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AFFAIRES D'ESPAGNE ET MARIAGE DU DUC DE MONTPENSIER (1),

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS.

Madrid, le 28 juin 1846.

Sire, mon très-cher oncle, C'est avec un vrai plaisir que je saisis l'occasion d'offrir à Votre Majesté mes hommages les plus respectueux, ainsi qu'à votre auguste famille, pour la conservation de laquelle je forme des vœux au ToutPuissant. La mienne se joint à moi pour vous témoigner ces mêmes sentiments.

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J'ai reçu aujourd'hui votre lettre du 28 juin. Votre Le prochain voyage de mon fils Henri à Bruxelles fils Henri était parti ce matin à six heures pour me fait espérer que Votre Majesté voudra bien lui Bruxelles par le chemin de fer, et par conséquent je accorder sa protection, et même faire en sorte de n'ai pas été informé de vos intentions paternelles à son l'entretenir à Paris à son passage par cette ville, où je départ. Arrivé à Paris le mardi 30 juin, en vertu de égard, assez tôt pour les lui faire connaître avant son voudrais le voir séjourner jusqu'à l'occasion de pou-la permission de trois mois, m'a-t-il dit, qui lui avait

voir retourner à son pays.

Je prie Votre Majesté d'agréer l'assurance de la pro

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de l'ambassadeur de la Reine, et le lendemain, merété accordée, il est venu ici le soir même, accompagné credi, il a dîné chez moi en famille. Il n'est pas revenu chez moi le jeudi et le vendredi ; ce matin il est parti. J'ai fait de vains efforts pour le retenir et pour le déterminer à rester auprès de inoi jusqu'à ce que la Reine lui permît de retourner en Espagne, et je n'ai rien omis, dans les deux conversations que j'ai eues avec lui,

pour lui faire partager mon opinion; que c'était là | tent le comte comme indispensable, le rabaissent en l'attitude qui lui convenait le mieux dans la position promettant de l'en dédommager dans l'avenir.

où il est placé. Néanmoins, je n'y ai point réussi, et j'ignore quels sont ses projets ultérieurs.

Je suis bien touché des sentiments d'attachement que vous me renouvelez dans votre lettre. Vous savez qu'il y a longtemps que j'y compte et que vous pouvez toujours compter de même sur l'amitié que je vous porte et sur tous les sentiments avec lesquels je suis, mon très-cher neveu, votre bien affectionné oncle. LOUIS-PHILIPPE.

Si le comte connaissait moins bien le tissu de la révolution, et les causes du désordre qui ne cesse d'agiter l'Espagne, peut-être pourrait-il se tromper dans l'appréciation qu'il ferait de pareilles promesses; mais il sait trop de quels éléments hétérogènes, contradictoires et misérables, ce tissu se compose; et il n'ignore point que ni les hommes honorables de tous les partis, ni le gouvernement de Madrid, ni aucune puissance étrangère, ne pourraient réaliser ni faire réaliser les offres vagues, mais vraies au fond, qu'on fait

P. S. Faites toutes mes amitiés à Paquito, ainsi qu'à en ce moment. Louise et à Pepita.

NOTE DU COMTE DE MONTEMOLIN (1).

[ Villafranca, juillet 1846. ] Le comte de Montemolin recevra toujours avec gratitude les conseils que lui donnera le roi des Français, dans les intérêts de la famille royale d'Espagne, et de l'Europe, parce que ce sont des objets fort chers à son cœur, conformes à ses vues, et pour lesquels il a fait, il fait et il fera toute espèce de sacrifices, en tant qu'ils se concilieront avec la fin louable qu'on souhaite.

Les indications qui sont venues jusqu'ici à la connaissance du comte, par des voies indirectes pour lui, et très-confidentielles pour ceux qui se mêlent de ses affaires, ne présentent pas une base assez solide pour permettre des explications décisives, ni pour avoir une suite certaine, ni pour amener un résultat prochain

ou éloigné.

Dans ces indications on assure que le comte est indispensable pour donner de la consistance au trône et

D'un autre côté, si le comte, après avoir suivi une ligne de conduite, venait à changer de direction, il démentirait l'opinion qu'on a conçue de lui; et peutêtre, au lieu d'apporter le bonheur, ferait-il renaître dans sa malheureuse patrie un nouveau chaos, qu'on ne pourrait éviter avec les bases équivoques dont on du comte; il a d'autres bases plus concluantes. parle. Mais là n'est pas le fondement du raisonnement du comte; il a d'autres bases plus concluantes.

Le comte apprécie l'intérêt cordial de son auguste oncle et cousin le roi des Français; il voudrait pouvoir lui donner d'autres assurances de sa haute estime et de son amitié.

Le comte pense que la question d'Espagne est envisagée sous un faux point de vue, et qu'elle se présente enveloppée dans de nouveaux bouleversements et de nouvelles calamités. Enfin il est bien douloureux pour son cœur, qui n'a jamais été hostile à la famille royale, que celle-ci se trouve précisément en ce moment menacée de grands dangers, dangers qu'on ne peut méconnaître, mais que ni elle (la famille royale) ni son gouvernement ne peuvent facilement conjurer. 11 n'est pas donné à ce gouvernement de venir à bout de

l'opposition qu'il rencontre : vaincu un jour, il pour

bientôt il succombera de nouveau. Tel est le cours

rait avoir le lendemain une chance favorable; mais

de la révolution.

aux institutions, rétablir l'ordre, et opérer la fusion complète des partis, en prenant des mesures équitables relativement aux intérêts généraux et particuliers; mais on ne voit rien qui puisse conduire à cette fin, dans les propositions vagues qui sont énoncées et jamais il ne refusera d'écouter les propositions qui lui Le comte de Montemolin ne se démentira jamais; qui présentent des contradictions trop fortes pour qu'on ne reconnaisse pas aussitôt que jamais, avec seront faites, et si elles peuvent atteindre les imporelles, le comte ne pourra accomplir l'importante mis-produire les résultats auxquels on tend, le comte ne elles, le comte ne pourra accomplir l'importante mis- tants objets qu'elles supposent enfermer de fait, pour sion qu'on semblerait vouloir lui confier.

Si l'on conserve au comte la force morale et matérielle qu'il possède, il pourra être utile à la famille royale, à l'Espagne et à l'Europe; mais si on l'en prive, il se trouvera dans l'impossibilité de faire le bien et de répondre, comme on le désirerait, aux espérances qu'en apparence l'on mettrait en lui.

Ces propositions, en même temps qu'elles présen

(1) Nous donnons ici la traduction de la copie d'une note en espagnol. Au dos de cette pièce est écrite au crayon la date que nous avons mise en tête de notre version française.

reculera

pas

devant les sacrifices nécessaires par égard pour sa cousine, pour l'Espagne et pour le repos de Europe, qui n'est pas peu intéressée à la tranquillité de toute la péninsule.

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS.

Madrid, ce 3 août 1846.

Sire mon très-cher oncle,

C'est avec on ne peut plus de plaisir que je m'em

presse de faire part à Votre Majesté de l'heureuse résolution prise par mon auguste nièce, la reine Isabelle, de se marier, avec mon fils le duc de Cadix. Comme cet événement si agréable pour moi est dû en grande partie à l'influence de Votre Majesté et à vos bontés pour ma famille, je vous en remercie très-sincèrement et forme des vœux au Tout-Puissant pour la conservation de votre précieuse existence qui fait le bonheur de la France et la jouissance de votre auguste famille. Je prie Votre Majesté de vouloir bien agréer l'assurance de ma reconnaissance pour tous vos bienfaits, ainsi que celle de la profonde estime et du dévouement avec lesquels j'ai l'honneur d'ètre, mon très-cher oncle, de Votre Majesté, le très-affectionné

neveu.

FRANÇOIS DE PAULE ANTOINE.

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Madame ma sœur et très-chère nièce, le vif désir qui m'anime de resserrer de plus en plus les liens du sang et de l'amitié qui m'unissent déjà si étroitement

EXTRAIT D'UNE LETTRE PARTICULIÈRE DE à Votre Majesté, me porte à lui demander la main de

M. DE JARNAC A M. GUIZOT.

Londres, 26 août 1846.

....... Lord Palmerston m'a dit qu'il désirait justement me voir pour me parler d'une dépêche qu'il avait expédiée hier à Bulwer, et que lord Normanby doit vous communiquer. Comme nous étions dans Carlton-Terrace, lord Palmerston n'a pu me montrer la dépêche même, mais il m'en a dit la substance. Bulwer serait autorisé maintenant, si j'ai bien compris, à déclarer que les préférences de l'Angleterre sont décidément pour un prince espagnol sur le trône d'Espagne. Le nom du prince de Cobourg ne serait pas cette fois prononcé ; le comte de Montemolin serait écarté comme hors de cause. Les inconvénients personnels de don François d'Assise seraient assez fortement accusés. Enfin don Enrique serait indiqué comme en définitive le candidat le plus recommandable. Lord Palmerston m'a exprimé l'espoir que M. Bresson pourrait être autorisé à agir dans le sens de cette dépêche nouvelle, s'il n'avait déjà résolu la question en accomplissant le mariage avec don François, comme les dernières nouvelles pouvaient donner lieu de le pressentir.

Sans vouloir prononcer une opinion formelle sur une pièce que je n'avais pas sous les yeux, j'ai dit à lord Palmerston que j'apprenais avec un véritable plaisir ce nouvel incident, dont l'effet serait, je n'en doutais pas, de modifier l'influence et les impressions fâcheuses produites inévitablement par sa première communication, et de rétablir l'accord essentiel de nos deux politiques.........

sa bien-aimée sœur madame l'infante Marie-LouiseFerdinande, en faveur de mon fils chéri le duc de Montpensier. Votre Majesté connait depuis bien longtemps les sentiments que je lui porte ainsi qu'à sa famille. Ils fui sont de sûrs garants de la satisfaction que j'éprouverais de voir ce nouveau lien se former entré nous, et de la tendre affection que la Reine et moi nous porterions à la princesse qui deviendrait notre fille, et dont le bonheur ferait celui de notre fils bien-aimé. J'ose donc me flatter que Votre Majesté voudra bien accueillir ma demande et accorder son concours à l'accomplissement d'une union à laquelle nous attachons, la Reine et moi, un aussi grand prix. C'est avec autant d'empressement que de satisfaction que je saisis cette occasion de vous renouveler les assurances de la sincère estime et de la tendre et inviolable amitié avec lesquelles je ne cesserai d'être, madame ma sœur et trèschère nièce, de Votre Majesté, le bon frère et bien affectionné oncle.

LOUIS-PHILIPPE.

A S. M. LA REINE MARIE CHRISTINE.

Neuilly, le septembre 1846.

Madame ma sœur et très-chère nièce, je viens d'écrire à votre auguste fille la reine d'Espagne pour lui demander la main de la plus jeune fille de Votre Majesté, madame l'infante Marie-Louise-Ferdinande, en faveur de mon fils chéri le duc de Montpensier. Nous comptons, la Reine et moi, sur le concours que vous voudrez bien accorder à l'accomplissement d'un vœu que nous formons depuis longtemps, et dont nous nous sommes si souvent entretenus avec Votre Majesté. Mon fils est bien empressé d'unir son sort à celui de

l'infante. C'est avec bonheur qu'il consacrera sa vie à | qui deviendra notre fille. C'est avec un bien vif em

assurer le sien, et qu'il portera toujours à Votre Majesté le respect et l'affection d'un fils dévoué. La réalisation de cette union comblera nos vœux les plus chers, et tous nos efforts réunis auront pour objet de répondre à votre confiance maternelle, en vous suppléant dans vos tendres soins auprès de la princesse,

pressement que je saisis cette occasion de vous renouveler l'expression de l'inviolable et tendre amitié avec laquelle je ne cesserai d'être, madame ma sœur et trèschère nièce, de Votre Majesté, le bon frère et bien affectionné oncle.

(La suite au numéro prochain.)

LOUIS-PHILIPPE.

AFFAIRE PETIT.

II.

[Nous n'avons pas besoin de rappeler les détails de l'affaire Petit et le scandale immense que causa, à la fin de décembre dernier, à la veille de l'ouverture de la dernière session de la monarchie de 1830, cette révélation qui venait fournir cette preuve que les ministres avaient mis leurs adversaires au défi d'administrer, quand, six mois plus tôt, il s'était agi de trafic de promesses de pairie.

Peu de jours après la publication du Mémoire Petit, la tribune de la Chambre des députés retentit de cette affaire, et M. Guizot, soutenu par M. Hébert, eut à se défendre de ce marché passé dans un cabinet voisi M. Génie avait entrepris de réunir, pour le besoin de la discussion à la tribune, et de la polémique dans les journaux, tous les documents qui lui semblaient de nature à faire considérer ce marché comme licite, abstraction faite du lieu où il avait été contracté. Nous transcrivons la table des matières de ce dossier:

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No 4. Nombre des magistrats de tout ordre décédés, démissionnaires ou retraités, ou promus à d'autres fonctions depuis la création de la Cour.

No 5. Nombre des magistrats de tout ordre décédés, démissionnaires ou retraités, ou promus à d'autres fonctions depuis juillet 1830. Classement par ministère.

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Exemples de démissions conditionnelles données par des membres de la Cour des comptes.
Démissions de famille.

Jurisprudence.

A. Extrait d'un Mémoire de M. Odilon Barrot.

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Nous reproduisons ceux de ces documents qui offrent quelque intérêt ou qui sont nécessaires à l'intelligence de l'affaire; mais, pour être chronologique et historien complet, nous aurons à les faire précéder, à les entremêler, à les faire suivre de lettres et de notes également trouvées dans ces archives curieuses dont M. Génie s'était fait le conservateur.]

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Mon cher ministre, je pars ce matin pour aller chercher madame Barthe qui est à la campagne; mais lundi je serai de retour. Je profiterai la semaine prochaine de la permission que vous m'avez donnée; en attendant, j'ai besoin de vous parler de notre Cour des comptes. Je vous ai dit pourquoi j'étais obligé d'insister contre la nomination de M. R. de L. (2), dans le cas où, après la nomination de M. Trognon à la première classe des référendaires, une autre vacance viendrait à se présenter. Dans ce moment, il est absent sans congé depuis trois mois et demi; son traitement est accumulé, et certainement, si on appliquait avec un peu de sévérité le décret de notre institution, ce magistrat qui n'avait pas droit aux vacances, s'étant absenté depuis plus de deux mois, devrait être

(1) Cette lettre, du Ministre des Finances est, comme la note précédente, sans autre indication de date que celle du jour de la semaine. Nous l'avons classée ici. Peut-être cependant s'applique-t-elle à quelque autre affaire du même genre. Nous laisserons à d'autres à en chercher le mot. (2) M. Rivière de Larque.

réputé démissionnaire. Certes, il ne s'agit pas de cela, mais seulement d'empêcher que les plus graves infractions à la discipline ne soient récompensées par un avancement.

Je me permettrai aussi de vous soumettre une autre considération. Après M. Trognon, le premier candidat est M. Thomas, mon beau-frère; il est plus ancien que M. R. de L.; il est impossible de montrer plus de zèle que lui dans l'accomplissement de ses devoirs; il est aussi exact et laborieux que l'autre l'est peu; il est depuis douze ans à la Cour et il a quarante-sept ans. Je me suis imposé la règle de ne le présenter que lorsque ses droits seraient incontestables; la parenté intime qui nous unit n'a servi en rien à son avancement; je demande qu'elle le protége contre ce qui serait une injustice. J'espère que vous ne me ferez pas ce chagrin; je compte sur votre esprit de justice et sur vos bons sentiments pour moi. Votre bien dévoué.

BARTHE.

EXTRAIT DU MONITEUR DU 14 DÉCEMBRE 1844.

PARTIE NON OFFICIELLE.

Par ordonnance royale, en date du 12 décembre, ont été nommés à la Cour des comptes, savoir : Aux fonctions de conseiller maître :

M. Picard, conseiller référendaire de première classe, en remplacement de M. Buffault, admis à faire valoir ses droits à la retraite, et nommé conseiller maître honoraire;

Aux fonctions de conseiller référendaire de première classe :

MM. Trognon et Vial, conseillers référendaires de deuxième classe, en remplacement de MM. Picard, nommé conseiller maître, et de Corbery, décédé;

Aux fonctions de conseiller référendaire de deu-*

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