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MÉLANGES.

III.

Affaire Praslin,

A M. LE MARÉCHAL COMTE SÉBASTIANI.

Eu, jeudi, 26 août 1847.

Mon cher Maréchal,

Je n'attendais que la certitude que vous aviez été informé du coup cruel qui vient de vous frapper, pour vous témoigner que la douleur que j'en ai ressentie est aussi profonde que l'horreur dont il m'a pénétré. Vous savez combien celle que vous pleurez était appréciée par la Reine, par ma sœur, autant que par moi-même, et par tous les miens. Vous connaissez depuis longtemps toute l'amitié que je vous porte, et vous pouvez juger à quel point nous nous sentons associés à la douleur qui vous accable. Soutenez votre courage, mon bien cher Maréchal; conservez-vous pour le précieux dépôt que vous laisse votre malheureuse fille, si justement l'objet de toutes vos affections, pour ces neuf orphelins, qui ont aujourd'hui un si

grand besoin de toute la protection paternelle de leur infortuné grand-père. Vous savez que vous pouvez compter sur moi, pour tout ce qu'il sera en mon pouvoir de faire, afin de vous assister dans la pieuse tâche qui vous est si lamentablement échue. Je regrette de ne pouvoir vous offrir d'autre consolation que celle de ma constante amitié, et de tous les sentiments que je vous garderai tant que j'existerai.

Votre affectionné.
LOUIS-PHILIPpe.

(P. S. de la main de la Reine.) Mon cher Maréchal, je veux vous dire aussi que je m'associe à tous les sentiments que vous exprime mon bon Roi. Vous savez combien j'appréciais et j'aimais votre angélique fille; vous pouvez croire combien je la regrette, et partage du fond de mon cœur toute votre douleur. Votre bien affectionnée.

MARIE AMÉLIE.

Les Correspondants de M. Guizot, ambassadeur à Londres.

A M. GUIZOT.

18 mars 1840.

Il y a déjà quelque temps, mon cher ami, que je voulais vous écrire; mais il fallait savoir un peu votre marche et la mienne. J'ignorais ce que le changement de ministère pourrait apporter de changement à votre mission. Il était survenu aussi des incertitudes sur l'ambassade de Russie. Maintenant, vous voilà pleinement dans vos très-grandes fonctions; et moi, usant de la confiance entière qu'on a paru m'accorder, j'ai, pour le moment, évité une sorte de rupture. M. de Pahlen part aujourd'hui pour son poste. Ainsi, je reste au mien, non pour y travailler, comme vous, à des transactions où se rattachent d'immenses intérêts, mais pour ne rien faire et dire peu, tout en observant de mon mieux un des points importants de l'Europe. J'ai perdu toute tradition de ce qui se passe en France. Peut-être puis-je comprendre l'ensemble et la généralité des situations; les détails et tout ce qui se rapporte aux personnes sont au delà de ma portée. M. Thiers me semble former son cabinet et tenir le pouvoir à des conditions autres que celles où il était engagé l'an dernier. Alors, je me serais fort inquiété de la marche qu'il aurait du suivre. Aujourd'hui, j'ai moins de craintes. Il est plus libre de faire ce qui me semble bien; il l'est moins de faire ce qui me semble mal. Je suppose que vous êtes en pleine conformité de vues

de

avec lui sur les affaires qui vont être traitées à Londres; autrement, je ne comprendrais rien à la situation de l'un et de l'autre. Si je ne me trompe, nous ne nous sommes pas trouvés, depuis les premières années après la révolution de Juillet, dans un embarras politique plus grave. Peut-être même suis-je plus inquiet qu'en 1851. A nulle époque, je n'ai vu les trois puissances du Nord plus disposées à se tenir serrées contre nous. Si nous devenons isolés, si nous perdons toute bonne intelligence avec l'Angleterre, nous tarderons peu à recevoir des offenses, à être blessés dans notre orgueil national. La guerre viendra, non pas la guerre 1792, mais celle de 1813; une coalition bien unie, de grandes armées, animées des traditions encore vives de leurs derniers succès, composées d'une façon presque aussi nationale que la nôtre, et d'un tout autre esprit que les troupes mercenaires du siècle dernier. D'autre part, trop céder à l'Angleterre n'est pas chose possible. Vous avez donc une tâche bien imposante, et en même temps beaucoup de prétentions à vaincre. Je ne sais comment a fait le dernier ministère; mais il a répandu l'idée, et peut-être en Angleterre plus qu'ailleurs, que nous avions envie de guerroyer, de conquérir, de chercher les traces de Napoléon. La loyauté de votre carac tère, la franchise de votre langage, dissiperont ces préventions, et rendront les affaires plus faciles, d'autant que, très-sincèrement, tous, même les Russes, ne veulent pas la guerre. N'imaginons pas que nous faisons

vous était si dévoué! Combien de tristes souvenirs se pressent dans votre cœur !

Adieu, mon cher ami, conservez moi votre amitié, et croyez à la mienne.

J'ai su que vous aviez parlé pour que M. Bellaguet pût retrouver la position qu'il a si malheureusement perdue. Vous avez conservé M. Herbet. Il pourrait le remplacer d'abord par intérim, puis en lui succédant. Que fera M. Cousin? Je lui en écris.

J'ai chargé M. de Maleteste de m'avoir votre portrait. Je ne savais pas qu'il y eût une souscription. Si je venais trop tard, je compterais sur votre protection. J'ai lu votre Introduction à la Vie de Washington; c'est un sage et noble écrit. La Vie elle-même m'a fort intéressé.

Ma femme se rappelle à vous.

BARANTE.

peur, mais sachons que l'idée d'une conflagration européenne épouvante les gouvernements et les peuples. On souhaite ici que vous soyez accueillant et conciliant avce de Brunnow. Il appartient à la politique sage et accommodante de M. de Nesselrode, et nullement à la courtisanerie qui s'empresse à flatter les préjugés passionnés de l'Empereur. Le fond de sa mission a été et doit être encore de toujours appuyer les propositions de l'Angleterre, pour nous brouiller avec elle; mais, au vrai, on ne prend ici aucun intérêt au partage de la Syrie. On ne se soucie pas de la part plus ou moins grande qui sera faite au Pacha. Le point irritable, dans la question d'Orient, c'est l'ouverture des Dardannelles, et la défense de Constantinople. Il a fallu le grand désir de se concilier l'Angleterre pour se décider à des concessions sur ce chapitre. Au commencement de l'affaire, la Russie redoutait beaucoup qu'un arrangement définitif et solide, conclu par tous, garanti par tous, plasat la Turquie sous un patronage commun. Elle y voyait une continuation de cet état de surveillance où elle est Paris, 23 mai 1840. tenue depuis son traité d'Unkiar-Skelessi. Maintenant, on ne croit plus à la possibilité d'une conclusion paMonsieur l'ambassadeur et cher Monsieur, reille. On se persuade que les circonstances ne per- J'attendais, pour vous écrire, d'avoir quelque chose mettent rien de plus qu'un arrangement provisoire à vous envoyer. Je suivais, en attendant, le succès destiné à sortir de l'embarras du moment. En somme, prodigieux que vous avez en Angleterre, et le lustre c'est bien moins la Turquie et l'Égypte dont il est nouveau que cela vous donne en France. Certains s'en question, que le système total de la politique euro- étonnent, beaucoup s'en réjouissent, et le trouvent péenne. Nous, d'accord avec les Anglais, nous ferons tout naturel. Je suis de ceux-là. Un homme de votre la loi aux autres, et ils l'accepteront docilement. Cela valeur personnelle, de votre éclat littéraire, de votre vaut la peine de ne se point brouiller. Si vous réus-illustration politique, de votre élévation morale, doit sissez, vous aurez accompli une œuvre dont les consé-être nécessairement remarqué au milieu d'une société quences seront salutaires pour nous, pour la civilisation, pour le progres de l'humanité, et la très-grande position que vous vous serez faite sera une juste récompense.

AU MEME.

comme celle où vous vivez, qui a sur la nôtre l'avantage de nitre pas moins intelligente, et d'être plus grave et plus recueillie. On vous comprend là-bas, quand vous parlez d'ordre et de Dieu. Et puis, la fron

et qui arrête les jalousies et les haines. Nul n'est intéressé à Londres à nier ce que vous valez et ce que vous êtes: il est donc tout simple que vous y soyez et que vous y valiez beaucoup. Je m'associe de tout mon cœur à ce succès si grand et si légitime. Il donnera, dans l'avenir, plus de force encore à vos principes sociaux, dont nous aurons besoin longtemps encore.

M. de Maleteste, qui vous a vu plusieurs fois, avanttière des pays est un tamis qui laisse passer le mérite, votre départ de Paris, et M. Arisson, m'ont écrit, de votre part, des paroles d'amitié, et disent que je dois comprendre pourquoi je n'ai pas eu des lettres de vous. Sauf les occupations et les préparatifs qui ont dû prendre tous vos moments depuis votre ambassade, je ne devine pas trop bien ce qui a ralenti notre correspondance. Elle est maintenant plus difficile. Cette lettre vous parviendra par une voie sûre que vousmême avez indiquée. D'autres fois, lorsque je n'aurai rien à vous écrire qui redoute la curiosité du ministère anglais, je me servirai des courriers qui, tous les quinze jours, sont envoyés de Londres à Pétersbourg Le volume d'histoire n'est que la moitié du sujet et réciproquement pour le service de l'ambassade. qu'il traite; le second volume s'imprime; mais comme Vous pourriez aussi prendre quelquefois cette voie et le premier embrasse un grand ensemble de questions, me donner de vos nouvelles, à part la politique. Com- et que j'étais pressé de paraître, je l'ai publié. Vous ment êtes-vous établi à Londres? Que vous semble de verrez qu'il contient l'organisation des sociétés par ce séjour ? Qui de votre famille est avec vous ? Où sont l'aristocratie, ce qui m'a fait toucher à de bien belles vos enfants et comment vont-ils? La veille de votre questions. Le second volume contiendra le renversedépart, vous perdiez encore ce bon M. De Vaisnes quiment de l'aristocratie, et l'avénement des bourgeois. Je

Les deux volumes que je vous envoie, sont fort différents, comme vous verrez; de l'histoire et de la littérature. Je crois qu'il faut toujours rester littéraire, quelque érudit qu'on aspire à devenir.

venait pas de m'associer à ces hostilités; je ne veux pas me brouiller, sans motif, avec les hommes éminents de mon pays, de l'opinion desquels je ne serai séparé par rien de radical. Le directeur de la Revue des Deux Mondes me fit un jour des ouvertures, au sujet desquelles je l'autorisai à dire à M. Thiers que mon intention n'était pas de me poser comme son ennemi. M.Thiers me fit répondre qu'il serait bien aise de me voir.

vous prie de faire attention surtout aux deux chapitres | lui a fait et lui fait une guerre très-vive. Il ne me conintitulés Sacerdoce et Théocratie, où j'examine dans quelles conditions politiques et administratives se trouvait le pouvoir religieux des anciens. Vous savez que c'est un sujet entièrement neuf, et que ni Bossuet, ni Montesquieu, ni Gibbon, ni Niebuhr n'avaient traité. Je vous recommande encore comme un travail entièrement neuf, et qu'on trouvera sans doute fort paradoxal, les sept chapitres intitulés la Seigneurie, qui sont une histoire de la féodalité antique et de la féodalité du moyen âge, comparées et expliquées l'une par l'autre. Je crois que vous trouverez là que je manie assez bien la jurisprudence, chose que le second volume montrera encore mieux. Somme toute, quoi que vous pensiez du livre, j'espère que vous y reconnaîtrez un homme grave, laborieux et qui sait quelque chose.

Je connaissais déjà M. Thiers, pour en avoir reçu des avances très-flatteuses, il y a deux ans. Je l'étais même allé voir à cette époque, pour l'en remercier. Il a été fort spirituel et charmant dans notre entrevue, et m'a clairement démontré que, vu mon dévouement très connu pour vous, je devais me rallier à son cabinet, qui était vôtre, autant que sien, et qu'il appela le Douze Octobre à cheval sur la Manche. Il me prenait là par le bon côté, et je répondis très cordialement à l'avance très-cordiale qu'il me faisait. Je lui offris de quitter tout à fait la Presse; il se contenta de ma po

L'autre volume est une restitution de la société romaine du troisième siècle, sous la forme du roman. Il a été publié dans la Presse en feuilleton, à deux chapitres près, et a obtenu un assez grand succès. Je vais en publier un autre le mois prochain, qui sera la re-role de n'y rien écrire contre son administration; je construction des mœurs romaines du même temps, dans les campagnes.

Je vous offre le tout, comme un témoignage de mon dévouement. Je sens trop l'impossibilité qu'il y a aujourd'hui à réaliser la proposition que vous eûtes l'obligeance de me faire, de rendre compte vous-même à l'Académie des Sciences morales, de mon pauvre livre. C'eût été une grande et heureuse chose pour moi, et que je ne remplacerai pas. Je n'ose rien vous demander à ce sujet, sachant bien que votre noble amitié m'offrirait d'elle-même tout ce qui serait possible. Je me rappelle que vous me proposâtes de demander à M. Rossi de vouloir bien prendre votre place. Ce ne serait certes pas la même chose, quoique ce fût un honneur pour moi que d'avoir un rapporteur comme lui; mais il paraît que M. Rossi est habituellement accablé de besogne, et qu'il ne faut pas songer sérieu- | sement à obtenir quelque chose de lui. Je m'en réfère entièrement à vous là-dessus. Il se publie à Londres et à Édimbourg des Revues fort importantes, où je voudrais bien que mon livre pût trouver place. Je prendrai la liberté de vous en faire passer des exemplaires à leur destination, ainsi qu'à celle de quelques homines éminents, si vous me le conseillez. La France est ainsi faite qu'elle ne croit au talent des hommes qu'elle possède, qu'autant que les étrangers les lui ont signalés.

Il me reste à vous parler de ce qu'on appelle ma conversion politique. Je ne sais pas si vous aurez pris garde à une interpellation adressée, à mon sujet, à M. Thiers, à la Chambre, par M. Garnier-Pagès, et à l'espèce de polémique dont j'ai été l'occasion entre divers journaux. Voici le fond de tout cela.

M. de Girardin est, depuis plusieurs années, dans un état personnel d'opposition avec M. Thiers. La Presse

pris donc l'engagement de m'abstenir. J'ai quitté politiquement la Presse, en ce sens que je n'y ai plus écrit une ligne de polémique; mais je suis toujours au journal, et j'y ferai des articles sur les questions générales ou spéciales, la plupart signés; profitant de la publicité et déclinant la responsabilité. Comme je n'ai, vous le savez, d'autres rentes que celles de mon travail quotidien, je fais à la Revue de Paris trois feuilles par mois, pour cinq cents francs, ce que je gagnais à la Presse pour ma politique. Les gobe-mouches parisiens portent à des sommes énormes l'argent que M. Thiers m'a donné, pour acheter mon silence; vous en savez exactement le chiffre rien.

Vous pensez bien, vous, que c'est là aussi ce que j'ai demandé. Quand un homme comme M. Thiers me dit qu'en travaillant pour lui, je travaillais pour moi, et quand il y a dans le cabinet un homme comme M. de Rémusat, la première condition à leur faire, c'est de s'en rapporter noblement à eux; c'est ce que j'ai fait. Je me prépare à passer mes examens de licencié et de docteur; je serai prêt au mois de novembre. Mon second volume des Classes Nobles, aura paru alors. Nous verrons.

D'ici là, souvenez-vous quelquefois de moi, comme d'un homme qui songe à vous, qui vous vénère et qui vous aime.

A. GRANIER DE CASSAGNAC. 10, place Bréda.

Si vous recevez la Presse, vous aurez vu qu'elle s'oc cupe beaucoup de vous, et qu'elle suit la tradition, c'est-à-dire qu'elle vous soutient fort chaudement. I y a peut-être un peu maintenant le désir de contrarier M. Thiers mais qu'y faire? Prenez toujours.

Paris, Imp. Lacrampe et Fertiaux, rue Damiette, 2.

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A SA MAJESTÉ LE ROI DE NAPLES.
A Neuilly, le 22 août 1844.

Monsieur mon frère, cousin et très-cher neveu, le vif désir qui m'anime de resserrer, de plus en plus, les liens du sang et de l'amitié qui m'unissent déjà si étroitement à Votre Majesté, me porte à lui demander la main de sa bien-aimée cousine, madamé la princesse Marie-Caroline-Auguste des Deux-Siciles, fille de son bien-aimé oncle le prince de Salerne, en faveur de mon fils chéri, le duc d'Aumale. Cette alliance comblerait à la fois les vœux les plus chers de la Reine et les miens, et ceux de mon fils, qui, dans le voyage où Vous avez eu tant de bontés pour lui, à Naples, a été à portée d'apprécier votre cousine bien-aimée et ma nièce. J'espère, mon cher frère, que vous êtes bien persuadé que la Reine et moi nous porterions des sentiments tout paternels à la Princesse qui deviendrait notre fille, et dont le bonheur ferait celui de notre bien-aimé fils. Je me flatte donc que Votre Majesté voudra bien accueillir ma demande et accorder son concours à l'ouverture d'une négociation au succès de laquelle j'attache le plus grand prix. Et c'est avec empressement que je saisis cette occasion de vous renouveler les assurances de la sincère estime et de la tendre

I.

et inviolable amitié avec lesquelles je ne cesserai d'être, Monsieur mon frère, cousin et très-cher neveu, de Votre Majesté, le bon frère, cousin et bien affectionné oncle.

LOUIS-PHILIPPE.

AU PRINCE DE SALERNE.

A Neuilly, le 22 août 1844. Monsieur mon frère et très-cher beau frère, c'est au nom de ces sentiments d'amitié dont vous m'avez donné tant de preuves, et qui m'attachent à vous de puis tant d'années, que je viens sous les auspices de mon bon frère et neveu, le Roi du royaume des DeuxSiciles, vous demander de combler les vœux de mon fils le duc d'Aumale, en lui accordant la main de la princesse Marie-Caroline-Auguste, votre fille chérie. J'ose croire que cette union sera heureuse, et que ciel la bénira. Mon fils a été à portée de connaître personnellement et d'apprécier l'aimable princesse dont il ambitionne la main, pour assurer son bonheur. J'espère donc, mon très-cher beau-frère, que vous donnerez votre consentement à ma demande. Il y a déjà bien longtemps que mes plus tendres affections appar

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tiennent à vous et aux vôtres, et le bonheur que j'ai trouvé de tant de manières dans le mariage que j'y ai contracté me fait attacher un grand prix à vous être uni par un lien de plus. C'est dans ces sentiments, et en vous renouvelant l'expression de ma bien vive et bien sincère amitié, que je suis, Monsieur mon frère et très-cher beau-frère, votre bon frère et bien-affectionné beau-frère.

LOUIS-PHILIPPE.

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS.

Naples, le 9 septembre 1844.

déjà de si favorables relations. Je m'empresse donc de dire à Votre Majesté que je suis fier et très-content de consentir à cette union si bien assortie, qui resserre de plus en plus nos liens de famille et qui fera sans doute le bonheur parfait des jeunes époux, sous la protection du Tout-Puissant, sous les auspices de Votre Majesté et sur les exemples que leur offrira Votre famille Royale (1).

A S. M. LA REINE DES FRANÇAIS. Naples, ce 9 septembre 1844. Madame ma sœur et très chère belle-sœur, je reçois l'aimable lettre de Votre Majesté du 22 août dernier, par laquelle elle a la bonté de m'annoncer que Sa Majesté le Roi des Français vient d'adresser au Roi, mon très-cher neveu, et au Prince mon époux, la demande de la main de ma fille chérie, pour Son Altesse Royale Monseigneur le duc d'Aumale. Je remercie infiniment Votre Majesté d'une communication qui a pénétré mon cœur de la plus vive reconnaissance. Je suis sincère

Monsieur mon frère, cousin et très-cher oncle, j'ai lu, avec un plaisir bien vif, l'obligeante lettre par laquelle Votre Majesté a la bonté de demander mon concours au mariage de son très-cher fils, Son Altesse Royale Monseigneur le duc d'Aumale, avec ma cousine bien-aimée la princesse Marie Caroline-Auguste, fille de mon oncle chéri Son Altesse Royale le prince de Salerne. Je m'empresse de répondre à un appel à la fois si doux et si flatteur pour moi et ma famille, par un consentement complet à cette heureusement obligée à Votre Majesté des expressions généreuses union, qui, fortifiant encore plus les liens de parenté de bonté qu'il lui a plu de faire usage à l'égard de ma et d'affection, déjà si étroits entre nos maisons Royales, fille, et j'en ai été profondément touchée, car elles sera acceptée avec des transports de joie par les au- viennent de Votre Majesté, que j'estime supérieuregustes parents de la jeune princesse, laquelle ne pour-ment, et parce qu'une mère aime bien à croire ce qui rait trouver une compensation plus entière au légitime regret filial de quitter sa propre famille, qu'en passant au sein de celle de Votre Majesté, qui est vraiment le modèle des vertus et du bonheur domestique. Je saisis ane occasion si agréable pour renouveler à Votre Majesté l'assurance des sentiments de la plus sincère estime et de la tendre et inaltérable amitié avec lesquels je suis, Monsieur mon frère, cousin et très-cher oncle, de Votre Majesté, le bon frère, cousin et bien affectionné

neveu.

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FERDINAND.

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS. Monsieur mon frère et beau-frère, la demande que Votre Majesté vient de me faire, avec des expressions si flatteuses, par sa lettre du 22 août passé, de la main de ma très-chère fille, la princesse Marie-Caroline Auguste, en faveur de son bien-aimé fils, Son Altesse Royale Monseigneur le duc d'Aumale, n'a comblé de la joie la plus pure, et le concours que le Roi, mon auguste neveu, veut bien prêter à un tel mariage, me rend sur tous les points satisfait. Mon cœur ne saurait douter du sort heureux qui attend ma fille chérie, en s'unissant avec Monseigneur le duc d'Aumale, depuis que j'ai été à même de m'assurer, pendant son bref séjour dans cette capitale, des nobles et aimables qualités qui le distinguent si jeune encore, et dont j'avais

est à l'avantage de ses enfants. J'assure Votre Majesté que ce mariage reçoit un entier consentement, car je vois dans les excellentes qualités du jeune Prince une garantie bien assurée du bonheur dont jouiront des époux si bien assortis, et j'espère que ma fille, qui remplit le devoir de répondre à l'obligeante lettre de Votre Majesté, fera de son mieux pour justifier l'opinion très-flatteuse que l'on veut bien avoir d'elle. L'exemple d'ailleurs de Votre Majesté, qu'elle aura continuellement sous les yeux, sera tout à la fois son guide le plus sûr et sa meilleure consolation de la séparation que sa nouvelle destinée lui imposera de subir. Je prie enfin Votre Majesté de croire aux sentiments de respectueuse affection et d'attachement inaltérable avec lesquels je suis, Madame ma sœur et trèschère belle-sœur, de Votre Majesté, très-affectionnée sœur et belle-sœur.

MARIE-CLEMENTINE.

A S. M. LA REINE DES FRANÇAIS.

Naples, ce 9 septembre 1844. Madame ma sœur et très-chère tante, je viens de recevoir la lettre par laquelle Votre Majesté, faisant usage envers moi de l'affabilité qui lui est si naturelle

(1) La copie de M. Fain s'arrête ici et ne donne ni le protocole final, ni la signature du prince de Salerne.

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