aimé la pureté, jusqu'à ne vouloir naître que d'une Vierge. Les autres Apô tres n'ignoroient pas que Jéfus-Chrift honoroit Saint Jean d'une amitié particuliére. C'eft lui qu'ils prient d'interroger Jésus-Chrift, pour favoir qui d'eux doit le trahir, & le Sauveur l'en inftruit auffi-tôt. La pureté donne un libre accès auprès de Dieu, elle établit entre Dieu & l'homme, un commerce mutuel de familiarité. Après la Réfurrection de Jésus-Chrift, Pierre & Jean s'empreffent d'aller au tombeau; mais Jean arrive le premier parce que la pureté écarte les obftacles, & applanit la route qui méne Jéfus-Chrift. Sur le bord du rivage Jéfus paroît, Pierre ne le reconnoît point; mais Jean s'écrie: voici le Seigneur on apperçoit plus aifément Jéfus-Chrift, quand on poffède le tréfor de la Virginité. Enfin Saint Jean a été redevable à cette vertu Angelique de ces aîles d'Aigle, qui lui firent prendre un fi fublime effor, & pénétrer jufques dans le fein de Dieu même, pour y découvrir la génération éternelle de fon Verbe. Les autres Evangeliftes n'avoient ofé s'élever jufqu'à cette lumière inacceffible. Saint Matthieu n'avoit raconté que la géné ration temporelle du Fils de Dieu; auffi dans l'Apocalypfe eft-il représenté fous la figure d'un homme. Saint Marc, le fecond, commence par la Prophétie du Grand Prêtre Zacharie, & à cause de fon Sacerdoce, il paroît fous la forme d'un Veau, victime des anciens facrifices. Le troifiéme eft un Lion rugiffant parce qu'il commence for Evangile, par les cris que Jean - Baptifte faifoit entendre dans le défert. Mais le quatrième prenant un vol plus rapide, s'élève dans les nues, & ofe approcher de la Divinité même, laiffant bien loin derrière lui, ceux qui avoient partagé avec lui les travaux de l'Apoftolat. SAINT BARNABÉ. Le 11 Juin AINT Barnabé fut employé à l'au vre de la converfion des Gentils avec Saint Paul; il fut du nombre de ces agneaux que le Sauveur du monde en voyoit au milieu des loups. Nous no fommes pas moins obligés qu'eux de faire connoître Jéfus-Chrift, de le glorifier, de le défendre;, nous le devons comme Chrétiens, en cette qualité nous fommes nés pour combattre les ennemis du Sauveur, non en repouffant l'injure par la force, mais en mourant pour la juftice & pour la vérité. Nous apprenons des Actes des Apôtres que Saint Paul & Saint Barnabé porterent leurs premiers pas vers les Juifs, mais que leurs peines ayant été infruc tueufes, ils firent à cette Nation endurcie cette terrible menace; il falloit que la parole de Dieu vous fût annoncée d'abord; mais parce que vous la rejettez, & que vous vous jugez vousmêmes indignes de la vie éternelle nous allons l'annoncer aux Gentils. Adorons avec une refpectueufe frayeur les décrets de Dieu. Le Peuple d'Ifraël étoit le Peuple choifi & favorifé ; c'est à lui que l'Evangile eft premierement annoncé. Mais il ferme l'oreille à la vérité, il fe juge indigne de la vie éter nelle; les Nations étrangeres lui font fubftituées l'olivier fauvage eft enté fur l'olivier franc; ta perte eft ton ouvrage, ô If aël ! Votre vocation, ô Gentils, vient de la pure miféricorde de Dieu. Craignez le même fort que les Juifs, fi vous devenez infidéles comme eux : car fi l'olivier franc a été coupé & retranché parce qu'il ne portoit point de fruit, à quoi doit s'attendre l'olivier fauvage, s'il demeure ftérile? Les graces de Dieu deftinées à un Monaftère pafferoient à un autre par la tiédeur des Religieufes : l'œuvre de Dieu s'acc ompliroit toujours; mais elles feroient jugées indignes de la faire. Les places vacantes dans le Ciel par la défertion des Anges feront occupées par des hommes : les Gentils prendront la place des Juifs: fucceffion effrayante, qui enrichit tout-à-coup les uns, & qui plonge les autres dans la plus affreufe indigence; jufte punition du mépris que les hommes font de la lumière de l'Evangile. L'exemple des Juifs toujours fubfiftant, eft pour les Chrétiens une leçon terrible de la févérité avec laquelle Dieu punit le mépris de fa Loi, & l'inutilité de fa parole. Fin du Tome Second |