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la monotonie du chant, on imagina d'introduire un acteur qui coupa ce chant par quelque récit. L'on dut cette nouveauté à Thespis, qui d'abord fit raconter les principales actions qu'on attribuait à Bacchus. Enhardi par le succès, il mêla aux louanges du dieu des sujets qui lui étaient étrangers, et il divisa son récit en plusieurs parties, afin d'augmenter le plaisir par la variété.

Bientôt on donna un compagnon au premier acteur, et de là naquit le dialogue; ce pas fait, le drame héroïque fut créé, et Eschyle sut y mettre l'exposition, le nœud et le dénoûment. Mais ce genre de tragédie est sous sa plume, dur, fougueux et gigantesque c'est la tragédie naissante bien conformée dans toutes ses parties, mais destituée de cette politesse que l'art et le temps donnent aux inventions nouvelles. Il était réservé à Sophocle de porter la tragédie au plus haut point de perfection, et de la réduire aux règles de la décence et du vrai. Euripide est peut-être plus tendre et plus touchant que Sophocle, mais il est moins élevé et moins nerveux que lui.

La tragédie des Grecs est simple, naturelle, aisée à suivre, peu compliquée. L'art s'y cache et l'on peut dire que c'est le chefd'œuvre du génie, perfections que nous ne rencontrons pas dans le même degré dans les poëmes tragiques des Romains, qui ont passé jusqu'à nous.

Dès le temps des rois de la première race, les Français eurent des histrions, mais si indécents dans leurs jeux, qu'en 789, Charlemagne fut obligé de les supprimer par une ordonnance. Cette suppression donna lieu à un abus infiniment plus condamnable, à la représentation de certaines farces, connues sous le nom de fête des fous, qui se jouaient dans les églises, lorsqu'on y célébrait la fête du saint. Cette profanation subsista jusqu'en 1198, qu'Eudes de Sully, évêque de Paris, chercha à la réprimer; mais elle ne fut entièrement abolie qu'en 1444, époque où les histrions furent entièrement chassés.

Les Français ont eu aussi leurs trouvères ou troubadours, qui fleurirent depuis 1130 jusqu'en 1382, et leurs confrères de la Passion qui représentèrent des mystères tirés du Nouveau Testament, auxquels se joignirent les Enfants sans-souci.

C'est de ces farces informes, ridiculement pieuses, ou satiriques et licencieuses, qu'est enfin sortie la tragédie française.-Voy. TRAGÉDIE.

Ainsi que la tragédie, la comédie a pris naissance sur le chariot de Thespis. Ce fut d'abord à Athènes une satire en action, qui représentait des personnages connus et nommés, dont on imitait les ridicules et les vices. Les lois réprimèrent cette licence et défendirent de nommer; mais à l'aide de la ressemblance des masques, des vêtements et de l'action, les personnages furent si bien désignés, que le spectateur les reconnaissait facilement. C'est dans ces deux genres qu'A

ristophane triompha tant de fois, à la honte des Athéniens.

Ménandre vint réformer ce punissable abus. « La muse d'Aristophane, dit Plutarque, ressemble à une femme perdue, celle de Ménandre porte le visage d'une honnête femme. » Plaute suivit les traces d'Aristophane, et Térence, qui suivit Plaute, imita Ménandre sans l'égaler.

Molière est regardé comme le père de la comédie moderne.

THEISME (du grec théos, Dieu). Terme dogmatique par lequel on désigne le sentiment de ceux qui admettent l'existence d'un Dieu, d'un Etre suprême. C'est l'opposé de l'athéisme. De là, théiste, pour celui qui reconnaît l'existence d'un Dieu.

THEOCRATIE (du grec théos, Dieu, et Kratos, pouvoir, puissance). - Espèce de gouvernement où les chefs de la nation ne sont regardés que comme des ministres de Dieu. Tel était le gouvernement des Hébreux, reposant sur des lois que Dieu luimême avait dictées.

THEODICEE (du grec théos, Dieu, et dike, justice justice de Dieu). - C'est le titre d'un ouvrage de Leibnitz, qui traite des attributs de Dieu, et l'une des branches de la philosophie.

THEOGONIE (du grec théos, Dieu, et gonos, génération génération de Dieu). Ce mot se dit de tout système concernant l'origine et la filiation des dieux du paganisme Théogonie des Egyptiens, Théogonie des Perses, etc. Hésiode nous a laissé un poëme célèbre sur la théogonie des Grecs. «Le Chaos, dit-il, était avant tout, la Terre fut après le Chaos, et après la Terre, le Tartare dans les entrailles de la Terre; alors l'Amour naquit, l'Amour, le plus ancien et le plus beau des immortels. Le Chaos engendra l'Erèbe et la Nuit, la Nuit engendra l'Air et le Jour, la Terre engendra le Ciel, la mer et les montagnes ; le Ciel et la Terre s'unirent, et ils engendrèrent l'Océan, des fils, des filles; et après ces enfants, Saturne, les Cyclopes, Bronte, Stérope et Argé, fabricateurs des foudres; et après les Cyclopes, Cotté, Briare et Gygès. Dès le commencement, les enfants de la Terre se brouillèrent avec le Ciel, et se tinrent cachés dans les entrailles de la Terre. La Terre irrita ses enfants contre son époux, et Saturne mutila le Ciel; le sang de la blessure tomba sur la Terre et produisit les Géants, les Nymphos et les Furies. Des restes de cette mutilation jetés dans la mer, naquit une déesse, autour de laquelle les Amours se rassemblèrent : c'était Vénus. Le Ciel prédit à ses enfants qu'il serait vengé. La Nuit engendra le Destin; Némésis, les Hespérides, la Fraude, la Dispute, la Haine, l'Amitié; Momus, le Sommeil, la troupe légère des Songes, la Douleur et la Mort. La Dispute engendra les Travaux, la Mémoire, l'Oubli, les Guerres, les Meurtres, le Mensonge et le Parjure. La Mer engendra Nérée, et après lui des fils et

des filles qui engendrèrent toutes les races divines. L'Océan et Thétis eurent trois mille enfants; Rhéa fut mère de la Lune, de l'Aurore et du Soleil; le Styx, fils de l'Océan, engendra Zélus, Nicé, la Force et la Violence, qui furent toujours à côté de Jupiter. Phébé et Cous engendrèrent Latone, Astérie et Hécate, que Jupiter honora par-dessus toutes les immortelles. Rhéa eut de Saturne Vesta, Cérès, Pluton, Neptune et Jupiter, père des dieux et des hommes. Saturne, qui savait qu'un de ses enfants le détrônerait un jour, les mange à mesure qu'ils naissent; Rhéa, conseillée par la Terre et par le Ciel, cache Jupiter, le plus jeune, dans un autre de l'île de Crète. >>

THEOLOGIE (du grec théos, Dieu, et de logos, discours, traité). Science qui traite de Dieu et des choses divines, ou qui a pour objet Dieu et les choses qu'il a révélées. Théologie se dit aussi de la science qui, chez les anciens païens, avait pour objet les choses de leur religion. De théologie on a fait théologal, pour désigner un chanoine qui enseigne la théologie; théologales, pour distinguer les vertus qui ont principalement Dieu pour objet : ces vertus sont la foi, l'espérance et la charité; théologien, pour exprimer celui qui écrit sur les matières de la théologie. Parmi les Chrétiens, le mot de théologie se prend en divers sens. Les anciens Pères grecs appellent théologie la doctrine chrétienne qui traite de la Divinité, et ils appellent l'évangéliste saint Jean le théologien par excellence, parce qu'il a traité de la divinité du Verbe d'une manière plus profonde et plus étendue que les autres apôtres. Mais dans un sens plus étendu, l'on définit la théologie : une science qui nous apprend ce que nous devons croire de Dieu, et la manière dont il veut que nous le servions. D'après cette définition, on divise la théologie en naturelle et en surnaturelle. La théologie naturelle est la connaissance que nous avons de Dieu et de ses attributs, par les seules lumières de la raison et de la nature. La théologie surnaturelle, ou théologie proprement dite, est fondée sur des principes révélés, et tire ses conclusions en partie d'après les lumières de la révélation, et en partie d'après celles de la raison. Cette dernière se divise encore en théologie positive, en théologie morale, et en théologie scolastique. La positive expose et prouve les vérités de la religion par les textes de l'Ecriture et les explications qu'en donnent les Pères et les conciles, sans le secours des argumentations. La morale s'attache à connaître les lois divines qui doivent servir à régler les mœurs; et la scolastique emploie la dialectique et les arguments pour établir les dogmes de la foi et éclaircir les points douteux et contestés de la religion.

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THEOMAQUE (du grec théos, Dieu, et de machomai, combattre : celui qui combat Dieu ou les dieux). On donnait ce nom aux géants que l'on disait avoir combattu les dieux; il s'est dit depuis, par extension, de tout ennemi de Dieu.

THEOPHANIE (du grec théophanéia, fait de théos, Dieu, et de phaino, apparaître). fois ce nom à l'Epiphanie ou à la fête des Dans l'Eglise catholique on a donné autrerois. Théophanie était, chez les païens, le nom d'une fête qui se célébrait à Delphes, pollon dans cette ville. en mémoire de la première apparition d'A

THEOPHILANTHROPE (du grec théos, Dieu, de philos, ami, et de anthropos, homme ami de Dieu et des hommes).. Mot nouveau qui désigne certains sectaires qui, pendant la révolution, s'annonçaient pour n'avoir d'autre culte que celui qui consiste dans des discours de morale et des dont la crovance se bornait à l'existence hymnes à l'Etre suprême et aux Vertus, et fameux conventionnel Laréveillère-Lepaux d'un Dieu et à l'immortalité de l'âme. Le fut le chef de cette sorte de déisme.

THEOPTIE (du grec théos, Dieu, et de optomai, voir: apparition des dieux).-Ce mot signifie la même chose que théophanie. l'apparition des dieux. Les anciens étaient persuadés que les dieux se manifestaient quelquefois, et apparaissaient à quelques personnes, et que cela arrivait ordinairement aux jours où l'on célébrait quelque fête en leur honneur. Cicéron, Plutarque, Arnobe et Dion Chrysostome font mention de ces sortes d'apparitions.

THEORETRE.-Mot grec qui signifie, je vois. On donnait ce nom au présent que l'on faisait à une nouvelle mariée, lorsqu'elle Otait son voile en public pour la première fois, ou à celui qu'elle recevait, quand on la conduisait à la couche nuptiale, parce qu'alors l'époux voyait son épouse.

phos: savant dans les choses divines).- On THEOSOPHES (de théos, Dieu, et de sosiastiques, pour désigner un homme versé trouve ce mot dans quelques écrivains ecclé dans les matières théologiques. Le roi Robert, second roi de la troisième race, est surnommé Théosophe, par Hugues de Flaphilosophes qui se prétendaient illuminés vigni. Il s'applique surtout à une secte de d'une manière toute spéciale par un esprit

divin.

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THERAPHIM. Quelques rabbins donnent ce nom à des espèces d'idoles que les Hébreux consultaient sur les événements futurs. D'autres prétendent que c'étaient des instrumemts de cuivre marquant les heures et les minutes des événements futurs gouvernés par les astres. Le rabbin Eliézer rapporte ainsi comment on s'y prenait pour faire un théraphim. « On tuait, dit-il, un enfant nouveau-né, on fendait sa tête et on l'assaisonnait de sel et d'huile; on gravait sur une plaque d'or le nom d'un esprit impur, et on mettait la plaque sous la langue de l'enfant mort. On allumait ensuite des lampes, on faisait certaines prières, et l'enSant prophétisait bientôt après.

THERMES (du grec thermos, chaud).-Batiments qui chez les anciens étaient destinés à se baigner.

L'usage des bains est venu des Orientaux auxquels ils étaient nécessaires. Il a passé chez les Grecs, qui y ont trouvé un genre de volupté, et s'est introduit chez les Romains qui en ont fait un objet de luxe et de magnificence. Si l'on en croit Pline, les bains publics ne furent établis à Rome que du temps de Pompée; les édiles furent alors chargés d'en multiplier le nombre et les agréments. Le seul Agrippa en fit construire 170 pour le public, et sous les premiers empereurs, on en comptait jusqu'à 800; il y en avait douze très-magnifiques, entre lesquels on distinguait surtout celui d'Alexandre Sévère, celui de Titus et celui de Caracalla. On voit à Paris le lieu où étaient les Thermes de Julien.

THERMIDOR (du grec thermos, chaud).— C'est le nom du onzième mois de l'année de la république française. Mois qui a trente jours comme les onze autres, et qui commence le 19 juillet et finit le 17 août. On lui a donné le nom de thermidor, à cause de la grande chaleur qui se fait ordinairement sentir dans ce mois. Aussi est-il composé presque en entier des jours caniculaires.

C'est le 9 thermidor de l'an II (28 juillet 1794) que tomba le pouvoir de Robespierre et celui de ses complices, Saint-Just, Lebas et Couthon. Ce fut le dernier jour de la Terreur et le jour du salut d'une infinité d'honnêtes gens que les sanglants directeurs de la France destinaient à l'échafaud.

THESEENNES.-Fêtes que les Athéniens. célébraient toutes les années en l'honneur, de Thésée.

Les auteurs ne sont pas d'accord touchant l'origine de ces fêtes. Les uns disent qu'elles furent instituées en mémoire de la victoire que Thésée remporta sur le Minotaure, vic toire qui délivra les Athéniens du tribut infâme qu'ils payaient tous les ans à Minos d'un certain nombre de jeunes gens de l'un et de l'autre sexe pour être dévorés par ce monstre, ou, selon d'autres, pour être seulement réduits en servitude. Ils ajoutent que peu reconnaissants de ce service, les Athéniens banuirent dans la suite Thésée, et que ce héros s'étant réfugié à Scyros chez Lycomède, il fut tué par ce tyran. Pour venger sa mort, les dieux permirent qu'une horrible famine désolât l'Attique: on consulta l'oracle, qui répondit que le fléau ne cesserait que lorsqu'on aurait vengé la mort du héros. Les Athéniens armèrent, ils surprirent Lycomède, le tuèrent, rapportèrent dans leur ville les os de Thésée, lui élevérent un temple, et instituèrent les fêtes Théséennes en son honneur.

Cette origine est fausse, si nous en croyons Plutarque; il rapporte qu'à la fameuse bataille de Marathon, ils virent Thésée qui combattait à leur tête, et qu'ayant consulté l'oracle sur ce prodige, ils en reçurent pour réponse qu'ils devaient rassembler les os de Thésée, et qu'y étant parvenus, quoique avec beaucoup de peine, ils déposèrent ces précieuses reliques dans un magnifique tombeau qu'ils élevèrent au milieu de leur ville. Ce tombeau était un asile sacré pour les esclaves.

Ce Thésée, que les Athéniens regardaient comme un dien, et à qui ils offraient des sacrifices, était placé dans le Tartare au nombre des scélérats, si nous en croyons Virgile. (En., l. vI.)

THESMOPHORIES.-Fêtes que les Athéniens célébraient en l'honneur de Cérès législatrice, parce qu'ils croyaient que cette déesse avait donné de sages lois aux mortels. Les hommes étaient exclus de ces fêtes, et il n'y avait que les femmes de condition libre à qui il fut permis d'y assister. Elles se rendaient en procession à Eleusis, et faisaient porter devant elles par de jeunes filles choisies les livres sacrés. Pendant les cinq jours que durait cette solennité, elles devaient se priver de la compagnie de leurs maris, et ne porter que des robes blanches, pour témoignage de leur pureté.

THESMOTHETES.-Les Athéniens dondu nombre des neuf archontes, pour être les naient ce nom aux six magistrats qu'on tirait conservateurs des lois; leurs fonctions étaient fort étendues; ils devaient veiller à l'intégrité des lois, juger l'adultère, les insultes, les calomnies, les fausses inscriptions et citations, la corruption des magistrats et juges inférieurs, les fraudes des marchands. et des contrats de commerce, punir de la peine du talion les faux accusateurs, et ils

avaient le droit important de convoquer les assemblées dans les cas urgents.

THEURGIE OU THEOURGIE (du grec théos, Dieu, et ergon, ouvrage : ouvrage divin.)- Nom que les anciens donnaient à la partie de la magie que nous appelons magie blanche. Ce nom signifie l'art de faire des choses divines, ou que Dieu seul peut faire. Aristhophane et Pausanias attribuent l'invention de la théurgie à Orphée. Les formules théurgiques, selon Jamblique, avaient d'abord été composées en langue égyptienne ou en langue chaldéenne. Les Grecs et les Romains conservèrent beaucoup de mots des langues originales, qui, mêlés avec des mots grecs et latins, formaient un langage barbare, inintelligible aux hommes, mais que l'on supposait clair pour les dieux. Au reste, il fallait prononcer tous ces termes sans eu omettre, sans hésiter, sans bégayer, le plus léger défaut d'articulation étant capable de faire manquer toute l'opération théurgique.

THEVATAT. - Thévatat était frère de Sommona-Kodom, le dieu des Siamois, dont il se déclara l'ennemi. Il le persécuta avec fureur; et s'étant fait talapoin, ou prêtre, il parvint à faire des miracles, mais il ne put jamais atteindre à la perfection. Désespéré de ne pouvoir triompher de la vertu de son frère, il chercha à se raccommoder avec lui; et dans l'espérance de le tromper, il lui fit ces cinq propositions captieuses, capables de réunir tous les fanatiques de son côté : 1° la retraite dans les déserts; 2° la permission de ne vivre que d'aumônes; 3° l'ordre de quitter les maisons pour vivre constamment sous Les arbres; 4° de ne s'habiller que de haillons; 5° la défense absolue de manger ni poisson, ni viande. Sommona-Kodom répondit à Thévalat que ces actions étaient bonnes sans doute, mais qu'elles devaient être libres pour être méritoires. Cette réponse sage gagna un grand nombre de sectateurs à Thévatat, qui cependant mourut bientôt après, et fut enseveli dans la terre et jusqu'aux enfers, où il est sans pouvoir se remuer, faute d'avoir aimé Sommona-Kodom. Son supplice consiste en une grande marmite rougie au feu de l'enfer, qu'il porte continuellement sur la tête; ses pieds posent sur des charbons ardents, et deux broches de fer le traversent dans toute sa longueur. Son supplice uure encore; mais suivant la légende siamoise, il finira, et après bien des transmigrations Thévatat deviendra dieu. Cependant ses sectateurs suivent ses principes, et c'est de là, selon les Siamois, qu'est né le sebisme qui a divisé le monde en deux parties. Ils nous font la grâce de nous reléguer dans celui de Thévatat. Ces fables, qui découlent de sublimes vérités, sont des obstacles presque invincibles qui empêchent la conversion de ces idolâtres.

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les bacchantes. On appelait aussi thiases les danses que les uns et les autres formaient dans ces solennités.

THIC-KA.- C'est sous ce nom que les babitants du Tonquin adoraient le fameux Fo des Chinois. Cette idolâtrie est particulièrement la religion du peuple, des femmes et des eunuques. Le P. Tissannier, missionnaire Jésuite, se persuade que Thic-Ka ou Xaca, comme il l'appelle, était Juif, ou que du moins il avait puisé une partie de sa doctrine dans les livres des Juifs. Il dit que ce Xaca en imposa au monde par sa modestie et son recueillement; qu'il passa dans un désert pour inventer ses dogmes et écrire ses maximes, et qu'il n'admit dans sa nouvelle religion, ni providence de Dieu, ni immortalité de l'âme, ni peine ni récompense après cette vie. Il dit en confidence à ses disciples favoris que deux démons lui avaient inspiré ce qu'il devait enseigner aux hommes; mais au peuple il prêcha le dogme absurde de la transmigration des âmes. Ceux qui suivent les principes de Xaca ou ThicKa, prétendent que les âmes des fidèles seront récompensées à proportion de leur vertu, plus vertueux éprouveront trois mille ans et jouiront d'une félicité éternelle; que les de transmigrations, les autres quatre mille ans, et les moins purs cinq mille, mais que les plus coupables passeront éternellement de la vie à l'enfer et de l'enfer à la vie.

THNETO-PSYCHITES. - Anciens hérétiques dont parle saint Jean Damascène, qui prétendaient que l'âme humaine était semblable à celle des bêtes, et qu'elle mourait avec le corps. Eusèbe fait aussi mention de quelques bérésiarques qui croyaient que l'âme mourait avec le corps, mais ils ajoutaient qu'elle ressusciterait avec lui à la fin du monde.

THOMAS (CHRÉTIENS DE SAINT-).-Nom que l'on donne aux Chrétiens indiens, qui sont établis dans la presqu'ile des Indes, au royaume de Cochin, ei sur les côtes de Malabar et de Coromandel. Ces Chrétiens sont intimement persuadés que l'apôtre saint Thomas est le fondateur de leur Eglise, et que dans la répartition que les apôtres firent entre eux de toutes les parties du monde, les Indes échurent à saint Thomas. Cette ressemblance de nom a pu donner lieu à la tradition suivante : Un Arménien, nommé Mar Thomas, habile commerçant, vint s'établir dans le royaume de Crangagor, et se concilia les bonnes grâces du roi de ce pays. Il avait deux maisons, l'une située au sud de la ville de Crangagor, et l'autre placée au nord de cette capitale. Dans l'une logeait sa femme légitime, et dans l'autre demeurait une concubine qu'il entretenait. En mourant illaissa plusieurs enfants de ces deux femmes, qui firent profession d'une espèce de christianisme ceux de la ferume légitime, fiers de leur origine, ne s'allient jamais avec les autres, et ne les admettent point à la communion dans leurs églises.

Dans la suite, ces Chrétiens devinrent si

puissants, qu'ils secouèrent le joug des princes infidèles, et élurent un roi de leur nation; mais un des successeurs de ce premier monarque ayant adopté, suivant l'usage du pays, un fils du roi de Diamper, mourut sans enfants, et laissa son trône à ce roi païen, qui, par une pareille adoption, passa sous le jong du souverain de Cochin; les Chrétiens de Saint-Thomas étaient au nombre de ses sujets, lorsqu'en 1502, Vasco de Gama, amiral du roi de Portugal, arriva dans le pays. Des missionnaires, soit Cordeliers, Jésuites ou Carmes, ont tenté successivement de réunir cette Eglise à l'Eglise romaine, mais n'ont pu leur arracher qu'un consentement de bouche, et ils restent opiniâtrément attachés à leurs anciennes opinions, qui les soumettent aux erreurs de Nestorius. Ils sont soumis au patriarche de Babylone. Donnons un précis de leur doctrine, de leurs usages et des reproches qu'on leur a faits.

Ils nient que la bienheureuse Vierge soit véritablement la Mère de Dieu; ils abhorrent les images, excepté le crucifix, pour lequel ils ont la plus grande vénération; ils croient que les âmes des bienheureux ne jouiront de la vue de Dieu qu'après le jour du jugement universel; ils n'admettent que trois sacrements, le baptême, l'ordre et l'Eucharistie; ils diffèrent quelquefois le baptême jusqu'à l'âge de sept ans; ils communient tous sans exception et sans aucune prépara tion que le jeûne le jour du Jeudi saint; ils consacrent avec des gâteaux, où ils font entrer un peu d'huile et de sel; ils se servent communément de vin de palmier ou de la liqueur tirée des raisins secs, et infusée dans l'eau, pour le sacrifice. Le particulier qui sert la Messe, récite autant de prières que le prêtre, et il porte une étole. On consacre les prêtres dès l'âge de dix-sept ans, et ils peuvent se marier, même en secondes noces, à des veuves; les femmes de ces prêtres, que l'on nomme Caçanares, portent au cou une croix d'or ou de métal; l'habit de ces ecclésiastiques consiste en de larges caleçons blancs avec une longue chemise pardessus, et dans les cérémonies, ils y ajoutent une espèce de soutane blanche ou noire; leurs tonsures ressemblent à celles des moines. Ils récitent deux fois par jour l'Office divin, mais à l'église seulement, le matin à trois heures, et le soir à cinq; ils tirent un médiocre revenu de l'administration des sacrements; ils mangent gras les samedis, et leurs jours d'abstinence sont le mercredi et le vendredi, outre le Carême qui, chez eux, est beaucoup plus long que le nôtre, et pendant lequel ils s'abstiennent de poissons, d'oeufs, de laitage, de vin; ils jeûnent tout l'Avent, quinze jours avant la fête de l'Assomption, cinquante jours après la Pentecôte, pour les Apôtres et pour la Nativité de Notre Seigneur, depuis le 1" décembre jusqu'à Noël. Ils n'emploient que peu de cérémonies dans le sacrement de mariage; il suffit d'appeler une Caçanare, et d'en recevoir la bénédiction, encore souvent on ne

se fait aucun scrupule de s'en passer. En entrant dans l'église, ils prennent entre leurs mains celles des prêtres, et, après les avoir élevées en haut, ils les baisent, et appellent cela le signe de paix, ou donner ou recevoir le casturi. Les nouvelles accouchées ne peuvent se présenter à l'église qu'après quarante jours, si elles ont mis un enfant mâle au monde, et qu'après quatre-vingts, si elles ne sont délivrées que d'une fille. Alors elles se rendent dans l'assemblée, et elles offrent le nouveau-né à Dieu et à l'Eglise. L'homicide volontaire, et plusieurs autres crimes entraînent de droit une excommunication si terrible, qu'on ne peut s'en faire relever, pas même à l'article de la mort.

THOMAS DE VILLENEUVE (CONGREGATION DE SAINT-). Congrégation de femmes qui se sont consacrées au service des hôpicouvent. Ces sœurs reconnaissent le curé de taux et au pansement des malades dans leur Saint-Sulpice de Paris pour leur supérieur

né.

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THOR.-Fameuse divinité des peuples du Nord, et l'aîné des fils d'Odin. On lui donnait le département des airs, c'était lui qui lançait la foudre, qui excitait et apaisait les tempêtes. Il était le protecteur des hommes et les défendait contre les géants et les génies malfaisants, mais son principal emploi était celui de venger les insultes faites aux dieux. Thor était représenté à la gauche d'Odin, son père, avec une couronne sur la tête, un sceptre dans une main et une massue dans l'autre. On croit que Thor était le Mithras des Perses. Quoi qu'il en soit de cette opinion, il est sûr que les peuples du Nord avaient pour lui une grande vénération, et qu'ils célébraient des fêtes en son honneur, afin d'obtenir de lui une année abondante. Il présidait aux combats, et on lui donnait pour symbole le taureau, emblème de la force chez les peuples Scandinaves.

THOTH.-Dieu des Egyptiens, regardé comme le régulateur du cours des astres et J'inventeur des sciences et des lettres alphabétiques. Il porte un manteau, un bâton à la main et a un ibis à ses côtés. Sa tête est couronnée de fleurs et d'un diadème, et on lui donne la figure d'un vieillard.

THYRSE (du grec thursos, javelot entouré de pampre.)-Terme employé par les poëtes pour désigner le sceptre de Bacchus. C'était un dard ou une lance enveloppée de pampre et de feuilles de vigne. On dit que Bacchus et son armée le portèrent dans leurs guerres des Indes pour tromper les esprits grossiers des Indiens, et peu faits à la guerre, et que c'est de là qu'on s'en servait pour les sacrifices et les fêtes de ce dieu.

TIARE (du grec tiara, ornement de tête). - La tiare était un ornement de tête chez

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