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pouvaient permettre de réunir ses forces aux 1797. forces pontificales.

Le meilleur appui de Rome était dans sa faiblesse même, qui n'offrait aucune gloire à son vainqueur. Le pape pouvait fonder avec plus de certitude l'espoir de sa conservation sur l'indifférence ou sur la générosité des Français, que sur ses armemens.

Cependant Pie VI, comptant toujours sur les succès des Autrichiens, et ignorant que la correspondance de son ministre le cardinal Busca avec le prélat Albani, nonce extraordinaire à Vienne, était tombée au pouvoir de Bonaparte, qui l'avait transmise au directoire, faisait passer des troupes dans la Romagne. Elles se préparaient à attaquer Bologne. Bonaparte donna ordre au ministre Cacault de quitter Rome sur-le-champ, et publia, le 13 pluviose, la déclaration suivante :

Le pape a refusé formellement d'exécuter les articles VIII et IX de l'armistice conclu le 2 messidor, à Bologne, 'sous la médiation de l'Espagne.

La cour de Rome n'a cessé d'armer et d'exciter , par ses manifestes, les peuples à la croisade contre la France. Ses troupes ont menacé d'enlever Bologne. Elle a entamé des négociations hostiles contre la France avec la cour de Vienne comme le prouvent les lettres du cardinal Busca au prélat Albani,

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nonce à Vienne; elle a confié le commaudement de ses troupes à des généraux autrichiens AN 5. envoyés par la cour de Vienne.

Le pape a refusé de répondre aux avances officielles qui lui ont été faites par le ministre de la république française Cacault, pour une négociation de paix. Le traité d'armistice a donc été violé par la cour de Rome; en conséquence, il doit être regardé comme non

avenu.

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Cette déclaration fut accompagnée d'une proclamation dans laquelle le général français, après avoir assuré que son armée écrasant tous les ennemis de la république, offrait aux villes et aux villages paix, sécurité et protection, engageait le peuple à ne pas abandonner ses travaux ordinaires, et les ministres de la religion à continuer les exercices du culte de Dieu, pourvu que se conformant aux maximes de l'Evangile, ils eussent soin de se renfermer dans leurs fonctions religieuses, sans se mêler des objets qui regardaient la guerre.

1797.

CHAPITRE II.

Expédition des Français dans la Romagne.
Capitulation de Mantoue.

La division du général Victor qui se trou

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vait dans les environs de Bologne, s'étant portée le 13 pluviose à Imola, petite ville de la Romagne, sur le Santerno, au commencement de la belle plaine de la Lombardie ; l'armée pontificale s'était retranchée avec soin le long du Senio, dont tous les ponts étaient coupés. Sa gauche s'appuyait à Caffiano son centre à Faenza, sur le Lamone; sa droite à Lugo.

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L'armée française sortit d'Imola, le 14 pluviose, à cinq heures du matin. L'avant-garde fut bientôt en présence des ennemis, protégés par une nombreuse artillerie. Ils firent d'abord une résistance assez forte; mais les glaces de l'Apennin avaient rendu le Senio guéable; plusieurs corps français ayant pénétré à l'autre rive, attaquèrent les retranchemens de revers; les pontificaux prirent la fuite.

Les Français se portèrent aussitôt à Faenza ; on trouva les portes fermées, les cloches sonnaient le tocsin, une multitude égarée pré

tendait défendre les remparts; ils furent escaladés en peu de momens. Les lois de la guerre Av 5. autorisaient de mettre cette ville au pillage, les généraux retinrent le courroux des troupes; les propriétés furent respectées. On savait que les mouvemens qui s'étaient manifestés parmi le peuple, depuis que les Français étaient en Italie, n'avaient eu d'autres causes que les prédications incendiaires des moines. Ceux d'Imola furent assemblés dans la principale église; le général Victor employa l'influence de la raison et de la nécessité, pour les engager à tenir une autre conduite.

L'armée pontificale, abandonnant les plaines de la Romagne, s'était réfugiée sur les sommités des Apennins, vers les sources de l'Arno et du Tibre. Les villes de Cesène, de Forli, de Ravenne, se soumirent successivement. Bientôt l'armée française fut maitresse de toute la marche d'Ancône jusqu'au frontières de l'Abbruze.

Dans le même tems la forteresse de Mantoue ouvrait enfin ses portes a x Français. Cette place se rendit le 14 pluviose, à dix heures du soir; la garnison fut faite prisonnière de guerre. Les troupes françaises entrèrent, le 15, dans la citadelle, et, le 17, la ville était entiérement évacuée. La garniréduite aux dernières extrémités de la famine, avait mangé tous les chevaux de la

son,

cavalerie. On trouva dans les fortifications ou 1797. dans les arsenaux trois cents pièces de canons et beaucoup de mortiers.

CHAPITRE III.

Les Français s'emparent du duché d'Urbin.
Négociations avec le pape.

L'ARMÉE

'ARMÉE française, après avoir conquis en peu de jours toutes les provinces ecclésiastiques situées entre l'Apennin et la mer Adriatique, poursuivait les troupes pontificales dans les montagnes. Elle était, le 24 pluviose, à Macerata, à quarante lieues de Rome. L'indécision la plus alarmante régnait dans cette capitale. Un grand nombre de Romains, se flattant de voir renaître l'ancienne république maitresse du monde, publiaient qu'ils attendaient le général français pour lui élever une statue au Capitole.

En vain le pape, dans ses manifestes, promettait à ses sujets l'assistance des apôtres Pierre et Paul, et des succès qui surpasseraient leurs espérances; son armée reculait perpétuellement devant celle de France, malgré les manœuvres savantes du général Colli Il ne restait à la cour romaine que la Sa

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