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guerre civile et des calamités d'une nouvelle révolution. C'est notre indépendance, notre gloire, notre repos, que l'on voulait détruire en frappant une seule tête.

C'est de tous les Français qu'il s'agit, bien plus que de vous même. Déjà, vous avez pour plusieurs siècles de gloire, et nous avons à peine goûté quatre ans de sécurité.

Ah! que ces dangers qui portent l'allarme dans tous les cœurs, soient à jamais écartes par tous les moyens que fournissent les lois à un gouvernement aussi fort que juste, par tous ceux qu'il trouvera encore dans l'amour d'un grand peuple, qui forme les vœux les plus ardens pour conserver jusqu'aux termes les plus éloignés de la vie, le chef qui lui a rendu la considération au dehors, la paix au dedans, et dont l'existence, la mémoire et les desseins, lui seront à jamais chers, respectables et sacrés.

JAUBERT, Président

GOUPIL PREFEIN, GALLOIS, SAVOY ROLLIN et

CHASSIRON, Secrétaires.

Le premier consul a répondu à la députation du corps législatif et au tribunal à peu près dans les mêmes termes qu'au sénat,

ACTES DU GOUVERNEMENT.

Paris, le 24 Nivôse, an 12.

Bonaparte, Premier Consul de la République arrête :

Art. I. Le général en chef Murat, est nommé au commandement des troupes de la premiere division, et à celui de la garnison et de la garde nationale de Paris, avec le titre de gouverneur de Paris.

II. Il remettra des rapports directs au premier consul sur tous les mouvemens du service de Paris.

III. I jouira d'un traitement de 60,000 francs; pour tout le reste il sera traité comme un général en chef.

IV. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.

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Au quartier-général à Paris, le 27 Pluviôse, an 12 de la répu blique Française.

Ordre général.

Soldats, cinquante brigands, reste impur de la guerre civile que le gouvernement Anglais tenait en réserve pendant la paix, parce

qu'il méditait de nouveau le crime qui avait échoué au 3 Nivôse, ont débarqué par petits pelotons et de nuit sur la falaise de Beville; ils ont pénétré jusque dans la capitale: Georges et le général Pichegru étaient à leur tête. Leur arrivée avait été provoquée par un homme qui compte encore dans nos rangs, par le général Moreau, qui fut remis hier aux mains de la justice nationale.

Leur projet, après avoir assassinée le premier consul, était de livrer la France aux horreurs de la guerre civile et aux terribles convulsions de la contre révolution.

Les camps de Boulogne, de Montreuil, de Bruges, de Saintes, de Toulon et de Brest, les armées d'Italie, de Hanovre et de Hollande, auraient cessé de commander la paix, notre gloire périssait avec la liberté !

Mais tous ces complots ont échoué, dix de ces brigands sont arrêtés; l'ex-général Lajolais l'entremetieur de cette infernale trame, est aux fers; la police est sur les traces de Georges et de Pichegru.

Un nouveau débarquement de vingt de ces brigands doit avoir lieu; des ambuscades sont dressées, ils seront arrêtés.

Dans cette circonstance, si affligeante pour le cœur du premier consul, nous, soldats de la patrie, nous serons les premiers à lui faire un bouclier de nos corps, et nous vaincrons autour de lui les ennemis de la France et les siens.

Le Général en chef, Gouverneur de Paris, (Signé) Murat. Pour copie conforme.

Le Général de Brigade Chef de l'Etat Major Général,

CESAR BERTHIER,

Soult, Général Commandant en Chef le Camp de St. Omer, au Premier Consul, au Quartier-Général à Boulogne, le 29 Plu vióse, An 12 de la République.

Citoyen Consul,

Hier, les camps de Saint Omer et de Montreuil présentaient l'aspect d'une sombre inquiétude, des bruits vagues allarmaient les soldats, ils apprennent aujourd'hui à quels dangers vous venez d'échapper, et les camps retentissent de cris de joie, interrompus seulement par l'indignation qu'exite la connaissance de l'affreux complot que vos ennemis et ceux de la république avaient tramé contre vos jours.

Toute l'armée se mêle, se rejouit, se félicite de vous avoir conservé; mais que ce spectacle, fait pour vous toucher, ne vous entraîne point à une clémence dangereuse. Hâtez-vous, citoyen consul; de remplir notre vœu, en effrayant, par une justice prompte et sévere, les monstres qui oseraient encore menacer la

France du plus grand des malheurs, en portant une main sacrilege sur votre auguste personne.

Toutes les divisions de l'armée, et les chefs qui les comman dent, m'ont déjà exprimé leur væu, et demandent que je vous le fasse connaître; ils ne respirent qu'amour et dévouement. Heureux d'être leur organe, je le suis encore, citoyen consul, de pouvoir y joindre l'expression des sentimens particuliers qui m'animent.

J'ai l'honneur de vous présenter l'ordre du jour qui a été donné à l'armée.

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CAMP DE SAINT OMER.-ETAT MAJOR-GENERAL. Au quartier-général à Boulogne, le 29 Pluviôse, an 12.

Soldats,

Ordre du Jour.

Votre attitude, vos travaux et vos veilles, faisaient trembler l'Angleterre. Désespéré de ne pouvoir résister à l'impulsion de votre courage, à l'ascendant du génie du premier consul, le gouvernement Britannique, habitué au crime, ourdissait les trames les plus perfides, et méditait de se servir d'odieux instrumens. Les jours du premier consul, étaient menacés; pour mieux réussir dans ces projets sinistres, aux restes dégoutans de la Vendée, s'étaient joint des hommes qui ont figuré dans vos rangs; ainsi, on a vu réunis sous la même banniere, Georges et Lajollais, Moreau et Pichegru.

Mais le complot est déjoué; la France remplira ses hautes destinées, et Bonaparte vivra pour les assurer. Les conspirateurs sont arrêtés ou en fuite; Moreau est détenu; Lajollais est dans les fers; la police est sur les pas de Georges et de Pichegru. Grand nombre de brigands pervers ou soudoyés sont au pouvoir de la justice, et dans peu elle aura aussi saisi les restes impurs de cette bande dispersée.

Soldats, bannissez toute crainte, la vie du premier consul n'est plus en danger; ces obscures machinations qui la menacent, ne paraissent un moment que pour la honte et le désespoir de leurs criminels auteurs. Et nous, placés au premier rang, en face de cette terre ennemie, nous serons le bouclier du héros. Une même pensée, un seul sentiment nous animent; c'est de défendre des jours sur lesquels reposent la gloire, la prospérité, le bonheur de la France et l'honneur du nom Français.

Le rapport du grand juge, ministre de la justice, vous dévoilera toutes les trames de cette horrible conspiration.

Le Général commandant en chef,

SOULT.

Baraguay Hillier, Général de Division, commandant la deuxieme Division des Dragons de la Reserve, au Noms de tous les Militaires qui la composent ; au Premier Consul.

Au quartier général de Compiegne, le 27 Pluviôse, an 12.

Citoyen Premier Consul,

Le bou génie de la France et votre heureuse étoile ont done encore soustrait votre tête aux poignards des assassins!

Grâces en soient rendues au Dieu protecteur de la république ! Les détails de l'odieuse trame qui a menacé vos jours sont venus nous surprendre au milieu de ces camps où nous aiguisons de plus nobles armes contre l'Angleterre.

Vengeance! Vengeance! voilà notre cri de ralliement. Vengeance par nos bayonettes des obscures et atroces complots de ce gouvernement Britannique, assez vil pour soudoyer des scélérats parmi ses alliés, et fonder ses succès sur le plus lâche des at

tentats.

Notre dévouement, premier consul, saisit avec transport cette occasion de vous renouveller l'hommage de nos bras contre vos ennemis du dehors et du dedans. Puissions-nous mourir tous sous leurs coups pour vous conserver à la France! et puisse notre amour consoler votre cœur du mal que lui causent la trahison et les parjures!

Salut et respect,

BARAGUAY D'HILLIERS.

Nous avons inséré, dans le numéro de Lundi dernier, l'extrait d'un autre journal de Londres, dans lequel on indique clairement que l'assassinat du premier consul devait avoir lieu dans quelque tems. Les personnes qui arrivent d'Angleterre rapportent que, depuis quinze jours, on annonce tous les matius à la bourse de Londres; que le premier consul vient d'être assassiné. On y nomme publiquement Georges, Pichegru et Moreau.

Pichegru a débarqué au pied de la falaise de Beville le 25 Nivôse (16 Janvier); il est arrivé à Paris le 4 Pluviôse (25 Janvier): ce n'est que le 18 que la police a su qu'il était dans la capitale, est s'est mis à sa poursuite. Il a diné le Jeudi gras avec son frere, avec Lajollais et avec Couchery.

Ce frere de Pichegru est détenu, et est convenu de ce fait dans son interrogatoire.

La premiere fois que Pichegru a vu son frere à Paris, il était accompagné de Lajollais et de Georges,

Georges et Pichegru ont eu ensemble une conférence avec Mo reau. Pichegru, sans être accompagné de Georges, s'est renda deux fois le soir dans la maison de Moreau. Pour la derniere entrevue, Frenieres, secrétaire de Moreau, était allé chercher Pichegru, et l'avait conduit dans le cabriolet de la personne chez la

quelle il était logé, ainsi qu'il résulte d'un grand nombre de déclarations.

Lorsque le grand juge lança un mandat d'arrêt contre Moreau, la police, qui savait qu'il sagissait d'une conspiration, arrêta le citoyen Moreau, tribun, et le secrétaire Frenieres. Le premier consul en ayant été instruit, fit demander au grand juge si le frere et le secrétaire de Moreau étaient atteints par la procédure; et sur la réponse qui lui fut faite que leurs noms n'avaient pas été prononcés dans l'instruction, il ordonna de les mettre en liberté ; car, ditil, s'il s'agissait d'un coup d'état, ou d'une de ces mesures dans lesquelles il ne faut prendre conseil que du salut de la nation, les conspirateurs auraient été arrêtés, traduits devant une commission militaire et exécutés dans la même nuit. C'est ici, ajouta-til, une procédure criminelle ordinaire, et j'entends que toutes les formes soient scrupuleusement observées. Peu d'heures après, Frenieres se trouva, compromis dans plusieurs dépositions. Les charges sont devenues assez graves pour déterminer le grand juge à lancer un mandat d'arrêt contre Frenieres. Mais déjà il était en fuite, et jusqu'à ce moment il n'a pas pu être arrêté.

Il paraît que les léopards de John Bull se faisaient une grande fête de la curée qu'ils espéraient. La nouvelle était attendue avant la rentrée du parlement, qui devait se réunir dans les premiers jours de Février; mais il est vraisemblable que les Anglais ont attribué à quelques difficultés dans les communications le retard de la grande nouvelle sur laquelle ils comptaient, et ils se sont crus assez sûrs de l'événement pour se réjouir d'avance de l'assassinat qu'ils avaient tramé; peut-être un moment viendra où l'ours leur dira à l'oreille que sa peau n'est pas encore à vendre.

Du reste Pichegru, Lachaussée et l'abbé Ratel s'étaient chargés, depuis Messidor dernier, de l'honorable rôle de chefs de la correspondance Anglaise. Le général Savary et le sous-préfet d'Abbeville, viennent de saisir des ballots de lettres et de chiffres, et d'arrêter les auteurs de cet espionage.

On voit dans cette correspondance que Pichegru et l'abbé Ratel se disputaient les lieux de débarquement pour leurs communications. On a aussi saisi dans les mêmes lieux, un certain nojubre de lettres de chauge. La correspondance interceptée, fournit également des preuves contre les individus arrêtés à Montreuil, vers la fin du Fructidor dernier, pour des communications d'espionnage entre Boulogne et l'Angleterre. Ces vils espions seront traduits ou à une commission militaire, ou au tribunal criminel spécial du département de la Seine inférieure.

Paris, le 3 Ventôse.

Les membres de l'institut national ont été admis le premier de

ce mois à l'audience du premier consul.

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