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Ini loyaux et justifiables, nous a indiqué le sens qu'il faut at tacher à ces mots; ou pour tout autre objet légitime.

Si l'on n'en avait la preuve sous les yeux, qui pourrait croire que le gouvernement d'une nation puissante s'abaissait jusqu'à transformer une mission respectable en vil espionnage, jusqu'à faire de la plus noble fonction le métier le plus odieux?

Observons que le ministère auglois ne désavoue rien de ce qu'a dit ou écrit son agent. Il prend sur son compte tous les projets de Drake, depuis celui de nous replacer sous l'empire des terroristes, jusqu'à celui de faire sauter nos magazins à poudre: conceptions bien dignes des auteurs de la machine infernale, inais dans lesquelles les ministres anglois ne voient que des projets loyaux ou justifiables, et surtout un objet légi

time.

C'est à des manœuvres de ce genre qu'ils prétendent qu'un envoyé diplomatique peut s'abandonner, sans violer le droit des gens, sans manquer à la puissance auprès de laquelle il est accrédité. Cependant, en supposant mêine que cet envoyé ne fèt pas ce qu'a été Drake à Munich, un incendiaire, un direc teur d'embouchage, un ordonnateur de révoltes, de soulèvement, de révolutions; en supposant que cet envoyé fut seulement un espion, profitant des avantages de sa position et de Son caractère pour entretenir et diriger des agens et des comités d'espionnage chez la puissance que combat son gouvernement, il est évident que cet envoyé, ministre de nom, mas espion en réalité, attenterait au droit des gens, et manquerait au devoir le plus incontestable envers la puissance auprès de laquelle il réside. Pour le démontrer, il suffit d'une question bien simple. Un gouvernement neutre, comme l'était celui de la Bavière, peut-il souffrir que l'agent accrédité auprès de lai par l'une des puissances beiligérantes, profite de sa position pour entretenir et diriger chez l'autre puissance un espionnage également bostile et actif?

Le publiciste le plus relâché ne saurait répondre affirmativement à cette question; car si le gouvernement neutre souffrait auprès de lui un tel espion, sous le titre sacré d'agent diplomatique, il violerait la neutralité, il se constituerait en état d'hostilité envers la puissance lézée. Si le gouvernement neutre ne peut tolérer auprès de lui un tel agent, c'est parce que celui-ci abuse de son caractère, parce qu'il enfreint les conditions auxquelles il a été reconnu, parce qu'il compromet le gouvernement qui l'a admis, en un mot, parce qu'il manque à la foi publique et viole la loi des nations.

Si cela est vrai d'un agent qui borne sa déloyauté à l'espionnage, que dire de celui qui, à la faveur de son caractère, fait la guerre la plus dangereuse à la nation dont il est l'ennemi, qui s'occupe de débaucher ses soldats, de corrompre ses autorités, de désunir toutes les classes, d'ameuter tous les

mécontens, de solder tous les brouillóns, pour renverserle gonvernement, et livrer le peuple à l'anarchie? Que dire de Pagent qui appuie sur le territoire neutre les leviers avec les quels il veut remuer et bouleverser la nation dont il est l'ennemi, qui allume sur le territoire neutre les brandons qu'il jette au milieu de cette nation, pour croire qu'un tel agent n'est pas coupable d'une offence très-grave envers le gouvernement neutre qui l'a aduis, il faudrait avoir oublié toutes les lois qui ont régi jusqu'à ce jour les sociétés européennes; il faudrait avoir renoncé à l'usage de sa raison.

Ce sont là cependant les agens dont le ministère anglais avoue et prétend justifier les odieuses manœuvres! ce sont là les agens qu'il a voulu entretenir chez les princes allemands, voisins de la France !....Et la France, dont la frontière orientale touche à un grand nombre d'états qui, par leur faiblesse et leur peu'd'étendue, offrent tant de ressources, tant de moyens d'évasion aux intriguans, aux traîtres, aux boute feux, aox assassins stipendiés par l'Angleterre, la France souffrirait qu'on abusât de sa situation pour mettre sur ses flancs de tels ennemis! Non, elle ne le souffrira jamais, et les souverains de ces états, ces princes qui doivent, presque tous, ou lear existence à son patronage, ou leur agrandissement à son amitié, savent assez ce qu'elle mérite de reconnaissance et d'égards pour se prêter à tous les actes qui intéressent sa tranquillité, pour unir de plus en plus leurs intérêts aux siens, pour se rendre sourds aux clameurs de la haine déjouée et de l'envie impuissante.

Après que le ministère britannique a pris soin de prouver Jui-même ses affreux complots, il serait superflus sans doute de repousser les pitoyables récriminations par lesquelles il veut affaiblir l'indignation qu'ils ont excitée en Europe. Dans les faits qu'il allégue, presque tout est faux, et quelques-unes de ces recriminations, joignent aux tort d'être chimériques, celui d'être ridicules. Telle est, par exemple, l'invention d'un corps d'Irlandois que Lord Hawkesbury prétend étre ras semblé sur nos côtes, pour nous aider dans nos projets d'invasion. Ce corps n'a jainais existé que dans l'imagination du ministre; mais une telle accusation doit paraître bien extrava gante à quiconque réfléchit contre qui, et par qui elle est portée. Cette accusation est dirigée contre un gouvernement, qui depuis long-tems a convaincu l'Europe qu'il peut se défen-dre, attaquer et conquérir sans avoir recours aux étrangers.. Cette accusation part d'un gouvernement qui, pendant plusieurs années, eut à sa solde divers régimens des Français émi-grés, et qui, ne pouvant aujourd'hui se faire servir par des hommes d'honneur, cherche dans la lie de la nation, et stipen-die de vils assassins.

Ce qu'il y a de vrai dans les faits reprochés par Lord Hawkesbury, a été justifié d'avance par les attentats du mi

nistère anglais contre les droits des gens. C'est à titre de représailles que le gouvernement français a retenu comme prisonuiers les sujets du roi d'Angleterre qui se trouvaient en France lors de la rupture. Avant la déclaration de guerre, les Anglaient avaient déjà arrêté nos yaisseaux ét saisis nos propriétés. Cet attentat, qui n'est pas nouveau pour eux, et par lequel ils préludèrent à toutes les guerres, fut souffert avec trop de faiblesse par les rois de France; il était tems d'apprendre au monde que le ministère anglais ne violerait plus impunément le droit des gens envers la nation française; elle le devait à sa dignité, et elle devait aussi cet exemple aux autres états de l'Europe. C'est à elle qu'il appartient de mettre à la raison cette espèce de doctrine barbaresque, qui jusqu'ici a voulu faire du droit des gens une loi rigoureuse pour le continent, et insignifiante pour l'Angleterre. Accoutumés à une condescendance honteuse de la part de notre nation elle-même, ils trouvent aujourd'hui intolérable des représailles qui doivent les forcer de se soumettre au pacte commun; ils se plaignent d'une mesure qui est leur ouvrage, et en prétendant nous dénoncer, ils se dénoncent eux-mêmes. De quel front cependant invoquent-ils des lois que, dans tous les tems, mais depuis douze aus surtout, ils se sont fait un jeu de méconnaître ou d'enfreindre? Si l'on pouvait interroger l'Europe et l'appeler en témoignage, quel est le pays d'où il ne s'élevât une multitude de voix pour les accuser? Que ces accusations seraient fortes, surtout dans les pays qui nous entourent! l'Espagne, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, la Hollande, se réuniraient pour attester la perfidie anglaise; Naples nous dirait que de sang le gouvernement anglais fit verser, contre la foi des capitulations! La Toscane et Gènes, comlien il vexa leur commerce et opprima leur indépendance. Berne, avec quel despotisme il voulut donner ses lois à sa politique; la Hollande, à quelles corruptions elle dut la perte de ses colonies; les Princes allemands, de quelles promesses ils furent le jouet, et de quel abandon ils ont été les victimes; Espagne rappellerait l'incendie de Toulon, allumé par les Anglais, au mépris des lois de l'humanité et des sermens de leur alliance; ces flammes, à la lueur desquelles ils contemplaient avec une avidité barbare, le nouvel empire qu'elles leur promettaient dans la Méditerranée !

Au milieu de nous, parmi ces royalistes dont le gouvernement anglais affecte encore de protéger la cause, les uns nous montreraient cette Vendée où il entretient le feu de la guerre avec une si cruelle habileté, c'est-à-dire, tel qu'il le fallait, non pour faire triompher, mais pour dévorer ses habitans; les antres se borneraient à nommer ce champ de carnage où, croyant gagner dix victoires navales, l'Angleterre fit immoler avec tant de joie les hommes qu'elle y avait conduits comme alliés avec un si perfide empressement.

M M

Lorsqu'après le récit de tant d'horreurs, l'histoire arrivera à l'époque où le ministère anglais les couronne par le complot de renverser notre gouvernement en assassinant son chef; lors qu'en racontant les rigueurs de la guerre actuelle, elle en mon trera la cause dans l'inflexible déloyauté avec laqueile le ministère anglais refusa d'observer le pacte qu'il avait juré; faut-il demander sur qui les malédictions de la postérité feront retomber les calamités d'une telle guerre?

SAINT CLOUD, LE 29 GERMINAL, AN 12.

Le gouvernement de la république, sur le rapport du ministre de la marine et des colonies, le conseil d'état entendu, arrête.

Art. I. Il sera nommé des élèves de l'administration de la marine.

Art. II. Nul ne sera admis comme élève de l'administration de la marine, s'il n'est âgé de dix-huit ans au moins, et de vingt-six ans au plus, et s'il n'a obtenu du ministre de la marine la permission de subir, dans le port désigné pour l'établissement des élèves, un examen sur les objets d'instruc tions ci-après, savoir.

La langue française et les élémens de la langue espagnole.
Hollandaise, portugaise ou anglaise ;
L'écriture et l'ortographe;

L'Arithruétique démontrée, et la géométrie jusques et com pris les solides.

Art. III. Cet examen aura lieu dans le conseil d'adminis tration, auquel seront appelés le professeur d'hydrographie du port et un maître de langues.

Les questions sur l'arithmétique et la géométrie, seront faites par le professeur d'hydrographie; les questions gram maticales, par le maître de langues.

Chacun des membres du conseil aura néanmoins la faculté d'interroger le candidat.

Art. IV. Il sera dressé un procès-verbal de l'examen qui devra être signé de tous les membres du conseil, lesquels pourront motiver leur opinion sur le degré d'instruction du candidat et sur son aptitude présumée au service de l'adminis stration de la marine,

Art. V. Le procès-verbal de l'examen sera adressé par le préfet maritime au ministre de la marine. Il y sera joint l'acte de naissance du candidat, ainsi que l'état de service, s'il a eté employé antérieurement à l'examen.

Art. VI. Les lettres d'admission, en qualité d'élève d'ads ministration de la marine, seront délivrées par le ministre de la marine sur l'état arrêté par le Premier Consul, des élèves admis, d'après le rapport qui lui aura étéfait du résultat de l'examen.

Art. VII. Les élèves d'administration parviendront au grade de sous-commissaire de la marine, par un concours d'après un examen qui aura lieu en présence du conseil d'administra tion.

Les commis principaux, jusqu'à l'âge de trente ans, concourront avec les élèves.

Le ministre fixera, chaque année, l'époque du concours. Art. VIII. L'examen, pour être susceptible de grade de sous commissaire de la marine, portera, sur les objets ci-après. Les langues vivantes, conformément à l'article 2d.

La géométrie et la comptabilité de la marine, tant à terre qu'à la mer;

Les connaissances relatives à l'extraction, aux qualités, aux prix, à la conservation et à l'emploi des principales munitions navales;

Les opérations pratiques de l'administration der arsenaux, et de l'inscription maritime;

La connaissance des lois relatives à la marine, à la police de la navigation, aux prises et au commerce maritime.

Il faudra en outre que le candidat justifie avoir été employé pendant trois ans dans les différens détails des ports, et avoir fait au moins six mois de navigation effective sur des bâtimens de la république.

Art. IX. Les formalités relatives à cet examen seront les mêmes que celles déterminées par les Art. 3, 4, et 5, ci-dessus. Il sera rendu compte, par le préfet maritime au ministre de la marine, du résultat de cet examen.

Art. X. Les élèves seront embarqués comme agens comp tables. Ils recevront les approvisionnemens et le traitement de table alloués à ces agens, en raison de l'espèce de bâtiment sur lequel ils seront embarqués.

Art. XI. Ils seront destinés successivement aux différens détails du port, mais ils ne pourront être chargés en chef d'un détail qu'après deux années au moins d'exercice, et sous les ordres d'un sous-commissaire.

Art. XII. Le nombre des élèves d'administration de la marine est fixé à douze; il pourra être augmenté en vertu d'un ordre du Premier Consul, suivant les besoins du service. Art. XIII. Les élèves seront réunis dans le port de Brest, et ils seront confiés specialement à la surveillance d'un commissaire de marine qui s'assurera de la régularité de leur conduite,

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