Cependant le roi de France Charles VI. alloit â An. 1389. Avignon visiter le pape Clément, ôc y ariva le tren- x Lvii. tiçme jour du même mois d'Octobre. Il fut reçu ^ vi! f/uls avec grande folemnité par le pape& toute fa cour; 8non& ils avoient grand íujet de s'en réjouir, car le roi m. ^77. étoit le principal apui de cette obédience, il l,v'4' étoit acompagné de son frère Louis duc de Touraine & de fes trois oncles les ducs de Bourgogne, de Berri & de Bourbon. Le jour de la Touflàints LmUfii qui cette année 1389. étoit le lundi, le pape Cle- th,,n- '»• «• ■ j c- 1 1 • T ■■■ r r *■ '«•• ment courona roi de Sicile le jeune Louis couíin germain du roi Charles qui en cette cérémonie dona à laver au pape â la messe ; & le nouveau roi y comunia íbus les deux espèces. Le troisième jour du même mois de Novembre le pape à la prière du roi Charles fit cardinal prêtre Jean de Talaru archevêque de Lion depuis l'an 1 375. Il étoit vieux Dud»fi mais vertueux, lettré & zélé pour les droits de son église. Clément renvoïa le- roi chargé de préfens, Lmitur. u èc lui acordala disposition de quatre évêchés & de fiept-cens cinquante bcnehcesalon enoix en friveur <»t. mit. des pauvres clercs de Con roïaume ; ce qui excita de grandes plaintes de la part des étudians qui fe voioient par-Là frustrés de leurs espérances. A Rome les cardinaux de l'obédience d'Urbain, Xlviu. . 1 . . ir -r Boniface IX. tant ceux qui etoicnt prclens que ceux qui le trou- P*Pc. An 138p. tume à l'autel de saint Pierre ; & comme il retournoic au palais, il disoit à ceux qui venoientau devant de lui, & le congratuloient : Ma joie est la vôtre. Il fut couroné le jour de saint Martin onzième du mois : & en traversant la ville pour aller à saint Jean de Latran»il fut mal acompagné, à cause d'une grande pluïe qui survint : mais la joie d'être pape l'en consola. Il étoit Napolitain âgé d'environ quarante-cinq ans : de belle taille & beau de visage. Il parloitbien ôc íavoit aisés la grammaire , mais il ne savoir ni écrire, ni chanter : il ignoroit les afaires & le stile de la cour de Rome, comme s'il n'y avoit jamais été , en forte que n'entendant pas ce qu'on lui demandoit, il signoit fans choix les fuphques, & prononçoit confusément sur les conclusions prises par les avocats en consistoire. N0luix* Des le comencement de son pontificat il concard.naux. sirma par bulles les trois nouveles institutions d'Urc*"''/-"?. bain VI. pour la réduction du Jubilé, la fête de la Visitation & l'indulgcnce du saint Sacrement. Le dix-huitiéme de Décembre samedi des Quatre tems de i'Avent, le pape Boniface IX. ht quatre cardinaux , savoir Henri Minutuli archevêque de Nav«htu. to. 6. p^s, d'une famille très-noble de la ville. Il vef. 107.108. noit de succéder en ce grand íìcge à Nicolas Zanasi mort le vingt-cinquiéme d'Août la même année 13857. Mais Henri n'alla point à Naples pendant les dix ans qu'il en fut archevêque. Il fìit cardinal prêtre de sainte Anastasie , qui avoit été le titre de Boniface lui-même. Lesecond cardinal decette promotion fut Barthelemi Oleario évêque deFlorence natif de Padoue. Il étoit de l'Ordre des fre- An.1385». res Mineurs i fameux théologien , premièrement évêque d'Ancone, puis transféré à Florence en 1387. Mais au bout de deux ans il cjuita ce siège éranc fait cardinal prêtte du titre de sainte Pudentiene. Il eut pour successeur OnufreSteccato Florentin de l'Ordre des Augustins, évêque deVolterre, transféré a Florence le dernier de Janvier 1390 Le troisième cardinal fut Cofmat Meliorati éveque de Boulogne depuis pape íous le nom d'Innocent VII. Il étoit né à Sulmoneau roïaumede Napies. Le pape Urbain le nomaéveque de Boulogne '* eu 1386. mais le peuple ne voulut pas l'y recevoir. Boniface IX. lui dona en comendel'archevêché de Ravenne réputé vacant par la désertion de Pile de Prate i & le fit cardinal prêtre du titre de sainte Croix en Jérusalem. I<e dernier cardinal de cette To fc, j0}. promotion fut Christofle. Maroni évêque d'Ifernia de la province de Capouë. Il étoit Romain & Boniface le fit cardinal prêtre de saint Cy riaque, & archiprêtre de saint Pierre. Boniface IX. rétablit auíïì trois cardinaux dé- *4posés par Urbain VI. savoir Adam Eston évêque de ' * 4 Londres, à qui il rendit son titre de sainte Cécile. Barthelemi Mezzavacca évêque de Rieti, qu'il fit cardinal prêtre du titre de saint Martin-aux-Monts, & Landolfe Matamori nomé archevêque de Bari, qu'il fit cardinal diacre du titte de saint Nicolas. Enfin le cardinal Pile de Prate archevêque de Ravenne, qui avoit quité Urbain pour Clément, étoit yt!t t0. ,. ». alors son légat en Italie , revint à. Boniface qui le reçut comme cardinal: & on le noma par déri J g . fion le cardinal aux trois chapeaux. Dciii-.éi-arioni bain lescardinaux de Clément se rendirent au palais íur lc íehil'- „ . , . 1 '• .. j r me. & tinrent congrégation avec lui, aiant grande elpe *>«/?. 4. w/. rance qUe le schisme íìniroit. Car ilsjíuposorent que les cardinaux de Rome auroient peine à se résoudreà entrer en conclave, ôc qu'ils viendroient plutôt ie rendre au pape Clément. Ils mandèrent au roi de France la mort d'Urbain, & lé prièrent o'écrirc 2 ses pareils le roi d'Allemagne & celui de Hongrie, le duc d'Autriche & le comte de Vertus seigneur de Milan, qui tous avoient luivi le parti d'Urbain, qu'ils s'en désistassent &c procurassent la réunion de l'église. Le pape &: les cardinaux écrivirent de même au duc de Bourgogne qui étoit alors à Paris auprès du rok Le roi lui parla de cette afaire & lui dit : Mon oncle j'avois grand deíìr xJ'alJer à Rome avec une puissante armée pour détruire les schismatiques : mais l'antipape est mort, & l'on me prie d'écrire aux princes de son parti : que me conseillés-vous? Le duc de Bourgogne répondit : Monseigneur il est vrai qu'Urbain est mort, mais nous ne savons point la diíposition ejes cardinanx de Rome, ni des Romains. Il est dificileque ces cardinaux changent de sentiment, car les Romains font leurs maîtres î & comme ils les forcèrent à faire pape l'archeveque de Bari, ils les forceront à entrer en conclave & faire un pape à leur gré. Vous n'avés donc que faire de vous doner encore trop de mouvement, ni de prier ces princes qui en l'ctat où sont les choies feroient peu pour vous, comme ils ont bien montré jusqu'à présent. Atendés d'autres nouveles : ^N ^ il pouroit ariver que les cardinaux de Rome d'acord entre eux diiumuleroientavec les Romains & fans faire de pape, leur prometroient pour les apaiser de faire venir Clément à Rome, ce qu'il feroic volontiers '» & quand on en feroit convenu il feroit temps d'écrire à tous les princes de l'autre parti. Le roi &son conseil aprouverent tous ravis du duc de Bourgogne : mais la nouvele de la more d'Urbain excita un grand mouvement dans l'univeríìté de Paris , juíques à faire cestèr les leçons, pour disputer de ce que feroient les cardinaux de Rome: s'ils éliroient un pape, ou s'ils reviendraient à celui d'Avignon. Ils lavoient bien que Clément ayoit écrit au roi, à son conseil, au duc de Touraine &c au duc de Bourooenei & il enavoit écrit à i'université même. Ils députèrent donc les plus notables de leur corps pôur exhorter le roi á écrire aux princes de l'autre parti, afin de remédier au schisme. Les députés vinrent par trois fois â saint Paul j c'est: à-dire au palais où le roi logeoit alors près de cette église : mais ils ne purent avoir de réponse, dont ils furent mal contens. Enfin peu de jours après vint la nouvele de l'élection de Boniface. Après la mort du pape Urbain le duc de Bourgogne & le comte de Flandre íbn beau-pere solicitèrent le chapitre de Liège de se réunir à l'obédience de Clément pour finir le schisme: sur quoi le chapitre leur répondit: que la mort d'Urbain ne diminuoit point la validité de ion élection, ni parconséquent le droit de son successeur canonique- f,ì9C' |