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"Tous les chefs-d'œuvres dispersés et rachetables, sont rachetés par elle.

"L'arc de Septime-Sevère est décombré, et la voie CapitoHine retrouvée.

"Tels sont les bienfaits qui ont distingué le règne paternel de votre Sainteté, jusqu'à ce jour mémorable où elle vient au milieu de nous (à l'invitation du héros que la Providence et nos constitutions ont placé au rang suprême) tixer les bénédictions du ciel sur un trône devenu la plus ferme garantie de la paix de l'état, et consacrer les destinées qui doivent assurer à la France l'éclat de sa gloire; à nos armées, la victoire; à tous les Français, la paix et le bonheur.

"Quelle circonstance majestueuse! dix siècles à peine ont suffi pour la reproduire, et vos vertus personnelles, Très-Saint Père, méritaient bien cette récompense d'avoir été choisi par la Divinité pour consommer l'œuvre la plus utile à l'humanité et à la religion."

Le même jour, les membres du conseil d'état ont éte présentés, au Saint Père; M. Regnaud (de Saint Jean d'Angely) président de la section de l'intérieur, a porté la parole en leur nom.

Paris, 3 Décembre, 1804.

Nous ne pouvons donner aujourd'hui à nos lecteurs, sur l'auguste cérémonie du sacre et du couronnement, les détails qu'ils attendent de nous, et que nous nous proposons de leur offrir. La grandeur de ces solemnités l'ordre, l'éclat et la pompe avec lesquels elles ont été célébrées, ont imprimé dans tous les cœurs une émotion profonde qui ne laisse pas à l'esprit la liberté nécessaire pour peindre, en si peu de momens, un si magnifique spectacle.

Il faudrait montrer en même tems l'astre du jour échappant, contre toute espérance, à l'empire d'une saison ténébreuse, pour éclairer une si belle journée, et ces mille et mille feux portant la clarté dans le sein d'une nuit joyeuse et plaisible; donner une juste idée du cortège le plus noble et le plus imposant, de cette cérémonie religieuse, de cet acte civil, qui ont à la fois réuni tout ce que les choses diviues et humaines peuvent présenter de plus sublime et de plus célèbre; de ce Concours immense de peuple accoura de toutes les parties de l'empire, et des contrées européennes les plus éloignées, pour admirer dans l'enceinte de la même cité les vertus apostoliques les plus vénérables, et le génie le plus étonnant couronné par les plus hautes destinées ; il faudrait enfin rendre sensible pour tous ceux des Français qui n'ont pas eu le bonheur d'en être les témoins, cet enthousiasme pieux et civique, cet amour, cette reconnaissance de tout un peuple dont les transports ont fait reteptir, dans un même jour, la voûte du temple et toutes les

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parties de la capitale. Nous nous occupons du travail néces saire pour satisfaire, autant qu'il nous sera possible, la juste impatience de nos lecteurs.

Paris, 4 Décembre, 1804.

La seconde journée des fêtes du couronnement ne pouvait avoir le caractère de celle à jamais mémorable qui l'avait pré 'cédée; mais elle a eu celui qui lui était propre; celui d'une réjouissance publique.

Le mouvement d'un peuple qui courait de plaisirs en plaisirs, avait succédé à la pompe des solemnités, l'habit de ville à l'é'clat des costumes, les jeux populaires aux cérémonies, et à la place des brillans cortéges de la veille, on avait le spectacle 'd'une mimeuse population répandue sur les quais, les places publiques, les promenades et les boulevards de la ville, où toutes sortes de divertissemens avaient été disposés.

Le tems le plus sérein, le ciel le plus pur, et le plus beau soleil éclairaient cette réuniou qui s'étendait sur les principaux points de cette grande cité, depuis le palais impérial jusqu'à l'extrémité du boulevard Saint Antoine; l'affluence était par tout, il n'y avait de foule nulle part. La multitude était at tirée dans le même moment sur des points divers, et l'immense étendue des boulevards n'offrait, quelque fût le nombre des spectateurs, d'autre coup-d'oeil que celui d'une longue promenade auimée, riante et variée.

Dans la matinée, des héraults d'armes avaient parcouru les places principales de la ville, et avaient distribué sur leur pas sage, une quantité énorme de médailles de diverses grandeurs, destinées à commémorer l'époque du couronnement. Voici D'un côté on voit qu'elle est la composition de ces médailles. la figure de l'empereur portant la couronne des Césars, avec cette légende: Napoléon, empereur; sur le revers, on lit: le sénat et le peuple; ces mots expliquent le sens du dessin allégorique gravé sur ce revers où l'on voit une figure revêtue des ornemens de la magistrature, et celle d'un guerrier élevant sur un bouclier un héros revêtu des attributs impériaux. pressement à rechercher ces médailles était extrême.

L'em

Sur la place de la Concorde s'élevaient quatre salles formant des quarrés longs d'architecture antique, destinées à la danse et aux walses: de cette place jusqu'à l'extrémité du boulevard, régnait un long et brillant cordon d'illumination en guirlandes, en feux de conleurs; les portes Saint-Denis et Saint Martin, derrière lesquelles des illuminations brillantes terminaient le point de vue, offraient un très-beau coup-d'œil: la place de la Concorde, l'hôtel de la marine et les bâtimens parallèles, les palais du corps legislatif, et de la légion d'honneur étincelaient de feux,

Pendant toute la journée, des jeux de toute espèce, distribués sur toute la longueur du boulevard avaient singulièrement amusé les spectateurs. Ici l'on rencontrait un nombreux corp's de musiciens exécutant des fanfares et des marches militaires'; là, des groupes de chanteurs se faisaient entendre; ailleurs, des réunions grotesques attiraient autour d'elles que foale nombreuse; plus loin des mats de cocagne exerçaient de jeunes hommes souples et vigoureux; plus loin encore, des théâtres placés de distance en distance fixaient un moment les regards par des pantomimes et des lazzi bouffons. Ainsi l'attention et Ja joie étaient partout excitées à la fois. Le soir, le concours s'est insensiblement replié sur la place, aux Champs Elysées, aux Thuileries, sur tous les ponts et les quais, d'où on a vù aisément et sans confusion un beau feu d'artifice tiré sur le pont de la Concorde.

Aucun accident n'a troublé cette agréable journée, l'ordre et la plus parfaite tranquillité ont régné partout où le joyeux concours s'est porté, et partout il a montré cette gaieté franche et paisible, cette innocente liberté qui caractérise un peuple heureux.

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Paris, 6 Décembre, 1804.

Le troisième jour des fêtes du couronnement était consacré aux armes, à la valeur, à la fidélité. L'empereur a distribué à l'armée et aux gardes nationales de l'empire, les Aigles qu'elles doivent toujours trouver sur le chemin de l'honneur.

Cette imposante et auguste cérémonie a eu lien au Champs de Mars; nul autre lieu n'étoit préférable; ce vaste champ, couvert de députations qui représentaient la France et l'armée, offrait le spectacle d'une valeureuse famille réunie sous les yeux de son chef.

La façade principale de l'école militaire était décorée d'une grande tribune, représentant plusieurs tentes à la hauteur des appartemens du premier étage du palais. Celle du milien fixée sur quatre colonnes qui portaient des figures de victoires exécutées en relief et dorées, couvrait le trône de l'empereur et celui de l'impératrice. Les princes, les dignitaires, les ministres, les maréchaux de l'empire, les grands officiers de la couronne, les officiers civils, les princesses, les dame de la cour et le conseil d'état étaient placés à la droite du trône.

Les galeries qui occupaient la façade principale de l'édifice, étaient décorées en huit parties de chaque côté; elles étaient divisées en huit parties de chaque côté: elles étaient décorées d'enseignes militaires, couronnées par des aigles. Elles représentaient les seize cohortes de la légion d'honneur.

Le sénat, les officiers de la légion d'honneur, la cour de cassation et les chefs de la comptabilité nationale étaient à la droite. Le corps législatif et le tribunal étaient à la gauche. La tribune impériale, destinée aux princes étrangers, occupait le pavilon à l'extrémité du côté de la ville.

Le corps diplomatique et les étrangers étaient placés dans l'autre tribune, faisant pavillon à l'extremité opposée.

Les présidens de canton, les préfets, les sous-préfets et le conseil municipal se trouvaient au-dessous des tribunes, sur le premier rang des gradins dans toute la façade.

On descendait au Champ de Mars par un grand escalier dont les gradins étaient occupés par les colonels des régimens et les présidens des collèges électoraux de département, qui portaient les aigles impériales. Ou voyait aux deux côtés de cet escalier les figures colossales de la France donnant la paix, et de la France faisant la guerre. Les armes de l'empire, répétées partout, sous différentes formes, avaient fourni les motifs de tous les ornemens.

A midi le cortége de LL. MM. II., dans Fordre observé pour la cérémonie du couronnement, s'est mis en marche du palais des Thuileries, précédé par les chasseurs de la garde, et l'escadron des mamelucks, et suivi des grenadiers à cheval et de la légion d'élite; il marchait entre deux haies des grenadiers de la garde, et de pelotons de la garde municipale.

Des décharges d'artillerie ont salué LL. MM. à leur départ, à leur passage devant les invalides, à leur arrivée au Champ de Mars.

Les membres du corps diplomatique, introduits dans les grands appartemens de l'école militaire, ont été admis à présenter leurs hommages à leurs majestés. Après cette audience, LL. MM. ont revêtu les ornemens impériaux, et ont paru sur leur trône, au bruit des décharges réitérées de l'artil lerie et des acclamations unanimes des spectateurs et de l'ar

mée.

Les députations de toutes les armes de l'armée, celle de la garde nationale, étaient placées conformément au programme; les aigles portés par les présidens des colléges électoraux pour les départemens, et par les colonels pour les corps de l'armée, étaient rangés sur les degrés du trône.

Au signal donné, toutes les colonnes se sont mises en mouvement, se sont serrées, et se sont approchées au pied du trône. Alors, se levant, l'empéreur a prononcé d'une voix forte, expressive et accentuée, ces paroles qui ont porté dans toutes les âmes la plus vive émotion et l'enthousiasme le plus noble.

"Soldats, voilà vos drapeaux; ces aigles vous serviront "toujours de point de ralliement; ils seront partout où votre "empereur les jugera nécessaires pour la défence de son trône "et de son peuple.

"Vous jurez de sacrifier votre vie pour les défendre, et de

"les maintenir constamment, par votre courage, sur le chemin "de la victoire: vous le jurez."

Nous le jurons! ont à la fin répété avec un cri unanime les présidens des colléges et tous les chefs de l'armée, en élevant dans les airs les aigles qu'ils allaient confier à leur vaillance.

Nous le jurons! ont répété l'armée entière par ses envoyés d'élite, et les départemens par les députés de leurs gardes ntionales, en agitant leurs armes, et en coufondant leurs acclamations avec le bruit des instrumens et des fanfares militaires.

Après ce mouvement qui s'était rapidement communiqué aux spectateurs pressés sur les gradins qui forment l'enceinte du Champs de Mars, les aigles ont été prendre la place qui leur était assignée; l'armée formée par division, les députations formées par pelotons ont défilé devant le trône impérial. Le cortège est rentré au palais à cinq heures, au milieu d'acclamations qui l'ont accompagné dans tous les lieux de ́son passage.

Le tems qui subitement avait tourné au dégel et à la pluie, 'a constaminent été défavorable à cette cérémonie, à laquelle l'éclat d'un beau soleil eût donné une magnificence et une solennité inexprimables. Les troupes étaient sous les armes dé puis six heures du matin, et un concours extraordinaire de spectateurs assiégeait toutes les issues, les avenues, les gradins du Champ de Mars, et les terrasses des Thuilleries, depuis T'heure du départ du cortége impérial jusqu'à celle de son retour. La situation des spectateurs était pénible, et il n'en 'est pas un qui ne trouvât un dédommagement dans le sentiment qui l'y faisait demeurer, et dans l'expression des vœux que ses acclamations manifestaient de la manière la plus éclatante.

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Les constitutions de l'empire ayant statué que les actes qui constatent les naissances, les mariages et les décès des meinbres de la famille impériale seront transmis, par un ordre de l'empereur, au sénat, nous avons chargé notre cousin l'archichancelier de l'empire de vous présenter les actes qui consta tent la naissance de Napoléon-Charles, né le 189 Vendemiaire, an 11, et de Napoléon-Louis, né le 19 Vendemiaire, au 13, fils du prince Louis, notre frère, et nous invitons le sénat à en ordonner, conformément aux constitutions, la transcription sur ses registres, et le dépôt dans ses archives. Ces princes hériteront de l'attachement de leur père pour notre personne, de son amour pour ses devoirs, et de ce premier sentiment qui porte tout prince appelé à de si hautes destinées à considérer

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