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que la résidence du corps législatif fût brus→ quement changée. Le décret du conseil des AN 4. anciens sur cet objet était irrévocable; le jour même de ce décret, ni l'on ni l'autre conseil ne pouvaient plus délibérer dans la commune où ils avaient résidé jusqu'alors. Tel était le texte précis des articles 102, 103 et 1045der la constitution Le conseil des anciens s'en servit le 18 brumaire an 8,pour transférer le corps législatif à Saint-Cloud où la constitution de l'an 3 fut abrogée.

Le pouvoir exécutif était délégué à un directoire de cinq membres, nommé par le corps législatif, faisant alors fonctions d'assemblée électorale au nom de la nation. Le conseil des cinq cents devait former au scrutin secret, une liste décuple des membres du directoire à nommer, et l'envoyer au conseil des anciens, qui choisissait dans cette liste. Les membres du directoire devaient être âgés de quarante ans au moins; ils ne pouvaient être pris que parmi les individus qui avaient été membres du corps législatif ou ministres; un des directeurs devait être renouvelé chaque annéet

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Le directoire exécutif était tenus de faire sceller et publier les lois et les autres actes du corps législatif, dans les deux jours après leur réception. Le président dus directoire avait la garde du sceau de la république. Le

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directoire veillait à la sûreté intérieure et ex-1795. térieure de la république, faisait les proclamations convenables, disposait de la force armée, surveillait l'exécution des lois dans les administrations et les tribunaux, par des commissaires à sa nomination; nommait les ministres, et pouvait les révoquer à son gré; nommait le receveur des impositions directes de chaque département, les préposés en chef aux régies dès contributions indirectes à l'administration des domaines nationaux, et tous les fonctionnaires publics dans les colonies.

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Nomination des cinq directeurs.

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A nouvelle législature, divisée en conseil des cinq cents et en conseil des anciens, d'après le vœu de la constitution, commença ses travaux par la nomination des cinq directeurs chefs suprêmes du pouvoir exécutif. Ils furent choisis dans le sein de la convention nationale : c'étaient Jean Rewbel, avocat de Colmar avant la révolution; Antoine-François Louis, Honoré Letourneur, capitaine dans le corps du génie Louis-Marie Revellière - Lépeaux,

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garçon apothicaire d'Angers; Paul-FrançoisJean-Nicolas de Barras, lieutenant au régiment AN 4. de Pondicheri, devenu général de division pendant la révolution; et Lazarre-Margueritte Carnot, officier dans le corps du génie.

Les conventionnels qui n'avaient pu entrer dans la composition du nouveau corps législa→ tif, occupèrent presque toutes les places importantes, et même celles de l'institut national créé par la constitution de l'an 3, pour recueillir les découvertes, perfectionner les arts et les sciences. La plupart des emplois d'une moindre valeur étaient confiés à des hommes qui avaient pris une part plus ou moins active aux excès dont la révolution fut accompagnée, et dans les factions sanguinaires qui ensanglantèrent la république..

Quand on se plaignait d'une disposition capable, de perpétuer l'esprit révolutionnaire sous le régime constitutionnel, et détruire, à la longue, toutes les ressources de la France, il était répondu que, dans la situation délicate où se trouvait la république, pressée audehors par la coalition des puissances européennes, et au-dedans par des ennemis d'autant plus redoutables, que leurs attaques physiques et morales étaient combinées avec autant, d'art que de secret, les considérations politiques s'anéantissaient devant la nécessité de ne confier le sort de la constitution qu'à

dés hommes placés, par leur conduite précé1795 dente, entre le succès et l'échafaud.

On n'aurait pu raisonnablement contester la vérité de ce principe, si un très-grand nombre de ces agens révolutionnaires n'avaient prouvé, par une opulence qui constrastait avec la médiocrité de leur fortune antérieure, que la cupidité seule dirigeait leurs prétendus sentimens patriotiques, et qu'ils n'avaient fait, aux nobles et aux prêtres, une guerre mortelle. que pour s'enrichir de leurs dépouilles.

Les hommes de cette trempe étaient étran gers, sans doute, aux mâles et austères vertus, sans lesquelles la liberté n'est qu'un vain nom. Le directoire dut en être convaincu , lorsque la découverte de la conspiration de Babeuf, dont je parlerai bientôt, lui apprit que les hommes de sang, auxquels il donnait sa confiance, étaient disposés à l'égorger luimême pour prix de son aveuglement.

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D'un côté, les royalistes sapaient par leurs écrits clandestins, par leurs propos et par leurs manoeuvres, les bases du gouvernement républicain; de l'autre, les jacobins ne voulaient aucun gouvernement quelconque, mais seule-ment la continuation du bouleversement général, au sein duquel, depuis plusieurs années, ils se jouaient des fortunes particulières et de la fortune publique.noord

Au milieu d'eux, les sincères et loyaux amis

de leur pays, traités par les jacobins de royalistes, et par les royalistes de jacobins, étaient AN 4. en butte à tous les traits. Ils marchaient sur le bord des précipices où les poussaient l'une et l'autre faction. Le gouvernement avait l'intérêt le plus pressant de les environner de toute la force publique, peut-être même en avait-il la volonté; mais, circonvenu lui - même par les ruses de l'intrigue, il prenait l'apparence pour la réalité, et se livrait presque sans défense dans les mains de ses ennemis.

J'avais remarqué, dans un de nos journaux, des réflexions assez judicieuses à ce sujet; je les transcrivis sur mon mémorial; elles présentent une peinture naïve de l'embarras dans lequel se trouvait le directoire, en choisissant les dépositaires de son autorité. Je crois devoir les insérer en note au bas de cette page. (1)

(1) Donnez-nous donc des commissaires du pouvoir exécutif qui réunissent la probité, les lumières et un patriotisme. Tel est le résumé de 7843 lettres, suppliques et pétitions, renfermées dans les bureaux du directoire.

Cela est aisé à demander, et nullement facile à don ner, répondent les directeurs. Qui vient auprès de nous, avec qui correspondons -nous ? Qui nous recommandet-on ?

Une foule de parasytes révolutionnaires assiègent nos bureaux, nos commis, nos personnes. Le bon citoyen reste chez lui, l'homme prévoyant nous craint. La besogne est difficile, les succès traînent après eux l'in

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