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la partie polarisée de celle qui ne l'est pas, on la fait passer à travers une suite de glaces parallèles à MN. La lumière directe, qui a échappé à la polarisation de l'une des glaces, polarise en partie sur la glace suivante, et on obtient par ce moyen un rayon Ii, qui est totalement polarisé en sens contraire du rayon réfléchi II; c'est-à-dire qui se réfracte extraordinairement, tandis que le rayon réfléchi II' se réfracte ordinairement, lorsqu'ils passent ensemble dans le plan de la section principale d'un cristal à double réfraction, perpendiculaire à la glace MN. Pour vérifier cette différence de polarisation, on peut placer en m n un petit miroir étamé, parallèle à la glace MN; le rayon Ii se réfléchit en i parallèlement à II'. Ayant transporté la glace M'N' en m'n' parallèlement à ellemême jusqu'au point d'incidence i' du rayon ii', ce rayon zz' sera entièrement réfracté par la glace m'n'. Il faut se rappeler que par rapport au rayon II', cette réfraction totale n'a eu lieu que lorsque l'extrémité M' de la glace eut décrit un quart de circon

férence.

Dans cette expérience on décompose, par réflexion et par réfraction, un rayon direct en rayon ordinaire et extraordinaire, et une substance diaphane quelconque remplace pour cette décomposition le cristal d'Islande, ou tout autre substance jouissant de la double réfraction.

L'angle sous lequel une substance diaphane décompose la lumière en rayon ordinaire et extraordinaire, l'un par réflexion et l'autre par réfraction, varie dans les différentes sub

stances.

Toutes les fois qu'on produit par un moyen quelconque un rayon polarisé, on obtient nécessairement un second rayon polarisé dans un sens diamétralement opposé; et ces rayons suivent des routes différentes. La lumière ne peut pas recevoir cette modification dans un sens, sans qu'une partie proportionnelle ne la reçoive dans le sens contraire."

De l'Evaporation de l'eau dans le vide, et du froid artificiel produit par cette évaporation.

"

On place sous le récipient d'une machine pneumatique deux vases, dont l'un contient de l'eau, et l'autre de l'acide sulfurique. Après avoir fait le vide sous le récipient, on ferme la communication de ce récipient avec les corps de pompes. On obtient le vide d'autant plus facilement que le récipient est plus petit, et on gagne encore du temps en fermant les vases qui con

tiennent l'acide et l'eau, par des obturateurs, eten ne soulevant cet obturateur(*) que lorsque l'air atmosphérique est enlevé. Le vide étant fait, et l'acide communiquant avec l'eau, on observera, après un certain temps, qui dépend de la quantité d'eau et de l'état hygrométrique de l'acide, que l'eau gèle et que l'acide s'échauffe. Ce double effet est dû à l'évaporation de l'eau dans le vide, et à la combinaison des vapeurs d'eau avec l'acide sulfurique. La propriété hygrométrique de l'acide tient lieu, dans ce cas-ci, du moteur, qui enleveroit, par le jeu des pistons de la machine pneumatique, la vapeur d'eau, à mesure qu'elle se formeroit. L'action chimique, plus continue et plus rapide que l'action mécanique, entretient sous le récipient le vide qui favorise l'évaporation de l'eau. L'absorption du calorique nécessaire pour convertir une partie de l'eau liquide en vapeurs, convertit l'autre partie en glace.

On peut, au lieu d'acide sulfurique, employer le muriate de chaux. A défaut d'un récipient de machine pneumatique, on conçoit facilement un vase dont on enleveroit l'air atmosphérique par un courant de vapeurs d'eau à 100°. comme dans les cylindres de pompes à feu. Cette vapeur étant condensée par refroidissement, on peut faire communiquer le cylindre par des tuyaux à robinets à deux vases, qui contiennent, l'un, l'acide sulfurique, l'autre, l'eau à évaporer. Alors on obtiendra les mêmes effets que sous le récipient de la machine pneumatique ; l'eau se gelera, et la glace qu'on obtiendra par ce moyen ne coûtera que le combustible nécessaire pour rectifier l'acide sulfurique qui aura servi à la condensation de la vapeur d'eau formée dans le vide.

M. Leslie, physicien anglais, qui a le premier fait les expériences que nous venons de rapporter, s'est aussi servi d'un espace rempli d'un air très-dilaté, pour l'évaporation de la glace. Ayant fait geler plusieurs couches d'eau sur un tube de thermomètre, et l'ayant habillé par ce moyen d'une couche de glace, il l'a suspendu dans le récipient d'une machine pneumatique, rempli d'un air soumis à une pression d'environ un centimètre de mercure; il a placé dans le même récipient un vase contenant de l'acide sulfurique; la glace s'est évaporée, et le thermomètre a baissé jusqu'à — 37°. Réaumur ; la température de l'atmosphère étant....

(*) Les obturateurs sont un obstacle à la formation des vapeurs d'eau et d'acide dans le vide, et au mélange de ces vapeurs avec l'air atmosphérique. L'acide sulfurique entre, suivant Bergman, en ébullition à la température de 282° du thermomètre centigrade, sous la pression atmosphérique. On n'a pas encore déterminé la force expansive de la vapeur de cet acide pour des températures inférieures; il paroit qu'elle est très-petite à la température même la plus élevée de l'atmosphère.

Le 20 avril 1811, le thermomètre Réaumur étant à + 13o j'ai fait geler six grammes d'eau dans une capsule de cuivre jaune du poids de trente-un grammes. L'acide sulfurique du commerce à 66° étoit placé sous le récipient, dans des capsules en verre; l'une, supérieure, contenoit environ cent grammes d'acide, et l'autre, inférieure, sept cents grammes. La température de l'acide s'est élevée de 13° à 20° dans la capsule supérieure, et de 13° à 15° dans l'inférieure.

Les six grammes d'eau ont été gelés en trois minutes, à compter du moment où le vide a été fait sous le récipient. Après quinze minutes, le thermomètre plongé dans la glace, étoit à 6° Réaumur. J'ai pesé la quantité d'eau évaporée, que j'ai trouvée de 1,6 grammes. Ce poids observé diffère peu du poids calculé, qu'on déduiroit de la connoissance des caloriques spécifiques de l'eau et du cuivre de la capsule.

Lorsqu'on a pour objet de produire un froid artificiel par l'évaporation dans le vide ou dans un air très-dilaté, on évite autant que possible le retour du calorique du vase qui contient la substance hygrométrique vers le vase qui contient le liquide à évaporer. Mais si l'on se propose seulement de produire l'évaporation, on la favorisera en faisant communiquer ces vases, de manière que le calorique passe alternativement du premier au second. Un physicien(M. Clément) a déjà proposé d'employer ce mode d'évaporation par l'intermédiaire d'un air très-dilaté, pour la réduction des sirops, pour le dessèchement des substances nutritives, animales et végétales, pour la fabrication de la poudre à canon, des colles-fortes, etc.

H. C.

Sur le Nautile-Marin, par MM. COESSIN frères (*).

Le nautile-marin a pour objet d'établir une navigation sousmarine. Les expériences faites au Hâvre avec l'autorisation du Ministre de la Marine, paroissent ne laisser aucun doute sur la possibilité de cette navigation. Dans un rapport fait à l'Institut le 1 avril 1811, et adopté par la classe des Sciences physiques et mathématiques, le rapporteur, M. Carnot, donne la description suivante du nautile-marin :

« C'est une espèce de grand tonneau qui a la forme d'un ellipsoïde alongé. C'est dans cet ellipsoïde que s'enferment les navigateurs. Ce nautile avoit vingt- sept pieds de longueur (8,77 mètres) et renfermoit neuf personnes.

Pour le maintenir dans sa position, on le charge d'un lest.
Ce nautile est partagé en trois parties séparées l'une de l'autre

(*) M. Coëssin jeune est un ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, actuellement officier d'artillerie.

par des doubles fonds. La partie du milieu est seule occupée par les navigateurs; celles de l'avant et de l'arrière se remplissent à volonté d'air ou d'eau, par les manœuvres de ces mêmes navigateurs, suivant le poids qu'ils veulent donner au nautile, afin qu'il puisse flotter à la surface du fluide, ou s'y enfoncer si l'on

veut.

Pour imprimer au vaisseau un mouvement progressif, on emploie deux rangs de rames à porte, que font mouvoir ceux qui sont dans l'intérieur. Ces rames passent au travers des flancs du nautile; mais les ouvertures sont masquées par des poches de cuir qui empêchent absolument l'eau d'y pénétrer; et si l'une d'elles venoit par hasard à crever, la rame est taillée de manière à faire elle-même, aussitôt, l'effet d'un tampon, en la tirant seulement à soi. Dans le nautile il n'y avoit que quatre rameurs, et il faisoit une demi-lieue par heure; mais il est aisé de multiplier le nombre de ces rameurs.

Pour diriger la machine et la faire virer de bord, on emploie un gouvernail placé à la poupe, comme dans les vaisseaux ordinaires, et qui se manoeuvre du dedans par une corde; de plus, les navigateurs s'orientent à l'aide d'une boussole.

Pour monter ou descendre, ils emploient quatre ailes ou espèces de nageoires attachées deux à droite, et deux à gauche du nautile, et qu'un homme seul fait mouvoir par des tringles. On les incline de l'avant à l'arrière ou de l'arrière à l'avant, suivant qu'on veut ou monter ou descendre, parce qu'alors la résistance de l'eau occasionnée par le mouvement progressif agit sur ces plans inclinés conformément au but qu'on se propose.

Enfin, on se procure du jour au moyen d'une ou plusieurs glaces très-épaisses; mais comme l'obscurité devient trèsgrande à une certaine profondeur, les auteurs proposent de recueillir ce qui reste de rayons par de fortes loupes, qui pourront au moins leur faire distinguer ce qui se trouve près d'eux.

Pour vaincre la plus grande difficulté, celle de se procurer les moyens de respirer, on pratique des ouvertures ou petites écoutilles dans les douves supérieures du nautile. Par le moyen de ces ouvertures, en venant de temps en temps à la surface de l'eau, on renouvelle l'air du nautile, par une circulation qui s'établit alors facilement, soit par le ventilateur, soit, lorsque cela sera praticable, par des lampes qui, placées à quelques-unes de ces ouvertures, et correspondant jusqu'au fond du vaisseau par des tuyaux qui font l'effet de petites cheminées, en extraient l'air vicié, comme les réchauds placés au haut de l'ouverture d'une mine font circuler rapidement l'air jusqu'à sa plus grande profondeur.

Au surplus, il faut remarquer qu'il n'est pas nécessaire que ce renouvellement d'air dans le nautile soit fréquent; car dans les nombreuses expériences faites au Hâvre, les navigateurs sont restés plus d'une heure de suite sans aucune communication avec l'air extérieur et sans éprouver aucun mal-aise. Mais c'est ici que la chimie vient efficacement au secours de la mécanique; car à défaut de tous les autres moyens, les navigateurs pourvoient au besoin impérieux de respirer, par une ample provision d'oxigène comprimé, qu'ils tiennent en réserve, et dont ils font usage avec l'économie que leur commande l'intérêt de leur propre conservation.

MM. Montagnès-la-Rogue, capitaine de vaisseau commandant le port du Hâvre, et Grehan, ingénieur-constructeur en chef de la marine, qui ont été témoins des expériences faites avec le nautile, en ont rendu un témoignage avantageux, et ils pensent qu'on pourroit faire des vaisseaux de ce genre beaucoup plus grands. Parmi les coopérateurs des expériences faites au Hâvre, sont M. Colin, actuellement préparateur de chimie à l'Ecole Polytechnique, et M. Muller, aide-de-camp du général d'Hastrel. M. Ransonnet, commandant le brick l'Alcyon, servoit de pilote dans le nautile.

ANNONCES

§. III.

D'OUVRAGES.

JOURNAL DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, publié par le Conseil d'Instruction de cet Etablissement. Dixième cahier, 1 vol. in-4°. . Ce cahier contient : 1°. la solution de plusieurs problêmes de géométrie, par M. Branchon ; 2o. un mémoire sur les polygones et sur les polyèdres, par M. Poinsot; 3°. deux mémoires d'hydrographie, par MM. de Prony et de Humbold; 4°. les programmes du cours de grammaire et belles-lettres, par M. Andrieux.

RECHERCHES PHYSICO-CHIMIQUES, faites à l'occasion de la grande Batterie Voltaïque, donnée par S. M. à l'Ecole Polytechnique, 2 vol. in-8°. avec six planches. Par MM. GayLussac et Thenard, Instituteurs de Chimie à l'Ecole Polytechnique.

Cet ouvrage est terminé par un rapport fait au nom d'une commission de l'Institut, composée de MM. Laplace, Monge, Chaptal, Hauy et Berthollet. Le rapporteur, M. Berthollet,

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