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Nous sommes à la veille de notre départ; demain, à huit heures, nous nous mettons en route. Marie se porte parfaitement; le médecin a été aujourd'hui la voir, et il a dit que la route ne pouvait faire aucun mal. Ce qui est fort heureux, c'est que le temps est, depuis plusieurs jours, très-doux : cela facilitera beaucoup le long voyage que nous avons à faire. Votre Majesté peut être persuadée que je mettrai tous les soins possibles à ce que Marie ne se fatigue pas. Nos journées

de route ne sont pas très-longues, et j'espère que Marie continuera à se porter aussi bien qu'à présent. Ma sœur et mon frère, le duc et tout le monde ici regrettent le départ de Marie : elle emporte avec elle l'amour et les regrets de tous.

Je crois que cette lettre sera la dernière que j'aie le bonheur d'adresser à Votre Majesté; cependant elle me permettra de lui écrire quelques mots de Munich et de Bade pour lui donner des nouvelles de Marie et de notre voyage. Je prie Votre Majesté de me mettre aux pieds du Roi et de toute la famille royale, et de croire aux sentiments des plus grands dévouement et respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, de Votre Majesté, le plus humble serviteur et fils.

ALEXANDRE DE WURTEMBERG.

Lettre du général de Bréa.

[La lettre qu'on va lire a été écrite par le brave général de Bréa, une heure à peine avant qu'il tombât sous les coups des meurtriers. Ce noble soldat, auquel un commandement avait été confié la veille, se montre, dans cette lettre, plein de reconnaissance, de bonheur, d'expansion. Dans ces dispositions, son cœur n'était accessible qu'à la confiance et aux sentiments généreux; il a cru avoir devant lui des frères égarés; il s'est fié à eux : c'étaient des assassins.

Cette pièce est la seule d'une date postérieure à la révolution de Février, que nous ayons publiée. L'exception nous sera pardonnée aisément. ]

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AVIS.

- La trente-et-unième livraison clora la publication de la Revue rétrospective. Outre la matière or dinaire, elle contiendra titre, faux-titre, table des matières et couverture pour le volume.

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N. 31.

ON NE REÇOIT PAS D'ABONNEMENT. CHAQUE NUMÉRO SE VEND SÉPARÉMENT.
En payant six livraisons d'avance, on les recevra à domicile.

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PRIX: 50 CENT.

LETTRE DU PRINCE DE JOINVILLE AU DUC DE NEMOURS.

I.

[L'original de la lettre qu'on va lire a été enlevé, aux Tuileries, du cabinet de M. le duc de Nemours, par un homme sur lequel la saisie en a été opérée depuis, et qui a été condamné pour détournement de papiers et d'objets de prix. Le document est au parquet de M. le procureur général.

Un journal, qui s'imprime à Alger, a publié cette lettre sur une copie inexacte et incomplète. Plusieurs journaux de Paris l'ont reproduite d'après lui, c'est-à-dire avec les mêmes inexactitudes et les mêmes suppressions. Nous la donnons complète aujourd'hui.

Quelques explications sont indispensables. La lettre, dans le texte qu'on à déjà lu, commençait par : Mon cher bon, cela se comprenait aisément, mais cela était inexact. Elle commence réellement par ces mots : Mon cher TAN. Tan est le surnom donné, dans l'intimité de la famille, au duc de Nemours, comme Hadji était celui du prince de Joinville. Nous devons ajouter, pour l'intelligence d'un des alinéa retranchés dans la première copie, et que nous rétablissons ici, que le Cuistre est le sobriquet que les princes avaient donné à M. Guérard, leur professeur de mathématiques.

Il y a, dans le post-scriptum, un mot souligné, que nous avons reproduit exactement, sans le comprendre.]

Le Souverain, à Spezzia, 7 novembre 1847.

Mon cher Tan,

tous

Je t'écris un mot, parce que je suis troublé par les événements que je vois s'accumuler de tous côtés. Je commence à m'alarmer sérieusement; et, dans ces moments-là, on aime à causer avec ceux en qui on a

confiance. La mort de Bresson m'a funesté, et je pense qu'elle t'a fait le même effet. Je laisse de côté le triste. effet produit à Naples, où les lois sur le suicide sont si sévères; ce qui me touche, c'est la recherche des causes qui ont pu amener ce malheur. Bresson n'était pas malade : il a exécuté son plan avec le sang-froid d'un homme résolu. J'ai reçu des lettres de Naples, de Montessuy, et d'autres, qui ne me laissent guère de

:

doute. Il était ulcéré contre le Père. Il avait tenu à Florence d'étranges propos sur lui le roi est inflexible, il n'écoute plus aucun avis; il faut que sa volonté l'emporte sur tout, etc., etc. On ne manquera pas de répéter tout cela, et on relèvera, ce que je regarde comme notre grand danger, l'action que le Père exerce sur tout, cette action si inflexible, que lorsqu'un homme d'État, compromis avec nous, ne peut la vaincre, il n'a plus d'autre ressource que le suicide. Il me paraît difficile que cette année, à la Chambre, le débat ne vienne pas sur cette situation anormale, qui a effacé la fiction constitutionnelle, et a mis le Roi en cause sur toutes les questions. Il n'y a plus de ministres, leur responsabilité est nulle, tout remonte au Roi. Le Roi est arrivé à un âge auquel on n'accepte plus les observations: il est habitué à gouverner, il aime à montrer que c'est lui qui gouverne; son immense expérience, son courage, et toutes ses grandes qualités, font qu'il affronte le danger audacieusement; mais le danger n'en existe pas moins. On relèvera, je le crois, cette année plus que jamais, cette fausse position: on dira que le gouvernement constitutionnel est particulièrement établi pour éviter ces alternatives de rois trop jeunes ou trop vieux, pour calmer ce que les souverains ont de trop ardent, ou suppléer à ce qui leur manque. Dans le cas actuel, nous aurions besoin des deux choses; mais ces deux choses nous manquent.

Notre situation n'est pas bonne. A l'intérieur, l'état de nos finances, après dix-sept ans de paix, n'est pas brillant. A l'extérieur, où nous aurions pu chercher quelques-unes de ces satisfactions d'amour-propre si chères à notre pays, et avec lesquelles on détourne son attention de maux plus sérieux, nous ne brillons pas non plus.

L'avénement de Palmerston, en éveillant les défiances passionnées du Roi, nous a fait faire la campagne espagnole, et nous a revêtus d'une déplorable réputation de mauvaise foi. Séparés de l'Angleterre au moment où les affaires d'Italie arrivaient, nous n'avons pas pu y prendre une part active, qui aurait séduit notre pays et été d'accord avec des principes que nous ne pouvons abandonner; car c'est par eux que nous sommes. Nous n'avons pas osé nous tourner contre l'Autriche, de peur de voir l'Angleterre reconstituer immédiatement contre nous une nouvelle sainte-alliance. Nous arrivons devant les Chambres avec une détestable situation intérieure; et, à l'extérieur, une situation qui n'est pas meilleure. Tout cela est l'œuvre du Roi seul, le résultat de la vieillesse d'un Roi qui veut gouverner, mais à qui les forces manquent pour prendre une résolution virile.

Le pis est que je ne vois pas de remède. Chez nous, que faire et que dire, lorsqu'on montrera notre mauvaise situation pécuniaire? Au dehors, que faire pour relever notre situation, et suivre une ligne de conduite

qui soit du goût de notre pays? Ce n'est certes pas en faisant en Suisse une intervention austro-française, qui serait pour nous ce que la campagne de 1823 a été pour la Restauration. J'avais espéré que l'Italie pourrait nous fournir ce dérivatif, ce révulsif, dont nous avons tant besoin; mais il est trop tard, la bataille est perdue ici. Nous n'y pouvons rien sans le concours des Anglais; et, chaque jour, en leur faisant gagner du terrain, nous rejette forcément dans le camp opposé. Nous ne pouvons plus maintenant faire autre chose ici que nous en aller, parce que, en restant, nous serions forcément conduits à faire cause commune avec le parti rétrograde; ce qui serait, en France, d'un effet désastreux. Ces malheureux mariages espagnols! nous n'avons pas encore épuisé le réservoir d'amertume qu'ils contiennent. Je me résume En France, les finances délabrées; au dehors, placés entre une amende honorable à Palmerston au sujet de l'Espagne, ou cause commune avec l'Autriche pour faire le gendarme en Suisse, et lutter en Italie contre nos principes et nos alliés naturels. Tout cela rapporté au Roi, au Roi seul, qui a faussé nos institutions constitutionnelles. Je trouve tout cela très-sérieux, parce que je crains que les questions de ministre et de portefeuille ne soient laissées de côté, et c'est un grave danger, quand, en face d'une mauvaise situation, une assemblée populaire se met à discuter des questions de principes. Si encore on pouvait trouver quelque événement, quelque affaire à conduire vivement, et qui pût, par son succès, rallier un peu notre monde, il y aurait encore des chances de gagner la bataille; mais je ne vois rien.

Tu me pardonneras cette épître; mais nous avons besoin de nous sentir les coudes. Tu me pardonneras ce que je dis du Père; c'est à toi seul que je le dis. Tu connais mon respect et mon affection pour lui; mais il m'est impossible de ne pas regarder dans l'avenir, et il m'effraye un peu.

Pour ce qui est de moi, je m'ennuie mortellement ici, où je n'ai rien à faire qu'à avaler des désagréments. Je soupire après le retour.

J'espère que ta santé est meilleure et que tu t'amuses un peu à Paris. Je voudrais bien y être avec toi; car j'ai bien assez de mou eau salée pour le moment.

Que devient le Cuistre? J'attends avec impatience le numéro du Journal des Chasseurs de novembre pour avoir de ses nouvelles.

Sur ce, mille amitiés à Vic (1), et tout à toi.

F. D'O.

Dieu nous préserve d'un voyage en Espagne des Piah. Les mariages espagnols sont mon cauchemar.

(1) Madame la duchesse de Nemours, Victoire de SaxeCobourg.

FONDS SECRETS ().

11.

SUITE DE L'EXERCICE 1844. DU 1 JANVIER 1844 AU 15 MAI 1845.

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(1) Voir précédemment, pour les Fonds secrets du mini- de l'insuffisance du crédit accordé pour ce service, qu'il était stère de l'Intérieur, pages 417, 439, 451 et 469.

Dans les états complémentaires que nous publions aujourd'hui, on trouvera porté le nom de M. Sainte-Beuve. On n'a point oublié qu'une correspondance insérée dans le Journal des Débats et dans le Constitutionnel a révélé qu'un officieux, spéculant sur l'intérêt qui s'attache naturellement au caractère | et au talent de M. Sainte-Beuve, l'avait représenté à M. Duchatel comme étant dans le besoin, et avait obtenu de ce ministre, à différentes reprises, des secours pour l'académicien, sur les fonds secrets, fonds qui sont demeurés, en effet, très-secrets pour M. Sainte-Beuve ; car l'officieux, lui épargnant toute démarche et même toute reconnaissance, ne lui en dit jamais mot, toucha pour lui et garda l'argent.

Outre M. Cerfberr (E.), on trouvera encore dans ces états comme dans les précédents, le nom de Cerfberr sans initiale de prénom et pour des allocations de 100 fr. chacune. M. Ferdinand Cerfberr nous écrit qu'il est attaché depuis bien des années, comme surnuméraire faisant fonctions de rédacteur, à la division de l'administration départementale. C'est par suite

payé sur les fonds secrets d'un traitement de 1,200 fr.

M. Mallac, ancien chef du cabinet du ministre de l'Intérieur, scus les ministères des 6 septembre 1856, 12 mai 1859 et 29 octobre 1840, nous écrit pour nous faire remarquer que les 333 fr. 53c. mensuels pour lesquels il est porté sur ces états jusqu'à l'époque où il fut nommé préfet, étaient une indemnité accordée au chef du cabinet pour une voiture consacrée au service, et que cette même allocation figure au compte de sos prédécesseurs comme à celui de ses successeurs. Notre avis préliminaire avait d'avance garanti les lecteurs contre la confusion que redoute M. Mallac, dont les services n'ont jamais été occultes, pis plus que sa fidélité au malheur.

M. Moreau Christophe nous écrit, de son côté, que les fonds pour lesquels il se trouve sur ces mêmes états sont des subventions pour un journal qu'il a publié, intitulé: le Fravail, journal des intérêts moraux et matériels des classes ouvrières, et pour des voyages entrepris en Angleterre, en Écosse, en Suisse, en Belgique et en Allemagne, en vue d'étudier le système pénitentiaire.

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