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Votre Majesté que Victoria est heureusement accouchée d'une princesse, cette après-midi à trois heures. Victoria ainsi que la petite se portent au mieux. Les preuves d'intérêt et d'amitié que Votre Majesté et la reine nous ont si constamment données me sont de sûrs garants de la part que Votre Majesté prendra à la satisfaction que cet événement nous fait éprouver. En le notifiant à Votre Majesté, je saisis cette heureuse occasion pour lui renouveler l'expression des sentiments de haute estime et d'attachement invariable avec lesquels j'ai l'honneur d'être, sire, de Votre Majesté, le tout dévoué bon frère et cousin.

ALBERT.

A S. A. R. LE PRINCE ALBERT,

Majesté a si bien fait arranger dans le jardin de son palais de Buckingham. J'aimerais bien à le voir, et tout ce que me dit Votre Majesté de si bon, de si aimable' sur mon projet de voyage, tout ce qu'elle veut bien dire à la reine redouble mon désir d'entreprendre ce voyage, et qu'il me soit possible d'aller lui présenter mes hommages si affectueux, comme j'ai eu le bonheur de le faire il y a deux ans. Mais, malgré mon désir si vif, je ne peux pas savoir aujourd'hui ce qui sera possible au mois d'octobre, et je veux attendre jusqu'au dernier moment pour juger ce qui le serait ou ne le serait pas.

Je vais aller à Eu dans une douzaine de jours, mais sous l'obligation de revenir presque aussitôt que notre élection générale sera terminée, puisque je devrai ouvrir immédiatement la session des Chambres en personne, et cette circonstance me fait craindre, que même quand Votre Majesté serait alors à Osborn, il ne me fût difficile de faire un petit eseaupation en la

Neuilly, mercredi, 27 mai 1846. surprenant un beau matin à son déjeuner, et revenant

Mon cher frère et cousin,

C'est à l'instant même où je reçois votre lettre d'avant-hier que je m'empresse de vous offrir mes plus vives félicitations, celles de la reine, de ma sœur, et de tous les miens, absents ou présents, sur l'heureuse délivrance de la reine, votre auguste épouse, à qui nous portons tous des sentiments si vifs et si profonds. Il m'est bien doux de savoir que la reine et votre chère enfant sont aussi bien que la circonstance le comporte, et je ne saurais assez vous remercier d'avoir mis tant

d'obligeance et de promptitude à m'informer de l'événement que j'attendais avec tant d'anxiété. C'est une preuve de votre amitié pour moi, qui m'est bien chère, et c'est de tout mon cœur que je vous renouvelle l'assurance de celle avec laquelle je suis, de Votre Altesse Royale, le bon frère et bien affectionné cousin.

LOUIS-PHILIPPE.

A S. M. LA REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Madame et très-chère sœur,

Je ne sais comment m'excuser d'avoir tant tardé à répondre à cette excellente lettre de Votre Majesté qui m'a tant touché et à laquelle chaque jour je me proposais de répondre; et cependant chaque jour, je puis dire chaque nuit, je me trouvais obligé de quitter mon triste bureau sans avoir pu faire ce que j'étais pourtant si pressé d'accomplir.

J'ai vu avec grand plaisir le charmant ouvrage que

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assez vite pour qu'on ne s'aperçût de ma fugue, que quand j'en serais revenu, Mais je serai si peu de jours à Eu, que je ne puis pas m'en flatter, d'autant plus qu'il faut encore compter avec les caprices de ce Channel weather qui nous a pourtant si bien servis, lors de cette dernière apparition au château d'Eu, qui m'a tant touché.

Je ne conçois que trop tout ce que Votre Majesté a souffert dans la crise ministérielle, car je partage bien d'un ministère aussi digne de sa confiance, et surtout vivement les regrets qu'elle a éprouvés en se séparant de sir Robert Peel, et de cet excellent lord Aberdeen, auquel, pour mon compte, j'ai voué une véritable affection. Les assurances que vous voulez bien me ré

péter, que notre précieuse bonne entente, qui a été si heureusement cultivée et fortifiée par le ministère de sir Robert Peel, ne sera pas compromise par aucune administration nouvelle, me causent la plus vive satisfaction, et je puis dire que j'ai une confiance sans bornes dans vos bons et puissants efforts pour perpétuer à nos deux pays the continuation of that great blessing. Vous savez que vous pouvez compter de même sur les miens, qui ne se ralentiront pas, et qui seront bien secondés par mon ministère actuel, dont le maintien me paraît bien assuré.

Je puis enfin annoncer à Votre Majesté le départ de son portrait sur porcelaine peint par madame Descloseaux, d'après Winterhalter. Afin de le préserver des secousses du transport par terre, il a été embar qué (1).

M. Grün m'a apporté sur ce joli pavillon que Votre (1) La copie de M. Fain s'arrête ici.

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Confiante dans cette bonne amitié dont Votre Majesté nous a donné tant de preuves, et dans l'aimable intérêt que vous avez toujours témoigné à tous nos enfants, je m'empresse de vous annoncer la conclusion du mariage de notre fils Montpensier avec l'infante Louise-Fernande. Cet événement de famille nous comble de joie, parce que j'espère qu'il assurera le bonheur de notre fils chéri, et que nous retrouverons dans l'infante une nouvelle fille aussi bonne, aussi aimable que ses aînées, et qui ajoutera à notre bonheur intérieur, le seul vrai dans ce monde, et que vous, madame, savez si bien apprécier. Je vous demande d'avance votre amitié pour notre nouvelle enfant, sûre qu'elle partagera tous les sentiments de dévouement et d'affection de nous tous pour vous, pour le prince Albert et pour toute votre chère famille.

Je suis, madame, de Votre Majesté, la toute dévouée sœur et amie.

MARIE-AMÉLIE.

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Je viens de recevoir la lettre de Votre Majesté du 8 de ce mois, et je m'empresse de vous en remercier. Vous vous souviendrez peut-être de ce qui s'est passé à Eu entre le roi et moi; vous connaissez l'importance que j'ai toujours attachée au maintien de notre entente cordiale et le zèle avec lequel j'y ai travaillé; vous avez appris sans doute que nous nous sommes refusés d'arranger le mariage entre la reine d'Espagne et notre cousin Léopold (que les deux reines avaient désiré vivement) dans ce seul but de ne pas nous éloigner d'une marche qui serait plus agréable au roi, quoique nous ne pouvions considérer cette marche comme la meilleure. Vous pouvez donc aisément comprendre que l'annonce soudaine de ce double mariage ne pouvait nous causer que de la surprise et un bien vif regret.

Je vous demande pardon, madame, de vous parler de politique dans ce moment, mais j'aime pouvoir me dire que j'ai toujours été sincère avec vous.

En vous priant de présenter mes hommages au roi, je suis, madame, de Votre Majesté, la toute dévouée sœur et amie. VICTORIA R.

CORRESPONDANCE DES MINISTRES DE LOUIS-PHILIPPE AVEC LUI"),

II.

Ministère du 15 Avril.

MM. de Salvandy, Martin (du Nord) et Montalivet.

AU ROI.

26 juillet.

Sire, J'ai l'honneur de mettre sous les yeux du roi une lettre de M. le comte Jules de La Rochefoucauld. La copie de ma réponse prouvera au roi que ses plaintes sont aussi absurdes qu'inconvenables (sic).

Je mets également sous ce pli un discours de M. Thénard, qui prouvera à Votre Majesté quelle mémoire laisse M. Dulong, dans l'opinion des plus hommes d'ordre et de bien.

Je réclame aussi la signature de Votre Majesté pour quelques actes déjà convenus en conseil. Le roi remarquera qu'ils ne sont point du ressort de l'université, à la rédaction du protocole.

Le roi m'a écrit un mot bien bon. Pour écrire, Votre Majesté a deux grandes ressources, l'esprit et le

cœur.

Je mets à vos pieds l'hommage du respect et du dévouement avec lesquels je suis, de Votre Majesté, sire, le très-humble et très-fidèle serviteur et sujet.

SALVANDY.

sailles et Votre Majesté ! Je ne suis pas moins empressé de leur donner cette double joie. L'inconvénient du 9 août est que ce jour-là la seconde et la sixième composent, ce qui fait vingt-quatre victimes par collége. L'avantage est d'être plus près et de laisser la marge d'un jeudi pour faire, s'il y a lieu, des heureux de plus. Que le roi prononce donc. Personnellement le jeudi 16 me plaisait comme plus voisin de la distribution et me promettait des impressions plus vives. Mais c'est là une faible considération. Si par hasard des jours passés les attiédissaient sur Versailles, rien ne les attiédirait sur le roi.

Ne pourrait-on pas, sire, réserver pour le 16 les colléges qui envoient le plus d'élèves au concours, par exemple Saint-Louis et Versailles, fixer au 9 Rollin et tous les pensionnats qui pourraient profiter des ordres du roi?

J'attends, sire, les ordres de Votre Majesté et mets à ses pieds mes fidèles respects.

SALVANDY.

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que j'ai vu de cette vie intérieure à laquelle elle a bien voulu m'admettre. Je n'ose pas en écrire à la reine, mais elle souffrira que je dépose à ses pieds l'hommage de mon profond respect et de la reconnaissance la mieux sentie.

Le roi est bien contrarié par le temps. Ma pensée se reporte souvent sur les excursions qu'il se proposait de faire en mer. J'envie le sort de l'amiral qui aura le bonheur d'accompagner Votre Majesté.

J'ai trouvé M. le comte Molé bien occupé de toutes nos affaires intérieures et extérieures; il supporte ce double fardeau avec courage; mais il regrette beaucoup l'absence du roi, dont les conseils, au milieu de toutes ces difficultés seraient si utiles. M. le comte Molé a été très-préoccupé des attaques dont il est l'objet de la part de la mauvaise presse à l'occasion des déclarations inconcevables du général Bugeaud. Il croit devoir répondre dans le Moniteur Parisien à un article odieux du Courrier Français. C'est M. Molé qui a rédigé la réponse. Je prie le roi de la lire: elle est parfaite de dignité, et elle est de nature à dissiper bien des espérances.

M. de Salvandy n'a pas dit un mot à M. Molé du projet qu'il a exprimé au roi de renouveler sa demande (1). Son silence ne me paraît pas avoir pour motif sa renonciation à ce projet : il veut attendre le retour du roi. Je dois dire pourtant qu'il m'a parlé aujourd'hui de la suivre en homme disposé à croire qu'il aurait à y rencontrer et à y affronter sa part de difficultés.

J'ai eu l'honneur de voir ce matin Monseigneur le duc d'Orléans. Les nouvelles qu'il m'a données de madame la duchesse et de M. le comte de Paris sont parfaites.

J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté le très-humble, très-obéissant serviteur et sujet.

Sire,

N. MARTIN (du Nord.)

AU ROI.

Mercredi, 9 heures.

Oserai-je rappeler à Votre Majesté qu'elle a daigné me permettre de me rendre demain à Versailles, comme ancien élève du collége Henri IV? Votre Majesté serait mille fois bonne si Elle voulait bien autoriser le baron Fain à m'écrire à quelle heure le Roi arrivera, soit à Saint-Cloud, soit à Versailles.

J'ai reçu de Brest deux exemplaires sur satin du

(1) La demande du titre de comte probablement.

journal l'Armoricain qui rend compte de la seconde journée du séjour de Son Altesse Royale le prince de Joinville: ils sont destinés à la reine et au prince. Je les joins à cette lettre.

J'ai désigné par la lettre (A) une lettre de mademoiselle Grouvelle interceptée à la Conciergerie avanthier au soir, à l'heure même à laquelle nous discutions sur la possibilité et la convenance de la laisser à Paris. Cette lecture fera disparaitre tout regret de l'esprit de Votre Majesté, si Elle avait pu en conserver quelque peu. Je prie le Roi d'avoir la bonté de me la renvoyer pour que j'en donne connaissance à Salvandy.

Votre Majesté remarquera parmi les autres lettres que j'ai l'honneur de lui envoyer celle adressée A mademoiselle Augustine, à Bruxelles. Je ferai prendre des renseignements en Belgique, en me mettant en en rapport avec M. Lefrançois, qui trouvera peut-être ainsi la trace de quelque agent hollandais important.

Rien de nouveau ici. Tout est calme, y compris, je l'espère, l'esprit du comte, que je verrai cette aprèsmidi.

Daignez agréer, sire, l'hommage du plus profond respect et du dévouement absolu avec lequel j'ai l'honneur d'être, de Votre Majesté, le fidèle sujet.

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Je reçois à l'instant la lettre que Votre Majesté a daigné m'écrire le 9 septembre et la nouvelle de son retour à Paris pour vendredi prochain. Il doit y avoir conseil samedi, et Votre Majesté désire que j'y assiste à cause du tourment continuel que les absences donnent au comte Molé. Je vous assure, sire, que je compatis au tourment du comte Molé, et que je le comprends à merveille. A sa place, je ne serais pas plus tranquille. Mais comptant sur le temps que Votre Majesté avait daigné m'accorder et auquel le président du conseil avait bien voulu consentir avec un empressement tout amical et dont je lui ai été très-reconnaissant, j'avais fait des arrangements que mon départ imprévu boule verserait entièrement. Dans cette fâcheuse conjoncture, j'ai cherché à concilier le désir si juste qu'a Votre Majesté de ménager la susceptibilité de M. Molé, avec certaines exigences locales que l'extrême bonté du Roi pour moi voudra bien comprendre, et auxquelles la politique n'est pas tout à fait étrangère. La meilleure manière de bien mettre Votre Majesté au courant de ce que j'ai imaginé dans le double intérêt que je viens

de lui signaler, est de lui envoyer copie de la lettre que j'écris à M. le comte Molé et que je lui adresse par estafette pour avoir le temps d'avoir une réponse. Je demande pardon à Votre Majesté de n'avoir pas copié moi-même cette lettre ; c'est ma femme qui s'en est chargée parce que les moments étaient comptés.

J'ai reçu une lettre de la reine toute pleine de cette touchante et royale bonté qui respire dans tout ce que fait Sa Majesté. J'en suis bien reconnaissant.

Daignez, sire, excuser ma démarche que je ne fais pas dans le frivole intérêt d'un séjour de quarante-huit heures à la campagne, mais dans l'intérêt de ma situation politique dans le département du Cher, et veuillez agréer l'hommage du plus profond respect et du dévouement absolu avec lequel j'ai l'honneur d'ètre, sire, de Votre Majesté, le fidèle sujet.

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Une réunion qui a lieu à trois heures chez le comte Molé m'empêchera d'avoir l'honneur de me rendre près de Votre Majesté cette après-midi.

M. E. Blanc a dû envoyer hier au soir à M. Fain les premiers renseignements que nous avons eus sur les Infants et leur suite. Dans le cas où ils n'auraient pas été complets, j'envoie à Votre Majesté l'extrait de la dernière note que j'ai reçue à leur sujet.

Les Infants partiront de La Rochelle le 15, avec leur huit enfants, un chambellan, un médecin, et un nombreux domestique.

Le comte de Parsent sera ici le 17. Un chambellan, un secrétaire (le comte Acedillo malade), et une dizaine de domestiques sont arrivés et demeurent à l'hôtel Galiffet, rue du Bac.

Un accident a eu lieu hier au soir au chemin de fer. Deux convois se sont heurtés à Asnières. Une quinzaine de personnes ont eu des contusions; mais heureusement personne n'a été tué, ni même grièvement

blessé.

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Chaque jour semble éloigner davantage le moment où je pourrai aller remercier Votre Majesté de l'intérêt qu'Elle a daigné prendre à mes souffrances. Il me tarde également, sire, de pouvoir causer avec Votre Majesté des affaires que je ne puis plus suivre que de loin et par la réflexion depuis plusieurs jours.

Le duc de Nassau a traversé hier Compiègne, et y a couché; il a visité en détail le parc et le palais. Votre Majesté sait sans doute que ses intentions avaient été remplies, et que le prince a trouvé partout les plus grandes facilités. C'est un échange de bons procédés contre une manière d'être, qu'à Votre Majesté seule il appartient d'apprécier; car, sans parler de l'hostilité bien connue de Son Altesse, si je suis bien informé, le prince ne s'est même pas adressé directement au Roi, dont il traversait les États à quatre heures de sa capitale.

Je regrette beaucoup que l'état de ma santé ne m'ait pas permis d'aller présenter à Son Altesse Royale, madame la grande duchesse de Mecklembourg, l'hommage de mon respect. Oserai-je prier le Roi d'avoir la bonté de lui faire parvenir l'expression de mes regrets?

Daignez agréer, sire, l'hommage du profond respect et du dévouement absolu avec lequel j'ai l'honneur d'être, de Votre Majesté, le fidèle sujet.

Sire,

AU ROI.

MONTALIVET.

Plombières, dimanche,

C'est de Plombières, où je suis arrivé hier au soir, que j'ai l'honneur d'écrire à Votre Majesté, et de lui envoyer trois rapports que je n'avais pu soumettre à sa signature avant mon départ.

Un seul mérite quelques explications, les deux autres ayant été verbalement approuvés par Votre Majesté; c'est celui relatif à M. Ledure. Je propose au Roi cette dépense après m'être assuré que M. Ledure, qui est retiré du commerce et qui n'a plus rien à ménager comme fabricant, recourrait aux voies judiciaires s'il était nécessaire. Or, il ne pourrait naître de cela qu'un débat fàcheux; car si la commande n'a pas été l'hon-régulièrement faite, il paraît certain que quelques indications au moins lui avaient été données, soit par M. Leblond, soit par M. Viollet-Leduc, il y a plusieurs

Voici une lettre de M. de Rigny que j'envoie à Votre Majesté pour qu'Elle puisse juger la personne aussi bien que les choses.

Daignez agréer, sire, l'hommage du plus profond respect et du dévouement absolu avec lequel j'ai neur d'être, de Votre Majesté, le fidèle sujet.

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