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été arrêtés, qu'il leur avait permis d'alier passer quinze jours à la campagne, mais non en France, et qu'au surplus, s'ils avaient été en France, c'était pour des affaires de famille;

Que voyant que Tamerlan voulait lui donner le change, it avait fait quelques observations; et qu'alors Tamerlan lui avait dit qu'on était convenu que, dans le cas où ils seraient arrêtés, on dirait qu'on ne leur avait point permis de passer en France, afin d'éviter que leur présence ne donnât des soupçons au gouvernement français.

Ces quatre témoins ont persisté devant le juge instructeur, Pierre Louis Picot et Charles Lebourgeois ont été condamnés à mort par une commission militaire le 5 pluviose dernier. Ils s'étaient aussi rendus coupables de correspondance avec les ennemis de l'état!

Leur jugement a été excécuté.

Mais Deville, dit Tamerlan, mais Roger, dit Loiseau, sont du nombre des conjurés, et les projets dévoilés, par les décla rations qui viennent d'être rapportées ne peuvent se séparer de la conspiration dont elles concourent encore puissamment à établir l'existence.

Que de conséquences encore à tirer des armes, de la poudre, des poignards, des uniformes saisis et de la réunion à Paris da tous les sicaires soudoyés par l'Angleterre !!

Des correspondances criminelles avec les ennemis de l'état Baisies et arrêtées !!

De l'envoi d'émissaires dans les départemens de l'Ouest, pour augmenter le nombre des complices!!

De la séduction employée pour faciliter aux assassins les moyens d'arriver à Paris !!

Des conférences clandestines qui y ont eu lieu !!

Des rapports des agens avec leurs chefs!!

Des caches préparées pour réceler les conspirateurs !!

De l'audace enfin de ces hommes, pour lesquels il n'est pas de patrie, et qui, au moment où la conspiration a éclaté, cherchaient à accréditer toutes les calomnies et toutes les idées desorganisatrices!!!

En dire davantage, ce serait révoquer en doute la puissance réelle de l'évidence.

DEUXIEME POINT.

Le gouvernement anglais est l'âme de la conspiration: depuis la naissance de la révolution, il a tout employé pour anéantir la France.

Son or agissait lorsqu'il paraissait étranger aux motifs de guerre avec les autres puissances.

L'homme politique qui en a observé la marche ne peut s'occuper de lui, sans éprouver un sentiment d'horreur.

Sa devise écrite en caractères ineffaçables dans les annales de toutes les nations, doit être, rien n'est sacré pour lui que le crime.

C'est lui, oui c'est lui, qui médita la journée du 3 Nivose. C'est lui, qui par l'intermédiaire de ses agens principaux, bien dignes de toute sa confiance, fit mettre le feu à la machine infernale.

C'est près de lui et sous sa protection spéciale, que se sont retirés les scélérats que l'instruction criminelle avait signalés, et que le glaive de la loi n'a pu atteindre.

On les retrouve à la tête de la conspiration actuelle.

On dirait que ce gouvernement sacrilége qui les pensiounait avant, et qui sans doute leur a fait un traitement plus avan tageux depuis, ne les a recueillis que pour les enhardir à de nouveaux forfaits.

Qui pourrait en douter? c'est lui qui avait envoyé en France, au mois de Nivose, an. 11. Pierre Louis Picot et Charles Lebourgeois.

Il faut avoir une idée de la moralité de ces hommes et de leurs liaisons, pour se former encore une opinion plus juste de la turpitude de ce gouvernement.

Lebourgeois tenait à Rouen une maison qui était le rendezvous de tous les contre-révolutionnaires.

Tamerlan et les frères Gaillard s'y rendaient.

C'est là qu'on méditait les injures aux autorités, les vols, de diligence, les massacres de la gendarmerie.

Lebourgeois fut accusé d'avoir conseillé le vol de la diligence du Havre; il fut arrêté. La mort d'un témoin le

sauva.

Il se retira à Pont Audemer; on ne tarda pas à le soupçon ner des désordres partiels qui troublaient le département de l'Eure.

Tous ses amis, échappés au supplice qu'ils avaient mérités s'étaient retirés en Angleterre. Il y passa en l'an 10.

Il y trouve Picot dont les amis avaient eu le même sort que les siens.

Picot, mis en jugement en 1790, pour un vol considérable commis à Rouen, faubourg Saint Sévère :

Picot, arrêté relativement à l'assassinat du curé de Catenay;

Picot, déserteur, enrôlé par les Chouans en l'an 2, au moment où il venait de voler la montre et les armes de son capitaine.

Picot qui par ses cruautés avait mérité le surnom de bou eher des bleus;

Qui était parti du château de la Pallue, où il était retranché, pour se porter dans la commune de Sap, où il avait fait fusi lier douze officiers municipaux.

Expédition qui lui valut le grade de chef de légion, et qui contribua puissamment à lui faire donner la croix de St. Louis qu'il portait en Angleterre.

Ce Picot qui, après la pacification, avait paru vouloir profiter de l'indulgence du gouvernement s'était soustrait à sa surveillance et s'était empressé de se rendre à Londres.

Ce Picot qui, condamné à mort par un conseil de guerre, osa offrir par écrit au gouvernement français, de faire venir sa femme et ses enfans d'Angleterre, de les laisser pour ôtages, et de se rendre à Londres pour y assassiner Georges.

Le gouvernement anglais pouvait-il mettre en des mains plus sûres les armes destinées à l'assassinat du Premier Consuls.

Il est établi que tous les conjurés arrivés de Londres, recevaient un traitement du gouvernement anglais; qu'il leur a fourni des poignards, des armes de toute nature, de la poudre, de l'or, des billets de banque, des traites et des lettres de crédit, et qu'il les a fait transporter sur des bâtimens à ses ordres; tous ces faits ne sont-ils pas une preuve du concert criminel qui règne entre ce gouvernement et les assassins !

Ne résulte-t-il pas encore une preuve accablante contre ce gouvernement, des instructions remises au mois de Septembre 1803, par Bertrand de Molleville, ministre de la marine, sons Louis XVI, à un Français qui avait été jugé à Londres assez lâche pour trahir son pays, dans le moment même où il 'occupait de le servir.

Deux pa-seports délivrés à ce François le même jour et sous le même numéro, par le même sous-secrétaire d'état, établissent irrésistiblement que c'est au nom du ministère auglais que ces instructions lui ont été remises.

L'un de ces passeports est sous le vrai nom de ce Français, qui, à raison de la circonstance, est annoncé renyoyé en Angleterre, comme suspect de jacobinisme.

L'autre sous le nom de Stanislas Jablonski, gentilhomme Polonais voyageant pour ses affaires.

Ces instructions sont censées données à Delatouche, surnom de ce Français qui se trouve dans un des passeports.

Il est impossible de les lire sans être convaincu que le gouvernement auglois est disposé à tout oser pour allumer la guerre civile eu France.

Elles sont ainsi congues.

Att. 1er. "M. D. L. se rendra incessamment en France, et sans aller jusqu'à Paris, trouvera le moyen de conférer avec ses as-ociés auxquels il fera connoître, qu'ayant une entière confiance dans leur sagesse, dans la pureté de leurs intentions de leur patriotisme, on est disposé à leur fournir les moyens pécuniaires qui seront nécessaires pour amener le renverse ment du gouvernement actuel, et pour mettre la nation fran

çaise à portée de choisir enfin la forme de gouvernement la plus propre à assurer sou bonheur et sa tranquillité: choix sur lequel dix ans d'expérience doivent l'avoir assez éclairée."

Art. 2. M. D. L. arrêtera avec ses associés un plan gégénéral contenant,

Imo. Le détail des moyens d'exécution qu'ils se proposent d'employer successivement.

2do. L'aperçu des dépenses qu'ils pourront entrainer, en y apportant toute l'économie possible.

3° L'époque probable à laquelle il sera nécessaire que ces fonds soient payés.

Art. 3me. M. D. L. remettra aux associés cinq cents livres sterling pour commencer leurs opérations. Lorsque cette somme sera épuisée ou au moment de l'être, les moyens de la renouveler seront fournis.

Art. 4. On désire avoir deux fois par semaine un bulletin I de tous les événemens intéressans dont les papiers publics Fraçais ne parlent pas, ainsi que de ce qui se passe dans les ports et aux armées. Les associés pourront y rendre compte du succès de leurs opérations et de leurs espérance:. Čes bulletins doivent être exactement numérotés, afin que s'il y en a quelqu'un qui soit égaré ou soustrait, on puisse s'en apercevoir et en prévenir les associés; ces bulletins doivent aussi, suivant la nature des nouvelles qu'ils contiendront, être écrits, partie avec de l'encre noire, et partie avec de l'encre spmpathique dont M. D. L. leur donnera la recette. Ceux dont une partie sera écrite avec de l'encre sympathique seront indiqués par une petite goutte d'encre ordinaire jetée au hasard dans le haut de la première page de la lettre. Il est bien essentiel que M. D. L. et ses associés s'assurent des moyens d'être bien instruits de tout ce qui se passera dans les départemens des différens ministres, aussi bien qu'au Sénat, au conseil d'état, dans l'intérieur du palais &c. &c,; car si ces bulletins cessaient d'être exacts, la confiance pourrait s'alarmer et s'affaiblir.

M. D. L. sera l'intermédiaire unique de la correspondance. 5me. Aussitôt que M. D. L. se sera concerté sur tous ces points avec tous ses associés, il se rendra au lieu de sa destination.

Ce qui a suivi administre des preuves encore bien plus invincibles, et sur l'intention du gouvernement anglais de tout entreprendre pour arriver à son but, et sur la vérité que c'est lui qui se servait du voile sacré d'un traité de paix pour diriger la conspiration avec plus d'audace.

Le Français auquel les instructions avaient été remises devait se rendre à Munich pour y conférer avec Drake, ministre du roi d'Angleterre près la cour éléctorale dé Bavière, dont le rôle secret était de recruter des agens d'in

trigue, de sédition, de révolte, de brigandage et d'assassinats. Ce plénipotentiaire, chargé surtout de diriger les poignards centre le chef du gouvernement français, avait été prévenu; il accueillit cet agent.

Aux instructions qui devaient être communiquées au comité, et qu'on appelait patentes, d'autres avaient été jointes, qu'on appelait secrètes.

Drake témoigna le désir d'en prendre connoissance.

Après les avoir lues, il crut devoir les supprimer et en remettre d'additionnelles. ⚫

Elles sont en dix-huit articles..

Tous ces articles attestent hautement la politique machia vélique de ce plénipotentiaire et de son gouvernement.. En voici le texte.

Art. Ler. Il paraît plus convenable que M. D. L. se rende å Paris même ou dans les environs, où la police a bien moins les moyens de surveiller quelqu'un qui sait se cacher, que dans un autre endroit où chaque nouveau visage est remarqué, et où le moindre maire est instruit de tout ce qui arrive, et en rend compte pour s'en faire un mérite. On ne parle pas de soupçons que les allées et venues et le passage des lettres peuvent faire naître, ainsi que de leur interception possible.

Il est encore bon d'observer que l'on est bien mieux éclairé en parlant séparément aux personnes mêmes, qu'en obtenant même d'elles des renseignemens écrits qui supposent toujours une certaine réserve qui n'a pas lieu dans l'abandon de la

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Art. 2nd. Le but principal du voyage de M. D. L. étant le renversement du gouvernement actuel, un des premiers moyens d'y parvenir, est d'obtenir la connoissance des plans de l'ennemi: pour cet effet, il est de la plus haute importance de commencer avant tout, par établir des correspondances sûres dans les différens bureaux, pour avoir une connoissance exacte de tous les plans, soit pour l'extérieur, soit pour l'inté rieur. La connoissance des plans fournira les meilleures, armes pour les déjouer, et le défaut de succès est un des moyens de discréditer absolument le gouvernement, premier pas vers le but proposé et le plus important: pour cet effet, on tâchera de se ménager des intelligences très-sûres dans les bureaux de la guerre, de la marine, des affaires étrangères et des cultes.

On tâchera aussi de savoir ce qui se passe dans le comité secret que l'on croit établi à Saint-Cloud, et composé des amis les plus affidés du Consul. Ces ávis doivent être don nés en forme de bulletin, conformément aux instructions du président du comité, et envoyés avec toute la célérité possible &M. D. (Drake) de la manière qui sera convenue. On aura soin de rendre compte des différens projets que B pourrait avoir

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