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CHAPITRE XII.

Les Autrichiens se portent dans le Frioul vénitien, derrière la Brenta. Bataille de Bassano.

JUSQU'A la bataille de Roveredo

le but

des manœuvres du feld-maréchal comte de Wurmser avait été d'empêcher la jonction de l'armée de Bonaparte avec celle du général Moreau, et que le théâtre de la guerre ne se transférât des bords de l'Adige, sur ceux du Danube, auprès de Passau. Les pertes qu'il avait successivement essuyées, ne lui permettaient plus de suivre ce plan; il présumait avec raison que, s'il s'obstinait à défendre pied à pied les positions qui s'offraient à lui entre Trente et Bolzano, elles seraient emportées par cette furia francese à laquelle il semblait que rien ne pouvait résister, et que, chassé vers Brixen, il arriverait seul à Inspruck, après avoir franchi le mont Saint Michel, et suivi les bords de la rivière de Sill.

Dans la suite des revers éprouvés par son armée, c'était faire beaucoup sans doute que de ramener son ennemi en plaine, de l'obliger de revenir sur ses pas malgré ses victoires,

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et de rendre quelque espoir aux défenseurs 1796. de Mantoue. La constance et le courage déployés dans cette occasion, lui méritèrent l'estime de ses ennemis même ; abandonnant les bords de l'Arisio, pour se porter sur ceux de la Brenta à travers des montagnes presque inaccessibles, son mouvement avait déterminé la marche de la division d'Augereau.

Elle s'était rendue, le 20 fructidor, à Borgo-di-Val Sugana, Martello et Val Soiva; la division de Massena se portait dans les mêmes positions, par Trente et Levico.

Le vingt-un au matin, l'avant-garde de la division d'Augereau rencontra l'arrière-garde ennemie, retranchée au village de Primolano, entre la Brenta et des montagnes inaccessibles; à l'entrée des gorges de la Brenta, quelques corps autrichiens, pour donner le tems au reste de l'armée de se porter au-delà des gorges, se défendirent jusqu'à l'extrémité, et furent faits prisonniers de guerre.

11 paraît que le maréchal Wurmser avait pensé que les Français continueraient à remonter l'Adige jusqu'à Bolzano et Méran, et qu'ils s'enfonceraient ensuite dans les montagnes, pour donner la main au général Férino, vers les sources de l'Inn; en conséquence, il avait ordonné à une colonne de dix mille hommes, cavalerie et infanterie, de se porter

sur Vérone

pour donner de l'inquiétude à

Bonaparte sur sa communication avec Mantoue. An 4. Wurmser, voulant couper l'armée française, était coupé lui-même; Bonaparte parcourut les défilés de la Brenta pendant la journée du 21. L'armée campa pendant la nuit au bourg de Scimone, au débouché des gorges.

Le 22, au point du jour, les Français s'étaient remis en marche. Ils rencontrèrent l'ennemi près le village de Solagne, sur les deux bords de la Brenta. La bataille commença à sept heures; Augereau commandait la droite, et Massena la gauche. Les Autrichiens, encouragés par la présence de Wurmser, combattant à leur tête, et favorisés par une excellente position, se défendirent jusqu'à midi, que leur centre fut forcé par la 5,e demi-brigade d'infanterie légère et la 4. demi-brigade de ligne; la cavalerie se mit à la poursuite des fuyards, tandis que l'infanterie continuait à suivre les gorges jusqu'au débouché de la plaine de Bassano.

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L'aile droite de la division d'Augereau avait gagné, au pas de course, de course, des hauteurs qui, à la droite de la Brenta, se prolongent jusque sur le faubourg de Bassano. Bonaparte se porta lui-même à cette attaque. Le faubourg fut forcé; Massena entrait dans Bassano par la gauche, et. Augereau par la droite, en forçant le pont de la Brenta, malgré les efforts

des grenadiers autrichiens, chargés de pro1796. téger la retraite de leur général.

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Wurmser, marchant avec précipitation, avec un corps de cavalerie et les débris de quelques bataillons de grenadiers, rejoignit, non sans peine, la division de cinq mille hommes de cavalerie, et cinq mille hommes d'infanterie, qu'il avait envoyée à Montebello, entre Vicence et Vérone, c'est tout ce qui lui restait d'une des plus florissantes armées qu'eut levée l'Empereur.

Le 23, la division du général Augereau se rendit à Padoue; elle s'empara des bagages de l'armée autrichienne, et de quatre cents hommes qui les escortaient. Wurmser se trouvait entre l'Adige et la Brenta ; il lui était impossible de traverser la dernière de ces deux rivières, défendue par les deux tiers de l'armée française; il ne lui restait d'autre ressource que de se jeter dans Mantoue. Bonaparte, ayant prévu ce mouvement, avait laissé dans Vérone le général Kilmaine, avec une garnison qui n'était pas assez forte pour contenir une ville populeuse et repousser un corps d'armée, mais qui manœuvra avec tant d'habileté, que les efforts des Autrichiens, pour pénétrer dans cette ville, furent vains.

AN 4.

CHAPITRE XIII.

Le maréchal de Wurmser se réfugie dans
Mantoue.

LES Autrichiens apprirent, le 23 au soir,

l'arrivée de Massena dans Vicence; n'ayant pas un instant à perdre pour éviter d'être coupés et forcés de mettre bas les armes, ils filèrent toute la nuit le long de l'Adige, et passèrent cette rivière à Porto Legnano, qu'ils occupaient depuis l'invasion de Wurmser en Italie, et dont on avait négligé de faire le siège après la bataille de Castiglione.

On compte cinquante milles de Porto Legnago à Mantoue ; il faut traverser la Nichasola, le Menago, le Tartaro, le Tregnone et la Molinella. La division de Massena passa l'Adige à Ronco, sur un pont volant, le 24 au soir; elle avait ordre de se porter rapidement à Sanguinelto, entre le Tregnone et le Menago, pour couper le passage à Wurmser, tandis que le général Sahuguet, qui commandait le blocus de Mantoue, devait envoyer les troupes suffisantes pour garder Governolo, Castelnara, et couper tous les ponts sur le Tartaro et la Molinella.

Pour se rendre de Ronco à Sanguinelto, il

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