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fond d'un jardin, moyennant un loyer de quatre cents francs par an, et elle demeurait avec son fils Léopold, qui ne faisait rien, suivant son habitude, que de boire et de manger.

Elle recevait beaucoup de monde; mais il faut dire que la curiosité entrait pour moitié dans le but des gens qui allaient chez elle. Le général Bertrand venait la voir quelquefois, ainsi que les hommes de lettres Belmontet, Rienzi, Saint-Edme, Barginet, etc. Rienzi a même occupé le pavillon de la Saint-Elme lorsqu'elle partit pour Londres, et y demeura deux ans. Elle a reçu, pendant les trois années qu'elle a passées faubourg Saint-Jacques, 59, de nombreux secours de la famille royale, et elle sollicitait pour obtenir du ministre la pension de femme de lettres. Mais n'ayant pu rien obtenir, elle se décida à transporter on Angleterre ses talents, sa personne et son fils.

Elle partit le 10 avril 1854, après avoir vendu ses meubles et oublié de payer six cents francs de loyers dus au propriétaire. Le sieur Thiébault, agent d'affaires du propriétaire, demeurant rue de Seine, 34, au deuxième, lui fit souscrire des obligations sur lesquelles il est encore dû aujourd'hui (novembre 1841) plus de quatre cents francs.

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Paris, le 27 novembre 1841.

Ladvocat serait disposé à venir en aide au Times. Il sait bien qu'il est le personnage le plus utile et le plus important de l'affaire, celui qui pourrait le mieux constituer la Contemporaine en état de mensonge permanent; mais il ne serait pas fâché au préalable de savoir quel prix on mettra à son alliance. C'est lui qui a improvisé la contemporaine, et a donné à son mythe les apparences de la réalité. Lui seul peut encore, pièces en main, arracher le masque littéraire à cette femme, et prouver qu'elle a tout usurpé en sa vie, jusqu'à la réputation d'auteur; mais il ne le fera pas sans conditions.

C'est donc à un fondé de pouvoir du Times, à un correspondant réel, à prendre la négociation et à la continuer jusqu'au bout. La position est belle; Ladvocat est bien préparé, et il dira tout ce qu'il sait dès qu'il saura qu'il traite avec un agent officiel du TIMES. II n'y a pas à dire qu'on pourrait se procurer les mêmes renseignements près de MM. Amédée Pichot, Charles Nodier et autres qui ont travaillé aux Mémoires; tous ces messieurs renvoient la balle à Ladvocat, disent que dans cette affaire ils ont travaillé pour lui, non pour la femme Saint-Elme, qu'il n'y a que lui qui puisse bien expliquer l'existence de cette femme, et qu'ils ne savent rien de particulier sur elle.

La femme Saint-Elme écrit comme un chat; nous avons vu de son écriture, qui est presque illisible. Si elle est elle-même le fabricateur des lettres fausses, c'est un talent qu'elle a acquis depuis son émigration à Londres. On crait plutôt que le faux n'est point de sa main, mais qu'elle en connaît parfaitement les auteurs. A Paris, elle ne disait pas de mal de Sa Majesté LouisPhilippe, ni de la famille royale. C'est seulement un an avant son départ qu'elle a commencé à déblatérer. Elle prétendait avoir eu une audience du duc d'Orléans en 1828, peu de jours avant son voyage en Égypte, et elle disait que ce prince (aujourd'hui le roi) Les six volumes de la Contemporaine en Égypte l'avait longuement entretenue des exigences des alliés en n'ont pas été écrits par la femme Saint-Elme. Ils sont 1813, et de tous les efforts qu'il avait faits près du ré-bien mauvais, mais elle n'est pas encore dans le cas d'en gent d'Angleterre pour sauver le maréchal Ney, lors faire autant, tant il est vrai qu'elle a bien réellement du célèbre procès. usurpé le titre de femme de lettres, et que le gouvernement avait bien raison de lui en refuser la pension. C'est le vieux Villemarest, dit Pierre Darrieux, qui a été son teinturier dans cette publication, et le brave homme a écrit comme il a pu. Ladvocat s'y était opposé, mais la contemporaine alors n'était plus la mendiante de la rue Saint-Nicolas-d'Antin, et elle a imposé Villemarest au libraire. Quant au bonhomme Villemarest, on ne peut rien tirer de son intelligence abrutie; c'est un ivrogne dont il n'y a plus rien à espérer. Puis, il est partisan de la Contemporaine, étant lui-même attaché à la France.

Si cette audience est une imposture, le Times fera bien de l'ajouter au chapelet de faussetés dont nous avons déjà parlé. Il en est question dans le cinquième volume de la Contemporaine en Égypte.

CABINET DU PRÉFET DE POLICE.

A S. EX. M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
Paris, 28 novembre 1841.

Monsieur le ministre,

J'ai l'honneur de transmettre à Votre Excellence un rapport qui me semble contenir des indications utiles pour le procès intenté au Times par Ida Saint-Elme.

Ladvocat connaît particulièrement M. Grahams du Times. Ce monsieur pourrait lui dépêcher un ami.

ÉPISTOLAIRES.

A MONSIEUR GÉNIE (1).
Monsieur,

Souffrez que je prenne très au sérieux la dernière entrevue que j'ai eu l'avantage d'avoir avec vous: elle était grave; elle était bienveillante; elle me paraissait

loyale.

Un événement déplorable m'est arrivé peu après cette entrevue, événement qui confirmait l'urgence et constatait les suites du plus lâche et du plus indigne. abandon.

Si une mesure, prise depuis, ayant l'apparence de la bienveillance, a été mal prise, l'a été de façon à me blesser profondément, je l'oublie, parce que son résultat tournait au soulagement momentané de ceux qui souffrent près de moi.

Mais, monsieur, au moment de l'ouverture des

Chambres, et pour empêcher mon indignation d'accepter une nature de publicité que vous regretteriez de n'avoir pas prévenue, publicité qui aura lieu infailliblement, si je puis regarder comme la continuation d'un jeu abominable cette promesse de me voir, toujours vaine toujours stérile!

Une entrevue prompte, je vous prie.
Quatre ans de patience,

est-ce assez ? Prenez

III.

A M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES (2).

Monsieur le ministre,

De tous mes revenus, celui que je perçois avec le plus de bonheur, c'est la petite lettre que jusqu'ici

vous m'avez accordée chaque année. Cela me renforce au milieu des luttes que je soutiens pour notre cause. Au milieu de mes ennemis vous m'armez chevalier :mon courage s'en accroît.

Mon collége électoral est sillonné de candidats. An

dryane du Spielberg, Andryane que j'ai vu si souvent chez vous, Andryane enfin que nous voulions lancer sur les Bacot, les Barrot, les Taschereau, se fait promener de porte en porte dans plusieurs de mes cantons contre vous, contre moi. D'Haubersaert en sera surpris.'

D'un autre côté, j'ai un cousin que la naissance a fait d'Anthès, fils du baron de la Clôture. A la révolution de 1830 il a fui de l'École-Militaire dans la Vendée. Après l'échauffourée de Madame, il a passé en Russie dans la garde impériale, a tué en duel le poëte Pouskin, son beau-frère, et, ramené de brigade en brigade, est redevenu Français par ordre de l'empereur. Cet homme, qui allait marcher contre nous, trouve que c'est une horrible chose que le vote Prit

garde, d'ailleurs, que je ne souhaite ni ne demande chard. Il s'appelle aujourd'hui Heckern, après avoir pris le nom de l'ambassadeur de Hollande en Russie, aucune faveur. ainsi que cela lui a été permis par ordonnance royale,

J'attends, monsieur,

Et vous prie d'agréer l'expression de ma haute con- après un premier refus du conseil d'État, qui supposait

sidération.

Hippolyte BONNEllier.

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Cabinet

autre chose que de la paternité dans la donation.

Vous voyez que j'ai affaire à forte partie, car M. de Heckern père, l'ambassadeur, est dans les bonnes grâces de M. Thiers, qui a encore ses moyens d'action et d'intimidation.

Nous combattrons.

Présentez mes profonds respects à madame votre mère, à madame de Meulan. C'est dans ces sentiments

J'ai reçu des mains de M. Génie, de la part de que j'ai l'honneur d'être, M. Guizot, la somme de deux cents francs.

Paris, 10 octobre 1846. Hippolyte BONNellier.

Monsieur le ministre, Votre très-humble serviteur,

(1) Extrait d'un volumineux dossier déposé par nous aux

23 octobre 1845.

archives du ministère de l'Intérieur.

P. DE GOLBÉRY, Procureur général.

(2) Déposé au ministère de l'Intérieur.

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[Les documents qu'on va lire font partie de ces deux portefeuilles laissés par Louis-Philippe aux Tuileries, qu'on a dit à tort égarés, et qui se trouvent au parquet de M. le procureur général près la cour d'appel de Paris.

Toutes ces pièces sont de la main des personnages des noms desquels elles sont signées.

Le curieux récit des mariages espagnols fait par l'ex-roi à sa fille, la reine des Belges, ainsi que la lettre du même à M. Guizot, sont des minutes de la main de Louis-Philippe, surchargées par lui de corrections et de changements.

Les lettres de M. Guizot, toutes écrites à l'occasion ou à la suite de ces mariages, sont également tracées par la main de l'ex-ministre.

Quant à M. de Salvandy, dans les lettres duquel les pieds du roi jouent si fréquemment un rôle, c'est égale. ment son écriture, sa signature, comme c'est son style. ]

LETTRE DE LOUIS-PHILIPPE A LA REINE

DES BELGES.

Neuilly, 14 septembre 1846.

Ma chère bonne Louise, La reine vient de recevoir une lettre, ou plutôt une réponse de la reine Victoria, à celle que tu sais qu'elle lui avait écrite, et cette réponse me fait une vive peine. Je suis porté à croire que notre bonne petite reine a eu presque autant de chagrin à écrire cette lettre que moi à la lire. Mais enfin elle ne voit maintenant les choses que par la lunette de lord Palmerston, et cette lunette

les fausse et les dénature trop souvent. C'est tout simple; la grande différence entre la lunette de cet excellent Aberdeen et celle de lord Palmerston provient de la différence de leur nature lord Aberdeen aimait à être bien avec ses amis; lord Palmerston, je le crains, aime à se quereller avec eux. C'est là, ma chère Louise, ce qui causait mes alarmes sur le maintien de notre entente cordiale, lorsque lord Palmerston a repris la direction du Foreign-Office. Notre bonne reine Victoria repoussait ces alarmes, et m'assurait qu'il n'y aurait de changé que les hommes. Mais ma vieille expérience me faisait craindre que, par l'influence du caractère de lord Palmerston, plutôt peut-être que de ses intentions,

les allures politiques de l'Angleterre ne subissent une modification, graduelle ou hrusque, et malheureusement les affaires d'Espagne viennent d'en être l'oc

casion.

main de la reine d'Espagne pour le duc d'Aumale, avait été prouvée avec tant d'éclat par son mariage avec une princesse de Naples, il est inconcevable que lord Palmerston parle aujourd'hui au comte de Jarnac, mon chargé d'affaires à Londres, dans un billet écrit de sa main, de cette ambition cachée, qu'il juge à propos de considérer comme le mobile de ma conduite, relativement au mariage du duc de Montpensier avec

Dans le premier moment qui a suivi la lecture de la lettre de la reine Victoria, j'étais tenté de lui écrire directement, et j'ai même commencé une lettre pour faire appel à son cœur et à ses souvenirs, et lui demander d'être jugé par elle plus équitablement, et sur-l'infante Louise Ferdinande. tout plus affectueusement; mais la crainte de l'embarrasser m'a arrêté, et j'aime mieux t'écrire à toi, à qui je puis tout dire, pour te donner toutes les explications nécessaires, to replace the things in their true light, et pour nous préserver de ces odieux soupçons, dont je puis dire, en toute sincérité, que ce n'est pas à nous qu'on pourrait les adresser.

Je reprendrai donc avec toi les choses au commencement, et je remonterai à l'origine des mariages espagnols.

Avant même que la reine Christine vînt à Paris, et depuis, dans les nombreuses conversations que j'ai enes avec elle pendant son séjour auprès de nous, j'avais toujours répondu à son instance pour que l'époux de la reine sa fille fût un de mes fils, en lui manifestant l'opinion dans laquelle je n'ai jamais varié, et qui est aujourd'hui confirmée par l'assentiment à peu près unanime de l'Espagne, que l'époux de la reine devait, au contraire, être choisi parmi les princes descendants de Philippe V dans la ligne masculine, clause qui excluait tous mes fils, puisqu'ils ne descendent de Philippe V que dans la ligne féminine, par la reine, mon épouse chérie et bien-aimée, mais qui comprenait, en prince alors mariables, trois fils de don Carlos, deux fils de don François de Paule, deux princes de Naples et un prince de Lucques. Mon gouvernement, partageant entièrement cette opinion, avait même chargé un de nos agents diplomatiques (M. Pageot) de la développer aux trois cours de Londres, de Vienne et de Berlin. Cette mission fut sans résultat ; cependant lord Aberdeen en fut tellement frappé, qu'en considérant les difficultés des uns et des autres, son premier mou

Tu sais, ma chère amie, que pendant sa régence, et longtemps avant son expulsion, la reine Christine nous demandait sans cesse de conclure les mariages de nos deux fils cadets, les ducs d'Aumale et de Montpensier, avec ses deux filles, la reine Isabelle II et l'infante Louise Ferdinande. Nous lui avons constamment répondu que, quant à la reine, quelque flattés que nous fussions d'une pareille alliance, il n'y avait pas à y penser, et que nous avions sur cela un parti bien arrêté ; mais que, quant à l'infante, nous nous en occuperions quand elle serait nubile, ou, comme on dit en Angleterre, marriageable, et que, pourvu qu'il y eût bonne chance qu'elle ne devint pas reine, et qu'elle restât in-vement fut de dire que le comte d'Aquila, frère du fante, c'était une alliance qui nous conviendrait beaucoup, et que nous la ferions contracter avec plaisir au duc de Montpensier.

roi de Naples et de la reine Christine, serait le choix qui en présenterait le moins. Ce prince ayant bientôt épousé la princesse du Brésil, dona Januaria, la préférence de la reine Christine entre ces princes, passa à son frère cadet, le comte de Trapani, et c'est cela (et non aucune préférence personnelle de ma part) qui a amené ce qu'on a appelé sa candidature, et dont on a fait depuis un si malheureux usage.

On ne s'occupait nullement alors du mariage de l'infante, qui n'avait que dix ans, et on ne pensait, d'un côté, qu'à m'arracher le mariage du duc d'Aumale, et de l'autre, qu'à l'empêcher. Ce fut au milieu de cette lutte qu'on mit en avant, n'importe par qui, n'importe comment, l'idée de donner pour époux à la reine d'Es

A mesure que les succès militaires de tous mes fils donnaient une nouvelle impulsion à cette opinion favorable qui se développait de toutes parts sur leur compte, et que le glorieux combat d'Ain Taguin, où le duc d'Aumale commandait, et où il parvint à s'emparer de tout le camp (autrement dit la Smala) d'Abd-El-Kader, entourait son nom de ce prestige qui entraîne toujours les hommes de tous les pays, il s'élevait en Espagne un cri que je pourrais dire presque universel, pour exprimer le veu que le duc d'Aumale deyint l'époux de la reine Isabelle II. Mais je continuai à être aussi sourd à ce you que je l'avais été à ceux qui m'a-pagne le prince Léopold de Saxe-Cobourg, neveu du vaient été adressés successivement pour placer le duc de Nemours sur les trônes de Belgique et de Grèce, et pour lui faire épouser la reine de Portugal. Mes refus furent nets et positifs. Je n'ai jamais trompé personne. Je l'ai dit aux Portugais comme aux Belges; je n'ai laissé aucune illusion ni à ceux qui craignaient ni à ceux qui désiraient, et après que ma loyauté, dans les intentions que je proclamais de ne pas accepter la

roi des Belges, cousin germain de la reine Victoria et du prince Albert, frère du roi de Portugal, de la duchesse de Nemours et du prince Anguste, mon gendre.

Cette candidature fut un incident hien fâcheux. Elle a faussé toutes les positions, la mienne surtout, par l'opposition que j'ai cru de mon devoir d'y apporter; et je vois encore, par les termes mêmes de la lettre

de la reine Victoria, à quel point on se trompe et on est injuste de son côté dans l'appréciation qu'on fait des motifs qui ont dicté cette opposition. Ces motifs étaient puisés autant dans la sincère amitié que je porte aux princes de Cobourg (et dont je crois leur avoir donné plus d'une preuve dans la part que j'ai prise à faciliter les nouvelles illustrations de leur maison) que dans les mêmes considérations politiques qui me portaient à écarter mes propres enfants de cette candidature. J'étais convaincu, et je le suis plus que jamais, que le succès de la candidature du prince Léopold n'aurait servi qu'à attirer des malheurs sur la tête de ce jeune prince, et aussi sur celle de la reine elle-même (si elle l'avait épousé), en amenant le renversement de leur trône, et en plongeant l'Espagne dans cette anarchie dont il est toujours difficile de la préserver. Tu sais, ma bonne Louise, à quel point j'ai développé cette opinion, tant dans mes conversations avec ton excellent roi, que dans les lettres que je lui ai écrites, et tu dois te rappeler tous les arguments dont je me suis servi pour la motiver. Je ne les répéterai donc pas dans cette lettre, déjà si longue; mais je te rappellerai combien j'ai constamment regretté que l'exemple que j'ai donné en prononçant moi-même l'exclusion de mes fils n'ait pas été suivi, et que cette candidature, dont le succès me paraissait devoir être un malheur pour tous, n'ait pas été formellement repoussée et écartée dès l'abord par ceux qui avaient autorité pour le faire, ce qui aurait probablement évité aux uns un grand et inutile désappointement, à moi un des plus pénibles chagrins que j'aie éprouvés (et Dieu sait que je n'en ai pas manqué dans le cours de ma longue vie!), et à tous nos pays et au monde entier le danger des malheurs qui les accableraient nécessairement si la tourmente actuelle ne se terminait pas, comme j'en ai pourtant la ferme confiance, par le maintien et la consolidation de cette précieuse entente cordiale, qui peut seule les en pré

server.

« affaire, et, si je vous donne vos sécurités, il est juste « qu'en retour vous me donniez les miennes. Or, les << miennes sont que vous ferez ce que vous pourrez pour a tâcher que ce soit parmi les descendants de Phi« lippe V que la reine Isabelle choisisse son époux, et a que la candidature du prince Léopold de Saxe-Co«bourg soit écartée. Soit, me répondit lord Aber« deen. Nous pensons, comme vous, que le mieux « serait que la reine prît son époux parmi les descen«dants de Philippe V. Nous ne pouvons pas nous mettre << en avant sur cette question, comme nous l'avons fait, a mais nous vous laisserons faire; nous nous bornerons à vous suivre, et, dans tous les cas, à ne rien faire « contre vous. Quant à la candidature du prince Léo« pold de Saxe-Cobourg, vous pouvez être tranquille « sur ce point; je réponds qu'elle ne sera ni avouée ni appuyée par l'Angleterre, et qu'elle ne vous gênera

<< pas. >>

Guizot, à qui je viens de faire lire ce récit, en a reconnu la parfaite exactitude, et je suis sûr du même témoignage de la part de lord Aberdeen, si je pouvais le lui faire lire également.

Cependant, quelle que soit la loyauté que lord Aberdeen ait voulu apporter dans la direction de ses agents en Espagne, leur marche ne répondit ni à son attente, ni à la nôtre. On eut recours à toutes sortes de moyens pour décolorer la candidature du comte de Trapani, parce qu'on n'ignorait pas que c'était celle qui avait alors le plus de chances de succès auprès de la reine Christine et de la reine sa fille, qui disait sans cesse à ses ministres : « Quiero Trapani » (je veux Trapani). On représentait ce jeune prince comme un crétin, ce qu'il n'est nullement; comme un être chétif, ce qu'il n'est pas davantage, car il est grand, il a une jolie tournure, il monte à cheval à merveille, et il a même remporté tous les prix d'équitation dans les tournois de Naples; puis on insistait sur sa naissance en Italie, pour faire oublier sa qualité de petit-fils dans la ligne masculine Je te parlerai à présent du mariage de Montpensier de Philippe V et de Charles III; sur son éducation au avec l'Infante. Il n'en a pas été dit un seul mot, ni couvent des jésuites de Rome, pour le représenter quand la reine Victoria est venue à Eu en 1843, ni quand comme bigot, superstitieux, fanatique, etc. Ce travail, j'ai été à Windsor, en 1844. Ce n'est qu'en 1845 que dirigé par les journaux du parti progressiste, qui, mallord Aberdeen en parla à Guizot et à moi pour la pre- heureusement, a toujours joui de la faveur des agents mière fois. Notre réponse fut la même. Je dis à lord anglais en Espagne, parvint à entourer le pauvre TraAberdeen que je désirais vivement que Montpensier pani d'une véritable impopularité. Ce fut alors que, épousât l'infante Louise Ferdinande; mais que je ne par une étonnante manoeuvre sortie du palais de Madésirais pas plus qu'il épousât la reine Louise que la drid, on imagina, pour couvrir la transition de la reine Isabelle, et qu'il pouvait même être certain que reine Christine à la candidature du prince de Comon fils n'épouserait l'infante que quand la reine se- bourg, de déverser sur moi l'impopularité de la canrait mariée. Lord Aberdeen ajouta : « Et quand elle didature de Trapani, en faisant retentir les journaux « aura eu un enfant? - Soit, repris-je, je ne demande de l'étonnante absurdité que c'était moi, Louis-Phipas mieux; car, si la reine devait rester stérile, l'in-lippe, qui avais voulu imposer Trapani aux reines et « fante deviendrait l'héritière nécessaire ou inévitable, à l'Espagne; moi qui n'avais ni ne pouvais avoir d'au« et cela ne ferait pas plus mon compte que le vôtre: tre prédilection pour lui que celle qui résultait de « mais pourtant il faut un peu de réciprocité dans cette ce que je savais qu'il était celui des descendants de

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