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Palaouan et de l'archipel des Soulou, sur lesquelles l'Espagne n'avait jamais eu même une autorité nominale, que le traité de Paris a donné aux États-Unis.

La Méditerranée asiatique. - Cet archipel a dans cette partie du monde une importance presque égale à celle des Antilles en Amérique. Comme elles il est baigné par ces mers profondes qui constituent autour du globe terrestre, au nord de l'Équateur, cette « dépression méditerranéenne » dont nous avons parlé plus haut. Il clot vers l'orient la Méditerranée asiatique comme elles closent du même côté la Méditerranée américaine. Par lui on commande également des côtes derrière lesquelles s'étendent des pays riches et peuplés, et les vestiges de la civilisation khmer en Asie comme ceux de la civilisation aztèque au Mexique témoignent qu'il en fut ainsi dès une antiquité reculée.

Des Philippines on surveille à la fois le Japon et la Chine au nord, l'Indo-Chine à l'ouest, la Malaisie au sud et derrière elle cet immense territoire, déjà à demi émancipé politiquement et économiquement, qu'habite une population de même race et de même langue que les nouveaux possesseurs des Philippines, l'Australie. Il ne faut pas oublier enfin qu'à Singapour comme à Panama se trouve un de ces seuils par où ont toujours passé et passeront toujours les grandes routes du monde. Du large chenal fermé au sud par cet étroit passage, au nord par le . détroit de Formose, chenal que doit forcément emprunter tout navire allant d'Europe en Chine où de Chine en Europe, les États-Unis occupent désormais un des côtés.

Une seule chose rend leur position dans la Méditerranée asiatique moins forte que dans la Méditerranée américaine, c'est l'éloignement. Ils y ont pourvu dans la mesure du possible. Annexion aux États-Unis de l'île de Guam. Les iles Wake et l'archipel Anson. Les Samoa. Annexion d'Hawaï. - De par la convention de Berlin de juin 1889, les États-Unis possèdent une station navale aux iles Samoa ou des Navigaleurs et ces iles sont administrées par trois délégués de l'Angleterre, de l'Allemagne et des ÉtatsUnis. De plus, le 16 juin 1897, un traité a annexé la Répu

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blique d'Hawaï à l'Union. Ce traité ayant été ratifié par lement hawaïen en septembre 1897 et par celui des États-Unis en 1898, le président Mac-Kinley sanctionna cette dernière ratification le 6 juillet 1898. Le pavillon américain a été solennellement arboré à Honolulu le 12 août 1898.

Depuis lors, ils se sont assurés une seconde et même une troisième station sur la route directe qui mène de la côte américaine à leurs nouvelles possessions des Philippines en annexant les îles Wake, dans l'archipel Anson, au nord des Marshall, et en se faisant céder (art. II du traité du 10 décembre 1898) l'île de Guam, la plus importante de l'archipel des Mariannes.

Importance politique et économique des règlements territoriaux amenés par la guerre hispano-américaine. En résumé la suprématie incontestée sur la Méditerranée américaine par la cession de Puerto-Rico et l'éviction de l'Espagne de Cuba; une influence incontestable sur la Méditerranée asiatique par l'annexion des îles Sandwich et Wake d'une part, de l'archipel des Philippines et de l'île de Guam, de l'autre, voilà quels ont été pour les États-Unis les résultats des règlements territoriaux amenés par la guerre hispano-américaine. Grâce au traité signé à Paris le 10 décembre 1898, la grande République d'Outre-Mer tend à établir de plus en plus son influence sur le Pacifique. Sans être maîtresse par elle-même des seuils de Panama et de Singapour, par où passent ou passeront deux des plus grandes routes du monde, elle a pris position au débouché du premier dans la mer des Antilles, au débouché du second dans la mer de Chine. Le pavillon étoilé, la «< Star spangled banner » désormais domine l'une et surveille l'autre.

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Ces règlements territoriaux sont les plus importants qui se soient opérés dans le monde en 1898. L'avenir révélera leur importance politique pour ces régions fortunées, que la géographie physique a prédestinées à être des centres de civilisation. intensive.

II.

Les accords anglo-français en Afrique.

La jonction des possessions françaises. C'est également auprès d'une de ces régions, auprès de la Méditerranée européenne que se sont préparés d'autres règlements territoriaux dont il nous reste à parler et qui ont fixé les limites respectives des possessions anglaises et françaises dans le nord, l'ouest et le centre de l'Afrique. Pour être moins importants que ceux qu'a amenés la guerre hispano-américaine, ces règlements territoriaux n'en sont pas moins d'une gravité exceptionnelle. En faisant un bloc homogène de nos possessions africaines depuis le Congo jusqu'à la Méditerranée et depuis l'Atlantique jusqu'au bassin du Bahr-el-Ghazal, ils ont assuré au point de vue politique et militaire les derrières de nos établissements méditerranéens de l'Algérie et de la Tunisie, comme ils nous permettront peut-être un jour de draîner vers nos ports d'Alger et de Tunis, et par conséquent vers ceux de Cette et de Marseille, les produits commerciaux des oasis du Sahara et des fertiles pays qui forment le bassin du Tchad.

Résumé des conventions antérieures. Ces règlements territoriaux, constatés par la convention franco-anglaise du 14 juin 1898 et par la déclaration additionnelle à cette convention signée le 21 mars 1899, ne sont pas un fait isolé. D'autres les avaient précédés qui avaient été enregistrés dans les conventions conclues par la France avec le Portugal (12 mai 1886), la République de Libéria (8 déc. 1892), l'État indépendant du Congo (5 février 1885, 29 avril 1887, 14 août 1894 et 5 février 1895), l'Allemagne (24 décembre 1885, 1er février 1887, 15 mars 1894 et 23 juillet 1897), et enfin avec l'Angleterre (10 août 1889, 5 août 1890, 26 juin 1891, 12 juillet 1893, 21 janvier 1895 et 15 janvier 1896).

Mais ces conventions, quelle que fùt d'ailleurs l'importance de certaines d'entre elles, n'avaient porté que sur des points de détail ou tout au moins n'avaient réglé que des questions envisagées isolément. Le caractère des actes diplomatiques du 14 juin

1898 et du 21 mars 1899, c'est qu'ils ont envisagé un ensemble de territoire, c'est qu'ils ont réglé la situation respective de la France et de l'Angleterre dans le nord, l'ouest et le centre de l'Afrique, sur les deux points où ces deux puissances se trouvaient actuellement en litige.

La convention du 14 juin 1898. Les deux questions. ainsi réglées sont relatives aux régions du Bas-Niger et du Haut-Nil. La convention du 14 juin 1898, signée à Paris par M. Hanotaux et Sir Edmund Monson, avait réglé la première; la seconde l'a été par une déclaration additionnelle à l'article IV de cette même convention, signée à Londres le 21 mars 1899 par M. Paul Cambon et le marquis de Salisbury.

Voici quelles sont leurs stipulations : 1o En ce qui concerne la région du Bas-Niger, la ligne frontière séparant les possessions françaises des possessions britanniques, depuis notre colonie de la côte d'Ivoire jusqu'au Tchad, « partira du point terminal nord de la frontière déterminée par l'arrangement franco-anglais du 12 juillet 1893, c'est-à-dire de l'intersection du thalweg de la Volta Noire avec le 9° degré de latitude nord, et suivra le thalweg de cette rivière vers le nord jusqu'à son intersection avec le 11° degré de latitude nord. De ce point, elle suivra dans la direction de l'est ledit parallèle de latitude jusqu'à la rivière... passant immédiatement à l'est des villages de Souaga (Zwaga) et de Sebilla (Zebilla). Elle suivra ensuite le thalweg de la branche occidentale de cette rivière en remontant son cours jusqu'à son intersection avec le parallèle de latitude passant par le village de Sapeliga. De ce point la frontière suivra la limite septentrionale du terrain appartenant à Sapeliga jusqu'à la rivière Nouhau (Nuhau) et se dirigera ensuite par le thalweg de cette rivière en remontant ou en descendant, suivant les cas, jusqu'à un point situé à 3 219 mètres (2 milles) à l'est du chemin allant de Gambaga à Tingourkou (Tenkrugu) par Bankou (Bawku). De là, elle rejoindra en ligne droite le point d'intersection du 11° degré de latitude nord avec le chemin... allant de Sansanné-Mango à Pama par Djebiga (Jebigu). (Art. Io.)

« La frontière entre la colonie française du Dahomey et la colonie britannique de Lagos, qui a été délimitée sur le terrain

par la Commission franco-anglaise de délimitation de 1895... sera désormais reconnue comme la frontière séparant les possessions françaises et britanniques de la mer au 9° degré de latitude nord.

« A partir du point d'intersection de la rivière Ocpara avec le 9 degré de latitude nord, tel qu'il a été déterminé par les dits commissaires, la frontière séparant les possessions françaises et britanniques se dirigera vers le nord, et suivra une ligne passant à l'ouest des terrains appartenant aux localités suivantes Tabira, Okouta (Okuta), Boria, Tera, Gbani, Yassikéra (Assigera) et Dekala.

De l'extrémité ouest du terrain appartenant à Dekala la frontière sera tracée dans la direction du nord... et atteindra la rive droite du Niger en un point situé à 16093 mètres (10 milles) en amont du centre de la ville de Guiris (Géré, port d'llo), mesurés à vol d'oiseau. (Art. 2.)

« Du point spécifié dans l'article 2, où la frontière séparant les possessions françaises et britanniques atteint le Niger..., la frontière suivra la perpendiculaire élevée de ce point sur la rive droite du fleuve jusqu'à son intersection avec la ligne médiane du fleuve. Elle suivra ensuite, en remontant la ligne médiane du fleuve jusqu'à son intersection avec une ligne perpendiculaire à la rive gauche et partant de la ligne médiane du débouché de la dépression, un cours d'eau asséché qui... est appelé Dallul Mauri... De ce point d'intersection, la frontière suivra cette perpendiculaire jusqu'à sa rencontre avec la rive gauche du fleuve. (Art. 3.)

« A l'est du Niger, la frontière séparant les possessions françaises et britanniques... partant du point sur la rive gauche du Niger, indiqué à l'article précédent, c'est-à-dire la ligne médiane du Dallul Mauri,... suivra cette ligne médiane jusqu'à sa rencontre avec la circonférence d'un cercle décrit du centre de la ville de Sokoto avec un rayon de 160 932 mètres (100 milles). De ce point elle suivra l'arc septentrional de ce cercle jusqu'à sa seconde intersection avec le 14 degré de latitude nord. De ce second point d'intersection elle suivra ce parallèle vers l'est sur une distance de 112 652 mètres (70 milles), puis se dirigera

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