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>> auteurs, les grands acteurs de ce mémorable coup d'État, au lieu de dénégations et de justifications, doivent-ils, à l'exemple de ce Romain, se conten>> ter de répondre avec fierté à leurs accusateurs : >> Nous protestons que nous avons sauvé notre pays, >> venez avec nous en rendre grâces aux dieux !

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» Et certes tous ceux qui, dans le temps, faisaient partie du tourbillon politique, ont pu d'autant >> moins se récrier avec justice, que tous convenaient qu'un changement était indispensable, que tous le » voulaient, et que chacun cherchait à l'opérer de » son côté. Je fis le mien à l'aide des modérés; la » fin subite de l'anarchie, le retour immédiat de l'ordre, de l'union, de la force, de la gloire, furent » ses résultats. Ceux des jacobins ou ceux des immo>> raux auraient-ils été supérieurs? Il est permis de >> croire que non. Toutefois, il n'est pas moins très>> naturel qu'ils en soient demeurés mécontents et en >> aient jeté les hauts cris. Aussi, n'est-ce qu'à des » temps plus éloignés, à des hommes plus désinté»ressés, qu'il appartient de prononcer sainement sur >> cette grande affaire. »> (Mémorial.)

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Qu'est-ce que la popularité, la débonnaireté? » disait Napoléon. Qui fut plus populaire, plus dé>> bonnaire que le malheureux Louis XVI? Pourtant, quelle a été sa destinée? Il a péri! C'est qu'il faut >> servir dignement le peuple, et ne pas s'occuper de >> lui plaire. La belle manière de le gagner, c'est de >> lui faire du bien. Rien n'est plus dangereux que de >> le flatter s'il n'a pas ensuite tout ce qu'il veut, s'irrite, et pense qu'on lui a manqué de parole; et

il

si alors on lui résiste, il hait d'autant plus qu'il se >> dit trompé.

» Le premier devoir du prince, sans doute, est de » faire ce que veut le peuple; mais ce que veut le peuple n'est presque jamais ce qu'il dit : sa volonté, >> ses besoins, doivent moins se trouver dans sa bouche » que dans le cœur du prince.

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>> Que si vous vous demandez à quoi ont pu me servir » mes expressions et mes formes sévères, je répon» drai : « A m'épargner de faire ce dont je menaçais. » Quel mal, après tout, ai-je fait ? quel sang ai-je ver» sé? Qui peut se vanter, dans les circonstances où je » me suis trouvé, qu'il eût fait mieux ? Quelle époque » de l'histoire semblable à mes difficultés offre mes in>> nocents résultats? Car que me reproche-t-on ? On a >> saisi les archives de mon administration; on est » demeuré maître de mes papiers; qu'a-t-on à mettre » au grand jour? Tous les souverains dans ma position, au milieu des factions, des troubles, des conspirations, ne se sont-ils pas entourés de meurtres » et d'exécutions? Voyez pourtant quel a été avec >> moi le calme de la France! >> (Mémorial.)

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« Nos mœurs européennes veulent que le pouvoir » soit limité par l'honneur.

» Une nation ne doit jamais rien faire contre >> l'honneur, car dans ce cas elle serait la dernière » de toutes; il vaudrait mieux périr

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Histoire du Consulat et de l'Empire, par M. THIBAUDEAU.)

« Je ne connais d'autres titres que ceux qui sont personnels; malheur à ceux qui n'ont point de

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» ceux-là! Les hommes qui m'entourent ont acquis » les leurs au champ d'honneur; ils ont donné des » preuves de leur savoir-faire. C'est dans le moral >> que se trouve la vraie noblesse; hors de là, elle » n'est nulle part. » (Journal anecdot. de Mme Campan.) « L'institution d'une noblesse nationale n'est pas » contraire à l'égalité; elle est nécessaire au maintien » de l'ordre social; aucun ordre social ne peut être » fondé sur la loi agraire; le principe de la propriété >> et de la transmission par contrat de vente, donation >> entre-vifs ou acte testamentaire, est un principe fondamental qui ne déroge pas à l'égalité. De ce principe » dérive la convention de transmettre de père en fils >> le souvenir des services rendus à l'État. La for» tune peut être quelquefois acquise par des moyens >> honteux et criminels. Les titres acquis par des ser» vices rendus à l'État sortent toujours d'une source » pure et honorable; leur transmission à la postérité >> n'est qu'une justice. Lorsque Napoléon proposa à un grand nombre d'hommes de la révolution, les plus partisans des principes de l'égalité, la question de >> savoir si l'établissement de ces titres héréditaires »>> était contraire aux principes de l'égalité, tous répondirent que non.

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» En établissant une noblesse héréditaire nationale, Napoléon avait trois buts: 1° réconcilier la France » avec l'Europe; 2° réconcilier la France ancienne » avec la France nouvelle; 3° faire disparaître en Europe les restes de la féodalité, en rattachant les >> idées de noblesse aux services rendus à l'État, et >> les détachant de toute idée féodale.

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>> Toute l'Europe était gouvernée par des nobles, » qui s'étaient fortement opposés à la marche de la >> révolution française; c'était un obstacle qui partout >> contrariait l'influence française. Il fallait le faire » disparaître, et pour cela revêtir de titres égaux aux » leurs les principaux personnages de l'Empire. Le » succès fut complet, la noblesse européenne cessa » dès lors d'être opposée à la France, et vit avec une » secrète joie une nouvelle noblesse, qui, par cela » qu'elle était nouvelle, lui paraissait inférieure à >> l'ancienne; elle ne prévoyait pas la conséquence du » système français, qui tendait à déraciner, à dépriser » la noblesse féodale, ou du moins à l'obliger à se >> reconstituer à nouveau titre.

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>> L'ancienne noblesse de France, en retrouvant sa patrie et une partie de ses biens, avait repris ses >> titres; elle se considérait, non légalement, mais de >> fait, plus que jamais comme race privilégiée; toute >> fusion ou amalgame avec les chefs de la révolution » était difficile; la création de nouveaux titres fit disparaître entièrement ces difficultés; il n'y eut >> aucune ancienne famille qui ne s'alliât volontiers » avec les nouveaux ducs; en effet, les Noailles, les » Colbert, les Louvois, les Fleury, étaient de nou>> velles maisons; dès leur origine, les plus an>> ciennes maisons de France avaient brigué leur al>>liance; c'est ainsi que les familles de la révolution » se trouvaient consolidées, et l'ancienne et la nou» velle France réunies. Ce fut à dessein que le pre» mier titre que Napoléon donna fut au maréchal >> Lefebvre ce maréchal avait été simple soldat, et

>> tout le monde dans Paris l'avait connu sergent aux >> gardes françaises.

» Son projet était de reconstituer l'ancienne no» blesse de France. Toute famille qui comptait parmi >> ses ancêtres un cardinal, un grand officier de la cou>> ronne, un maréchal de France, un ministre, etc., eût » été pour cela seul apte à solliciter au conseil du sceau >> le titre de duc; toute famille qui aurait eu un arche» vêque, un ambassadeur, un premier président, un » lieutenant général ou un vice-amiral, le titre de >> comte; toute famille qui aurait eu un évêque, un » maréchal de camp, un contre-amiral, un conseiller » d'État, un président à mortier, le titre de baron. >> Ces titres n'auraient été octroyés, qu'à la charge par » les impétrants d'établir, pour les ducs, un majorat » de 100,000 francs de revenu; pour les comtes, de » 30,000 francs; pour les barons, de 10,000 francs : >> cette règle, qui régissait le passé et le présent, devait » régir l'avenir. De là sortait une noblesse historique » qui liait le passé, le présent et l'avenir, et qui était >> constituée non sur les distinctions du sang, ce qui » est une noblesse imaginaire, puisqu'il n'y a qu'une >> seule race d'hommes, mais sur les services rendus à >> l'État. De ce que le fils d'un cultivateur pouvait se >> dire : Je serai un jour cardinal, maréchal de France » ou ministre, il pouvait se dire: Je ferai le commerce, » je gagnerai plusieurs millions que je laisserai à mes >> enfants. Un Montmorency eût été duc, non pas parce » qu'il était Montmorency, mais parce qu'un de ses >> ancêtres avait été connétable, et avait rendu de >> grands services à l'État. Cette vaste idée changeait

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