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sins, à l'École militaire, où sont les casernes de cavalerie; de sorte que ces grands chariots traversent tous les jours Paris, et interrompent la circulation, par suite d'une faute de M. de Clermont-Tonnerre, qui a si ingénieusement placé les greniers à fourrages du côté opposé aux quartiers de cavalerie. C'était un marché de complaisance pour le baron Louis, qui avait vendu au département de la guerre une portion de ses terrains de Bercy.

On dit que M. le maréchal, ministre de la guerre, a l'intention, si la Chambre le pousse trop vivement, d'abandonner une compagnie d'infanterie; ce serait une perte regrettable. L'économie des chevaux de trait est bien préférable, car elle n'a aucun inconvénient. Algérie; crédit; effectif. Colonisation; port d'Alger; Constantine; vice-royauté. L'Algérie tiendra une grande place dans les discussions, car elle en tient une assez large dans le budget et dans l'avenir du pays. La Chambre a donné, l'an dernier, des votes de confiance, sous la condition tacite de résultats à lui présenter cette année.

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Il y a un résultat apparent, la pacification. La Chambre prendra au mot ces assurances de paix, pour demander une réduction de l'effectif algérien, et quelque relâche dans le système d'expéditions du gouverneur. Mais la colonisation marche encore timidement.

Une fois l'ordonnance sur la propriété promulguée en Algérie, comptez sur les colons et sur des capitalistes, car ils ne sont arrêtés les uns et les autres que par l'état précaire des propriétés.

Les desséchements, autre base première de la colonisation, ont été fort négligés depuis un an. On assigne pour raison la maladie de l'ingénieur qui en est chargé, comme si un service aussi important devait être entravé par une telle considération.

La Chambre attache un grand prix aux travaux du port d'Alger. Il convient de lui apporter un compte rendu satisfaisant.

Les esprits s'occupent déjà de la forme définitive å donner à nos possessions. En fera-t-on une colonie? des départements? une vice-royauté? Cette dernière pensée, si froidement accueillie d'abord, a repris faveur avec le temps, et il faut le dire avec le nom qui s'y adaptait si naturellement. Les qualités de M. le duc d'Aumale ont emporté la question. On s'accoutume à la vice-royauté parce qu'on voit un vice-roi.

Cadres administratifs. Les Chambres ont demandé, dans leur dernière session, que l'organisation des bureaux des ministères fût établie d'une manière fixe. On leur a promis quelques arrangements. Mais peut-on jamais dire le dernier mot surce sujet! Les besoins du service ne sont-ils pas trop variables pour permettre rien de définitif? Je crois qu'il ne faudra s'engager que très-prudemment dans cette voie, qui mènerait à une confusion de pouvoirs.

La constitution des ministères elle-même n'a-t-elle pas varié d'une étrange manière depuis quinze ans? et ne sera-t-elle pas encore modifiée? N'a-t-on point parlé d'un ministre spécial à créer pour les colonies, et pour l'Algérie, qui est si mal placée au département de la guerre? N'est-il pas question, quelquefois aussi, d'un ministère de l'agriculture séparée du commerce? L'institution de sous-secrétaires d'État pour tous les ministères n'est-elle pas une idée partagée par beaucoup de députés. M. de Lamartine la produira un jour à la tribune, car il la prône souvent.

Une commission fortement constituée, et composée de douze députés et de huit pairs, des plus considé rables dans les deux Chambres, a travaillé dix-huit mois pour préparer des ordonnances et des règlements, dont l'administration de la guerre retarde la promulgation, sous prétexte de les reviser. M. Dumon, qui faisait partie de cette commission, pourra exposer au conseil, dans lequel il siége aujourd'hui, ce qui s'est passé entre cette commission et le département de la guerre, et les inconvénients des procédés employés à l'instigation d'un chef de service, intendant militaire (M. de Vauchelle), qui a traité cavalièrement cette commission si éclairée, si laborieuse, si considérable. Le conseil devra y songer, dans l'intérêt des crédits que l'on demandera, cette année, aux Chambres, pour l'Algérie. Je ne puis tout dire dans cet aperçu sommaire; je donnerai de vive voix plus d'explications; qu'il me Les plaintes des condamnés de Saint-Michel, la suffise d'engager ici MM. les ministres à ne pas per-captivité du prince Louis, la surveillance de Don mettre qu'une importante et savante ordonnance sur la Carlos, le complot de la rue Pastourelle, le propriété en Algérie, ordonnance rédigée par MM. Du- monument de Molière, fourniront quelques épisodes mon, Félix Réal, Laplagne Barris, Macarel, Romi- à la discussion des fonds secrets. Les réponses sont guière et Laurence (tous fort compétents), soit modi- faciles. Des amis du prince Louis laissent entendre. fiée, corrigée et présentée à la signature du Roi, sans que, si le Trésor et les Chambres faisaient droit à ses avoir été préalablement renvoyée par M. le maréchal- réclamations pécuniaires, il signerait tout ce qu'on ministre, à M. le duc Decazes, président de la commis- exigerait de lui, pour recouvrer sa liberté et s'exiler sion, qui la convoquera pour recueillir ses observations loin de la France. sur les changements proposés. C'est le moyen de sauver les amours-propres, déjà très-alarmés, et les crédits d'Afrique qui pourraient en éprouver quelque dommage.

Gardons-nous des envahissements de la Chambre dans le domaine administratif.

Caisse d'épargne. M. le ministre des finances a laissé entrevoir l'intention de proposer une modification à leur économie; je crois que le moment serait

mal choisi, et qu'il ne faut pas donner à M. de Corme- | possible, ni prête. MM. Dufaure et Passy avaient ab

nin le prétexte d'imprimer qu'on encaisse les facilités
que
le Trésor offrait aux ouvriers économes, dans la
même session où l'on propose une dotation pour un
prince. Il y a des rapprochements qu'il faut éviter.
Agents de change. - M. le ministre des finances se
proposait aussi de demander aux Chambres une loi
pour consacrer et régulariser les marchés à terme sur
les effets publics. Je pense que le moment serait éga-
lement mal choisi. La session est déjà assez remplie de
questions épineuses, et celle-ci le serait beaucoup.

diqué l'an dernier, par leur inconcevable déclaration. Leur séparation les achève; M. Dufaure va tomber dans la gauche. M. Molé a été successivement démantelé de ses appuis, et il n'a publié, il y a un mois, dans les journaux, que cinq lignes qui nous ont annoncé un archevêque de Grenade. M. de Lamartine, après l'Ange déchu en vers, nous l'a donné en prose. M. Thiers, retranché dans son Empire, n'en sortira certainement pas pour attaquer les fortifications, ni la dotation; pas même pour défendre M. Berryer, son ami secret, et pour nous demander encore une fois : Qu'est-ce qu'un carliste? phrase malheureuse qu'il tâ– chera de faire oublier par son silence. Seulement, ses amis annoncent son intention de prononcer un jour de cette session, ou de celle qui se rapprochera des élections générales, un discours fatidique, un discours-régence, pour avertir son pays des tendances du pouvoir,

Quelques réclamations pécuniaires seront soutenues vivement par quelques députés sur pétitions nouvelles ou renouvelées. L'affaire Lestamy (les créanciers espagnols). L'affaire Michelet (fournitures de Russie).L'affaire du comte de Saur (fils du sénateur). Les répétitions de l'ex-roi de Westphalie, prince Jérôme Bonaparte. Il y a un principe d'équité au fond de toutes ces qui s'épure tous les jours des derniers vestiges de affaires; mais cela coûterait plusieurs millions. Juillet, se rétrécit, qui s'isole! etc.

Je sais que des députés y porteront un intérêt trèsvif et très-direct. J'en parlerai avec détail. Quel sera le mouvement des hommes et des partis dans cette session? Les questions de cabinet sont bien éloignées. Il n'y a plus de combinaison

Conclusion.

-

Quant à la gauche, comptons les boules; elle s'est amoindrie. Quant à la majorité, elle est d'autant plus sûre qu'elle se fait indépendante; elle contredit sonvent, elle rejette quelquefois, mais elle soutient toujours, car elle résiste pour appuyer.

MÉLANGES.

A MADAME LA PRINCESSE DE LIEVEN.
Vendredi, 4 février 1848.

Ma chère princesse, veuillez avoir la bonté de remettre ce petit mot à M. Guizot, que vous verrez probablement ce matin, ou du moins dans la journée. C'est pour lui dire le sujet de la conversation que je désire avoir avec lui, et le prier de ne pas prendre, avant de nous avoir entendus, mon beau-frère le duc de Mortemart et moi, de décision sur une chose à laquelle nous attachons un grand prix.

Veuillez agréer tous mes hommages les plus empressés. LE DUC DE NOAILLES.

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IV.

La princesse a bien voulu se charger de vous témoigner le désir que j'avais de vous entretenir un instant. Comme vos occupations et votre santé me font craindre de ne pas le pouvoir d'ici à quelques jours, je prends la liberté de vous indiquer l'objet de cet entretien auquel j'attache beaucoup de prix.

Il avait pour principal objet de vous prier de nous donner, à mon beau-frère le duc de Mortemart et à moi, un moment d'audience pour appeler votre bienveillance sur notre neveu, M. Palamède de Janson, que de bien tristes circonstances rendent en servi en qualité d'attaché à l'ambassade de Londres ce moment très - digne d'intérêt, qui a très-bien sous le maréchal Sébastiani, et qui en a un témoignage très - flatteur de votre main, qui est malheureusement libre des soins qu'il rendrait à sa mère et qui lui avaient fait interrompre sa carrière, pour lequel enfin nous voudrions obtenir une place d'attaché payé auprès de M. de Béarn, son parent, qui de son côté désire vivement de l'avoir avec lui, parce qu'il connaît toutes ses qualités et ses moyens. La place est en ce moment vacante.

Il est nécessaire, monsieur, que je vous explique les différents motifs qui ne peuvent manquer d'appuyer notre demande auprès de vous. La seule chose que je prendrai la liberté de vous demander en ce moment, c'est de ne pas prendre de décision, au sujet de la légation de Hanovre, avant de nous avoir entendus.

Veuillez agréer la nouvelle assurance de tous mes sentiments et de ma haute considération.

Paris. Imp. Lacrampe et Fertiaux, rue Damiette, 2.

LE DUC DE NOAILLES.

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VOYAGE DU DUC DE BORDEAUX EN ANGLETERRE EN 1843.

A M. GUIZOT, MINISTRE DES AFFAIRES

ÉTRANGÈRES.

Londres, le 21 octobre 1843 (1). Cher monsieur Guizot,

Le premier post-scriptum de votre lettre du 27 octobre sur la Grèce, que j'ai dû montrer à lord Aberdeen, contenait quelques lignes sur le voyage de M. le duc de Bordeaux. Arrivé jusque-là, lord Aberdeen a interrompu la lecture, et m'a dit (en substance) :

« Il faut que vous sachiez où j'en suis de cette ques« tion. Je vous ai déjà dit que, d'après les ordres de « la Reine, j'avais fait prévenir le prince de l'arrivée « prochaine de M. le duc et de madame la duchesse de « Nemours, et qu'il serait désagréable à Sa Majesté « qu'il se trouvât à Londres en même temps qu'eux. « M. de Lévis m'a fait répondre que rien ne pouvait « être plus contraire au désir ou à la pensée de M. le a duc de Bordeaux, ou de ceux qui le conseillent, que a de susciter par son voyage en Angleterre le moindre « embarras, soit à Londres, soit en France. M. de « Lévis m'a fait assurer, a continué lord Aberdeen, a que le prince était, quant à présent, absolument

(1) Dans la copie du secrétaire du Roi, M. Fain, cette lettre est bien datée du 21 octobre. Cependant au commencement M. de Jarnac y mentionne une lettre du 27 du même mois. Il y a évidemment erreur dans l'un ou l'autre chiffre. ly

I.

<< sans espérances et sans projets; qu'il était sans doute << du devoir de ceux qui l'entourent de le rendre digne « par son éducation de toute chance plus favorable « que la fortune pourrait lui réserver, mais qu'il n'y << en avait, en ce moment, aucune à prévoir ni à pré« parer. Dans tout son séjour, le prince prendrait pour « règle de sa conduite les moindres désirs exprimés « par la Reine ou son conseil, et si M. de Lévis n'était « pas entré en correspondance avec lui (lord Aber<< deen) pour bien le rassurer sur ce point, c'était uni<< quement par respect pour les convenances telles qu'il « les concevait. »

Lord Aberdeen m'a paru, mon cher monsieur Guizot, pénétré de la sincérité de ce message, qui a été transmis, je crois, comme celui auquel il répondait, par l'entremise de son cousin, lord Mators, lequel demeure auprès d'Édimbourg, et y a souvent approché, il y a dix ans, la famille déchue.

« Ceci posé, a continué lord Aberdeen, je vous dirai « encore que la Reine désire ne point voir le prince, « et, quant à moi, je prendrais la responsabilité de lui « conseiller de refuser sa visite, si, par un motif quel« conque, vous m'en exprimiez le désir au nom du « Gouvernement français. La question est donc entre << vos mains, et vous connaissez assez ce que sont les dispositions de cette cour pour n'éprouver aucun

a scrupule à nous faire connaître vos vœux. Mainte«nant je vous dirai que, livré à moi-même, et si l'on

« était indifférent à Paris, je voudrais que, s'il le dé- | teur. Vous voyez, mon cher monsieur Guizot, que j'ai « sire, la Reine reçût le jeune prince. Il me semble parlé surtout pour me défendre de toute inquiétude «< que nous ne pouvons pas faire moins pour le petit-puérile, ou pour justifier celles qui pourraient plus «fils de Charles X, qui revient en Angleterre avec tard devenir légitimes. Je me reprocherais avant tout << son simple titre de prince exilé, que nous ne nous d'ébranler, par une conduite moins circonspecte, la ◄ sommes crus obligés de le faire pour un aventurier confiance si grande que l'on place ici dans la stabilité « comme Espartero. Cette réception serait évidem- de ce que j'ai l'honneur de représenter. Maintenant, ament strictly private, une simple présentation, sans un mot sur mon opinion personnelle, que j'espère ne a dîner, etc. Mais si vous m'en exprimez le désir, je point avoir légèrement formée, mais que je vous sou« le répète, je déconseillerai même cette simple pré- mets avec une conviction profonde. Il me paraît, mon « venance de notre cour. Tout bien pesé, a continué cher monsieur Guizot, au plus haut point convenable « lord Aberdeen, je me suis décidé à recommander à et désirable que, si la Reine s'en remet, pour la «pria la Reine d'en parler à cœur ouvert à M. le duc de | vate reception » à la décision de M. le duc de Nemours, « Nemours, et à s'en tenir à ce que le prince préfé- notre prince se prononce pour la réception, comme «rera lui-même. » pour toutes les prévenances compatibles avec un simple titre de prince exilé. Je n'ai point oublié ce que vous me mandiez le 9 septembre, au moment où une entrevue de M. le duc de Bordeaux avec l'empereur de Russie et le roi de Prusse, et un congrès légitimiste vous étaient annoncés à Berlin; mais vous savez mème alors où j'ai cru devoir m'arrêter, et, tout ayant échoué à Berlin, il y a, je pense d'autant moins de précautions à prendre ici. Il va sans dire que, s'il devenait nécessaire plus tard de faire connaître pourquoi et comment la réception a eu lieu, rien ne serait plus facile à Londres comme à Paris. Je pourrais même, vous le vouliez, vous écrire officiellement ce que m'a dit lord Aberdeen (mutatis mutandis), et l'affaire une fois arrangée à Windsor, vous me donneriez l'ordre de lui demander la réception et les politesses. Si je n'avais l'espoir que, tout bien pesé, cette opinion sera la vôtre, je serais très-éloquent, mais je vous fais gråce de tous développements plus longs, d'autant plus que cette question n'est ni la seule ni la plus importante dont j'aie aujourd'hui à vous parler.

J'ai répondu que je n'avais et que vous ne me chargiez d'avoir aucune inquiétude sur la course de M. le duc de Bordeaux. Après quinze jours d'absence, ce matin, je n'en avais rien dit moi-même, et si lui ( lord Aberdeen) n'avait rencontré deux lignes sur ce sujet, dans une très-longue lettre sur toute autre chose, il n'aurait point été question du Prince dans notre entretien. J'ai été jusqu'à dire (mais pas plus loin) que j'avais mon opinion personnelle, que je ne devais la lui exprimer que lorsqu'elle serait aussi celle de ma cour, mais qu'il n'avait pas à craindre que, transmise par moi, la pensée que je trouvais au fond de son esprit, fût atténuée dans l'expression. Après cela, j'ai rappelé que tout le parti légitimiste n'était pas de l'école de M, Lévis, et ne tenait pas le même langage. J'ai dit que s'il m'était possible de le mettre lui, lord Aberdeen, en rapport, pendant trois minutes seulement avec un des jeunes gens qui nous arrivent ici, avec M. de FitzJames par exemple, il verrait ce que sont devenues, chez tant d'entre eux, les grandes façons et les bonnes traditions de Versailles. Bien des gens du parti pensent qu'à vingt-quatre ans révolus, il ne serait pas trop tôt pour le Prince de prouver qu'il ne craint pas le feu plus que ses cousins et qu'il est au moins capable de ce qu'a tenté Louis Bonaparte. Si vous voyez quelqu'un des meneurs qui vont arriver ici, ai-je continué, vous vous convaincrez que c'est bien à eux, et non pas au Prince ou à sa suite, qu'il est quelquefois du devoir du Gouvernement, responsable de la tranquillité publique, de songer, et qu'ils ne lui permettent eux-mêmes pas de leur accorder les ménagements que personne, en France, ne voudrait refuser à l'exil de M. le duc de Bordeaux ou à ceux qui le partagent. J'ai dit en ter

Un mot pourtant encore. J'ai à répondre aujour d'hui à une lettre de M. le duc de Nemours, et je lui soumets mon opinion, mais sans développements, et plutôt pour l'engager à arriver bien préparé sur cette question. Veuillez l'entretenir vous-même, et, si vous le jugez convenable, lui montrer cette lettre, qui est le commentaire nécessaire de ce que je lui écris. Adieu, et mille respectueux compliments.

P. DE ROHAN-CHABOT.

minant, cher monsieur Guizot, que si parfois j'aurais à A M. LE MARECHAL, PRÉSIDENT DU CONSEIL.

demander au Foreign-Office, si M. le duc de Bordeaux était à Londres ou à Édimbourg, c'était par le simple motif que je n'avais et que je ne désirais avoir aucun moyen à ma disposition d'informer mon Gouvernement

sur ses mouvements.

Tout ceci a été fort bien entendu par mon interlocu

Paris, 29 décembre 1843,

M. le président du conseil, j'ai l'honneur de vous transmettre, ci-jointe, pour compléter jusqu'au 28 décembre mes précédentes communications, la dernière en date du 9 du courant, la liste des personnes

qui ont pris, dans mes bureaux, des passe-ports pour | séjour que vient d'y faire M. le duc de Bordeaux, a changé l'Angleterre, avec l'intention présumée de se rendre la situation de ce prince. Ce n'est plus un jeune prince auprès du duc de Bordeaux. Je vous transmets égale- malheureux et inoffensif, c'est un prétendant déclaré. ment, comme faisant suite aux listes précédentes, les Dans cet état de choses, l'intérêt et la dignité de la noms des voyageurs qui m'ont été signalés comme étant France imposent au gouvernement du Roi de noupartis des départements pour Londres, dans le même veaux devoirs. Nous ne voulons point exercer sur les démarches de M. le duc de Bordeaux une surveillance in

but.

Veuillez agréer, monsieur le président du conseil, quiète et tracassière qui aggrave le malheur de sa position,

l'hommage de mon respect.

Le conseiller d'État, préfet de police,
G. DELESSERT.

[On lit sur la minute de la pièce précédente une a note du Ministre, ainsi conçue: «Au général Naua det, pour vérifier s'il y a des militaires en activité de a service. Dans ce cas, m'en donner la liste. » ]

CIRCULAIRE AUX AGENTS DIPLOMATIQUES.

Paris, le 2 janvier 1844.

mais nous ne saurions voir désormais avec indifférence les démonstrations dont il pourrait être l'objet dans les pays étrangers. Quelque vaines que fussent en définitive ces démonstrations, elles pourraient, au dehors, placer les représentants du Roi dans une situation peu convenable, et fomenter au dedans, des passions et des espérances criminelles. Nous avons le droit de compter que partout où paraîtra à l'avenir M. le duc de Bordeaux, l'attitude des cours alliées de la France ne permettra pas que ni l'un ni l'autre de ces inconvénients en puisse résulter. S'il en était autrement, la présence simultanée du représentant du Roi ne serait ni convenable, ni possible, et vous n'hésiteriez pas à le déclarer.

Je vous invite à donner lecture de cette dépêche à Monsieur, ce qui s'est passé à Londres, pendant le M. le ministre des affaires étrangères de....

CORRESPONDANCE DES MINISTRES DE LOUIS-PHILIPPE AVEC LUI.

II.

Ministère du 29 Octobre. M. Guizot.

[Cette quatrième partie de la Correspondance de Louis-Philippe avec M. Guizot offre encore un plus grand intérêt que les trois précédentes. La lettre de Louis-Philippe par laquelle elle commence est une réponse à celle de M. Guizot qu'on a lue précédemment page 170 et aurait dû être classée à la suite de celle-ci. ]

A M. GUIZOT, MINISTRE DES AFFAIRES

ÉTRANGÈRES.

Neuilly, 16 juillet 1846.

Mon cher ministre, je ne puis que dire amen à votre lettre d'un bout à l'autre; elle est conforme à ma manière de voir et d'envisager toute la question. Sans doute, nous devons faire nos réserves, non-seulement en faveur de Montemolin et de Trapani, mais de tous les descendants de Philippe V, mariables et non mariés. Nous devons tenir le même langage à Madrid et à Naples aussi bien qu'à Londres. Notre marche a été si loyale et si nette, que cette uniformité de langage en découle nécessairement. Nous avons dit

toujours et partout que nous n'insistions que sur un descendant de Philippe V, sans aucune exclusion ni préférence entre les princes de cette origine, que celles de l'Espagne et de la reine Isabelle II. Nous n'avons secondé Trapani que sur le vœu de la reine mère et de la reine régnante; nous n'avons appris le changement des dispositions de la reine mère à l'égard de Trapani (son frère) que par l'étonnante lettre publique de son secrétaire (1) qui avait le double but de rendre Trapani impossible, et de nous attribuer, contre toute vérité, le blâme de l'avoir voulu malgré elle, et d'avoir voulu l'imposer à sa fille et à l'Espagne.

(1) Voir précédemment page 50 de cette Revue.

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