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lieux les armes de ces jeunes citoyens que la providence appelle à l'honorable tâche de défendre la patrie; ils leur citeront d'illustres exemples, et distribueront à leurs parens ces consolations pieuses qui nourissent l'âme et lui font concevoir de généreuses résolutions, plus que jamais ils inculqueront à leurs ouailles les principes d'ordre et de charité; en un mot, ils développeront toute la puissance de leur influence pour concourir de tous leurs moyens au succès des desseins magnanimes de notre auguste souverain.

J'ai l'honneur de vous saluer, Monsieur, avec la considération la plus distinguée.

(Signé)

PORTALIS.

Paris, 12 Novembre 1805

S. M. l'empereur a consenti à retirer ses troupes de l'état de Naples. Elles y étaient stationnées en vertu des stipulations du traité de Florence. Les motifs de prudence, de garantie et de sûreté qui avaient déterminé cette mesure, acquéraient sans doute une nouvelle force par la circonstance d'une guerre continentale. Sans doute aussi l'intérêt de la France conseillait de s'assurer, par une conquête utile et facile, d'un royaume qui touche de si près aux états de S. M. en Italie. Mais elle n'a pas voulu qu'on pût lui imputer d'avoir mis un obstacle à la paix générale; elle a suivi les principes de la politique généreuse et modérée qui lui sert de règle dans toutes ses déter minations, et elle a consenti à conclure le traité suivant avec S. M. le roi des Deux-Siciles:

"S. M. le roi des Deux-Siciles et S. M. l'empereur des Français et roi d'Italie, voulant empêcher que les rapports d'amitié qui unissent leurs états ne soient compromis par les événemens d'une guerre dont il est dans leur vœu de diminuer les maux, en restreignant, autant qu'il est en eux, le théâtre des hostilities présentes, ont nommé pour ministres plénipotentiaires; savoir: S. M. le roi des Deux-Siciles, S. Ex. M. le marquis de Gallo, son ambassadeur à Paris près S. M. l'empereur des Français, tant en cette qualité qu'en celle de roi d'Italie; et S. M. l'empereur, S. Ex. M. Charles-Maurice-Talleyrand, ministre des relations extérieures; lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs, sont convenus, sub spe rati, de ce qui suit:

"Art. 1er. S. M. le roi des Deux-Siciles promet de rester neutre pendant le cours de la guerre actuelle entre la France, d'une part, et l'Angleterre, l'Autriche, la Russie et toutes les puissantes belligérantes, de l'autre part. Elle s'engage à repousser, par la force et par l'emploi de tous les moyens qui sont en son pouvoir, toute atteinte qui serait portée aux droits et auxdevoirs de la neutralité.

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"2. Par suite de cet engagement, S. M. le roi des DeuxSiciles ne permettra qu'aucun corps de troupes appartenant à aucune puissance belligérantes débarque ou pénètre sur aucune partie de son territoire, et elle s'engage à observer, tant sur terre que sur mer, et daus la police des ports, les principes et les lois de la plus stricte neutralité.

"3. De plus, S. M. s'engage à ne confier le commandement de ses armées et de ses places à aucun officier russe, autrichien ou appartenant à d'autres puissances belligérantes; les émigrés français sont compris dans la même exclusion.

4. S. M. le roi des Deux-Siciles s'engage à ne permettre l'entrée de ses ports à aucnne escadre appartenante aux puissances belligérantes.

"5. S. M. l'empereur des Français se confiant aux promesses et engagemeus ci-dessus exprimés, consent à ordonner l'évacuation du royaume de Naples par ses troupes. Cette évacuation sera entièrement terminée un mois après l'échange des ratifications; à cette même époque, les places et postes militaires seront remis aux officiers de S. M. le roi des DeuxSiciles dans l'état où ils sont, et il est convenu que, dans l'intervalle du mois employé à ces opérations, l'armée française sera nourrie et traitée comme elle l'a été par le passé.

"S. M. l'empereur des Français s'engage de plus à reconnaître la neutralité du royaume des Deux-Siciles, tant sur terre que sur mer, pendant la durée de la guerre actuelle. "Les ratifications de la présente convention seront échangées à Naples dans le plus court délai.

"Fait à Paris, le 21 Septembre, 1805."

Le marquis de Gallo.
(L. S.)

CH. MAU. TALLEYRAND:

Ratifié à Portici, le 8 Octobre, 1805.

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(L. S.)

FERDINAND.

TOMMASO FERRAS.

MINISTÈRE.

De la Police Générale, et du Trésor Public.

Extrait des rapports de leurs excellences les ministres de la police générale et du trésor public.

Le maintien de l'ordre public ne me permet pas de tolérer plus long-tems la foule qui, depuis quelques jours, s'accroît et se presse autour de la banque pour l'échange des billets. Cette foule se compose, en grande partie, de citoyens qui ont un besoin réel de numéraire, mais il s'y mêle un certain nombre de gens avides, d'agioteurs, et quelquefois de filoux. Il pourrait arriver même que la malveillance parvint enfin, malgré la surveillance et les précautions de la police, à exciter un

désordre qu'il est de la prudence de prévenir, pour n'avoir pas à le réprimer.

Il convient de prendre des mesures pour isoler et écarter la cupidité et la malveillance, et faciliter aux citoyens paisibles l'échange de leurs billets en numéraire.

J'ai en conséquence chargé MM. les maires, que leurs fonctions mettent à portée de connaître les besoins individuels de leurs arrondissemens respectifs, de la distribution d'un certain nombre de numéros, avec lesquels les porteurs se présenteront à la banque, et recevront du numéraire en échange de leurs billets. De cette manière, le numéraire ne sera pas détourné de sa véritable destination, et les hommes honnêtes ne pourront être livrés à la discrétion des agioteurs.

Je désire que S. Ex. le ministre du trésor public, qui a pris connaissance de la situation effective de la banque, rassure les esprits timides qu'on cherche à inquiéter sur la solidité des billets de cet établissement.

La ministre de la police générale,

MINISTÈRE DU TRÉSOR.

Extraits des minutes, etc.

FOUCHÉ.

J'ai desiré de connaître si l'agiot qui s'exerce sur les billets de la banque de France avait une juste cause, ou si la situation de cet établissement est telle, qu'il ne doive exciter aucune inquiétude sur la solidité. J'ai pris à ce sujet les renseignemens nécessaires, et je me suis assuré de l'exactitude des résultats

suivans.

Les billets de banque en émission

montent à la somme de

Les espèces en caisse et valeurs échéant dans l'espace de deux

mois, montent à la somme de 150,397,791

Il convient d'en déduire pour ce

mois le montant des sommes

dûes aux comptes courans . . 23,139,687

L'actif excédant en faveur de la banque sur le montant de ces billets et des sommes dûes aux comptes courans, est de . Cette différence provient.

72,636,500 fr.

127,258,104

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1o. Du capital des actionnaires 44,841,161 2o. De la réserve et bénéfices

postérieurs au 1er Vende

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Cet actif est composé d'effets de la nature de ceux que la loi et les statuts de la banque l'ont autorisée à recevoir. Leur solidité est celle des meilleurs effets. Pour chaque billet de 1,000 francs qui est en circulation, il existe réellement dans la banque une valeur en espèces et en lettres de change montant iucontestablement à 1750 francs.

Il faudrait que la banque perdit 54,621,504 francs avant que la valeur des billets en circulation pût subir la moindre dimi nution. En supposant même qu'ainsi que dans tous les établissemens de ce geure il y aura une très-petite portion d'effets moius solides que les autres, il n'en doit résulter aucune inquiétude, je dis pas la moindre inquiétude, sur la situation de la banque, qui présente toujours un actif infiniment supérieur à son passif.

La somme en espèces d'or et d'argent est supérieure à celle qui a été suffisante dans les tems ordinaires pour les opérations de la conversion à volonté des billets en espèces. La banque échangeait ordinairement, par jour, pour 3, 4 ou 500,000 fr. de billets; et depuis un mois, elle y a employé tous les jours près de 600,000 fr. et quelquefois au-delà.

Je n'ai fait aucune mention des immeubles appartenant à la banque; ils ajoutent encore à sa solidité. Je ne connais aucun établissement de ce genre, soit dans l'Europe, soit dans les Etats-Unis d'Amérique, qui présente aux actionnaires et au public des motifs plus réels de sécurité.

C'est d'après l'examen des renseignemens qui m'ont été fournis par les régens de la banque à ma première demande, que j'ai formé cette opinion; et j'ai eu de fréquentes occasious de reconnaître qu'elle est partagée hors de la banque même par les négocians, les commerçans, les banquiers les plus éclairés, et par toutes les personnes qui ont quelque connaissance des opérations de ce genre. Les caisses du trésor ne reçoivent ce billet an pair de l'argent partout où s'étend sa circulation lé gale, que parce que le trésor ne distingue aucunement le billet des espèces.

J'en ai même fait recevoir fort loin de Paris, toutes les fois que, sur le compte qui m'a été rendu, je n'ai point vu dans les paiemens faits aux caisses du trésor, une intention de spéculer pour obtenir un profit illicite. Je dis avec une entière confiance que le billet de la banque ne peut, dans aucun cas, éprouver un centime de perte. J'ai été informé que ceux qui se livrent à l'agiotage des billets, se sont en même tems appliqués à faire craindre que le papier de la banque ne devînt forcé. La solicité de cet établissement rend cette inquiétude absolument vaine; et, d'ailleurs, il faut être dans une entière ignorance des principes qui nous gouvernent, pour supposer jamais la circulation forcée d'un billet de banque, ou de tout autre papier. BARBÉ-MARBOIS.

Le Ministre du trésor,

21 Novembre, 1805.

On vient de traduire un discours prononcé dans la diète de Hongrie, par un des magnats de ce royaume; ce discours peut faire connaître les sentimens qui animent une grande partie de la noblesse hongroise. L'auteur (le comte André Palfi) a développé avec beaucoup d'énergie et de courage les vices et les dangers de l'alliance impolitique, contractée par la maisou d'Autriche avec l'Angleterre et la Russie. Il a prouvé clairement que ces deux puissances n'ont d'autre but, dans la guerre actuelle, que de conserver l'une Malte, l'autre Corfou; et que ces deux usurpations sont également funestes pour le commerce et la navigation des provinces maritimes de l'Autriche. Venise et Trieste, débouchés géographiquement nécessaires de la Hongrie, sont menacés d'une ruine prochaine si les alliés de l'Autriche sont victorieux.

Des seuls résultats possibles de la guerre, l'orateur passa à l'examen de la conduite de ceux qui l'ont provoquée." Si "les ministres de S. M. dit-il, n'ont pas vu l'abime où cette "alliance entraîne la monarchie, l'ignorance qui perd les états "ne se juge point comme celle des simples citoyens; mais si, "prévoyant les suites d'un traité si dangereux, ils ont volontairement trompé leur maitre et préparé la ruine de leur pays, je demande à quel sentiment ils ont cédé, quel a été le motif de leur conduite, quelle doit en être la récompense?

"Ici s'élèvent mille voix accusatrices et les doutes les plus humilians. D'un côté, le général Mack, qui jusqu'à présent n'a tenté de conquêtes que pour aller rendre son épée aux ennemis qu'il croyait surprendre, a déclaré dans Ulm, à l'empereur des Français: que l'Autriche ne voulait point la guerre, qu'elle y a été forcée par la Russie; à quoi le monarque étranger a fait cette réponse si énergique et si simple: vous n'êtes donc plus une puissance? Palatins! qui de vous n'a pas frémi d'indignation en écoutant ces paroles! Qui n'a pas senti que l'aveu du général, choisi par le ministère, accusait le ministère lui-même, et toute la nation, de la plus insigne lâcheté? "Ah! cet étrange aveu d'un sentiment qui n'est jamais entré dans le cœur de nos princes, ne serait point sorti de la bouche du brave archidue Ferdinand! S. A. R. qui, dans ses nobles revers, a inspiré, tant de confiance à l'armée et tant d'estime à l'ennemi, n'aurait pas compromis l'honneur national, par une capitulation sans combats, et par des discours sans dignité; ni lui, ni l'archiduc Charles qui soutient avec tant d'éclat la gloire de la famille impériale, ni aucun des princes de son auguste maison, ne soupçonnent que l'Autriche en faisant la guerre, obéisse aux menaces de ses alliés; mais le général Mack a les secrets du cabinet; il est le confident et le héros du ministère: il en a reçu le pouvoir de commander même aux archiducs; et c'est lui qui l'accuse d'une lâcheté

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