Page images
PDF
EPUB

plans, et s'il voulait nous aider de quelques subsides provi soires, à l'effet de réaliser les projets que nous méditons. Vous lui fites l'honneur de lui répondre par votre lettre du 17 Juin, que vous aviez fait cette communication, mais ne pouviez obtenir de ré use avant six semaines, et par conséquent, vers la fin de Juillet ou commencement de ce mois.

Par sa lettre subséquente du 12 Juillet, il vous a, en outre, instruit qu'il devait proposer votre lettre au conseil-général, afin d'obtenir sa décision sur la manière de la correspondance: sa lettre ultérieure du 24 Juillet, vous donnait connaissance de la résolution que le conseil-général a prise à cet égard, savoir, de s'adresser à S. M le roi et au conseil d'état, pour leur déclarer ses projets, et les prier de vouloir nous accorder leur secours. Il vous a dit, en même tems, que le conseil-général, pour plus grande exactitude dans les renseignemens, avait ordonné un nouveau dénombrement des fédérés, afin de savoir au juste la force de la confédération, et vous a promis toutes les pièces qui devaient tenir lieu des renseignemens qu'il vous avait promis vers le commencement de ce mois.

Nous avons, en conséquence, l'honneur, Monsieur, de vous adresser ci-joint les deux lettres, dont l'une est destinée à S. M. le roi, et la seconde, qui renferme tout ce qui est nécessaire pour connaître notre situation actuelle, adressée au conseil d'état, et vous prions de vouloir bien les faire parvenir par une voie sûre à leur destination. N'ayant et ne voulant point avoir de mystère devant vous, dans la loyauté duquel nous mettons une confiance sans bornes, vous recevrez les lettres décachetées, afin d'en prendre lecture, mais vous voudrez, avant de les faire partir, les recacheter.

Les détails que la seconde de ces lettres, et les deux ta bleaux y joints, renferment, vous mettront à même de connaître la force et l'organisation militaire de la confédération; quant à son organisation intérieure, elle se trouve détaillée dans le mémoire du 19 Décembre 1800, sur lequel nous nous avons rapporté à cet égard, et qui, d'après ce qu'on nous a assuré alors, doit être connu par votre gouvernement..

Quant à notre correspondance future, nous vous prions, pour plus grande sûreté, d'adresser les lettres qui contiennent quelque chose d'important à M. Ihler, poste restante à Manheim, et de les recommander, et de nous donner, sous l'adresse de Gelbeschmitt, chez M. Rudinger, brasseur à Worms, l'avis qu'il y a quelque lettre, afin que nous puissions charger un homme de confiance d'aller les prendre. Par ce moyen, nous croyous obvier à toute découverte fortuite qui pourrait avoir lieu à la poste.

Veuillez bien nous accuser la réception de la présente, et nous donner connaissance de ce que votre gouvernement a décidé sur notre première, en cas que sa réponse vous parvienue.

Au reste, nous vous prions d'être persuadé que nous sommes avec la plus parfaite estime,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

G.

A M. TAYLOR.

Du 11 Août, partie de Munich, le 19 du même mois.

Monsieur,

Les chefs supérieurs m'ont chargé de vous faire parvenir la lettre ci-jointe, qui vous est adressée ensemble les autres dé cachetées, l'envoi desquelles ils vous prient d'accélérer le plus possible. En me rapportant sur ma dernière du 24 du mois passé, les détails qu'elle renferme vous tiendront lieu des renseignemens que je vous avais promis.

Je profite en même tems de cette occasion pour vous faire passer deux lettres, l'une desquelles appartient à S. M. le roi de France, et l'autre à Monsieur, son frère à Wansteadhouse, et vous prie de vouloir bien vous charger de les faire parvenir à leur adresse. Il me paraît que vous serez plus à portée de cet envoi, attendu que les espions du gouvernement obsèdent tous les bureaux de poste, tant de notre pays, que des provinces, li mitrophes de l'Allemagne. Vous voudrez en même tems m'accuser la réception de ces pièces, sous l'adresse que les chefs vous ont indiquée dans leur lettre.

Je vous prie, au reste, d'être persuadé de l'estime extrême avec laquelle j'ai l'honneur d'être.

Monsieur,

Du 19 Août.

Depuis huit jours le paquet que vous recevrez avec la presente, parcourt toute la frontière, sans qu'aucun de nos agens ait pu trouver la possibilité de le faire passer sur l'autre rive, sans risquer qu'il soit saisi par les préposés à la douane ou par la gendarmerie, qui tous ont reçu les ordres les plus précis de veiller à ce qu'aucun piéton on voiturier ne passe sans être. scrupuleusement visité. Dans la circulaire du ministre, à la gendarmerie, circulaire que j'ai lue, il est expressément dit que la découverte que le gouvernement a faite de certaines liaisons que les mécontens de l'intérieur entretenaient avec l'étranger, en est le motif: il ne nous reste donc d'autre moyen que de vous faire passer ces lettres par la poste française et de nous servir de la marque de pièces de procédure, pour éloigner les soupçons que le volume pourrait entrainer. La présente devra arriver le 21 à Worms où elle sera mise à la poste le matin. Elle arrivera en conséquence le 22 au soir à Francfort, et yous pourra parvenir le 25 au plus tard,

Veuillez nous instruire, sous l'adresse que je vous ai indiquée dans ma lettre du 12 Juillet, et que les chefs ont égale ment adoptée, du reçu de lá présente. En même-tenis je vous dois faire la proposition de vous indiquer une adresse pour Francfort, sous laquelle nous pourrons vous faire parvenir nos lettres, vu que la correspondance à Francfort étant plus fréquente et qu'il n'y a pas d'agent de votre, gouvernement, cette adresse ne sera pas assujétie à autant de soupçons que la présente, attendu que ce n'est que très-rarement que l'on reçoit à la poste des lettres adressées à Cassel. Je vous prie, au reste, de ne perdre aucun moment de nous accuser la réception de ces lettres, afin que nous ne soyons pas trop longtems dans l'inquiétude.

J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite estime,

H

Lettre de M. Taylor à M. Ih-r,

Monsieur,

C...... 1er. Septembre, 1803.

J'ai reçu par la dernière poste de Francfort vos deux lettres du 11 et 19 Août, avec le paquet ci-joint; celle du 24 Juillet, dont vous me parlez, ne m'est point parvenue; c'est avec plaisir que je vous informe que votre paquet parviendra par une voie sûre et promptement à sa destination.

Ne connaissant personne à Francfort, auquel je puis entièrement me fier, je vous prie de m'adresser encore vos lettres sous une enveloppe à M.D...... et en cas que je reçoive une réponse favorable de mon gouvernement, nous trouverons, saus doute, des moyens d'établir notre correspondance, sans être assujétis à tant de risque et de délai.

J'ai l'honneur d'être, avec une considération très-distinguée, Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Monsieur, Monsieur J......r.

B. L.

Au dos de la lettre est écrit; arrivée à Worms, lundi le 5 Septembre.

2 Décembre, 1804.

Paris le 10 Frimaire.

Le sénat, en exécution d'une délibération qu'il avait prise dans sa séance da 15 de ce mois, 'est rendu en corps aujourd'hui à 11 heures du matin au palais des Tuilleries. Ayant été introduit dans la salle du trône, il a été présenté à S. M. I. par S. A. 1. le prince Joseph, grand-électeur. Son excellence

M. François (de Neufchâteau) président, a porté la parole en

ces termes :

Sire,

Le premier attribut du pouvoir souverain des peuples, c'est le droit de suffrage, appliqué spécialement aux lois fondamentales. C'est lui qui constitue les véritables citoyens. Jamais chez aucun peuple ce droit ne fut plus libre, plus indépendant, plus certain, plus légalement exercé, qu'il ne l'a été parmi nous depuis l'heureux dix-huit Brumaire. Un premier plébiscite mit pour dix ans entre vos mains les rênes de l'état. Un second plébiscite vous les confia pour la vie. Enfin, pour la troisième fois, la nation française vient d'exprimer sa volonté. Trois millions, cinq cent mille hommes, épars sur la surface d'un territoire immense, ont voté simultanément l'empire hé réditaire dans l'auguste famille de votre majesté. Les actes en sont contenus dans soixante mille registres qui ont été vérifiés et dépouillés avec scrupule. Il n'y a point de doute ni sur l'état ni sur le nombre de ceux qui ont émis leur vou, ni sur le droit que chacun d'eux avoit de le donner, ni sur le résultat de ce suffrage universel. Ainsi donc, le sénat et le peuple français s'accordent unanimement pour que le sang de Bonaparte soit désormais en France le sang impérial, et que le nouveau trône élevé pour Napoleon et illustré par lui, ne cesse pas d'être occupé ou par les descendans de votre majesté ou par ceux des princes ses frères.

Ce dernier témoignage de la confiance du peuple et de sa juste gratitude, a du flatter le cœur de votre majesté impériale. Il est beau pour un homme qui s'est dévoué comme vous au bien de ses semblables, d'apprendre que son nom suffit pour rallier un si grand nombre d'hommes. Sire, la voix du peuple est bien ici la voix de Dieu. Aucun gouvernement ne peut être fondé sur un titre plus authentique. Dépositaire de ce titre, le sénat à délibéré qu'il se rendrait en corps auprès de votre majesté impériale. Il vient faire éclater la joie dont il est pénétré, vous offrir le tribut sincère de ses félicitations, de son respect, de son amour, et s'applaudir lui-même de l'objet de cette démarche, puisqu'elle met le dernier sceau à ce qu'il attendait de votre prévoyance pour calmer les inquiétudes de tous les bons français, et faire entrer au port le vais sean de la république.

Oui, sire, de la république! Ce mot peut blesser les oreilles d'un monarque ordinaire, Ici le mot est à sa place devant celui dont le génie nous a fait jouir de la chose dans le sens où la chose peut exister chez un grand peuple; vous avez fait plus que d'étendre les bornes de la république: car vous l'avez constituée sur des bases solides. Grâces à l'empereur des Français on a pu introduire dans le gouvernement d'un seul, les principes conservateurs des intérêts de tous, et fonder dans la république la force de la monarchie. Depuis quarante siècles on agite la question du meilleur des gouvernemens ; de

4

puis quarante siècles le gouvernement monarchique était considéré comme étant le chef-d'œuvre de la raison d'état, et le seu port du genre humain. Mais il avait besoin qu'à son unité de pouvoir, et à la certitude de sa transmission, on pût incorporer sans risque des élémens de liberté. Cette ainehoration dans l'art de gouverner est un pas que Napoleon fat faire en ce moment à la science sóciale. Il a posé le fondement des états représentatifs; il ne s'est pas borné à leur existence présente; il a mis dans leur sein le germe de leur perfection future. Ce qui manque à leur premier jet doit sortir de leur propre marche. C'est l'honneur de l'âge présent; c'est l'espérance et le modèle des siècles à venir.

Sire, parmi les plus grands hommes dont la terre peut s'honorer, le premier rang est réservé pour les fondateurs des empires. Ceux qui les ont détruits n'ont eu qu'une gloire funeste, ceux qui les ont laissé tomber sont partout des objets d'opprobre. Honneur à ceux qui les relèvent! non-seulement ils sont les créateurs des nations, mais ils assurent leur durée par des lois qui deviennent l'héritage de l'avenir. Nous devons ce trésor à votre majesté impériale; et la France me sure à la grandeur de ce bienfait les actions de grâces que le sénat conservateur vient vous présenter en son nom.

Si une république pure avait été possible en France, nous ne saurions douter que vous n'eussiez voulu avoir l'honneur.de l'établir, et dans cette hypothèse nous ne serions jamais absous de ne l'avoir pas proposée à un homme assez fort pour en réaliser l'idée, assez grand personellement pour n'avoir pas be soin d'un sceptre, et assez généreux pour immoler ses intérêts aux intérêts de son pays. Eussiez-vous dû, comme Lycurgue, vous bannir de cette patrie que vous eussiez organisée, vous n'auriez pas hésité. Vos méditations profondes se sont por tées plus d'une fois sur un si grand problème; mais pour votre génie lui-même, ce problême était insoluble.

Les esprits superficiels, frappés de l'ascendant que tant de succès et de gloire vous ont valu de si bonne heure sur l'esprit de la nation, ont pu s'imaginer que vous étiez le maître de lui donner à volonté le gouvernement populaire on le régime monarchique. Il n'y avait point de milieu; personne ne voulait en France de l'aristocratie; mais le législateur doit prendre les hommes tels qu'ils sont, et leur donner les lois, non pas les plus parfaites qu'on puisse inventer, mais, comme Solon, les meilleures de celles qu'ils peuvent souffrir. Si le ciseau d'un grand artiste tire à son gré d'un bloc de marbre un trépied ou un dieu, on ne travaille pas ainsi sur le corps d'une nation. Sire, il est vrai, que votre vie est tissue de prodiges; mais quand vous auriez pu ployer la nature des choses et le caractère des hommes au point de jeter un moment les masses de la Erance dans un moule démocratique, cette merveille n'eût

« PreviousContinue »