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Copie d'une dépêche royale adressée par M. le général For toguerri, ministre de la guerre à MM. les généraux et inspecteurs-généraux de l'armée napolitaine.

Sa majesté le roi, notre maître, etc. etc.

Voulant accéder à la demande qui lui a été faite par S. M. l'empereur de toutes les Russies et au désir que ce prince lui a manifesté de voir les opérations militaires sous la direction de M. de Lascy, général en chef des troupes russes, S. M. a daigné nommer le dit général de Lascy, commandant en chef des troupes combinées, réunies dans le royaume de Naples. Au palais, le 27 Novembre, 1805.

Fin de l'an, 1805.

Paris, Janvier 6, 1806.

Un décret rendu au palais de Schoenbrünn, le 2 Nivose, an 14, contient les dispositions suivantes :

1o. Les fusils et pistolets à vent sont déclarés compris dans les armes offensives, dangereuses, cachées et secrètes, dont la fabrication, l'usage et le port sont interdits par les lois.

2o. Toute personne qui, à dater de la publication du présent décret, sera trouvée porteur des dites armes, sera poursuivie et traduite devant les tribunaux de police correctionelle, pour y être jugée et condamnée, conformement à la loi du 23 Mai 1728.

Soldats,

9 Janvier, 1806.
PROCLAMATION.

"La paix entre moi et l'empereur d'Autriche est signée. "Vous avez dans cette arrière-saison fait deux campagnes; vous avez rempli tout ce que j'attendais de vous. Je vais "partir pour me rendre dans ma capitale. J'ai accordé de "l'avancement et des récompenses à ceux qui se sont le plus distingués je vons tiendrai tout ce que je vous ai promis. "Vous avez vu votre empereur partager avec vous vos périls "et vos fatigues; je veux aussi que vous veniez le voir en"touré de la grandeur et de la splendeur qui appartiennent au souverain du premier peuple de l'univers. Je donnerai

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une grande fête aux premiers jours de Mai à Paris; vous y "serez tous, et après nous irons où nous appelleront le bon "heur de notre patrie et les intérêts de notre gloire.

"Soldats, pendant ces trois mois qui vous seront nécessaires "pour retourner en France, soyez le modèle de toutes les "armées; ce ne sont plus des preuves de courage et d'intré

"pidité que vous êtes appelés à donner, máis d'une sévère "discipline. Que mes alliés n'aient pas à se plaindre de vo"tre passage, et en arrivant sur ce territoire sacré, comportez66 vous comme des enfans au milieu de leur famille; mog "peuple se comportera avec vous comme il le doit envers ses ❝ héros et ses défenseurs.

"Soldats, l'idée que je vous verrai tous avant six mois rangés autour de mon palais, sourit à mon cœur, et j'éprouve d'avance les plus tendres émotions: nous célèbrerons la mé "moire de ceux qui, dans ces deux campagnes, sont morts "au champ d'honneur, et le monde nous verra tous prêts & "imiter leur exemple et à faire encore plus que nous n'avons "fait, s'il le faut, contre ceux qui voudraient attaquer notre "honneur ou qui se laisseraient séduire par l'or corrupteur "des éternels ennemis du Continent."

Schoenbrünn, le 6 Nivose, an 14.

Par ordre de l'empereur.

NAPOLÉON.

Le major-général, maréchal BERthier.

PROCLAMATION.

Habitans de la ville de Vienne.

"J'ai signé la paix avec l'empereur d'Autriche. Prêt & *partir pour ma capitale, je veux que vous sachiez l'estime que je vous porte, et le contentement que j'ai de votre "bonne conduite pendant le tems que yous avez été sous ma loi. Je vous ai donné un exemple inouï jusqu'à à présent "dans l'histoire des nations. Dix mille hommes de votre garde nationale sont restés armés, ont gardé vos portes; " votre arsenal tout entier est demeuré en votre pouvoir: et pendant ce tems-là, je courais les chances les plus hasardeuses de la guerre. Je me suis confié en vos sentimens d'honneur, de bonne foi, de loyauté; vous avez justifié m' "confiance.

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"Habitans de Vienne, je sais que vous avez tous biâmẻ là "guerre que des ministres vendus à l'Angleterre ont suscitée "sur le Continent. Votre souverain est éclairé sur les me"nées de ces ministres corrompus; il est livré tout entier aut grandes qualités qui le distinguent, et désormais j'espère "pour vous et pour le Continent des jours plus heureux.

"Habitans de Vienne, je me suis peu montré parmi vous, "non par dédain ou par un vain orgueil; mais je n'ai pas "voulu distraire en vous aucun des sentimens que vous deviez " au prince avec qui j'étais dans l'intention de faire une "prompte paix. En vous quittant, recevez, comme un pré"sent qui vous prouve mon estime, votre arsenal intact, que

t

"les lois de la guerre ont rendu ma propriété: servez-vous-eg "toujours pour le maintien de l'ordre. Tous les maux que vous avez soufferts, attribuez-les aux malheurs inséparables "de la guerre; et tous les ménagemens que mon armée a ap66 portés dans vos contrées, vous les devez à l'estime que vous avez méritée."

Schoenbrunn, le 6 Nivose, an 14,

(Signé)

Par ordre de l'empereur.

NAPOLÉON.

Le major-général maréchal BERTHIER.

aris, le 14 Janvier, 1805.

Aujourd'hui, à deux heures après-midi, en conformité des ordres de sa majesté l'empereur et Roi, S. A. S. mgr. le prince archi-chancelier de l'empire s'est rendu à la séance du sénat, S. A. a été reçue dans les formes ordinaires, et ayant pris sa place, il a dit.

Messieurs,

"Si le prince grand-électeur était encore parmi nous, vous auriez reçu de ses mains la communication que S. M. l'Empepereur et Roi m'ordonne de vous faire.

"La lettre que S. M. adresse au sénat, et que je lui apporte, a pour objet de vous instruire de deux transactions importantes.

"L'une est le mariage du prince Eugène avec la princesse Auguste, fille de S. M. le roi de Bavière.

"L'autre est le traité de paix avec l'empereur d'Autriche, conclu à Presbourg le 5 Nivose (26 Décembre, 1805), et rati fié le lendemain au palais de Schoenbrunn, près Vienne.

"En vous donnant connaissance des articles qui le composent, S. M. satisfait tout à la fois au besoin qu'elle éprouve de communiquer avec vous sur tous les grands intérêts de l'état, et au désir d'accélérer la publication de cet acte, dont nos lois constitutionnelles ont voulu que vous fussiez instruits les prè

miers.

Vous appercevrez, messieurs, dans l'établissement du prince Eugène, un nouveau témoignage de la tendresse de S. M., pour celui qui justifie si bien le beau titre qu'elle lui a conféré, en le nommeft l'enfant de son adoption. Heureux prince, qui, appelé si jeune à l'administration d'un grand état, a su se rendre égal à cette tâche difficile, se montre de jour en jour plus digne d'imiter les glorienx exemples dont son enfance a été nourrie, et conservera la tradition de bonté, dont son auguste mère lui a transmis l'héritage.

"Ce mariage manifeste aussi combien l'empereur apprécie la loyauté de l'antique maison de Bavière, dont l'attachement pour la France ne s'est jamais démenti dans toutes les époques

de notre monarchie; et combien S. M. est touchée du courage et du dévouement, dont la nation bavaroise et son illustre chef viennent de lui donner des preuves au péril de leurs plus grands intérêts.

“Quant au traité de paix, chacune des conditions qu'il renferme, offre de nouveaux sujets d'admirer la magnanimité de Napoléon-le-Grand, qui, forcé de prendre les armes, n'a cherché d'autre fruit de ses victoires, que la gloire de fonder le repos de l'Europe, en honorant la fidélité de ses alliés.

"Votre juste impatience compte avec regret les momens, jusqu'à celui qui nous rendra la présence de notre monarque. Croyez, Messieurs, qu'il ressent aussi le désir d'être rendu à l'amour de ses peuples. Mais le tableau des heureux qu'il a faits, était une jouissance trop digne de son cœur, pour qu'il pût leur refuser un dernier regard, qui accroît leur bonheur, et qui en assure la durée.

"Je remets, Messieurs, entre les mains de M. le président la lettre de S. M. l'Empereur et Roi, une expédition du traité de paix ratifié, et je demande acte de cette remise.

Lettre de S. M. l'Empereur au sénat.

Sénateurs,

"La paix a été conclue à Presbourg et ratifiée à Vienne entre moi et l'empereur d'Autriche. Je voulais dans une séance solennelle, vous en faire connaître moi-même les conditions; mais ayant depuis long-tems arrêté, avec le roi de Bavière, le mariage de mon fils le prince Eugène avec la princesse Auguste sa fille, et me trouvant à Munich au moment la célébration du dit mariage devait avoir lieu, je n'ai pu résister au plaisir d'unir moi-même les jeunes époux, qui sont tous deux le mo dèle de leur sexe. Je suis, d'ailleurs, bien aise de donner à la maison royale de Bavière, et à ce brave peuple bavarois, qui, dans cette circonstance, n'a rendu tant de services et montré tant d'amitié, et dont les ancêtres furent constamment unis de politique et de cœur à la France, cette preuve de ma considération et de mon estime particulière.

Le mariage aura lieu le 15 Janvier. Mon arrivée au milieu de mon peuple sera donc retardée de quelques jours. Ces jours paraîtront longs à mon cœur; mais, après avoir été sans cesse livré aux devoirs d'un soldat, j'éprouve un tendre lassement à m'occuper des détails et des devoirs d'on père de famille. Mais ne voulant point retarder davantage la publica tion du traité de paix, j'ai ordonné, en conséquence de nos statuts constitutionnels, qu'il vous fût communiqué sans délai, pour être ensuite publié comme loi de l'empire. Donné à Munich, le 6 Janvier, 1806.

Par l'empereur.

(Signé)

Le ministre-secrétaire-d'état (Signé)

NAPOLÉON.

H. B MARET.

Copie du Traité de Paix.

Napoléon, par la grâce de Dieu et par les constitutions, Empereur des Français, Roi d'Italie, ayant vu et examiné le traité conclu, arrêté et signé à Presbourg le 26 Décembre, 1805 (5 Nivose, an 14), par notre ministre des relations extérieures, en vertu des pleins pouvoirs que nous lui avions conférés à cet effet, avec MM. le prince de Liechtenstein et le comte de Gyulai, ministres plénipotentiaires de S. M. l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, également munis de pleins pouvoirs, duquel traité la teneur suit.

S.M. l'Empereur d'Allemagne et d'Autriche, et S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, également animés du désir de mettre fin aux calamités de la guerre, ont résolu de procéder, sans délai, à la conclusion d'un traité de paix définitif, et ont, en conséquence, nommé pour plénipotentiaires, savoir: S. M. l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, M. le prince Jean de Liechtenstein, prince du Saint-Empire romain, grandcroix de l'ordre militaire de Marie-Thérèse, chainbellan, lieutenant-général des armées de sadite majesté l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, et propriétaire d'un régiment d'hussards; et M. le comte Iguaz de Gyulai, commandeur de l'ordre militaire de Marie-Thérèse, chambellan de sadite majesté l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, lieutenant général de ses armées, et propriétaire d'un régiment d'infanterie.

Et S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, M. CharlesMaurice Talleyrand-Périgord, grand chambelian, ministre des relations extérieures de sadite majesté l'empereur des Français et roi d'Italie, grand-cordon de la légion d'honneur, chevalier des ordres de l'aigle-rouge et noir de Prusse.

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs, sont convenus des articles suivans.

Art. 1er. Il y aura, à compter de ce jour, paix et amitié entre S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, leurs hériritiers et successeurs, leurs états et sujets respectifs, à perpétuité.

2. La France continuera de posséder en toute propriété et souveraineté, les duchés, principautés, seigneuries et territoires au-delà des Alpes, qui étaient, antérieurement au présent traité, réunis et incorporés à l'empire Français, ou régis par les lois et les administrations françaises.

3. Sa majesté l'empereur d'Allemagne et d'Autriche, pour lui, ses héritiers et successeurs, reconnaît les dispositions faites par S. M. l'Empereur des Français, Roi d'Italie, relativement aux principautés de Lucques et de Piombino.

4. Sa majesté l'Empereur d'Allemagne et d'Autriche renonce, tant pour lui que pour ses héritiers et successeurs, à la partie des états de la république de Venise, à lui cédée par les

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