avait demandé, s'accommoda parfaitement d'un ouvrier ainsi fait : il le prit che lui, et le jeune Érard exécuta l'instrumen sous le nom de son nouveau patron, mais bientôt reconnu comme véritable auteur, il attira sur lui l'attention du poblic. Plus tard il construisit un instrument qu'il appela clavecin mécanique et qui acheva de fonder sa réputation. Alors il résolut de travailler pour son propre compte.

La duchesse de Villeroy lui ayant offert un appartement dans son hotel,

Érard y exécuta son premier piano, qui lui valut de nombreuses commandes. Quelques années après, se voyant obligé d'agrandir ses ateliers, il quitta l'hôtel de sa protectrice, et son frère JEANBAPTISTE Érard étant venu le joindre, ils établirent ensemble une fabrique de pianos qui ne tarda pas à avoir la vogue, et qui, comme on sait, est devenue une des plus célèbres de l'Europe.

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de la première année, des harpes pour 25,000 liv. sterl. (environ 625,000 fr.). Il revint en France, vers 1812, y importa sa découverte, et depuis ce temps toutes les harpes sorties de ses ateliers de Paris et de Londres ont été construites sur ce système.

Érard ne pouvait s'abandonner au repos. Toujours préoccupé de nouvelles idées pour le perfectionnement des deux instruments auxquels il consacrait toute sa vie, il reporta son attention sur le piano, qui lui était déjà redevable de tant d'améliorations. Après bien des essais, il présenta enfin à l'exposition de 1823 le modèle de son grand piano à double échappement, chef-d'œuvre de combinaison mécanique. Il s'était proposé un problème des plus difficiles: c'est de donner au pianiste le moyen de faire parler la touche à tel degré qu'elle

pianos, aussitôt qu'on a comprimé la touche, l'échappement s'opère et le marteau retombe, et que pour faire parler de nouveau cette touche il faut relever le doigt et frapper derechef. Dans le mécanisme d'Érard, le marteau ne retombant qu'en proportion de l'abaissement de la touche, celle-ci parle à des degrés presque imperceptibles de compression, et l'on n'a pas besoin d'en relever le doigt entièrement pour la faire répéter. Une description détaillée de ce mécanisme, accompagnée de planches, a été donnée par M. Pierre Erard dans une notice publiée à Paris en 1834, et intitulée: Perfectionnements apportés au mécanisme du piano par les Érard.

Cependant les troubles de la révolution menacèrent l'industrie, et l'établissement des frères Erard s'en ressentit. Sébastien passa en Angleterre et fonda à Londres une manufacture pareille à celle de Paris. Il revint en France en 1796, et ce fut alors qu'il fabriqua ses premiers grands pianos à queue, dans lesquels il introduisit le mécanisme anglais, mais avec des perfectionnements de son invention. La harpe l'avait aussi depuis long-fût enfoncée. On sait que, dans les autres temps préoccupé. Cet instrument, si beau par sa sonorité, était toujours très défectueux sous le rapport du mécanisme, qui ne permettait pas de moduler librement dans tous les tons. Bien des essais avaient été tentés pour remédier à ce défaut, mais il subsistait malgré tous les perfectionnements obtenus. Érard se mit à l'œuvre, et son génie triompha où ses prédécesseurs avaient échoué. Abandonnant le système suivi jusqu'alors, il inventa le mécanisme à fourchette. Ces nouvelles harpes, dont les premières furent fabriquées à Paris vers 1789, et qui, en 1794, recurent des modifications dans la manufacture de Londres, se répandirent promp tement en France et en Angleterre. Après l'expiration du brevet d'Erard, ce mécanisme fut adopté par d'autres facteurs, et la harpe semblait arrivée au dernier degré de perfection qu'elle pût atteindre, lorsqu'Erard lui-même, abandonnant son premier système, y en substitua un autre bien supérieur. Il imagina le mécanisme à double mouvement. Retourné, vers 1808, à Londres, il mit son idée à exécution, et la première harpe à double mouvement y parut en 1810. On verra à l'article HARPE en quoi consiste ce mécanisme et son immense avantage pour l'art. Nous nous bornons ici à dire qu'Erard, à ce qu'on prétend, vendit à Londres, dans le cours

Il nous reste à parler d'un troisième instrument auquel Sébastien Érard a voté ses soins. L'idée de rendre expressif le jeu de l'orgue au moyen de la seule pression du doigt lui était venue avant 1790; il en avait même fait un essai qu'il montra à Grétry, et dont celui - ci parle avec enthousiasme dans ses Mémoires, nommant cette découverte la pierre philosophale en musique; mais l'exécution de l'instrument avait été interrompue et abandonnée. Trente ans plus tard, Érard reprit cette idée et construisit un orgue qu'il exposa en 1827 et qui fut un objet d'ad

miration générale. L'instrument avait | deux claviers: le clavier supérieur était celui d'expression; on se servait de l'inférieur si l'on ne voulait produire que l'effet de l'orgue ordinaire. Cet instrument devait être placé à la chapelle du roi; mais comme on trouva que le volume en était trop grand pour la place qu'on pouvait lui consacrer, Erard en fit un autre sur les dimensions données, et celui-ci fut encore plus parfait. Il avait trois claviers: l'un (le clavier supérieur) | était expressif au moyen de la pression des doigts, c'est-à-dire que chaque touche pouvait séparément renfler le son; les deux autres claviers n'avaient qu'une expression commune à toutes les touches ensemble, et celle-là s'obtenait au moyen d'une pédale qui, selon la pression du pied, plus ou moins forte, renflait ou diminuait le son de toute la masse de l'instrument. L'orgue de la chapelle du roi a été endommagé en juillet 1830; l'autre, placé au château de la Muette, a été démonté après la mort d'Érard, et nous ignorons ce qu'il est devenu.

Érasme perdit ses parents : il passa sous la tutelle de personnes qui, désireuses de s'approprier son faible patrimoine, le contraignirent d'entrer dans un monastère. Mais le régime du couvent, l'ignorance et les vices des moines lui inspirèrent une telle aversion qu'il accepta avec empressement les offres de l'évêque de Cambrai, qui voulait le conduire à Rome. Le voyage n'eut pas lieu: Érasme fut placé à Paris dans le collége Montaigu; il fit connaissance, dans cette ville, avec quelques jeunes nobles anglais qui l'engagèrent à les suivre dans leur patrie, et l'un d'entre eux lui assura une pension qui fut fidèlement payée jusqu'à la mort d'Erasme. Cependant celui-ci revint bientôt à Paris, d'où il partit de nouveau en 1506 pour se rendre en Ita— lie. Il séjourna à Bologne, à Padoue, à Venise, chez les Aldes, qui imprimèrent ses Adages, à Rome enfin, où de puissantes protections lui auraient ouvert une brillante carrière, si, à l'avénement de Henri VIII, ses amis ne l'eussent vivement sollicité de revenir en Angleterre En 1824, Erard fut opéré de la pierre, pour jouir de la faveur d'un prince qui et l'opération réussit. Mais six ans plus avait pour lui une grande considération. tard le mal reparut, et alors tous les se- Il se rendit à leur invitation, reçut un cours de l'art furent impuissants. Il mou- accueil distingué, et se lia avec des perrut le 5 août 1831 au château de la sonnages d'un grand mérite et d'une haute Muette (Passy, près de Paris), qu'il habi- position, tels que le chancelier Thomas tait depuis quelques années. Le nom de Morus, Jean Colet, doyen de l'église de Séb. Érard brillera à jamais dans l'his-Saint-Paul, Thomas Linacer, médecin de toire des instruments auxquels il a consacré l'activité d'une vie entière.

Les manufactures de Paris et de Londres ont été continuées par M. PIERRE Érard, neveu de Sébastien. G. E. A. ÉRASME (DIDIER OU DÉSIRÉ)* naquit à Rotterdam le 28 octobre 1467; il était fils d'un Hollandais de Gorda nommé Gérard, et de la fille d'un médecin de Zevenbergen nommée Marguerite; mais ses parents ne furent pas unis par les liens du mariage. A l'âge de 9 ans il fut envoyé à Deventer, et il mérita par ses succès littéraires d'être présenté au savant Rod. Agricola, qui lui prédit qu'il serait un jour un grand homme. A 14 ans (*) Érasme est un nom emprunté du grec pauat, j'aime, je désire; il fut adopté par l'homme celebre qui fait le sujet de cet article,

à défaut d'un nom de famille, et à l'imitation

des savants de son temps.

Henri VIII. Mais soit que les offres qui
lui furent faites ne lui parussent pas as-
sez honorables, soit qu'il ne voulût pas
perdre son indépendance, il quitta l'An-
gleterre en 1513, et passa en Flandre,
où Charles d'Autriche, depuis Charles-
Quint, lui donna le titre de conseiller
royal avec une pension. Ce prince ne
réussit pas non plus à retenir Érasme,
qui refusa de même les offres de Sigis-
mond de Pologne et de François Ier, et
finit par se fixer à Bale, auprès de
son ami l'imprimeur Froben, en 1521.
Ce fut là qu'il mit au jour la plupart de
ses ouvrages, en particulier ses éditions
du Nouveau-Testament et des Pères de
l'Église, et qu'il publia ensuite la collec-
tion de ses œuvres. Il y vécut tranquille
jusqu'à l'époque où la réforme fut adop-
tée par les Bâlois; et comme, tout en

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