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midi ils prirent les armes & coururent au Capitole, Á\T. 1354^ criant: Tue; Nicolas surpris fe mit à une fenêtre tenant le gonfanon du peuple & le remuant dehors, il comença à crier: Vive le peuple. Mais le peuple tiroit des flèches contre lui, & crioit, demandant íà mort. Il soutint cet aílaut jusques au soir > &c voïant que le peuple s'aigriísoit & s'échaufoit de plus en plus , &: qu'il n'avoit point de secours à atendre: il songea à se sauver par industrie. Il prit l'habit d'un valet , & fit ouvrir les portes du palais , afin que le peuple s'amusât a piller suivant fa coutumes & feignant de piller comme les autres, il prit un paquet composé d'un matelas & d'autres garnitures de lit, & descendant le premier & le second escalier il disoit : Alons, pillons, il y a bien <le quoi. Ilétoit prêt à se sauver, quand un home qu'il avoir ofense, le reconut avec son paquet sur le cou, & criant : C'est le tribun1, il le frapa. D'autres le tirèrent hors du palais, le percèrent de coups,, lui coupèrent les mains, l'éventrerent, & hn aïant mis une corde au cou, le traînèrent jusqu'à la maison des Colones : où aïant planté deux fourches ôc une traverse, ils y pendirent ce misérable corps, & il demeura plusieurs jours fans sépulture. Telle futr la fin du tribun Nicolas Laurent. •

A Paris frère Gui de l'Ordre des Ermites de S. Jxxiv. Augustin enseignant publiquement dans leurs éco1- fl^'l'* les, avança plusieurs erreurs,dont il fut obligé de se rétracter, suivant le décret de la faculté dethéo- r".», y t. logic & du chancelier de 1 église de Paris. Il fit Dilhuì »cette rétractation le quinzième jour de Mai 1354.

voici ses principales errreurs. La charité que l'on.

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An. 1354, perd une sois, ne fut jamais vraie charité. L'home An. 1. peut mériter dignement la vie éternele , en forte ». j. que Dieu lui feroit tort s'il ne la lui donoit pas. Quand il n'y auroit point de libre arbitre , il ne laisseroit pas d'y avoir du péché. Dieu peut imposer quelque nécessité en prévenant la volonté pour la bone action.

On enseignoit en même temps des erreurs semblables en Angletere : comme on voit par une lettre du pape Innocent écrite à l'archevêque d'Iorc le dix-huitiéme d'Août de l'année suivante. Il y K*i». i3íí pasle ainsi : Nous avons apris que dans vôtre dio»• *»• cése quelques-uns assurent que persone ne peut mériter la vie éternele par quelques bones œuvres que ce soit, même procédant de la grâce. D'autressoûtienent que la peine du dam , c'est-à- dire la privation de la vuë de Dieu ne leur est point dûë. Que le premier home seroit mort, quoi qu'il n'eût jamais péché. Que le péché originel ne rend point coupable , & plusieurs autre* semblables. C'est

f)ourquoi nous vous ordonons de procéder suivant es canons contre ceux qui les enseignent. La fuite fera voir l'importance de cet ordre, xxv. L'hérésie des Fratiçelles duroit encore chés les Suívi!!' freres Mineurs, & ils soûtenoient toûjours que le R»TM. 1354- pape Jean XXII. n'avoit pû révoquer la constituH^Rthi. p. tion de Nicolas III. Exiit quiseminat, touchant la A4sitf. n», pauvreté de J.C. & que le pape ne pouvoit fupriixufi».». mer l'Ordre des frères Mineurs pour quelque cause que ce sût. On en prit deux à Montpellier només Jean deChastillon & François d'Arquate, l'un prêtre fie l'autre frère con vers, c<ui surent menés 3 Avignon, où on les examina par ordre du pape, & T" J — on leur demanda : Le pape peut il changer vôtre ' habit, & vous transférer à 1 Ordre des frères Prê- " Jg?"* cheurs? Ils répondirent : Non. Peut-il vous dispenser pour avoir des greniers & des celliers à mètre vos provisions? Non. Croies-vous que le pape Jean XXII. fût chef de lcgliíe? Non. Sadecretale QuorumAam exigit est-elle bone, raifonabie & conforme à la foi ? Non : Elle est faite exprès pour la g /v condanation des quatre frères brûlés a Marseille & »cn' au mépris de la pauvreté de J. C. & de íàinc François. CroieVvous que la mort de ces quatre frères ait été méritoire? Ils répondirent que c'étoient des saints » & soutinrent plusieurs autres propositions contre lautorité du pape, pour lesquels ils furent condanés & livrés au juge séculier, qui les fit brûler.

Avant le fuplice , Jean de Chastillon fit publiquement cette déclaration. Je dis que le pape Jean fut hérétique & ennemi de la sainte église pour les erreurs contenues dans ses quatre constitutions Ad conditorem, Cum inter non nullos , Quia quorumdam , (T Quj* vir reprobus, qui font ouvertement contre la sainte écriture & la vie des apôtres : Et je soutiens que les papes ses successeurs Benoît X 11. Clément VI & Innocent VI. qui ont fomente & soutenu les mêmes hérésies, ont été hérétiques & excomuniés, & ont dû ctre privés de toute dignité. J'en dis autant de tous les prélats & autres qui font établis pour défendre la toi catholique. Jean de Chastillon & son compagnon fy rent ainsi brûlés le mardi de la Pentecôte troisième Juin 13 54. Il» croioient foûtenir l'honeur de leur Ordre, & préAn Mu* ten^°'enc commc les autres de leur secte qu'on ne devoit élire de pape qu'entre les frères Mineurs.

, , . Le pape écrivit ensuite fur ce sujet à Jean archets'. r r ..... . c > ^ r>

h*i7- veque de Capoue qu u avoit transtere acenegeen

1351. La lettre est du vingt - neuvième d'Octobre 13 54. & porte en substance : Noiu avons apris que VAdinr. ^ans vôtre diocèse & vôtre province quelques suj}i4.».*.7- perûitieux només comunément Fraticelles s'atribuënt de leur propre autorité le ministère de la prédication, & enseignent de grandes erreurs : fedui> sant les simples par un habit d'une humilité-feinte, & par des discours afectés : parlant conjre la foi& contre le respect dû au saint siège. C'est pourquoi nous vous mandons d'informer & de procedep contre ces méchans suivant les privilèges de l'Inquisition simplement & fans forme de procès, $t de les coriger & punir selon les canons, implorant, s'il est besoin, le secours du bras séculier i fans préjudice à vos fufragans & aux inquisiteurs d'exercer leur jurifdiction contre les mêmes perfones. Le pape adressa la même lettre à l'archevêque de Pise, qui avoit déja mis en prison quelques-uns de ces Fraticelles : aux archevêques de Naples & de Bénevent, & au légat Gilles Albornos. Enfin cette lettré fut envoïée le vingt-uniéme Décembre à l'évêque de Cassa fur la Mer noire, car les Fraticelles s'étoient répandus jusques là. yxvI Les frères Mineurs tinrent cette année a Assise eioï'd^Gfn- kur caapicre gênerai qui fut le cinquante-deuxiétii a spoietc me. On y propoía de poursuivre l'extinction de la v*tn. 9. petite congrégation formée par frère Gentil de Spou ii„. n. & aiori^e par le pape clément VI. Elle ne

com«omprenoic que quatre maisons , & les frères ^uí ^ la composoierit, menoient une vie singulière par'la pauvreté & la forme.de leurs habits, & leur éíoignerrtenr des autres frères Mineurs , avec lesquels ils ne vouloient rien avoir de comun. Quelques uns donc proposèrent au chapitre de les déférer au pape en'plein consistoire &les poursuivre comme ceux de la résonne de Narbone. Mais Guillaume Farinier général de l'Ordfc s'y oposa , pour éviter le scandale au dehors & la division au dedans j & il obflnt que. Ton agiroit plus doucement en cette affaire, & qu'on lui en laisseroit tout le soin.

Gentil de Spoleteen fournit l'oca si on lui-même: car le général aïant comandé quelque choie à un frère de la petite Congrégation : Gentil tira le frcre de la présence du général, & lui dit : Il n'a rien à vous comander, principalement en ce qui regarde la demeure en nos petits monastères , car c'est de' quoi il s'agissoit. Les aíïìstans en furent indignés, & pour exciter k général à vanger le mépris de son autorité , ils lui découvrirent plusieurs faits qui tendoient à la ruine de l'Institut, endismt: Ceux qui veulent se soustraire à la discipline des supérieurs, passent à cette Congrégation : l'esprit de liberté y domine : ils reçoivent indiféremment les bons & les mauvais sujets, la bone & la'mauvaise doctrine.

Le général s'en étant informé secrètement prouva qu'éfectivement ils avoient reçu quelques hérétiques ou gens suspects dans la foi.'Ils diíoient que c étoit dans l'esperance de les convertir ; & ils avoient à la vérité chassé les opiniâtres, mais on les trouvoit toujours, coupables d'avoir comuniqu*' Tome XX. t X

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