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Nous devons dire, pour être historien exact, que M. Benjamin Delessert n'en était pas à sa première candidature. Il n'y a qu'un an, le co-candidat de M. Raspail, de M. Louis Bonaparte, de M. Adam, de M. Roger (du Nord), de M. Fould, de M. Bugeaud, se présentait aux suffrages des électeurs de Florac. La lettre suivante, que nous trouvons dans les papiers de M. Génie, nous apprend que le Conservateur dut peut-être sa fondation à ce premier mouvement d'ambition électorale. L'auteur de cette lettre et le candidat, son fils, jouent le premier rôle dans tout le dossier du Conservateur. Ils provoquent les souscriptions d'actions; ils s'inscrivent en tète des souscripteurs. Le jour de l'élection approchait.

A M. GUIZOT, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN- grande et la plus difficile question sera celle de la rédaction.

GÈRES.

Lundi matin, 19 juillet 1847..

Mon cher ami, je suis venu pour causer avec vous de l'affaire du journal qui continue à marcher assez bien quant aux souscriptions d'actions. Cependant, on est encore loin d'avoir le chiffre auquel il faut arriver. Messieurs les pairs sont très en arrière. Ensuite, la

Je prends la liberté de vous rappeler que vous avez promis d'écrire à M. Boissier, sous-préfet de Béziers, pour l'élection de mon fils; cela est urgent. Les nouvelles continuent à être très-bonnes; mais la lutte sera vive, à cause des engagements qui étaient déjà pris. Il faudra faire usage de toutes ses forces. Tout à vous,

F. DELESSERT.

MÉLANGES.

IV.

LETTRE DU ROI AU DUC DE NEMOURS.

13 juin 1845 (1).

Mon très-cher et excellent Nemours,

Je veux t'exprimer combien je suis touché de l'empressement que la reine et son excellent Albert ont mis à rechercher tous les moyens, même gênants pour eux, de combiner notre entrevue. Avant tout, qu'ils soient bien persuadés que je suis trop satisfait de ce qu'ils ont déjà fait pour moi sur ce point, pour ne pas écarter les changements incommodes que mon désir de les revoir viendrait apporter à leurs projets. Écarte bien surtout de leur pensée toute idée que j'attribue la privation que je dois supporter cette année à aucune considération politique. Je me serais cru injuste et même ingrat, si j'avais jugé ainsi. Ce que j'ai craint, c'est que ceux qui ne voient pas de bon œil la cordiale intimité de nos relations, ne cherchent à dénaturer les

(1) Cette lettre n'est pas datée dans la copie de M. Fain, mais la lettre de Louis-Philippe au roi Léopold, du 14 juin 1845, qu'on a lue page 394, nous permet de lui restituer sa date.

apparences. Je pourrais très-bien aller à Eu, après le triste anniversaire du 13 juillet, et de même après le 1er août; et d'Eu, je pourrais également aller soit à Boulogne, soit à Calais, pour y recevoir la reine, et cette route et ce trajet ne présentent aucun embarras. Mais il y aurait l'embarras des auberges, et je souffrirais de faire un tel arrangement pour la réception de la reine. Cependant, je préférerais infiniment Boulogne ou Calais à Lille ou à Valenciennes; et cela rapprocherait bien plus la reine du chemin de fer belge, qui serait rejoint.

Je crains qu'à mon grand regret il ne faille remettre

à l'année prochaine notre entrevue, et j'ai une grande confiance qu'il n'y aura plus rien alors qui nous empêche de la bien combiner. L'effet de la nouvelle convention sur la répression de la traite surpasse mon attente, et je crois que le débat de la Chambre des Députés va le prouver. Tout ce que j'entends me montre un progrès favorable; dis-le de ma part à l'excellente reine et à Albert (1).

LOUIS-PHILIPpe.

(1) La copie de M. Fain s'arrête ici.

AU ROI.

Je suis, Sire, de Votre Majesté, le très-humble, trèsobéissant et très-fidèle serviteur.

L'AMIRAL ROUSSIN.

Paris, 6 juillet 1843.

Sire,

Je suis désespéré d'être une cause d'embarras pour le gouvernement de Votre Majesté. Je le prévoyais déjà quand, au mois de février dernier, appelé par sa confiance à siéger dans son Conseil, j'ai osé décliner cet honneur, présentant ma prochaine impuissance à le servir. Mon dévouement à sa personne l'a emporté, et j'ai été heureux un moment de lui avoir obéi.

Mais, Sire, mes forces ont trahi mon courage; le poids des affaires m'a accablé. Les médecins, d'abord indécis sur mon état, ne le sont plus; ils partagent les inquiétudes de ma famille, et je suis moi-même convaincu qu'il ne m'est plus possible de servir Votre Majesté comme elle doit être servie.

A M. L'AMIRAL ROUSSIN.

Neuilly, vendredi 7 juillet 1845. Mon cher amiral, j'ai reçu avec bien du regret la lettre que vous m'avez adressée hier au soir. Vous savez combien j'apprécie vos services et le dévouement avec lequel vous vous y êtes consacré ; mais plus je l'apprécie et moins je voudrais exiger de vous ce qui pourrait nuire à votre santé et entraver son rétablissement. Je conférerai avec vos collègues, aussitôt que cela me sera possible, sur la marche à tenir pour satisfaire à vos justes désirs. En attendant, je vous demande de vous bien ménager sur les fatigues d'esprit et de corps; et, pour me servir d'une expression vulgaire, mais qui rend bien ma pensée, de n'en prendre qu'à votre

bien saisir le moment de combiner ce que vous désirez.

Dans cette situation, mon devoir m'ordonne de lui en faire l'aveu, de déposer ma démission à ses pieds, et de la supplier de l'accepter, pour me borner désor-aise, sur tous les points, jusqu'à ce que nous ayons pu mais à faire, pour le bonheur et la gloire du Roi et de son auguste famille, des voeux, dernier tribut des sentiments d'admiration, de respectueux dévouement et de reconnaissance qui ne cesseront qu'avec ma vie.

Vous connaissez, mon cher amiral, tous mes sentiments pour vous, et vous me trouverez toujours empressé de vous en renouveler les assurances.

LOUIS-PHILIPPE.

Béponse à un Avocat et à un Prévenu.

On a lu dans le compte rendu par le Journal des Débats et par la Gazette des Tribunaux, du procès de M. de Pontécoulant, une explication du prévenu et un moyen de défense de son avocat, que nous voulons reproduire :

« M. LE PRÉSIDENT: Les papiers qui ont été trouvés chez vous étaient, à ce qu'il paraît, destinés à être publiés par le journal le Drapeau républicain.

«M. DE PONTÉCOULANT. Je voulais paralyser, par leur publication, l'effet produit par la Revue rétrospective de M. Taschereau ; j'ai ensuite changé d'avis. »

Nous ne répondrons que ceci M. de Pontécoulant a proposé à M. Paulin de nous fournir des matériaux pour la Revue rétrospective. Nous n'avons pas accepté son offre.

Le rédacteur du compte-rendu judiciaire analyse ensuite ainsi un passage de la plaidoirie de Me Blot-Lequesne:

«Le défenseur explique que les quelques lettres ou pièces gardées par M. de Pontécoulant, ou bien étaient sans valeur, ou bien qu'il les conservait pour répondre par une publication à la publication de M. Taschereau, qui incriminait souvent les intentions, le caractère du prince de Joinville. »

La défense a ses licences, mais... nous mettons monsieur l'avocat au défi de prouver son dire. Nos lecteurs le savent, il ne renferme qu'une imputation sans fondement, que, si nous ne tenions compte des exigences du besoin de la défense, nous traiterions de calomnieuse.

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[ Presque au début de cette publication nous avons imprimé les états de dépenses secrètes que renfermaient les portefeuilles des Tuileries pour les départements de la Guerre (page 25) et des Affaires étrangères (page 35). A cette époque, nous avons pris, quant à la publication des Fonds secrets du département de l'Intérieur, un engagement que nous venons remplir aujourd'hui.

La collection des comptes rendus qui nous ont été confiés commence au 7 septembre 1836, et va jusqu'au 13 avril 1847. Mais, dans cette série, manquent les listes des parties prenantes en 1837 (les neuf derniers mois), 1838, 1839, 1840 (les dix premiers mois), 1841 et 1846. Évidemment ces listes ont été détournées. Nous devons à une communication particulière de pouvoir imprimer en tète de ces documents la liste des allocations ordonnancées du 22 février 1836 au 6 septembre suivant, qui ne nous a pas, comme les autres, été remise par M. le procureur général Portalis; elle avait été distraite des portefeuilles avant leur dépôt entre ses mains. Ce qui nous en donne la conviction, c'est que, comme les autres, c'est une copie faite par M. Fain sur l'original présenté par le ministre, et qui lui était rendu approuvé par le Roi.

On nous avait permis d'espérer que nous serions mis à même de remplacer, par les noms propres auxquels elles sont substituées, les mentions au Porteur, suivies, soit de majuscules initiales ou le plus souvent conventionnelles, soit de numéros qu'on rencontre assez souvent dans le principe, mais qui deviennent bien autrement fréquents à mesure qu'on avance. Force nous a été de renoncer à cet espoir. La commission de l'Assemblée Nationale, chargée de l'examen d'une demande de crédit de ce genre faite par la commission du Pouvoir exécutif, n'a pas été plus favorisée que nous dans l'enquête à laquelle elle a voulu se livrer (1).

(1) Voici comment cette commission s'exprime par l'organe de son rapporteur, M. Théodore Ducos :

<< Sous l'administration de M. Duchâtel, deux registres étaient ouverts à l'emploi des dépenses secrètes. L'un demeurait ouvert dans les mains du ministre, et nul n'en recevait communication: c'est sur celui-là que se trouvait établie l'affectation détaillée de chaque payement.

« L'autre appartenait au caissier, et paraît plus particulièrement destiné à la tenue de la comptabilité.

« Le premier de ces registres a disparu, et n'a pas été retrouvé le 24 février.

« Le second ne pouvait nous fournir que des éléments d'appréciation fort incomplète, parce que la majeure partie des

Pour donner à nos lecteurs une idée de ces tableaux tels qu'ils sont dressés, avec leurs mentions de bons au porteur, nous reproduisons complétement ceux de l'exercice 1836-37; mais ensuite, pour chacun des autres états, nous réunirons tous ces bons en un seul article dont nous donnerons le total.

Ici, comme dans les quelques lignes dont nous avons fait précéder les Fonds secrets des Affaires étrangères (1), nous devons prévenir nos lecteurs qu'ils ont à distinguer dans ces dépenses, du prix de services peu avouables, celui de services dont le ministre aurait dù inserire la rémunération sur le budget ordinaire. On y trouve souvent aussi des dépenses remboursées à des préfets, à des généraux chargés de commandements à la frontière; des compléments de traitement à des commissaires de police, à des employés; des payements effectués à des libraires pour achat de livres; à des offices de correspondance pour abonnements de journaux; à des loueurs de voitures pour location; au chef du matériel du ministère pour entretien du mobilier. Rien ne prouvera mieux que cette publication l'inutilité et le danger des trois quarts au moins de ces allocations, par l'emploi qu'on va voir en faire. ]

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M. Thiers avait rendu compte au Roi, le 21 février 1856, de sa gestion jusqu'au dit jour; sa dépense avait été de

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158,097 13 M. de Montalivet rendait compte, à son tour, d'une dépense de 1,499,884 70 M. de Montalivet laisse donc libre sur le crédit, pour faire face aux exigences du surplus de l'exercice.

payements n'y est justifiée que par des mandats au porteur, revêtue de la seule signature du ministre.

<«< Quoi qu'il en soit, à l'aide de ce simple document, nous avons pu recueillir quelques indications précieuses qu'il est de notre devoir de soumettre à l'Assemblée, ne fût-ce qu'à titre de renseignement historique.

« Au nombre des articles compris dans le chapitre général des fonds secrets, il en est un ainsi intitulé: Traitements et indemnités pour services secrets et particuliers; il en est un autre qui porte: Dépenses imprévues pour le maintien de l'ordre public.

« Parmi les allocations consiguées dans ces deux articles, nous avons rencontré souvent des sommes d'une véritable importance, puisqu'elles atteignent, chaque mois, les chiffres de 500, 600, 750, 1,000, 1,500 et 2,000 francs.

« Ces sommes s'appliquent, tantôt à des hommes de lettres qui avaient acquis une certaine célébrité dans la presse ministérielle; tantôt à des fonctionnaires de l'ordre le plus élevé, dont on escomptait ainsi la démission pour satisfaire à des impatiences-parlementaires devenues pressantes; tantôt, enfin, à des députés qui révélaient à ces feuilles secrètes le tarif de leur conscience. On y voit des suppléments de traitements refusés par les Chambres; des traitements entiers pour des fonctions qui n'avaient pas été consenties par le parlement; des indemnités pour des logements supprimés, pour des équipages affectés toute l'année à tels ou tels employés supérieurs, dont la dignité avait sans doute besoin d'être relevée ; pour des femmes tristement célèbres, pour des auteurs complaisants, et pour une multitude d'agents administratifs ou littéraires qui grossissaient à l'envi la cour ministérielle.

2,465,500 >>

1,657,981 83

807,518 17

«En parcourant successivement les registres des huit dernières années, nous avons été frappés de la diminution progressive des mandats nominatifs, et de l'accroissement régulier des mandats au porteur. Ainsi, à mesure que le système de corruption s'est pratiqué davantage et a semblé se développer avec le temps, les traces des allocations ont disparu presque complétement; et, quand nous arrivons au 23 février, nous trouvons qu'il a été dépensé, dans la matinée seulement, une somme de 121,000 francs, en trois ou quatre mandats au porteur, sans qu'il soit possible à la Comptabilité de fournir aucune autre justification que celle de la signature du ministre ordonnateur.

(1) Page 35. Puisque nous avons occasion de parler ici de la réserve que nous avons faite à cette époque, nous en profiterons pour ajouter que sur ces états figurait M. Gors, ancien secrétaire de la mission française à Sainte-Hélène, et que nous ne connaissons pas de plus honorables services que ceux qu'a rendus ce diplomate. Nous ajouterons encore que le dernier article de l'exercice 1847 des Fonds secrets des Affaires étrangères étant : « Colonel Gartner, frais de correspondance, 2,000 fr., » nous avons reçu de Madrid une lettre du 12 août, du colonel Charles Gaertner, qui, bien que son nom fût différent du nom porté sur les états, a cru devoir nous écrire, pour que la confusion ne fut possible pour qui que ce soit : « Si on a voulu désigner ma personne, je de« clare que, n'ayant jamais correspondu avec l'ancien gouver«ment français, je n'en ai pu recevoir aucune rétribution; je « repousserais donc cette inculpation comme un coupable « abus de mon nom indignement exploité. »

Voici la répartition, présentée par le ministre, de cette somme de 1,499,884 fr. 70 c. entre les différentes natures de dépenses :

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Dépenses extraordinaires imprévues pour le maintien de l'ordre public.

168,000 >>>>

147,504 68

54,333 34

224,306 81

41,559 82

48,947 99

41,071 34

774,300 72

1,499,884 70

Ce sont ces dernières dépenses extraordinaires et imprévues, passées au compte du maintien de l'ordre public, et dont bon nombre seraient assez embarrassées de prouver ce qu'elles peuvent avoir de commun avec lui, ce sont ces dépenses dont le détail était fourni par le ministre au Roi. Voici l'emploi de ces 774,300 fr. 72 c.]

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