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Les Montagnards subsistent toujours, mais avec leurs anciens défauts; ce sont les plus puissants auxiliaires du gouvernement.

Lamieussens est trop engagé pour reculer, il a de l'influence; il sera bientôt le seul chef. Cette situation lui fait illusion; il persistera dans la ligne qu'il a prise. Il est appuyé auprès des sociétaires par l'amitié de Barbès dont le nom est aujourd'hui en grande odeur de sainteté.

La Société n'avait pas de rapports dans la garde nationale. L'idée de faire habiller des sociétaires en gardes nationaux n'a jamais existé. C'est une invention des Montagnards. Ce projet aurait été absurde; il aurait fallu dépenser, pour acheter ces habits, un argent qu'on n'avait pas; et de plus, l'invitation de revêtir les uniformes aurait été pour les hom

mes un signal de combat. Or, rien n'est possible sans un secret absolu. Si les hommes savent par avance qu'on doit se battre, toute chance de succès disparaît.

Une association nouvelle ne peut pas se former; la veine des hommes capables est épuisée. Le gouvernement n'a pas ce dangerlà à craindre; son plus grand péril c'est une conspiration bonapartiste dans l'armée. Les bonapartistes profitent de la lutte que le gouvernement et la République ont soutenu l'un contre l'autre, et du mal qu'ils se sont fait réciproquement. L'avantage des bonapartistes c'est d'être neufs. Sous ce rapport, ils ont eu grand tort de publier un journal. Ils se sont exposés à la discussion; ils ne peuvent pas lui résister. Ils sont trop percés à jour pour la supporter.

BIOGRAPHIE.

II.

La Contemporaine (1),

[En 1856, Ida Saint-Elme, anteur supposé des Mémoires d'une Contemporaine, publia à Londres un prospectus développé, intitulé: la Poire couronnée, du prix de cinq shellings, mis en vente chez l'auteur-éditeur, annonçant une publication heaucoup plus complète de Mémoires et de Lettres de Louis-Philippe. Celle-ci devait former deux volumes, dont le sommaire est donné à la page 28 de cette espèce d'annonce-introduction. La Contemporaine ne tint qu'incomplétement sa promesse, et publia plus tard des lettres fort compromettantes de l'ex-roi. On se rappelle le procès qu'eut à soutenir le journal la France, pour en avoir reproduit deux à Paris. Mais à Londres, où ce commencement de publication produisit un grand effet, le ministère français regarda comme indispensable de chercher à le combattre, et le Times fut incité par notre ambassadeur à traiter la Contemporaine de faussaire. Cette femme intenta devant les tribunaux de Londres une action en diffamation contre la feuille anglaise.

L'éditeur du Times demanda alors au gouvernement français, qui l'avait fait se mettre en avant, les moyens de se défendre contre la poursuite judiciaire qu'on lui avait attirée. De là la correspondance, les recherches et la notice qui vont suivre. ]

CABINET DU PRÉFET DE POLICE.
Confidentielle.

A M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Paris, le 17 novembre 1841.

Monsieur le ministre,

à Londres, les divers documents que je possède sur Ida Saint-Elme, dite la Contemporaine, j'ai retrouvé une lettre écrite de Chambéry (Savoie), le 26 août 1839, au préfet de police, par un sienr Pierre Allard, pour demander l'adresse de cette intrigante, dont ce particulier paraissait avoir à se plaindre. Peut-être s'agissaitil de quelque acte d'escroquerie ou d'indélicatesse commis par elle. Il pourrait être utile, dans la circonstance

En compulsant, dans l'intérêt de l'affaire pendante actuelle, de se fixer à cet égard. Il serait peut-être fa

(1) Déposé par nous aux archives du ministère des Affaires étrangères.

cile de le faire par voie diplomatique.

J'ai cru devoir, dans tous les cas, communiquer cette indication à Votre Excellence. Il lui appartient d'ap

précier l'intérêt qu'elle peut présenter, et la suite dont | à Paris des fonctions plus ou moins diplomatiques; mais elle serait susceptible.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'hommage de mon respect.

Le Conseiller d'Etat Préfet de police,
G. DELESSERT.

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Nous avons la certitude de fouiller au fond de la vie de la Contemporaine, mais il faut un peu de temps; et, s'il y a urgence pour le Times, nous conseillons à ce lui-ci, d'après l'opinion générale, d'épuiser tous les délais de la jurisprudence anglaise. Plus il attendra, plus on obtiendra de renseignements, et plus il sera en mesure de prouver aux jurés anglais que la fenime Saint-Elme est réellement FAUSSAIRE.

Il y a trois périodes dans l'existence de la SaintElme la prostitution, l'écrivasserie et le faux. La prostitution prend depuis sa jeunesse jusqu'en 1820; l'écrivasserie, depuis 1820 jusqu'en 1834, époque de son départ pour Londres; et le faux date presque de son arrivée en cette capitale.

ce dont nous sommes assurés, c'est que cette famille repousse énergiquement toute parenté avec la Contemporaine, et n'a jamais répondu aux lettres dont celle-ci a bien voulu l'honorer.

Elzélina, puisque Elzélina il y a, passa ses premières années en Italie, puis fut conduite en Hollande. Elle épousa, en 1791, un Hollandais désigné ainsi dans ses mémoires, Van M***. Elle n'avait alors que treize ans. La cérémonie eut lieu à Amsterdam, à l'église neuve, rite protestant. Le Times pourrait faire compulser les archives de l'époque à Amsterdam, et peut-être constituer la Contemporaine en état de mensonge et de faux dès sa naissance. Avec de l'activité et de l'argent, c'est très-faisable.

c'est encore une vérification à faire.
Tolstoi son père mourut, en 1787, à Rotterdam ;

Au bout d'un an de mariage, en 92, elle quitta son qui connaissait sa famille. Celui-ci l'amena à Paris, en mari furtivement, et se réfugia près du général Moreau, fit publiquement sa maîtresse, et la conduisit ensuite en Italie avec lui. Elzélina était alors assez belle, et elle mangea énormément d'argent au général Moreau. Elle porta même son nom pendant quelques années. La famille du général a démenti dans le temps toutes les assertions de la Contemporaine; mais, d'après ce que plusieurs personnes nous ont dit, et notamment d'après les souvenirs de M. Alexandre Duval (contemporain de la Contemporaine), les amours d'Elzélina et de Moreau sont véridiques quant au fond, sinon dans la forme. Ce n'est point là la partie mensongère et calomnieuse des Mémoires.

En 1799 elle demeurait à Chaillot, dans une maison appartenant au général; mais, à cette époque, elle le trahit, et se donna à Michel Ney, qui eut des relations avec elle, concurremment avec cinq ou six cents autres, jusqu'en 1815. Il y avait alors un pêle-mêle dans la société française expliquant assez bien les relations de notre aventurière avec beaucoup de gens auxquels elle accorda les honneurs de son alcôve. Ainsi, M. de Talleyrand, tout en niant très-fermement les propos de la Contemporaine sur son compte, disait naïvement : « Après tout, on ne peut pas se souvenir de toutes les « femmes avec lesquelles on a couché! »

Ce fut en 1800, en rompant avec Moreau, que la fille Elzélina prit pour la première fois le nom de

L'état civil de la Contemporaine n'a jamais été relevé d'une manière exacte et authentique. Il faut s'en rapporter à elle en cette circonstance. Elle prend le nom d'Elzélina Van Aylde-Joughe. Elle est née en Toscane le 26 septembre 1778, et serait donc âgée de soixante-Saint-Elme, et quitta celui de madame Moreau. Quant trois ans révolus. Son père était un seigneur hongrois, nommé Léopold-Ferdinand de Tolstoy ou Tolstoï; sa mère, une Hollandaise native de Maëstricht, mademoiselle Van Aylde Joughe.

M. de Tolstoï renonça à son nom de seigneurie, et porta celui de Van Aylde. Ce fut donc une mésalliance. Nous ne savons si ce Tolstoi appartenait à la famille russe dont plusieurs membres exercent en ce moment

au prénom d'Ida, ce fut un petit nom dont elle convint avec Ney. Dans le même temps, elle fit des études dramatiques, et débuta dans les Raucourt au ThéâtreFrançais. Elle fut horriblement mauvaise, et sifflée à outrance, nous a dit M. Duval. Elle dut renoncer à cette carrière, et elle ne joua plus que de loin en loin dans quelque troupe ambulante.

Les registres de la Comédie-Française doivent faire

mention des débuts de la femme Ida Saint-Elme. II | Elle n'a jamais mis le pied à Londres dans ce temps doit être facile à l'administration d'y recourir, et peutêtre d'y recueillir quelques données utiles.

De 1800 à 1815, Ida Saint-Elme suit plusieurs fois le maréchal Ney dans ses campagnes, assiste aux batailles d'Eylau, de la Moscowa, au passage de la Bérésina, prend sa part de la campagne de France, et va à l'ile d'Elbe. Tout cela, dans ses Mémoires, est enjolivé d'anecdotes, de détails romanesques, et bourré de mille menteries. Elle gratifie de ses sales faveurs une foule de pauvres officiers morts avec honneur, et qui n'ont pu réclamer d'outre-tombe.

Elle prétend aussi, dans cet intervalle de temps, avoir été lectrice de la grande-duchesse Elisa de Florence; mais ici le mensonge est flagrant : elle n'a jamais occupé réellement cet emploi, et le Times peut la défier en toute assurance d'en produire une seule preuve. Elle n'a jamais figuré sur les états officiels. La grandeduchesse Elisa, assez peu scrupuleuse de sa nature, accueillit effectivement Ida Saint-Elme en son palais, et la reçut quelquefois, mais elle ne l'éleva point à une charge positive. Il est également faux et archi-faux, que jamais la Saint-Elme ait eu aucune audience de Napoléon, ni à Milan, ni ailleurs. La famille de M. Regnault de Saint-Jean d'Angely et le vieux comte de Crouy, ancien chambellan de l'impératrice MarieLouise, lui donnent à cet égard des démentis formels, Il est également faux qu'elle ait jamais été dans le Tyrol; et tout ce qu'elle dit du gouvernement de Junot, duc d'Abrantès, en Illyrie, a été copié dans les livres ou inventé à plaisir par les fabricateurs de ses Mémoires. Il fallait des chapitres au libraire Ladvocat pour arriver à 8 volumes, et il disait tout simplement à la Contemporaine: « Vous êtes censée avoir voyagé dans tel pays, y avoir séjourné tant de temps, y avoir vu telles choses que nous copierons ailleurs, et tout ira bien. »

Ses rapports avec Junot et le duc d'Otrante sont faux, et tous les détails en ont été imaginés quai Malaquais, no 17. Le Times doit la tenir ici en état de mensonge de notoriété publique.

Pour être justes, nous devons dire que toute la péripétie de Michel Ney appartient exclusivement à la Contemporaine, et que ses éditeurs n'y ont presque rien ajouté ni retranché. Les diverses phases de ce drame, se dénouant au 7 décembre 1815, ont paru vraisemblables à beaucoup de personnes, et ont été réputées vraies par beaucoup d'anciens militaires vivant encore en 1827 et 1828.

Les défenseurs du maréchal devant la cour des pairs ont peut-être reçu à ce sujet quelque confidence à l'é

poque.

Mais si la Contemporaine dit à peu près la vérité pour Ney, elle ment impudemment dans son septième volume (du folio 314 à 404), lorsqu'elle prétend être allée à Londres lors du procès de la reine d'Angleterre.

mémorable, et le Times peut la défier hardiment de prouver son inscription à l'Alien-Office, comme aussi de dire où elle a logé. Il est faux qu'elle ait jamais été reçue par la reine Caroline dans sa prison; et lord Brougham, avocat de cette dernière, encore existant, pourrait en témoigner. Il est faux qu'elle ait été reçue par lord Castelreagh et par lord Londonderry. Les huit chapitres contenant toutes ces sornettes ont été fabriqués quai Malaquais, 17, à Paris, par l'inspiration de Ladvocat et par la plume de plusieurs dégrossisseurs. Cela est incontestable. Les portraits de Wellington, Castelreagh, de la reine Caroline, de Brougham, de Georges IV, etc., ont été tracés d'après les papiers du temps, et seulement pour tirer à la page, comme ceux de Chaptal, Carnot, Fouché, Regnault, Moreau, Napoléon, Junot, etc., etc.

Pure spéculation de librairie !

Au huitième volume des Mémoires, on trouve encore des faussetés palpables, et que le Times fera très-bien de relever. Il y a là une douzaine de chapitres faux d'un bout à l'autre. La Contemporaine, qui prétend être arrivée à Barcelone en avril 1821, en compagnie d'un amant espagnol (un certain don Pedro), et avoir habité l'Espagne jusqu'au commencement de 1824, la Contemporaine, disons-nous, n'avait jamais vu les Espagnes lors de la publication de ses scandaleux Mémoires.

Ce qu'elle dit des audiences mystérieuses que lui accorda Ferdinand VII, à Madrid, est une bonne folie sortie de la tête de Ladvocat, en un jour de bonne humeur, et il en est de même pour tous les autres accessoires du voyage en Espagne.

Faisons donc remarquer ici quelles conséquences le Times peut tirer devant les jurés anglais de l'accumulation de tous ces mensonges :

Nous vous donnons l'épithète de faussaire, pour« rait dire le Times, et nous avons raison. La plus a grande partie de vos Mémoires sont faux. Non-seu<«<lement vous avez fait un métier infâme, mais vous « inventez même les personnages avec lesquels vous « l'avez fait. Vous pourriez peut-être imiter leur écri« ture, mais citer leurs visages, nous vous en défions. « Vous n'avez jamais vu le roi d'Espagne, ni la reine « Caroline; en conséquence, vous mentez. Vous parlez « de pays dans lesquels vous n'avez jamais mis le « pied. Vous prétendez avoir adopté pour fils un cer«tain Léopold, qui n'est autre chose qu'une sorte de << souteneur que vous avez raccolé en 1828, pour mieux « vous disputer avec vos libraires, et duquel ceux qui « vous connaissent depuis quarante ans (M. Duval) n'a« vaient jamais entendu parler. Vous avez donc écrit « des faussetés en cherchant à poétiser dans vos Mé« moires un individu que vous avez ramassé à la caa serne des cent-suisses, où il était sous-officier.

En littérature, le faux se nomme plagiat, mais il

a moires qui concernent le Tyrol, l'Illyrie, etc., a été
« presque textuellement copiée dans les Ermites en
« Italie, par
Villemarest.

<< n'en est pas moins un faux. Or, la partie de vos Mé- | Étrangers. Cet hôtel n'existe plus depuis des années ; la maison a même changé de numéro et porte le chiffre 42; mais la vieille Contemporaine a laissé des souvenirs dans le quartier. Lorsqu'elle quitta celui-ci, elle y était perdue de dettes; mais il y a de cela quatorze ans, et ses créanciers sont presque tous morts. Un pharmacien, qu'elle escroqua indignement, vit encore cependant, et est retiré à Vaucresson, au-dessus de Versailles. C'est le sieur Pantagame, rue SainteCroix-d'Antin, 12, auquel a succédé M. Capelle depuis huit ans.

« Vous avez signé sciemment toutes les faussetés « qu'il a plu à M. Ladvocat de vous faire signer dans « son intérêt d'éditeur. Il vous a fait voyager en An«gleterre, en Russie, en Autriche, en Espagne, parce « qu'il avait besoin de copie. Il vous a dit: Vous avez « vu tel personnage, et vous avez couché avec tel autre, << vous calomnierez tout le moude, vous comprise; et « vous avez fait ce que votre libraire voulait. Vous « l'avez fait pour avoir de l'argent, non- seulement a des billets de mille francs, mais quelquefois des « pièces de 40 sous.

Voici comment Ladvocat fut amené à elle :

MM. Alexandre Duval, Talma, Arnault, etc., ennuyés de donner continuellement des pièces de 5 fr. à la femme Saint-Elme, imaginèrent de se débarrasser d'elle et de la repasser à Ladvocat. Ils savaient qu'elle avait beaucoup vu; qu'elle ne manquait pas d'un certain esprit; qu'elle s'occupait de littérature, ou du moins de prose, ils lui conseillèrent de publier ses Mémoires anecdotiques, ses amours avec Moreau et Ney. Ils en parlèrent à Ladvocat, qui prit la chose au sérieux, alla voir le bas-bleu recommandé, et fit une spéculation littéraire de ce qui, dans l'origine, ne de

«Vos Mémoires ne sont pas de vous; vous vous les << attribuez faussement. Ceux qui les ont faits existent << encore, et nous pourrions invoquer leur témoignage. « Les deux premiers volumes ont été faits par Lesourd << (bien que vous le niez dans la préface de votre voyage « en Egypte, 1831). Votre voyage en Espagne a été « inventé et écrit par Cases, celui dans le Tyrol par « Villemarest, et jusqu'aux sommaires de vos chapi« tres, qui sont l'ouvrage de Ladvocat. Ainsi vos Mé-vait rapporter qu'un morceau de pain à l'auteur. Il <<moires ne sont pas de vous; ils sont de

MM. Ladvocat,

Lesourd,

Malitourne,

Amédée Pichot,

Charles Nodier,

prit chez lui des jeunes gens, des écrivains de l'époque, et fit fabriquer les Mémoires de la Contemporaine.

Nous le répétons, il n'y a d'à peu près exact, dans cette histoire, que ce qui a rapport au 7 décembre 1815. Ceci seulement est de la femme Saint-Elme. Ladvocat gagna de l'argent, mais il fut bien tour

Villemarest (signant P. Darrieux, à la France), menté par la furie avec laquelle on l'avait abouché.
Cases, etc. etc.

« Vous vous dites FAUSSEMENT alliée ou parente de la « famille Tolstoi. Vous vous êtes faussement donnée <«< comme lectrice de la grande-duchesse Élisa; vous « portez le faux nom d'Ida Saint-Elme; vous avez un a faux fils; qui donc a plus vécu dans le mensonge « que vous ! Vous êtes un faux vivant, si l'on peut se «servir de cette expression. »>

En 1824, 1825, 1826 et 1827, la femme Saint-Elme végète à Paris dans une affreuse misère, et essaye de faire parler d'elle la plume à la main, n'ayant plus que des traits flétris et ridés à offrir aux amateurs. Ici commence la période de l'écrivasserie. Elle vit des aumônes de Talma, d'Alexandre Duval, de mademoiselle Mars, d'Arnault et de quelques autres personnes qui ont été témoins de sa carrière galante. Elle importune les libraires avec des manuscrits, et obtient même l'insertion d'une lettre dans le Constitutionnel du 15 septembre 1824, au sujet d'un roman qu'elle prépare et qu'elle intitule Corinne. Enfin, de chute en chute, elle arrive au dernier échelon de la décadence; et lorsque Ladvocat alla la trouver en 1827, elle occupait un misérable cabinet garni, au premier sur le derrière, rue Saint-Nicolas-d'Antin, 36, hôtel des

Elle le harcela continuellement pour avoir des secours lorsque le prix de ses Mémoirees fut dévoré. Enfin elle partit pour l'Égypte, le 28 juillet 1828, avec son Léopold, l'espèce de souteneur à gages qu'elle fait passer pour son fils. Elle visita la haute et la basse Égypte, une partie de l'Asie-Mineure, et soutira quelque argent à Soliman-Pacha (le colonel Selves, ancien aide de camp du maréchal Ney).

En 1830 elle était à Malte, lorsque la révolution de Juillet arriva. Elle se rendit à Alger pour y faire des observations et des études. Beaucoup de gens doivent encore se le rappeler. En 1830 et au commencement de 1831 on ne voyait qu'elle, son nœud tricolore et son souteneur, sur la place du Gouvernement, à Alger.

Elle revint en France à bord de la gabarre de l'État, le Robuste, et débarqua à Marseille. Elle s'entendit de nouveau avec Ladvocat, et publia la Contemporaine en Egypte. Six volumes qui n'eurent aucun succès.

En arrivant à Paris, elle dut probablement loger en garni; mais dès le milieu de 1831 on la trouve dans ses meubles, rue du Faubourg-Saint-Jacques, n. 59, maison de M. Martin de Chiberg, c'est-à-dire appartenant à ce monsieur. Là, elle avait un pavillon au

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