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impériale sont reçus par le ministre d'État et transmis, sur un ordre de l'Empereur, au Sénat, qui en ordonne la transcription sur ses registres et le dépôt dans ses archives.

ART. 9. La dotation de la couronne et la liste civile de l'Empereur sont réglées, pour la durée de chaque règne, par un sénatus-consulte spécial.

ART. 10. Le nombre de sénateurs nommés directement par l'Empereur ne peut excéder cent cinquante.

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ART. 14. Une dotation annuelle et viagère de 30,000 francs est affectée à la dignité de sénateur.

ART. 12. Le budget des dépenses est présenté au Corps législatif, avec ses subdivisions administratives, par chapitres et par articles.

Il est voté par ministère.

La répartition par chapitres du crédit accordé pour chaque ministère est réglée par décret de l'Empereur, rendu en Conseil d'État.

Des décrets spéciaux, rendus dans la même forme, peuvent autoriser des virements d'un chapitre à un autre. Cette disposition est applicable au budget de l'année 1853.

ART. 13. Le compte rendu prescrit par l'article 42 de la Constitution, est soumis avant sa publication à une commission composée du président du Corps législatif et des présidents de chaque bureau. En cas de partage d'opinions, la voix du président du Corps législatif est prépondérante.

Le procès-verbal de la séance, lu à l'Assemblée,

constate seulement les opérations et les votes du Corps législatif.

ART. 14. Les députés au Corps législatif reçoivent une indemnité qui est fixée à 2,500 fr. par mois, pendant la durée de chaque session ordinaire ou extraordinaire.

ART. 15. Les officiers généraux placés dans le cadre de réserve peuvent être membres du Corps législatif. Ils sont réputés démissionnaires s'ils sont employés activement, conformément à l'article 5 du décret du 1er décembre 1852, et à l'article 3 de la loi du 4 août 1839.

ART. 46. Le serment prescrit par l'article 14 de la Constitution est ainsi conçu : « Je jure obéis»sance à la Constitution et fidélité à l'Empereur. »>

ART. 17. Les articles 2, 9, 11, 15, 16, 17, 18, 19, 22 et 37 de la Constitution du 14 janvier 1852 sont abrogés.

Fait au palais du Sénat, le 23 décembre 1852.

L'ombre de Napoléon Ier dut tressaillir en voyant son trône relevé par cette nation qu'il avait tant aimée, en faveur de celui de ses neveux qu'il avait appelé éventuellement à la succession impériale, qui avait été inscrit le premier sur le registre de l'état civil, destiné aux enfants de la dynastie napoléonienne, de celui de ses neveux qu'il avait vu grandir sous ses yeux, et dont il avait souvent partagé les jeux, à l'exemple du bon roi Henri IV.

D'une autre part, on ne peut que s'incliner devant les mystérieux desseins de la Providence, lorsqu'on voit cette immense fortune réservée à celui qui pa

raissait condamné à un éternel exil, au petit-fils de Joséphine qui, après avoir été solennellement couronnée Impératrice par un Pape, avait eu la douleur de se voir sacrifiée à l'inflexible raison d'Etat dans le temps même où elle était plus que jamais l'idole du peuple.

Qui pouvait prévoir, le 14 janvier 1810, jour du cruel sacrifice du divorce politique, imposé à l'épouse la plus dévouée, que quarante-trois ans plus tard, ce diadème qu'elle déposait serait replacé par le bon génie de la France sur la tête de son petit-fils, tandis que le fils de la nouvelle épouse devait mourir misérablement en état de captivité?

Il semble que la Providence se soit plu à relever la postérité de cette femme, qui n'eut d'autre défaut qu'un excès de bonté, et qui, en descendant du trône, regretta bien plus son auguste époux que les grandeurs suprêmes.

Les six enfants de son fils, le prince Eugène de Beauharnais, firent tous de brillants mariages.

Joséphine, née en 1807, épouse, le 19 juin 1823, le prince Oscar, aujourd'hui roi de Suède et de Norvége;

Eugénie, née en 1809, épouse, le 22 mai 1826, le prince régnant d'Hohenzollern-Hechingen; Auguste, né en 1810, épouse, le 26 janvier 1835, Dona Maria, reine de Portugal;

Amélie, née en 1812, épouse, le 2 août 1829 Dom Pédro, empereur du Brésil;

Théodolinde, née en 1814, épouse, le 8 février 1844, le prince Guillaume de Wurtemberg;

Et Maximilien, né en 1817, épouse, le 14 juillet 1839, la grande-duchesse Marie-Nicolaïwena, fille de l'empereur de Russie.

Pour comble de bonheur, toutes ces brillantes alliances devaient être couronnées par l'avénement au plus brillant trône de l'univers, de l'unique rejeton survivant d'Hortense.

Napoléon III représente donc deux grandeurs déchues du côté paternel, l'empereur Napoléon Ier, et du côté maternel, l'impératrice Joséphine, et qui plus est, les deux noms les plus populaires en France, ou, pour parler plus exactement, les seuls noms véritablement populaires.

Tous les Français s'étaient unis de cœur au vœu que l'Empereur avait exprimé le 18 décembre de laisser des héritiers directs.

Ce fut donc un grand sujet de joie lorsqu'on apprit peu de temps après son projet de mariage, et surtout lorsque l'on sut qu'il avait fait son choix selon son cœur, et non selon les errements de la vieille diplomatie; le peuple n'avait pas oublié que Joséphine avait été l'ange gardien de Napoléon, tandis que Marie-Louise lui avait porté malheur; que la conduite de la première avait été aussi digne que le rôle de la seconde avait été odieux.

Ce n'était pas précisément raisonner selon les règles d'Aristote, nous ne le nions pas, mais c'est assez l'habitude du peuple de se fier plus à ses pressentiments qu'aux formules rigoureuses de la logique, et il ne se trompe peut-être pas plus souvent pour cela, si l'on en croit ce vieil adage: Vox populi, vox Dei.

Quoi qu'il en soit, un mariage d'amour devait tout naturellement mieux convenir à ses instincts, qu'un mariage par plénipotentiaires avec une princesse plus ou moins inconnue, sur une miniature plus ou moins fidèle; unions qui, il faut bien le dire, ne sont pas toujours très-heureuses : témoin celle du prince de Galles, devenu roi d'Angleterre sous le nom de Georges IV, avec l'infortunée Caroline, fille du duc de Brunswick; on sait à quels scandaleux débats donna lieu ce mariage, à une époque contemporaine de l'Empire.

Voici en quels termes Napoléon III fit part de ce projet de mariage au Sénat, au Corps législatif et au Conseil d'État, convoqués, à cet effet, au palais des Tuileries, le 22 janvier 1853 :

« Je me rends au vou si souvent manifesté par le » pays en venant vous annoncer mon mariage.

» L'union que je contracte n'est pas d'accord avec » les traditions de l'ancienne politique : c'est là son >> avantage.

» La France, par ses révolutions successives, s'est >> toujours brusquement séparée du reste de l'Eu>> rope; tout gouvernement sensé doit chercher à la >> faire rentrer dans le giron des vieilles monarchies, >> mais ce résultat sera bien plus sûrement atteint >> par une politique droite et franche, par la loyauté >> des transactions, que par des alliances royales qui » créent de fausses sécurités, substituent souvent » l'intérêt de famille à l'intérêt national. D'ailleurs, » les exemples du passé ont laissé dans l'esprit du » peuple des croyances superstitieuses; il n'a pas

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