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qui effuyant tout le feu des batteries, paroif- ANN. de foient ne devoir fe fauver que par miracle. Il J. C.

confidera bien tout néanmoins, & en revenant

1526. DON JEAN

il fit couper par fes plongeurs les cables qui III. Roi. paffoient d'une eftacade à l'autre.

PEDRO MAS-
CAREGNAS
ET LOPES DE
SAMPAIO

Le compte que Sampaio rendit à fes Capitaines à fon retour, n'ayant point fait changer GOUVER leur premiere détermination, il attendit l'ar- NEURs. rivée de Christophle de Sofa & d'Antoine de Sylvéïra, à qui il avoit donné ordre de venir le joindre. Ceux-ci ayant été de son sentiment, l'ordre de l'action fut reglé en cette maniere. Dès la pointe du jour quatre bateaux bien gabionnés firent l'avant-garde fuivis de plufieurs caturs. Sampaïo commandant le second corps venoit immédiatement après avec des bâtimens un peu plus forts, qui avoient chacun une groffe piece d'artillerie à leur éperon, & plufieurs pierriers fur les deux bords. Ils vo. guoient à toutes rames, pavoifés comme pour un jour de fête, & faifoient retentir partout le fon de leurs instruments militaires. Îls arriverent ainfi jufques à la premiere eftacade des ennemis, malgré le feu de leur artillerie. Manuel de Britto & Pelage Rodrigues d'Aravio, qui étoient à la tête ayant débarqué avec affez de peine, nétoyerent le terrain, & forcerent les retranchemens. Sampaïo ayant débarqué enfuite avec la Banniere royale, les ennemis ne firent plus aucune resistance. Leurs paraos

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J. C. 1526.

DON JEAN III. ROI.

AN N. de furent tous brûlés avec leur factorerie, qui étoit pleine de marchandises. Le Général ne voulut pas qu'on touchât à la peuplade qui étoit du domaine du Roi de Narlingue, & PEDRO MAS- après avoir fait embarquer quatre-vingt pieET LOPES DE ces de canon, dont la plupart étoient de brontout fier d'une fi belle victoire, il continua fa route jufques à Goa.

CAREGN AS

SAMPAIO ze;

GOUVER

NEURS.

Là fon parti s'étant trouvé plus fort que celui de François de Sà, qui devoit naturellement le commander felon la difpofition qu'avoit fait Don Enrique de Meneses, il lui ôta le Gouvernement de cette place, & l'envoya aux Ifles de la Sonde, où la Cour l'avoit deftiné, lorsqu'il partit de Portugal, pour y aller bâtir une Fortereffe. Il dépêcha auffi de là Don George de Menefes, pour aller prendre le Gouvernement des Molucques, & Don Alphonse Martin de Mello pour aller faire la course vers les Maldives, après quoi il partit lui-même pour Ormus.

Diego de Mello, malgré les feches remontrances que lui avoit faites Don Enrique de Me nefes, continuoit fes tyrannies. Il n'y avoit point de violences que ce vieillard avare & avide ne fit pour avoir de l'argent. Il avoit emprisonné Seraph pour le rançonner, & les chofes en étoient venues à un point que par ordre du Roi d'Ormus, les Gouverneurs de Mafcate, de Calajate & d'autres places

A

J. C.

1526.

DON JEAN

PEDRO MAS
CAREGNAS
ET LOPES DE
SAMPAIO

GOUVER

s'étoient déja foulevés contre les Portugais. ANN. de Mello, qui avoit appris la nomination de Mascareñas, apprehendant les rigueurs de fa justice, avoit écrit à Sampaïo, qui étoit fon proche pa- III. Roi. rent, pour le prier de venir, à quelque prix que ce fût,racommoder fes affaires avant l'arrivéedu nouveau Gouverneur général. Sampaïo devoit se souvenir des oppofitions qu'il avoit faites à NEURS. Don Enrique de Menefes, lorfque ce Général vouloit aller hyverner àMafcate,pour être à portée felon les occurrences de tomber fur Diu ou fur Aden. Car alors il lui présenta vivement les inconvenients qu'il y avoit à laisser l'Inde sans fecours. Il la laiffoit lui-même plus dégarnie. Mais la protection qu'il vouloit donner à un parent injufte & coupable, l'emporta fur la raifon & fur l'avis de tous fes Officiers, qui étoient contraires à ce voyage, qu'il fit malgré tout le monde.

Il s'y prit bien néanmoins pour tranquillifer l'efprit du Roi & de fon Miniftre, qu'il élargit dès le moment de fon arrivée. Il fit dire à l'un & à l'autre qu'il venoit leur rendre juftice, & que fuppofé que Mello fût coupable, il le puniroit très-feverement, quoiqu'il lui appartint de fort près. Seraph entendit bien ce langage, & voyant qu'il n'y avoit pas grand chofe à attendre d'un juge qui étoit parent de fa partie, il dit qu'il oublioit tout le paffé. Ayant ainfi raccommodé toutes chofes,

J. C. 1526.

III. Ror.

CAREGNAS

ET LOPES DE
SAMPAIO
GOUVER
NEURS

AN N. de Sampaio fe hâta de retourner dans l'Inde, où il fe feroit immortalifé, s'il eût profité de la plus belle occafion qu'il pût avoir de fe rendre DON JEAN maître de Diu, fans être obligé de tirer l'épée. PEDRO MAS- Sultan Mahmud Roi de Cambaïe, laissa en mourant pour héritier, un de ses enfans fous la tutele de la Reine mere de ce jeune Prince, qui étant mort lui-même peu après, eut pour fucceffeur un autre de fes freres. Mahmud avoit eu un autre fils nommé Badur, qu'il avoit donné ordre qu'on fît mourir, lorfqu'il étoit déja grand; parce qu'on lui en avoit fait un trèsmauvais horoscope. Badur en ayant eu l'avis fecret, fit donner un poifon lent à fon pere, & fe refugia à la Cour de Chitor, où ayant commis un nouveau crime, il se fauva en habit de Calender, profitant de fes difgraces, pour le former l'efprit dans fes voyages par le féjour qu'il feroit dans les Cours étrangeres. Ayant appris la mort de fon pere & du fucceffeur qu'il s'étoit donné, il fit prier la Reine fa mere de vouloir bien l'aider à remonter fur un Trône qui lui étoit naturellement dévolu, & dont il avoit été éloigné, fans en avoir donné aucun fujet. Cette Princeffe, qui l'aimoit à l'excès, y confentit, & s'entendit fecretement avec Crementine Reine de Chitor, dont elle lui procura la protection. Badur étant entré par fon fecours à main armée dans les Etats, s'en rendit le conquerant,& en devint le paifible

poffeffeur par le gain d'une bataille, où le Roi An N. de fut tué, & par la mort de prefque tous les autres freres qu'il fit inhumainement périr.

J. C.

1526.

DON JEAN

CAREGNA S
IT LOPIS DE

GOUVER

A peine Badur fe vit-il tranquille, qu'il cher- III. ROL cha à fe venger des Grands de l'Etat, qui lui PEDRO MASavoient été contraires, & qu'il prit la réfolu tion de les foûmettre, en leur ôtant les places qu'ils tenoient moins en fujets foumis, qu'en NEURS. rivaux qui vouloient donner la loi à leur Souverain, ou aller de pair avec lui. Mélic Saca étoit dans le cas : il avoit porté les armes contre Badur, & craignoit avec raifon les effets de fa vengeance. Dans cette inquiétude, il se détermina à appeller les Portugais, & à leur aċcorder la Citadelle qu'ils ambitionnoient depuis fi long-tems, pour s'en faire un rempart contre le Roi fon maître. Sampaïo reçut à Chaül la lettre qu'il lui en écrivit, dans laquelle il lui communiquoit fon projet, & fur le champ, il lui envoya Hector de Sylvéïra avec quelques Vaiffeaux, au lieu d'y aller lui-même : la chofe en valoit bien la peine, & étoit immanquable, s'il fe fût feulement présenté.

Hector de Sylvéïra ayant moüillé dans le port de Diu, Saca fe trouva plus irrefolu que jamais. Aga-Mahmud fon parent & fon confeil, mais qui haïffoit mortellement les Portugais ne pouvant se réfoudre à les voir maîtres de cette place, voulut rompre le coup, & for

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