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puissances intéressées, et propre à assurer l'équilibre et la tranquillité permanente de l'Europe, la démarche par laquelle S. M. a invité en même tems les principales cours intéressées à renouer les négociations interrompues, tendait au même but. Le refus in attendu que son interposition vient d'éprouver de le part de S. M. l'empereur des Français ne la détourne pas de la renouveler.

Elle a été plus heureuse visà-vis de l'empereur Alexandre.

Ce monarque qui occupe une place distinguée dans le sénat des puissances de l'Europe, dont l'équilibre et le bienêtre général, sont l'objet de ses soins constans, témoigne dans la réponse ci-jointe qu'il vient de faire remettre à S. M. un désir égal pour la conclusion d'un arrangement équitable et modéré. Il est également convaincu de la nécessité d'un armement éventuel, et se croit obligé par ce même éloiguement qu'on allègue, pour contester et le droit et la conséquence de son intervention, à porter en avant une partie de ses troupes, afin d'assurer

ments pacifiques, et que ce n'était pas dans des vues hostiles qu'elle armait.

Quant à l'empereur Alexandre, s'il eût voulu la paix, il eût compris que ce n'était pas en insultant les grandes puissances qu'on se rappre chait d'elles. S'il eût voula être médiateur, il fût resté impassible entre la France et l'Angleterre. On ne discute pas ici les intentions personnelles de l'empereur Alexandre; on ne met pas en doute qu'elles ne soient justes, humaines et modérés ; mais l'expérience de tous les tems a montré que partout les agens diplomatique de la Russie s'écartent, quand ils le veulent, des principes de leur souverain, et suivent chacun leurs pas sions et leur politique parti culières. Du reste, la cour de Vienne devrait laisser celle de Russie le soin de faire connaître elle-même quelles sont ses intentions et

ses vues.

Toute puissance qui invoque les principes généraux en intervenant dans la querelle qui existe entre deux autres puissances, doit, ce semble, avoir le même langage, et employer les mêmes mesures envers l'une et envers l'autre. Or, quand l'Autriche et la Russie annoncent qu'elles ont armé pour amener la France à entendre des propositions d'accommodement, pourquoi ne font-elles pas connaître ce qu'elles ont fait pour forcer l'Angleterre de se soumettre à leur médiation? Elles envoient des armées contre is France, pourquoi n'envoient

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cette intervention tout le poids et l'efficacité d'une aussi grande puissance.

Pour achever de prouver la rectitude des intentios des deux cours impériales d'Autriche et de Russie, on déclare ici solennellement et au nom de l'une et de l'autre :

Qu'elles sont prêtes à négocier avec la cour de France pour le maintien de la paix du Continent, aux termes les plus moderés, compatibles avec le repos et la sûreté générale :

Que, quelle que soit l'issue de la négociation, et dût l'éclat de la guerre être inévitable, elles se sont mutuellement engagées de s'abstenir de toute entreprise qui tendrait, soit, à s'immiscer dans les affaires in ternes de la France;

Soit à altérer l'état de possession et des rapports qui se trouvent actuellement établis légalement dans l'empire ger

elles aussi des escadres contre l'Angleterre. Elles disent que l'équilibre continental est altéré; est-ce que les règles de droit maritime établies par l'Angleterre sont à leur convenance? leur parait-il que la neutralité des mers soit observée ? trouvent-elles que la marine angloise respecte leur pavillon, et ses prétentions sur les blocus des ports leur semblent-elles des droits légitimes? Quand on discute sur les procédés de deux états belligérans, il ne faudrait pas avoir deux poids et deux me

sures.

Si les deux cours impériales la voulaient véritablement paix, si leur intention était de placer la négociation hors de l'empire et de la domination de l'Angleterre; au lieu d'employer des expressions vagues et indéterminées, telles que celles aux termes les plus modérés, compatibles avec le repos et la sûreté générale, elles auraient dit que leur intention était d'arriver par leffet d'une loyale et sincère médiation à l'exécution entière du traité d'Amiens et de Lunéville.

Nous sommes trop loin des tems où les puissances s'arrogeaient le droit d'intervenir dans les affaires intérieures de la France, pour que l'abandon de ce droit puisse être compté pour quelque chose. La mention seule de cette ridicule prétention, depuis long-tems abandonnée, est une inconve

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manique, soit à blesser le moins du monde les droits et les intérêts de la Porte Ottomane, dont elles sont, au contraire, prêtes à défendre, autant qu'il dépendra d'elles, les possessions et l'intégrité.

Enfin que la Grande Bretagne leur a fait connaître des sentimens parfaitement analogues aux leurs,

Et les dispositions également modérées pour le rétablissement de la paix avec la France. Sa majesté espère que les explications aussi sincères que franches, dans lesquelles elle vient d'entrer, seront propres à dissiper les doutes qui peuvent exciter de la part de S.M. l'empereur Napoléon, sur les intentions et les motifs qui l'animent; et tous ses vœux seront remplis, si ces explica tions peuvent contribuer à prévenir des malheurs qu'il n'aura pas tenu à elle d'épargner à l'humanité.

Ce langage cependant, est de puis long-tems employé dans la chancellerie de Pétersbourg C'est-là qu'on peut voir que c'était pour le bien de la Sublime Porte, qu'ont été conclus les traités qui lui ont successivement enlevé ses plus belles provinces. Il est à regretter que l'Autriche n'ait pas pensé à promettre au nom de la Russie, la garantie de la Perse.

Ainsi, nous devons donc ju. ger des sentimens de la cour de Vienne par ceux de l'Angle terre, de sa politique impartiale et juste par la conduite constante de l'Angleterre, de sa bienveillance pour les faibles, de sa justice pour les neutres par la modération de l'Angleterre. Si Angleterre avait des sentimens pacifiques, si elle était juste et modérée, il n'y aurait pas aujourd'hui de guerre sur le Continent, parce qu'il n'y aurait pas eu de guerre maritime.

Les doutes de l'empereur Napoléon sont, en effet, eus tièrement dissipés; vous voulez la Bavière; mais il faut qu'il ne vous reste aussi aucun doute sur les intentions de l'empereur Napoléon; il ne vous laissera jamais conserver la Baviére. Quant à la question générale, elle n'est pas plus compliquée. Lorsque la Russie fera connaître ses dis positions, on pourra en juger, et il sera facile de lui répondre; pour ce qui regarde l'Angleterre, l'Autriche essaierait eur vain de persuader qu'elle est juste dans ses prétentions et modérée dans ses vues. On croira à la justice de l'Angleterre, quand elle aura con

senti à revenir aux engagemens qu'elle avait contractés par le traité d'Amiens, et qu'elle a violés.

NUMÉRO DIx.

Extrait d'une dépêche du ministre des relations extérieures à M. Otto, ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur et roi, à la cour de Munich.

29 Thermidor, an 13.

Vous ajouterez que l'empereur, désirant d'épargner à l'Europe les calamités d'une guerre nouvelles a fait pour ramener l'Autriche au sentiment de ses véritables intérêts et à l'observation d'une impartiale neutralité, les démarches qui pouvaient être compatibles avec l'honneur de sa couronne, et que S. M. pense que l'électeur doit aussi, par les mêmes motifs, envoyer à Vienne un courrier extraordinaire, portant au ministre électoral l'ordre de faire des représentations à la cour de Vienne, et de lai demander dans quelles vues elle remplit le Tyrol de troupes quand tous ses voisins sont en paix.

Des représentations sages à la fois et énergiques, faites en même-tems par divers cabinets, peuvent arrêter l'Autriche si elle n'est qu'entraînée pur des suggestions étrangères, comme S. M. se plaît encore à le croire; et dans la supposition contraire, elles feront peser sur l'Autriche seule la responsabilité des événemens qu'elles avaient pour objet de prévenir,

Nota. Une lettre semblable a été écrite à l'ambassadeur de S. M. à Berne. En conséquence de cette invitation qui leur a été adressée, les gouvernemens helvétique et de bavière ont fait les demarches désirées.

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Lettre de S. Ex. le ministre des cultes à MM. les cardinaux, archevêques et évêques français, à l'occasion de la guerre.

Monsieur,

La foi solennelle des traités avait paru à la grande âme de l'empereur une barrière finviolable qui couvrait nos frontières orientales, il en avait rappelé les défenseurs, pour les associer à cette grande expédition, qui ramenant sur les Isles Britanniques, comme vers leur source, toutes les calamités de la guerre, en eût peut-être à jamais délivré le Continent. Mais la corruption des cours ouvrait mille voies secrètes aux instigations d'une politique insidieuse. Tout-à-coup, deux grandes puissances s'unissent à l'Angleterre, elles dévoilent leurs pactes mysterieux; l'Ottoman circonvenu par de vils complots frémit de n'être plus que le passif instrument des vengeances et de

l'ambition des Russes: l'Allemagne aux mépris de ses lois est envahie par son propre chef, et les bataillons autrichiens occupent la Bavière. Napoléon était dans son camp de Boulogne: il ne veut pas désespérer encore de la paix ; mais déjà ses aigles s'ébranlent, les soldats jurent aux citoyens qu'ils ne font qu'échanger le théâtre de la victoire, et les citoyens promettent aux soldats ce concours vraiment français de toutes les volontés et de tous les cœurs vers un seul but; l'honneur national, le salut de la patrie, l'inaltérable fidélité au souverain que la Providence a couronné. L'empereur vient déposer dans son sénat, et ses sentimens pacifiques, et ses dispositions guerrières. Il donne à son peuple un grand témoignage de confiance, il en reçoit un grand témoignage d'amour. Il part et va se placer à la tête de nos légions invincibles, en se reposant -du soin de ses destinées sur la main puissante qui l'a ramené d'Egypte.

Dans cet instant solennel, il veut que, dans tous les temples qu'il a rouverts, des prières soient adressées au Dieu des armées. Il reconnaît que la justice de sa cause ne lui en garantit le triomphe qu'avec le secours de celui qui est le distributeur de toute justice, qui dissipe les ligues et qui fait régner les rois. Quel appel touchant au patriotisme et à la piété des ministres de la religion! Ils répondront: nous avons un clergé vraiment national qui veut tout ce que l'intérêt de l'état exige, qui désire la paix, parce que l'esprit de l'évangile est un esprit de paix, de charité et d'amour, mais qui la désire stable, glorieuse, digne de la France, telle enfin que les armes victorieuses de S. M. I. et R. peuvent seules nous la garantir.

C'est à votre zèle, Monsieur, à développer daus votre discèse ces affections généreuses, ce dévouement héroïque qui distinguent notre nation. C'est la patrie, c'est l'empereur, c'est la religion même qu'il s'agit de défendre. Tout ce qui peut désoler l'état et ébranler le trône est éversif des autels. La France doit aux constitutions de l'empire le libre exercice de la religion sainte que vous annoncez; c'est sous les auspices de Napoléon qu'elle est sortie glorieuse du sein des ruines avec toute la pompe de ses cérémonies, toute la douceur de ses consolations, toute la puissance de sa parole. Qu'une sainte émulation embrase à votre voix tous les cœurs! qu'on se dispute l'honneur de servir sous celui qui a rétabli le culte de nos pères, et que le peuple français prouve que sous le règne de Napoléon il n'a plus qu'un même esprit, qu'un même cœur, et qu'il est devenu comme un seul homme!

Vous apprécierez, Monsieur, cette preuve de confiance que S. M. I. et R. vous donne par mon organe vous leverez les mains vers le ciel, et vous ne cesserez de parler au cœur des hommes pour les confirmer dans l'exercice de leur devoir, et éclairer les manœuvres ténébreuses des ennemis du bien public. Par vos sages inspirations, ves coopérateurs béniront en tous

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