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pour savoir si on pouvait se confier à eux, et leur faire écrire de Vérone, où le préten- AN 4.

jacobin; il tue les soldats et les gentilshommes à coups de fusils. Il y a deux partis à Vienne; l'un veut la paix, l'autre veut la guerre. Ah! si on voulait sérieusement la guerre ! si les sections de Paris sentaient qu'elles peuvent devenir le point d'union de la France entière, elles conserveraient leur attitude résolue. Si elles ont voulu tout détruire, elles peuvent tout ramener. Alors, l'Autriche restera avec un pied de nez. Il dépend encore de l'Angleterre de déjouer Vienne. A vos sections, à Charette appartient de réparer tous vos maux. Il faut un coup d'éclat. Plus de convention, cela tient à un brouhaha de Paris; sans cela, plus d'espoir.

Dans une autre lettre, on lit: Vérone est une bonne position pour joindre Charette; rien n'empêche d'y arriver au lieu que, d'un autre côté, l'empereur peut barrer le chemin. Paris tient bon, voilà l'essentiel. Tout ira, s'il ne mollit pas. Je ne vois pas ce que disent les journalistes qui prétendent que déjà on lâche le pied, qu'on ne va plus aux sections.

Dans une autre lettre, signee Magny, on lit: On ne pouvait s'attendre qu'à ce qui est arrivé; tout est trop décousu dans cette grande ville, pour opérer un ensemble convenable. Elle est trop grande de moitié pour toutes sortes de raisons. Raffet est parti hier pour se rendre auprès de vous. Je n'ai de nouvelles.ni de Dreux ni de Chartres.

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Dans une autre lettre, datée de Huningue, il est dit : Tout s'annonce pour l'avantage des sections. Quelle force n'auront elles pas, aidées de la coalition et de l'opinion des départemens? Quelqu'un, qui arrive de Paris, dit qu'il y a bien des partis; qu'il y en a un

dant s'était réfugié, depuis que le voisinage 1795. des armées républicaines et la neutralité du Nord de l'Allemagne l'éloignaient de la Westphalie.

Le procès de Lemaître et de ses complices. avait été renvoyé devant le conseil militaire séant dans le local où s'assemblait la section Lepelletier. Ce conseil était une des trois commissions créées par la convention nationale, pour juger les auteurs de la conspiration de vendémiaire.

Pendant le cours des débats, fut produite une nouvelle pièce de correspondance, qui semblait, au premier abord, compromettre le député Cambacérés. C'était une lettre datée de Zug, le 10 octobre 1795, et qui était attribuée à d'Antraigues. On y lisait : « Je ne crois pas que le roi puisse, par un acte public, par

pour le duc de Chartres, mais que la masse est compo-
sée de républicains. Les principaux chefs sont Laharpe,
la Cretelle et Sérisy; mais ces hommes ne sont pas ré-
publicains, comment peuvent-ils mener ceux qui le
sont ? Si on était sûr de ces trois personnages, ne serait-
il
pas aisé de les faire servir 49 ? Basle pourrait être le
lieu du rapprochement; un mot du roi pourrait être
donné. L'Empereur a écrit à la diète de Ratisbonne,
pour demander comment serait puni le Landgrave de
Hesse-Cassel, pour avoir fait sa paix particulière avec
la France? Cela est honteux, lorsque lui-même aban-
donne l'Empire d'une manière aussi absolue.

donner aux juges qui ont voté la mort de Louis XVI; mais le roi regarde comme une chose différente le pardon accordé à ceux qui, ayant commis ce crime, rendraient de si grands services, que ce serait à leurs actions que serait dû le rétablissement de la monarchie. Je ne suis nullement étonné que Cambacèrès soit du nombre de ceux qui voudraient le rétablissement de la royauté. C'est un homme de beaucoup d'esprit ; et si quelque chose m'a étonné en lui, ç'a été de le voir s'asservir à obéir à des gens qu'en tout autre tems que celui où les passions aveuglent, il eût commandés. Mais en même tems que le roi desire que vous écoutiez les propositions qui peuvent vous être faites, sa majesté croit qu'il ne doit pas échapper à votre sagacité que ces négociations peuvent avoir pour objet de faire languir les efforts qu'on va faire. Le roi a recommandé à Monsieur de n'entendre à aucune négociation; la conduite de Tallien à Quiberon, a prouvé quelle foi ou pouvait leur accorder. Ainsi l'effet de toute négociation ne sera jamais de ralentir un seul moment ce qui se passe dans la Vendée. Le roi l'enjoint expressément et impérieusement, »>

Il n'était pas difficile à Cambacérès de repousser cette imputation. Si on l'avait admise, il eût dépendu de tous les ennemis de la révolution de feindre des correspondances avec les

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amis de la liberté, non-seulement pour leur 1795. ravir la confiance du peuple, mais pour les perdre entiérement. Cette lettre a les rapports les plus intimes avec la conspiration de Brottier et de Lavilleurnoy, dont je parlerai dans la suite. Lemaître et quelques uns de ses complices furent condamnés à la peine de mort, par sentence du 18 brumaire. Quelques autres sur le compte desquels les preuves n'étaient pas claires, furent acquittés (1).

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(1) Le conseil militaire, après avoir pris la communication des pièces, et avoir entendu les témoins, tant à charge qu'à décharge, a trouvé Pierre-Jacques Lemaître convaincu d'être le principal agent de la conspiration qui a existé, en entretenant des correspondances en pays étrangers, avec les émigrés et les ennemis de la république, tendant à rétablir la royauté et renverser le gouvernement républicain; laquelle correspondance prouve qu'il a cherché à seconder les mouvemens rebelles des sections, en entretenant dans l'intérieur, et principalement à Magny, une correspondance tendant à fomenter la rebellion à Dreux, Orléans et Rouen, d'y avoir répandu des écrits contre-révolutionnaires, et en les colportant chez différens libraires;

Charles Perrin, convaincu d'être l'agent passif de Lemaître, tant en recevant des lettres pour lui, qu'en lui procurant des prête-noms pour recevoir celles qui lui venaient de l'étranger, lesquelles étaient écrites en encre sympathique; en répandant des écrits contrerévolutionnaires, et en les colportant chez différens libraires ;

Antoine Huquet, dit Desforges, atteint et convaincu

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CHAPITRE VI.

Evénemens militaires en Allemagne et en
Italie, Bataille de Loano.

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JOURDAN
OURDAN et Pichegru, après avoir achevé
de chasser les Allemands et les Anglais de la
Belgique et de la Hollande, pénétraient, à lạ
droite du Rhin, dans le cœur de l'Allemagne.

d'être complice de Lemaîtré, par les liaisons et entrevues, qu'il a ‹ úes avec lui, en recevant en présent une paire de pistolets, et en ne révélant pas les desseins suspects de Lemaitre ;

Théodore André, atteint et convaincu de la même complicité, en ne révélant pas les desseins suspects de Lemaitre, qui étaient plus que démontrés dans les dif férentes entrevues qu'il a eues avec lui;

Jacques-François Brière, atteint et convaincu d'être l'agent direct dudit Lemaître, ce qui est prouvé par la correspondance qu'il a entretenue de Magny, laquelle correspondance est écrite en encre sympathique, et dans les interlignes d'un texte insignifiant écrit en encre noire, tendant à provoquer des mouvemens de rebellion à Dreux, Orléans et Rouen, en indiquant dans la se conde de ces villes une adresse pour y faire passer les écrits contre- révolutionnaires;

Nicolas-Laurent Favier, atteint et convaincu d'êtré complice de Lemaître, à la conspiration duquel il n'a pas pris une part très-active et suivie;

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