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dix mille hommes, commandée par Provera, avait passé l'Adige à force ouverte, auprès AN 5. d'Anguiari, sous le feu d'une artillerie nombreuse; et que le général Guieux, qui gardait l'Adige dans cette partie, avait été contraint à reculer. Aussitôt Bonaparte se porta sur Villa-Franca, à la tête de trois demi-brigades. Le général Serrurier l'instruisit que Provera était parvenu à Castellara et marchait sur Mantoue par le faubourg de San - Georgio, dont les Français étaient maîtres.

Bonaparte, assuré qu'Augereau suivait la colonne de Provera, continue sa route avec 'rapidité. Il était le 25, à l'entrée de la nuit, à Roverbella, à trois petites lieues de Mantoue.

Augereau, dans la journée du 25, avait réuni ses forces pour attaquer les Autrichiens au bord du Menago ou du Tartaro; mais Provera, qui n'avait d'autre but que de parvenir dans Mantoue, marchait avec tant de célérité, qu'il ne put être attaqué que par la queue de sa colonne. On lui fit deux mille prisonniers ; le reste de la colonne parvint, le 26 à midi, devant le faubourg San-Georgio, et somma inutilement le général Miolis, qui commandait ce poste, de se rendre. Miolis répondit à coups de canon, et donna le tems aux colonnes françaises qui s'approchaient, d'investir Provera.

L'attaque de la Corona, faite par le général.

Joubert, avait eu tout le succès qu'on pouvait 1797. en attendre. L'ennemi, sur la fin de l'affaire du 25, avait conservé un poste à San-Marco: Joubert le fit enlever par le général Vial, pendant la nuit du 25 au 26. La division du centre, commandée par le général Barragueyd'Hilliers, chassa les ennemis du village de San-Martino, et lui prit ses canons. La colonne de droite, commandée par Vial, disputait les hauteurs. Une colonne cominandée par le général Vaux, ayant tourné les ennemis par les revers de Montebaldo, parvint sur les rochers qui dominent la Corona. Les Autrichiens, se voyant coupés, se débandèrent; six mille se rendirent prisonniers.

Bonaparte ayant reçu les renforts qu'il attendait, avait ordonné d'attaquer le 27 au matin, la colonne de Provera. Ce général ne recevant aucune nouvelle d'Alvinzi, se trouvait dans la position la plus fâcheuse; n'ayant pu emporter le faubourg San-Georgio, il avait attaqué, pendant la nuit, le poste de la Favorite, dans le tems que la garnison de Mantoue, sortant de la citadelle, fondait sur les lignes du blocus. Mais Wurmser fut bientôt obligé de rentrer dans la place, laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés. Alors Provera, attaqué de tous côtés et se trouvant acculé au faubourg San-Georgio, fut obligé de mettre bas les armes avec toute la colonne qu'il commandait.

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La bataille d'Arcole avait duré quatre jours; eelle de Rivoli fut encore plus long-tems dis- AN 5. putée. On se battit sans discontinuation pendant huit jours. Les ennemis n'abandonnèrent le champ de bataille, qu'après avoir perdu. toute leur artillerie et vingt-cinq mille hommes tués ou faits prisonniers, parmi lesquels se trouvait presque tout le corps des volonlontaires de Vienne. Alvinzi fuyait avec précipitation dans les montagnes. Les généraux Augereau, Massena et Joubert, le poursuivent avec acharnement, l'atteignent et le battent de nouveau auprès de Carpenedolo et d'Avio, entrent dans Bassano, dans Roveredo, dans Trente. Les Autrichiens se dispersent. Alvinzi n'a plus d'armée.

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1797.

LIVRE VINGT-DEUXIEME.

CHAPITRE PREMIER.

Reprise des hostilités avec la cour de Rome.

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LE feld - maréchal marquis d'Alvinzi était allé rendre compte à Vienne de sa conduite. Les débris de son armée se réunirent à la tête du lac de Garda, entre Torgola et l'Adige, dans une suite de défilés fortifiés par la nature. Les Français les avaient déjà forcés après la bataille de Castiglione ; ils les forcèrent de nouveau, malgré les neiges dont les montagnes étaient couvertes.. Le général Joubert, après une marche très-difficile, pénétra dans Roveredo, vers les premiers jours de pluviose. Les Autrichiens, forcés dans leur camp retranché de Mori, avaient ajouté de nouvelles fortifications au poste de Calliano emporté de vive force, par les Français quelques mois auparavant, et que la rigueur de la saison rendait moins accessible. Il fut forcé de nouveau; on entra dans Trente sans obstacle.

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AN 5.

Le général Massena qui avait poursuivi les corps autrichiens derrière la Brenta, remontant cette rivière, opéra bientôt sa jonc- ANS tion avec Joubert derrière l'Arisio; il ne resta plus d'Autrichiens au Sud de Bassano.

Des succès aussi constans plaçaient le nom de Bonaparte parmi ceux des plus habiles. guerriers qu'ait célébrés l'histoire. Il jouissait, en Italie, d'une autorité supérieure à celle des puissances de la péninsule. La seule cour dé Rome paraissait le braver. Frappée d'un inconcevable aveuglement, une fatalité qui l'entraînait vers sa perte, l'éloignait de la paix.

Renouant les fils usés de son ancienne politique, elle avait essayé de former une ligue avec la cour de Naples, sans faire attention que la faiblesse de Ferdinand IV, autant que des considérations particulières, lui faisant la pi d'éviter de mettre ses sujets en contact avec les Français, il sacrifierait toutes les convenances à la nécessité d'éloigner Bonaparte des frontières de l'Abbruze et de la terre de Labour. Frustré de cette attente, le pape, convaincu que les Anglais ne lui rendraient jamais aucun service important, n'avait pour ressources que son alliance avec l'empereur. Il multipliait les ruses, lés négociations, les dépenses, les armemens pour favorisér un allié auquel des miracles seuls

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