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" bain qui l'avoit conuc lorsqu'il étoit à Avignon, & en avoit conçu une haute estime , écrivit à Raimond de Çapouë qu'il savoir être son confesseur, de lui mander qu'elle vint trouver le pape, ce qu'il fit ausfi-tôt. Elle répondit : Mon pere , plusieurs persones, mime d'entre nos sœurs,íont scandalisées de mes fréquens voïages, quoi que je ne croie pas qu'il y ait de ma faute : c'est: pourquoi si le pape veut absolument que je me rende près de lui, raires en íbrte que fa volonté paroisse par écrit. Le papedona l'obédience, & Catherine vint à Rome.

Le pape eut grande joie de la voir , & voulue « qu'elle ht une exhortation devant les cardinaux, principalement à cause du schisme qui començoit à se former. Elle le fit excitant les cardinaux à la constance, & le pape en fut si content, que relevant le courage decete fille ilen prit ocasion défaire honte aux cardinaux de leur foiblesse. Quelques jours après qu'il l'eut congédiée, il lui vint dans l'esprit de l'envoïer à la reine Jeanne de Naples ouvertement révoltée contre lui *, & il voulut joindre à Catherine de Siene une autre Catherine qui fe trouvoic alors à Rome, savoir k fille de sainte Brigide de Suéde -, mais le pere Raimond ne fur pas de cet avis, craignant a'exposer ces fainres filles a quel, que insulte qui nuiíit au moins à leur réputation. Sur quoi Catherine de Siene dit : Si sainte Agnès & sainte Margueriteavoient ainsi pensé, elles n'auroient jamais gagné la courone du martyre. Tou•tefois le pape rompit ce voïage suivant l'avis du pere Raimond ; # il destina ce religieux à alleren France pour détacher le roi Charles de l'obédience de Clément.

Cependant sainte Catherine de Siene écrivoit An. 1380r áe tous côtés en saveur du pape Urbain. Dès le R„„ ,}so. comencement du schisme elle écrivit auxtroiscar- J^'j, dinaux Italiens qui avoient eu part â l'élection de Clément, les traitant de membres séparés du chef & de démons incarnés. Elle traite de même tous E^ 9g ceux qui avoient élu, Clément dans une lettré à la '379. reine Jeanne, & dans une autre écrite au roi de ïj.\9}so.n,u France le fixiéme de Mai 1375?. Enfin elle écrivit E*"*'*9U Tannée suivante à Charles de la Paix ; pour l'exciter à la guerre contre les schismatiques ; ce qgi nc paroît pas digne d'une Sainte.

Depuis le départ de son confesseur elle demeura B»n. t. à Rome, où l'on atribua a íèsprières deux avanta- *"5H*' ges que le pape Urbain remporta fur les Clémentins en un même jour, qui fut le trentième d'Avriî 1379. Le premier de ces avantages fut la prise du château-saint-Ange sur les François qui s'y mainte- Tb.Nim. noient, quoi qu'aíììégés depuis près d'un an- •> & fa: ' 1 réduction dona au pape Urbain la liberté d'aller loger à saint Pierre, comme il fit. L'autre avantage fut ïa' victoire du comte Alberie de Barbiane fur les Gaícons & les Bretons qui tenoient la campagne pour le parti de Clément. Sainte Catherine de Siene vécut encore une année, & mourut à Rome le vingt-neuviéme d'Avril 1380. âgée seulement de trente-trois ans, mais consumée d'infirmités & de douleurs causées par les jeûnes, íès veilles & ses autres austérités, outre Implication d'esprit continuele & l'afliction dojir elle éroit pénétrée du triste état de l'église. Elle fur canonisée quatre - vingts ans après fa mort, par le pape PieII. en T46T.

T t iij

An.1380.

LITRE XCVIIL

i 1 Eanne reine de Naples aïant quité le pape Vth;"* vî- J Urbain VI. qu'elle avoic reconu d'abord , &

«peic Charles CJP ^ .

rie ui'aix. embrassé le parti de Clément VII. Urbain ne manqua pas de procéder contre elle, & porta une sen

jiMin. 1380. tence par laquelle il la déclara schématique, hérétique & criminele de lése-majesté, pour avoir conspiré contre lui : en punition de quoi il la déposa , & priva de toutes les dignités , honeurs, roïaumes, terres & fiefs qu'elle tenoit deleglise, de l'empire ou d'autres seigneurs : déclarant tous ses biens confisqués & tous ses vassaux absous du serment de fidélité ; défendant à qui que ce fut de lui obéir, sous peine d'excomunication contre les persones, & d'interdit contre les comunautes. C'eft ce qu'Urbain témoigne lui-même dans une lettre écrite à la ville de Sora le vingt - uniéme d'Avril 1380.

Le pape Urbain fulmina aussi des censures contre l'archevcque de Naples secrétaire de la reine, c'étoit Bernard ou Bertrand natif de Cahors qu'Urbain V. pourvut de ce siège en 1368. Comme François , & ataché à la reine, il reconut le pape Clément à Fondi lors de son élection ; & c'est pourquoi Urbain VI. l'excomunia, le déposa de l'arJ?îoo.' cheveché & lui dona pour successeur Louis Bozut noble Napolitain ami de Charles^e la Paix. Bernard se retira en France, & mourut, comme l'oa croit, en 138p.

Pour venir à 1 exécution de la sentence contre A.N.1380V k reine Jeanne, le pape Urbain envoïa à Louis roi ^. Hongrie Martin de Tarente íbn camerier l'exhor- ml t.*. u tant a lui cnvoïer Charles duc de Duras son parent surnomé de la Paix, avec un corps de troupes convenable > parce qu'il vouloit lui doner le roïaume de Sicile , c'est-à-dire de Naples > & lui aider à s'en mettre en possession. Charles avoit répugnance à accepter cette ofre , parce qu'il étoie proche parent de la reine Jeanne dont il avoit même épousé la nièce Marguerite : mais le roi Louis craignant qu'après fa mort Charjes ne prétendit au roïaume de Hongrie au préjudice de íes filles, lui persuada d'accepter l'orre du pape, & l'envoïâ en Italie avec une armée sufisante..

Mais Charles manquoit d'argent pour subvenir ». w* aux frais de l'entreprise : c'est pourquoi le pape Urbain fut réduit à vendre à plusieurs citoïens Romains une grande partie des domaines & des droits des églises & des monastères de Rome ; & le prix de ces aliénations alla à plus de quatre-vingt mille florins. Enfin il en vint jusqu'à vendre les calices d'or & d'argent, les croix, les images des Saints, & les autres meubles précieux des églises, ou les fondre pour les convertir en monoïe. On trouve encore une commission denée par Urbain à deux * cardinaux pour engager ou aliéner à temps ou a# perpétuité les biens meubles ou immeubles des «glifes, meme malgré les prélats & les autres titulaires des bénéfices, jusqu'à la somme que lescommissaires jugeroient à propos. La comission est du trentième de Mai 1380,

jUi J g0 La reine Jeanne cherchant à se íoûtenir contre Charles de la Paix jeta les yeux fur Louis duc Louis' duc d'Anjou frère du roi de France, fc l'adopta pour ítíjiru^es- f°n fils : car elle n'a voit point d'enfans, quoi qu'elle ne Jeanne. en fuc £ {on quatrième mari. Cette adoption fe fí$.jes.1*- fit par lettres patentes datées du château del'Oeuf P"!'/'.'UKf' Pres ^e Naples le vingt-neuvième de Juin 1380. ruàpp-p. \[ cst dit qu'elle est faite du consentement & de S°' l'autprité du pape Clément, & qu'après le décès

de la reii^e Jeanne, Louis lui succédera au roïaume de Naples, au comté de Provence , & en routes fes terres, & fa postérité après lui. Le pape Clément confirma cette donation , &c la reine pressa le duc d'Anjou de venir incessament à ion secours avant l'arivée de Charles de la Paix : mais la mort du roi de France ariyée deux mois après, retarda la poursuite de cette entreprisem. Le roi Charles V, furnomé le Sage mourut le ch!.°iw v. seizième de Septembre 1380, en fa quarante-rroifiévi.roidc me année après en avoir régné seize- ll mourut trésDisvtfm.fi chrétienement, $c on garde à Rome une preuve de 1310. la délicatesse de fa conscience. C'est un acte public pardevant notaires daté de cette année seconde du

f>ontisicat de Clément VII. 8c du jour même de a mort du roi, où il dit en substance» Je me fuis déterminé au parti du pape Clément fur les écrits des cardinaux aufquejs apartient Télection du pape, $z qui ont témoigné en leur conscience qu'ils ont élu cejui-,ci canoniquement. J'ai suivi aum lavis de mon conseil & de plusieurs prélats & fa vans homes de mon rpïaume qui en ont mûrement délibéré. Mais parce quelqu'un pouroit prétendre que Jes

car

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