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que les révoltes qui se manifestaient contre les Français dans la plupart des provinces AN 5. vénitiennes et qui paraissaient combinées avec les mouvemens des Impériaux, exigeaient une prompte diversion, pour favoriser la marche de Bonaparte. En conséquence, les généraux Moreau et Hoche avaient reçu ordre de se porter rapidement, avec toutes leurs forces, dans la Franconie et dans la Souabe.

L'armée de Sambre et Meuse passa le Rhin sans obstacle, le 27 et le 29 germinal. Les Autrichiens, retranchés sur les deux rives de la Lahn et entourés de fortes redoutes, fraisées et palissadées, demandaient une prolongation d'armistice, sous prétexte que la paix était à la veille d'être signée entre l'Empereur et Bonaparte. Mais, lorsqu'on exigea qu'en garantie de leur bonne foi, ils remissent aux Français la forteresse d'Ehrenbreistein et les bords de la Lahn, les conférences furent bientôt abandonnées. Les deux armées étaient en présence; l'attaque commença par une canonnade très vive. Bientôt toute l'armée française s'ébranla ; l'infanterie de ligne, soutenue par le feu de l'infanterie légère et par les hussards et les chasseurs, fondit au pas de charge sur les redoutes autrichiennes. Hoche enleva en personne celle du centre, tandis que Lefebvre, avec l'aile droite, enfonçait

la gauche de l'ennemi, et que Championnet 1797. mettait en fuite leur aile droite. Le général autrichien passa la Lahn pendant la nuit, et Hoche, franchissant la même rivière au-dessous de Wetzlar, vint camper au bord de la Nidda, et menaçait Francfort.

CHAPITRE XIII.

L'armée de Rhin et Moselle passe le Rhin, et s'empare de Kell.

L'ARMÉE de Rhin et Moselle éprouvait plus de difficultés. Il n'existait auprès de Strasbourg qu'un seul équipage de pont, par la perte qu'on avait faite d'une partie de ceux d'Huningue, de Brisach et de Kell.

On manquait aussi de bateaux pour le débarquement; mais la baisse des eaux du Rhin procurait aux Français l'avantage de faire deux ponts avec le seul équipage qui leur restait. Ils avaient encore celui de trouver guéable une partie des bras qui forment les îles depuis Brisach; mais il en naissait l'inconvénient de ne pouvoir conduire que très-difficilement des bateaux sur le grand cours du Rhin du côté de l'Allemagne.

Les troupes dispersées, pour la facilité de

leurs subsistances, depuis Deux - Ponts jusqu'à Huningue, devaient être mises en mou- AN 5. vement le même jour, afin de donner partout de l'inquiétude aux ennemis. Le centre de l'armée cantonnée à Strasbourg, fut destiné aux premiers efforts; les autres divisions devaient arriver successivement par des marches forcées au lieu du débarquement.

On enleva militairement, le 30 germinal, les bateaux qui se trouvaient sur la rivière d'Ill, depuis Schelestadt jusqu'à Strasbourg, et on les conduisit vis-à-vis Kilstel, où l'embarquement devait s'exécuter le premier floréal à trois heures du matin. Le gravier sur lequel il fallait traîner les bateaux à force de bras auprès de la tour de Vantzenau, retarda la marche plus qu'on-ne l'avait calculé. La rivière ayant encore baissé pendant la journée de quelques pouces, de sorte qu'aucun bateau ne flottait, on ne déboucha qu'à six heures.

Quelques fausses attaques avaient été formées depuis le fort Vauban jusqu'à Brisach, pour égarer l'attention de l'ennemi. La vraie attaque, commandée par le général Duhem, se partageait en trois divisions. La première était formée de la cent troisième demi-brigade de ligne et d'un bataillon de la cent soixante-quinzième; enfin deux bataillons de la cent neuvième de ligne, et un bataillon

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de la cent soixantième d'infanterie légère 1797. étaient employés à la troisième attaque.

Au débouché de la rivière d'Ill, cette flotille naviguait à la vue de l'armée ennemie, rangée en bataille sur la rive droite. Elle aborda sous le feu le plus vif de mousqueterie et de mitraille. Un bataillon et deux compagnies de grenadiers se forment en colonne serrée, et marchent rapidement aux postes ennemis les plus près d'eux; s'emparent d'une île qui les séparait encore de la terre ferme, passent le bras du Rhin à gué, ayant de l'eau jusqu'au-dessus de la ceinture, et donnent le tems à la centième demi-brigade de débarquer, de se former et de les soutenir.

Tous les bateaux sont aussitôt renvoyés à la rive gauche, pour chercher d'autres troupes. Le général Vandame commença par se reëtrancher au bord du Rhin, et s'y maintint pendant que les généraux Duhem et Davoust, formant les bataillons à mesure qu'ils débarquaient, les disposaient à l'attaque du village de Diershein, où les Autrichiens rassemblaient leurs forces.

Duhem, tombant sur les ennemis à la tête d'une colonne, fut mis hors de combat d'un coup de sabre ; Vandame, qui le remplaça, emporta le village à la baïonnette.

A onze heures, toute l'infanterie française se trouvait à la droite du fleuve. Elle formait

alors un demi-cercle, sa droite et sa gauche au Rhin, et son centre au village de Diershein, An 3. dont on avait chassé les Impériaux. Les plaines qui entourent ce village, ne permettaient pas au général Desaix, qui commandait l'expédition, de quitter cette position jusqu'au passage de la cavalerie et de l'artillerie légère.

Le pont volant, pouvant contenir environ vingt-cinq chevaux, une pièce d'artillerie avec son caisson, venait d'être établie. Il ne put porter à la rive droite, pendant la journée, que huit huit pièces de canon de canon et quatre cents

chevaux.

A trois heures après midi, le corps autrichien, que les Français combattaient, avait été renforcé par deux divisions venues d'Offembourg et de Stolhozen. Vingt-cinq bouches à feu et seize escadrons de cavalerie lui donnaient la supériorité la plus marquée. Il attaqua le village de Diershein avec tant de furie, que la moitié des maisons fut incendiée. Les colonnes autrichiennes pénétrèrent dans les retranchemens que Desaix avait élevés à la hâte, mais elles furent forcées de faire retraite, laissant couvertes de cadavres les rues dans lesquelles elles avaient combattu.

Le pont du Rhin fut achevé pendant la nuit. Dès la pointe du jour, le quarantième régiment de dragons, commandé par le chef de bataillon Durfat, le vingtième de cavalerie,

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