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Le premier jour de Juin qui fut le mardi de la Pentecôte , les ducs & leur conseil eurent une conférence avec le pape & les cardinaux , & proposerent la voie de cession : combarant les autres voies proposées par sb pape, & en particulier celle de la conférence avec Boniface i & ils prièrent Benoît de choisir la voie de cession préférablement à toute autre. Il répondit : Expliqués m'en la manière & la pratique, j'en prendrai conseil & vous ferai une réponse, dont vous aurés sujet d'être satisfaits. Les ducs mal contens de cette réponse fe levèrent aussi-tôt, firent la révérence au pa#e fie retournèrent à Villeneuve d'Avignon où ils loçeoient.

Ils envoïcrent dire aux cardinaux de les y venir trouver , & les aïant assemblés , iîs leur demandèrent , s'ils croioient la voie de cession la plus propre pour parvenir à l'union del'églife. Lescardinaux répondirent : La voïé de conférence entre les parties proposée par le pape nous paroît convenable i mais puisque la cession semble meilleure au roi & à son conseil mous voulons nous conformer à la volonté & à la vôtre , & nous acceptons cette voïe. Les ducs firent écrire par leurs notaires la réponse des cardinaux, qui parurent tous démené avis, excepté le cardinal de PampeluneN.seul Espagnol en cette cour d'AvigMon.Il réponditaux ducs en présence des autres cardinaux refusant la voie de cession en la forme qu'elle étóit demandée & de la manière qu'on en ufoit avec le pape.

Enfin le pape Benoît aïant en vain eflaïé pendant trois'semaines d'amener les ducs à son senti' ment leur dona fa réponse par écrit le dimanche vingtième de Juin. Elle est en forme de bulle qui An. 1595. contient peu de chose en beaucoup de paroles, & 5}itiL „■ t% {z réduit à rejeter la voie de cession . & s'en tenir . a la conférence entre les deux papes. La nuit lui- r- rivante fa .moitié du pont d'Avignon pour passer à Villeneuve fut brûler, ce que le pape Benoît crut avoir éré fait exprès pour l'épouvanter lui & les ci- jUVm p. nu toïens d'Avignon : mais d'autres en acufoient le pape lui-même : qui pour s'en justifier fît refaire promtemcnt le pont. Les ducs cependant vinrent en bateau de Villeneuve à Avignon , & logèrent chés quelques cardinaux pendant dix-fept jouis. Ils assemblèrent plusieurs fois les cardinaux au convent des frères Mineurs, & y conféraient avec eux malgré le pape.

Le jeudi premier de Juillet ces cardinaux vinrent trouver le pape par ordre des ducs & s'éforce*rent de lui persuades d'accepter la voie de cession pour éviter des scandales & des maux irréparables dont ils le voioient menacé. Huit jours après les ducs aïant encore eu audiance du pape fans en être plus contens , prirent enfin congé de lui pour^ la derniere fois i & le lendemain vendredi neuvièmeJuillet aïant assemblé les cardinaux chés les frères/ îmMineurs ils firent parler publiquement 8c devant beaucoup de peuple quatre docteurs de leur fuite pour justifier leur procédé : puis ils retournèrent à Villeneuve & peu de jours après ils prirent le chemin de Paris, où ils ariverent le jour deíaint Barihelemi vingt-quatrième d'Août.

Ils firent leur raport au roi & a son conseil de . Vírce qui setoit pâlie, & le luplierent de pourluivre bafflespom

A 1 1 l'uniou»

X^Typ. ce <lu'^ av°ic comencc pour l'union de 1 église. îl fut conclu que le roi envoïeroit aux autres princes Chrétiens pour ce sujet ; & en éfet on envoïa en Alemagne N. abbé de saint Gilles de Noïon , & Gilles des Champs docteur fameux en théologie: qui y firent bien leur devoir , mais en raporterent peu de fruit. En Angleterre furent envoies Simon de Cramaud patriarche d'Alexandrie & N. archevêque de Vienne qui y furent bien reçus.

L'université de Paris envoïa aussi fesdéputésen

•«/»»'«; u. Angleterre, savoir Jean de Courte-cuisse docteur

4 ''' en théologie , Pierre le Roi abbé du mont sairst Michel docteur en décret, un docteur en médecine & deux maîtres-cs-arts. Ils étoient porteurs d'une lettre à l'université d'Oxford , contenant une exhortation générale à concourir à l'union de l'église, & créance pour les députés. Elle est datée de l'assemblée tenue exprès aux Maturins le vingt-* sixième d'Août 1395. deux jours aprés que les princes surent revenus d'Avignon.

En meme tems l'université-de Paris députa en Ajjemagne à l'université de Cologne & aux électeurs de l'empire qui tenoient pour le pape Bonit face. Les députés surent Pierre Plaoul docteur en théologie, un docteur en décret &: deux maîtres-csarts. On voit en partie le succès de leur voïage par la réponse de l'archevêque de^Cologne Frédéric de Saerverden adressée à l'université de Parisf

f 7Jt où il dit: Nous avons reçu avec plaisir vos lettres touchant la réunion de l'église, & entendu ce que nous ont dit vos ambassadeurs des diligences qu'ils •nt faites, de la diète qu'on a manqué de tenir ì

* AixAix-la-Chapele, & touchant 1c fonds de l'afaire. Sur quoi nous leur avons déclare que nous n avons point eu conoissance de cette prétendue diète , ni de l'arivée des ambassadeurs du roi de France & des vôtres à Utrect, ímon après leur retour en France; & nous croïons fermement qu'il en est de même des autres électeurs de l'empire. Enfin nous avons témoigné vôtre zélé pour l'union autant qu'il nous a été possible , corne vous pourés l'aprendre des ambaíTideurs. Nous en avons retenu deux pour venir avec nous à Boparde où nous croïons nous assembler avec les autres électeurs le treizième de ce mois ; & nous vous renvoïerons les deux autres. La lettre est du septième d'Octobre 1395.

Cependant les députésde l'université en Angle- f- *Jfterre eurent audiance du roi Richard j & l'abbé du Mont-saint-Michel qui étoit à leur tête fit untréslong discours, pour montrer la nécessité de procurer la fin du schisme, & que la cession étoit la meilleure voie pour y parvenir. Le roi Richard répon- t- 7**: dit en François par une lettre où il loue beaucoup le zélé de l'université de Paris , & demande du tems pour consulter celles d'Oxford & de Cambrige, & promet aux députés de leur faire savoir ensuite sa résolution. Ils reçurent cette lettre le treizième du même mois d'Octobre.

A Paris on proposa vers cc même tems neuf vin. questions pour montrer le tort du pape Benoît, que ^cùn'îc je réduis pour abréger aux propositions suivantes. P*tm^ Le pape est tenu d'accepter la voie de cession, sous &»,n Mjj. peine de péché mortel corne fauteur du schisme. On ne peut l'cxcuser sous prétexte d'ignorance , Tome XX. Nnn

atendu la longueur du tems, les remontrances qui

N ' lui ont été faites par les cardinaux, le roi & les princes de France & l'univerfité de Paris, fur Iefqueles il a délibéré. Le ferment qu'il a fait dans le % B-3- conclave l'oblige à céder fous peine de parjure. Les cardinaux ne lui doivent point obéir dans la poursuite des voies qu'il a proposées. On peut le contraindre à prendre la voie de cession ; & tout catholique doit y travailler , particulièrement les princes. S'il refuse cette voie il est soumis au concile général de son obédience, qui peut le déposer en cas d'opiniâtreté. Enfin les sentences que le pape pouroit prononcer pour ce sujet ne tiendroient point, & on en pouroit apeler au concile général. s wn to s. L'univerfìté vint à la pratique de ce dernier arp »4s- ticle: Et nous avons l'acte d'apel interjeté au nom «.To. Ij,î. ^ qUatré facultés & des quatre nations, où après avoir raporté tout ce qui s'est paísé en cette afaire , l'université apele du pape Benoît & de tous >.i5i. les griefs qu'elle a íbuferts de lui , ou pouroit en recevoir à l'avenir , au pape futur unique & véritable & au saint siège.

En cet acte l'université fe plaint d'un Jacobin *' H* qui dans un écrit en faveur du pape Benoît, la traitoit de fille de fatan, & lui difoit d'autres injures ; & toutefois le pape l'avoit reçu dans fa famille, & l'avoit élevé en dignité:d'où elletireun soupçon véhément que le pape est fauteur du schisme. Ce Jacobin étoit Jean Azon docteur en théologie & pénitencier du pape i & son écrit tendoit à répondre aux questions des théologiens de Paris, & à montrer que Benoît ne pouvoit ctre contraint

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