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Massena, le cinq germinal, sur un plateau qui domine l'Allemagne et la Dalmatie. Les AN 5. armées étaient rangées en bataille sur un terrain couvert de trois pieds de neige ; et lorsque les Autrichiens furent enfoncés, la cavalerie française les poursuivit sur la glace. Cependant, le général Guieux suivait de montagnes en montagnes la colonne autrichienne qu'il avait battue à Buffero. La marche de cette colonne était d'autant plus pesante, qu'elle escortait toute la grosse artillerie, et presque tous les bagages de l'armée de l'Archiduc Charles. Son arrière - garde, composée de l'élite de l'armée autrichienne profitait de tous les passages dangereux, pour retarder la marche des Français. Elle se retrancha dans un poste fortifié par la nature, appelé la Chinze autrichienne; ce poste fut. emporté par les Français, et tous ses défenseurs faits prisonniers de guerre.

La colonne qui se trouvait découverte, voulant précipiter sa marche, tomba dans la division de Massena, qui s'empara de tout le convoi, après un léger combat. Bernadotte prenant par sa droite et suivant le cours de la Save, s'était rendu maître de Leyback et reste de la Carniole.

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Toute l'armée française, après des fatigues incroyables, était enfin parvenue le huit germinal, sur les bords de la Drave, auprès de VII.

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Villach. L'Istrie autrichienne, le Frioul au1797. trichien, la Haute - Carniole, une partie du Tyrol et de la Carinthie, obéissaient aux armées de la république. Les obstacles n'étaient plus aussi compliqués ; une grande route conduisait les Français à de nouvelles conquêtes.

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Le 9 germinal, toute l'armée se mit en mouvement. Le général Massena, ayant passé la Drave, marchait sur Clagenfurt, tandis qu'un corps de cavalerie, remontant cette rivière, s'avançait sur Lientz, pour opérer sa jonction avec le général Joubert qui venait dans la Carinthie, par les gorges du Tyrol.

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Ce général, après avoir battu le comte de Laudohn auprès de Brixen, l'avait poursuivi quelque tems dans les gorges d'Inspruck. Mais cette chasse l'écartant de la marché qui lui était tracéé, il était revenu sur les bords de la Rhients, remontant cette rivière jusqu'au col de Toblach. Il traversa cette montagne couverte de neige, et parvint au bord de la Drave, vers sa source auprès du village d'Iniching. De ce village à la ville de Lientz bâtie au confluent de la Drave et de l'Isola, il existe une route tracée dans des vallons étroits qui forment le lit de la Drave. Il faut passer vingt fois cette rivière dans l'espace de quinze lieues. Cette marche eût été extrêmement difficile, si les Autrichiens, au lieu de se retirer vers les bords de l'Inn, se fussent

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postés sur les sommités des montagnes, depuis Nictendorf jusqu'à Sillau. Les Français, An 5. parvenus à Lientz, continuèrent leur route le long de la Drave, sans éprouver d'autres obstacles. Toute l'armée était réunie à Clagenfurt, le 10 germinal.

CHAPITRE IX.

Proclamation de Bonaparte dans Clagenfurt.
Lettre du général français à l'archiduc.
Réponse de ce-prince.

L'ARCHIDUC

'ARCHIDUC Charles avait perdu dans dif férens combats la moitié de son armée ; et dans une campagne de vingt jours. Bonaparte, après avoir battu les Autrichiens dans dix combats, et franchi des montagnes qui paraissaient inaccessibles, menaçait le cœur des Etats de la maison d'Autriche.

Les Impériaux se retiraient sur les bords du Muer, à mesure que toutes les divisions françaises se formaient aux environs de Clagenfurt, où Bonaparte avait établi son quartier-général. Il régla l'administration du pays ; et voulant rassurer les habitans de la Carinthie sur ses intentions, il publia cette procla mation, le 12 germinal.

« Rassurez-vous, habitans de la Carinthie; 1797. l'armée française qui traverse votre pays, ne veut ni vous conquérir, ni changer vos usages. Le gouvernement français n'a rien épargné pour éteindre les calamités qui désolent l'Europe. Il était décidé à faire les premiers pas, et à envoyer le général Clarke à Vienne, en qualité de plénipotentiaire, pour entamer des négociations de paix; mais la cour de Vienne a refusé de l'entendre; elle a même déclaré à Vicence, par l'organe de M. de SaintVincent, qu'elle ne reconnaissait pas de république française. Le général Clarke demanda un passe-port pour se rendre à Vienne auprès de l'empereur. Ses ministres ont craint avec raison que la modération des propositions qu'il était chargé de faire, ne décidât l'empereur à la paix. Ces ministres, corrompus par l'or de l'Angleterre, trahissent l'Allemagne et leur prince. Ils n'ont plus de volonté que celle de ces insulaires, ennemis de l'Europe entière.

» Habitans de la Carinthie, je le sais, vous détestez autant que nous les Anglais, qui seuls gagnent à la guerre actuelle. Si les Français sont en guerre depuis six ans avec la maison. d'Autriche, c'est contre le vœu des braves Hongrois, des citoyens éclairés de Vienne, et des simples et bons habitans de la Carinthie.

>> Eh bien ! malgré l'Angleterre et les minis

tres de la cour de Vienne, soyons amis. La république française a sur vous les droits de conquête ; qu'ils disparaissent devant un contrat qui nous lie respectivement. Vous ne vous mêlerez point d'une guerre qui ne vous regarde pas. Vous fournirez les vivres dont nous pourrons avoir besoin; de mon côté, je protégerai votre religion, vos usages et vos propriétés. Je ne vous demanderai aucune contribution; la guerre n'est-elle pas par ellemême un fléau assez horrible? Ne souffrezvous pas déjà trop, vous, victimes innocentes des sottises des autres? Toutes les impositions que vous aviez coutume de payer à l'empereur, serviront à indemniser des dégats inséparables de la marche d'une armée, et à payer les vivres que vous nous aurez fournis. >>

»

Avant de publier cette proclamation, Bonaparte, montrant au milieu de ses triomphes une modération qui semblait devoir terminer la guerre, avait écrit la lettre suivante à l'archiduc Charles:

« Les braves soldats font la guerre et desirent la paix. Celle-ci qui dure depuis six ans, n'est-elle pas assez prolongée? Avons-nous tué assez de monde, et fait assez de maux à la triste humanité? Elle réclame un terme aux massacres. L'Europe qui avait pris les armes contre la république française, les a posées. Votre nation reste seule et cependant le

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AN 5.

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