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Je n'ai supposé que six mortiers en activité on peut en mettre beaucoup plus, et les placer ailleurs qu'aux points indiqués par exemple, dans les premiers jours, on peut les mettre sur les saillans du chemin couvert, et pendant les derniers, sur la courtine ou le milieu de la tenaille. Le lieu le plus convenable pour enfiler les branches du chemin couvert est sur les deux faces de la demi-lune, aux points où elles sont rencontrées par le prolongement de la crête du chemin couvert des bastions, et sur les faces des bastions, aux points où elles sont rencontrées par les prolongemens de la crête du chemin couvert de la demilune. En plaçant deux nouveaux mortiers à chacun de ces quatre points, on en aura en tout quatorze, qui couvriront sans cesse tout le glacis de projectiles, et ne permettront certainement pas que l'ennemi s'y établisse.

On peut aussi suppléer aux mortiers de 12 pouces par d'autres de 10 ou de 8, par des obusiers, ou même par des pierriers qu'on chargeroit, si l'on veut, de balles. Ces balles ne devant être portees qu'à 50 toises au plus, la charge de poudre seroit trèspetite, fatigueroit peu les pièces, et n'occasionneroit que peu ou point de recul, ce qui en rendroit le service facile.

Enfin on peut, comme je l'ai dit au commencement, employer de simples fusiliers qu'on exercera à tirer sous l'angle d'à-peuprès 45°, et qu'on pourra placer, soit le long de la courtine, soit dans les fossés, auprès des angles flanqués, vis-à-vis des capitales, où l'on pourra même, si l'on veut, établir des blindages pour ces fusiliers.

En se servant des mortiers, pierriers ou obusiers, il sera nécessaire de faire auparavant quelques coups d'épreuve, pour régler les portées, et faire varier, au besoin, l'angle du pointage.

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Il me reste à dire un mot sur la dépense qu'entraîne ce nouveau mode. Comme il s'agit seulement ici de six mortiers ou, si l'on veut, de 12 ou 15, qui tirent de quart-d'heure en quart-d'heure, avec de très-petites charges de poudre, et que cela dispense de tirer grand nombre d'autres pièces d'artillerie, il est évident que l'économie, en argent aussi bien qu'en hommes, est un nouvel avantage de cette méthode. Quoique j'aie supposé les balles faites de fer battu, comme les charges de poudre seront fort petites, il est possible que les balles de fer fondu puissent résister aux chocs sans se briser, ce qui épargneroit considérablement sur la dépense. Mais en supposant le contraire, ce que l'expérience peut apprendre facilement, il ne seroit pas nécessaire, pour cela, d'avoir de grandes provisions de fer battu: il suffiroit d'avoir des barres ordinaires de fer carré, depuis huit jusqu'à douze lignes d'équarrissage; ces barres, qui

peuvent servir à toutes sortes d'usage, seroient coupées pendant le siége même, en morceaux longs d'un pouce à-peuprès; et sans se donner la peine de les arrondir, on chargeroit de cette mitraille les mortiers, obusiers ou pierriers, ce qui produiroit le même effet que les balles : et non-seulement on feroit usage de ces fers tenus en magasins et toujours utiles, mais on en trouveroit des provisions toutes faites chez les serruriers et maréchaux de la ville; il seroit à propos que tout cela fût ensaboté et appuyé sur un culot de fer, placé au fond de l'ame de la pièce.

§. II. SCIENCES PHYSIQUES.

Sur la décomposition de l'Eau par le Diamant. (Lu à l'Institut, le 31 Juillet 1809, par M. GUYTON-MORVEAU.)

Dans la suite des expériences sur le diamant et les substances tenant carbone, que j'ai entreprises, et dans lesquelles j'ai eu pour collaborateurs MM. Hachette, Clément et Darcet, et dont je me propose de présenter à la Classe les résultats, lorsque les dernières vérifications en auront été faites, nous avons pensé qu'il seroit intéressant d'examiner l'action du diamant sur l'eau, et si, à une température très-élevée, la force d'aggrégation du diamant ne feroit pas obstacle à son affinité pour l'oxigène de l'eau.

Nous avons employé, pour cette expérience, le fourneau et le tube de platine, qui font partie du grand appareil (1), dont je donnerai la description complète dans le mémoire où je réunirai les observations que nous avons recueillies dans le cours de ce travail, et les conséquences qu'elles présentent.

Avant que d'exposer le diamant à l'action de l'eau, il falloit d'abord s'assurer que le tube de platine chauffé au rouge blanc n'avoit lui-même aucune action sur l'eau, et qu'aucune partie de

(1) Le Conseil d'instruction de l'École Impériale Polytechnique ayant invité deux de ses membres, MM. Guyton et Hachette, à continuer les expériences qu'ils avoient commencées sur le diamant, il a autorisé l'emploi des fonds nécessaires pour acquérir cet appareil, et pour le rendre propre aux diverses expériences dont il sera rendu compte.

l'appareil ne donnoit lieu à un dégagement de gaz hydrogène par le contact de l'eau portée en vapeurs.

Tel a été le résultat d'une expérience préliminaire.

On a mis ensuite dans le tube une petite cage de platine percée de plusieurs trous, contenant un diamant brut cristallisé, du poids de 268 milligrammes, et de petits éclats de diamant brisés pour offrir plus de surface, et dont le poids étoit de 331. 5 milligrammes.

Après avoir adapté à l'entrée du tube une petite cornue de verre tenant demi-centilitre d'eau, et à la sortie un tube plongeant dans l'eau de barite et communiquant par un siphon sous la cloche, les jointures bien lutées, on a échauffé le tube, jusqu'à rougir le fourneau, et on a mis le feu sous la petite cornue, pour faire passer l'eau en vapeur.

Lorsqu'on a vu dans la cloche une suffisante quantité de gaz pour le soumettre à l'épreuve, on a arrêté l'opération, n'ayant pas l'intention de sacrifier ces diamans à la solution d'une question qui n'exigeoit qu'un premier effet.

100 parties du gaz reçu sous la cloche hydropneumatique furent introduits dans l'eudiomètre de Volta, avec cent de gaz oxigène.

Après la détonnation il y eut 103 de diminution de volume.

Les 97 restans furent remises dans l'eudiomètre, avec une nouvelle mesure de 100 parties de gaz oxigène; il n'y eut pas d'inflammation.

L'eau de barite introduite dans ce mélange l'a réduite à 192,. et par conséquent produit une absorption de 5 parties, qui ne peuvent appartenir qu'aux 100 du gaz de la cloche introduite d'abord dans l'eudiomètre.

L'épreuve répétée sur 50 autres parties du même gaz, avec 50 parties du gaz oxigène, le mélange a été réduit par la déton

nation à 50.

Les diamans ayant été retirés du tube de platine, celui qui pesoit. 08. 2680

n'a plus pesé que

0. 2668.

0. 0012.

et s'est ainsi trouvé avoir perdu 12 décimilligrammes; il étoit devenu plus blanc, et sa surface étoit moins égale.

Les diamans brisés restans se sont trouvés peser 33 centigrammes très-juste.

Et comme il est très-probable qu'à raison de leur surface ils ont perdu par la combustion au moins autant que le gros diamant en proportion de leur masse, on peut, sans erreur sensible, estimer la portion de diamant brûlée dans cette opération,

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Total, 27 décimilligrammes o. 0027.

Supposant donc que la combustion du diamant donne les mêmes résultats que celle du charbon, et partant des rapports de 0,735 d'oxigène et o. 265 de carbone pour la composition du gaz acide carbonique; et de o. 85662 d'oxigène, o.14338 d'hydrogène, pour la composition de l'eau, on a :

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Si l'on fait attention que le gaz avoit d'abord passé dans l'eau de barite, et qu'ainsi les o. 05 de gaz acide carbonique retrouvés après la détonnation dans l'eudiomètre, n'étoient qu'une portion échappée au flacon intermédiaire, on voit un accord assez parfait de ces résultats pour conclure que le diamant mis en contact à une haute température, avec l'eau en vapeur, la décompose comme le charbon, forme avec son oxigène de l'acide carbonique, et met en liberté l'hydrogène, qui prend avec le calorique le caractère de gaz.

De la décomposition de l'Eau par le Plomb.

Par M. GUYTON-MORVEAU.

M. Guyton-Morveau a lu, en août 1809, à la classe des Sciences Physiques et Mathématiques, un mémoire sur le plomb; il résulte des expériences rapportées dans ce mémoire, que la pesanteur spécifique du plomb étant 11,358, et celle de l'eau 1, la densité de ce métal s'accroît par la compression, et qu'on éleve sa pesanteur spécifique de 11,358 à 11,388; Muschembrock

avoit avancé que le plomb, en s'écrouissant, diminuoit en pesanteur spécifique ; M. Guyton a fait disparoître cette anomalie, en prouvant que le plomb, ainsi que tous les autres métaux, augmente, en s'écrouissant, de pesanteur spécifique. Un autre phénomène a appelé son attention; il avoit remarqué que l'eau distillée dans laquelle il tenoit le plomb suspendu au moyen de la balance hydrostatique, prenoit bientôt un aspect laiteux, et qu'il s'y formoit à la longue un dépôt de flocons blancs; frappé de ce phénomène, il s'est assuré que l'eau distillée agit sur le plomb spontanément et sans le secours de l'agitation; que cette action a lieu même sur le plomb réduit du muriate, qu'elle a lieu dans l'eau distillée en vaisseaux de verre; que cette action cesse absolument quand cette eau a été privée d'air par l'ébullition ou sous le récipient de la machine pneumatique; qu'elle s'arrête quand l'air que l'eau pouvoit fournir est épuisé; qu'elle recommence quand on en restitue à l'eau; que là présence d'un sel neutre quelconque, tels que les sulfates, nitrates, muriates, en quelque petite quantité que ce soit, comme de deux millièmes de sulfate de chaux, suffit pour faire obstacle à cette action, et que c'est uniquement à cette circonstance qu'est due la conservation du plomb sans altération, dans l'eau de la Seine, les eaux de puits, etc., soit en vaisseaux fermés, soit en vaisseaux ouverts; tellement que ce métal peut être regardé comme un des réactifs les plus fidèles pour juger la pureté de l'eau, lorsqu'elle ne tient pas des sels avec excès d'acide (1).

De l'Analyse des Matières animales et végétales.

Par MM. GAY-LUSSAC et Thénard.

Amener les substances animales et végétales à un degré de dessiccation correspondant à une température constante, les transformer en gaz par la combustion, déterminer exactement les quantités de gaz qui composent un poids donné de ces substances, tel est le problême que MM. Gay-Lussac et Thénard ont résolu à l'aide d'un appareil extrêmement simple, dont nous allons donner la description.

(1) Depuis que M. Guyton a publié ces expériences sur le plomb, MM. GayLussac et Thénard ont observé que les effets électriques des piles de Volta étoient nuls lorsqu'on séparoit les couples métalliques par de l'eau distillée bien pure et privée d'air, et qu'ils étoient encore très-foibles lorsque l'on restituoit de l'air à l'eau.

H. C.

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