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DIPLOMATIE.

II.

Correspondance de Louis-Philippe avec le pape Grégoire XVI.

[C'est à tort que, sous ce même titre, dans notre dernier numéro, on n'a compris qu'une seule lettre de l'ex-roi au précédent pape. La correspondance se compose de deux lettres de ce prince et d'une réponse du souverain pontife. La lettre qui a paru dans le numéro II de cette Revue aurait dû être précédée de la première de celles qu'on va lire, et suivie de la seconde. On remarquera dans celle-ci les recommandations faites par Grégoire XVI à Louis-Philippe pour la question de l'enseignement, recommandations qui déterminèrent vraisemblablement la présentation du nouveau projet de loi de M. de Salvandy.]

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Très-Saint-Père,

Les sentiments d'affection que Votre Sainteté n'a cessé de me témoigner, et le paternel intérêt qu'Elle a toujours montré pour l'avantage des Églises de mon Royaume, me donnent la confiance qu'Elle voudra bien accueillir avec faveur la demande que je viens adres

ser à sa haute bienveillance.

Des pertes bien sensibles au cœur des fidèles ne laissent plus à la France que deux cardinaux. Ce nombre paraîtra sans doute à Votre Sainteté, comme à moi, peu en rapport avec les besoins de la Religion et avec l'éclat accoutumé du clergé gallican. Dans l'espoir que Votre Sainteté appréciera de si puissantes considérations, mes yeux se sont portés sur les prélats de mon Royaume, qui veillent avec le plus de lumières et de zèle sur leur troupeau, et j'ai particulièrement remarqué les services rendus par l'archevêque d'Aix, Arles et Embrun, le sieur Joseph Bernet, et par l'archevêque de Bourges, le sieur Jacques Marie-Antoine-Célestin Dupont. Je n'ai pu qu'être touché de leurs hautes vertus, de la piété dont ils ont donné l'éclatant et salutaire exemple au sein de l'Église de France, et de leur empressement à servir à la fois les intérêts de notre sainte Religion et ceux de l'État. Ces mérites les rendent dignes de toute la bienveillance du Saint-Siége et me font désirer que Votre Sainteté daigne leur accorder la plus honorable récompense, en les décorant de la pourpre romaine, et en les signalant encore davantage par cette insigne distinction aut

respect des peuples pour qui ils sont un objet de constante édification.

Je regarderai comme une nouvelle preuve de votre bonté pontificale l'élévation de ces deux prélats, et je m'estime heureux d'avoir une si favorable occasion de

demander à Votre Béatitude sa bénédiction paternelle,
et de lui renouveler les assurances du respect filial avec
lequel je suis,

Très-Saint Père, de Votre Sainteté,
le très-dévoué fils,
LOUIS-PHILIPPE.

A SA MAJESTÉ LOUIS-PHILIPPE,
ROI DES FRANÇAIS.

Majesté,

Nous avons lu avec un véritable plaisir la lettre confidentielle que Votre Majesté s'est plue à nous écrire de sa propre main (1), en date du 20 décembre écoulé, et qui nous a été remise par M. le commandeur Rossi. Nous y répondons avec cette expansion de cœur que nous devons à Votre Majesté, et qu'Elle attend certainement de nous.

Votre Majesté nous rappelle ce qu'il Lui a coûté de

(1) C'est, nous le répétons, la lettre imprimée dans notre numéro III, p. 34.

d'une infraction au nombre? Que ne dirait-on pas en voyant ainsi fermé l'accès aux recommandations des

peine pour faire révoquer les mesures législatives concernant le traitement des cardinaux, la suppression des trente siéges et la destruction du chapitre de Saint-cours accréditées et aux promotions de la prélature. Denis. Le Saint-Siége et l'Épiscopat français Lui en ont fait un haut mérite. Nous lui en attribuons un autre aussi, c'est l'excellent choix des sujets nommés aux Évêchés. Tout cela nous est parfaitement connu, et autant de fois que nous avons l'occasion de parler de Votre Majesté, soit avec des Français, soit avec des Étrangers, ils ont pu remarquer la pleine justice que nous lui rendons de tout notre cœur.

Toutefois, appréciant les déclarations et éclaircissements que Votre Majesté nous expose dans sa lettre digne d'éloges, et le cardinal Zacchia étant mort, bien que le nombre des trois chapeaux vacants doive être encore inférieur à celui que le Saint-Siége est dans l'usage de retenir à sa disposition par les motifs indiqués, nous avons résolu, afin de faire une chose qui vous soit agréable, et pour un cas d'exception extraordinaire à la constante coutume, de subroger au cardinal Zacchia

plaisir de connaître personnellement quand il vint à Rome, et que nous estimons pour sa sagesse et son zèle dans l'administration de son archi-diocèse, autant que pour la manifestation de ses sentiments, qui sont conformes à ceux de ses autres collègues sur le point si intéressant pour la religion, sur le point qu'il est impossible de ne pas avoir grandement à cœur, et que je recommande avec chaleur à Votre Majesté, sur le point,

Cependant, par notre précédente lettre (1) et par les explications particulières que notre nonce a reçu l'or-monseigneur l'archevêque d'Aix, que nous avons eu le dre de lui redonner, Votre Majesté aura su que si nous n'avons pas adhéré à sa demande de Lui concéder deux nouveaux cardinaux, c'est par la seule impossibilité de le faire. Déjà le nombre des cardinaux, qui ne peut s'augmenter, était presque rempli, et il n'y a pas d'exemple qu'il ait jamais été complet. Tous les papes ont toujours laissé vacants quatre ou cinq chapeaux, pour tous les cas, soit de recommandations des cours qui en ont le privilége, soit de mouvement de prélats fai-dis-je, de l'enseignement public. Il sera donc promu à sant fonctions de cardinaux, ou de quelque éventualité extraordinaire de récompenser les mérites éminents de quelque sujet. Votre Majesté sait bien que la composition du sacré college se publie chaque année dans les journaux, et y est sujet à tous les commentaires. Que ne dirait-on pas si nous donnions le premier exemple

(1) Cette première lettre du Pape ne paraît pas avoir été conservée ou tout au moins retrouvée.

la pourpre sacrée au prochain consistoire, qui aura lieu le 19 du courant mois, et nous sommes charmé d'en donner d'avance la nouvelle à Votre Majesté.

C'est en toute effusion de cœur et d'affection paternelle que je dispense ma bénédiction apostolique à Votre Majesté, à la reine et à toute la famille royale. De notre palais du Vatican, le 12 janvier 1846.

GRÉGOIRE P. P. XVI.

Notification du mariage du prince héréditaire de Lucques avec mademoiselle de Berry (1).

A SA MAJESTÉ LE ROI DES FRANÇAIS.

Sire,

Bien persuadé de l'intérêt que Votre Majesté daigne prendre à tout ce qui peut contribuer au bonheur de ma famille, je m'empresse de lui annoncer avec la plus grande satisfaction que le mariage entre mon très-cher fils Ferdinand-Charles de Bourbon, prince héréditaire, et Son Altesse Royale la princesse Louise-Marie-Thérèse de Bourbon, fille de Son Altesse Royale le duc de Berry, a été célébré aujourd'hui dans le château de Frohsdorf, près de Vienne. Les sentiments que Votre Majesté a toujours daigné me témoigner me donnent l'assurance qu'elle voudra bien partager la joie que j'éprouve pour cet heureux événement. Il m'est infiniment agréable que cette occasion me procure celle de réitérer à Votre Majesté l'hommage de mon respect et les sentiments de la haute considération avec lesquels je suis,

Sire,

De Votre Majesté,

A S. A. R. LE PRINCE DE LUCQUES.

Mon frère et cousin, j'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite pour m'annoncer la célébration du mariage de votre très-cher fils le prince héréditaire avec Madame la princesse Louise-Marie-Thérèse de Bourbon, fille du feu duc de Berry. Vous avez rendu justice à mes sentiments en pensant que je prendrais une part bien réelle à un événement qui doit contribuer à la fois à votre bonheur personnel et à celui de votre famille, et c'est avec plaisir que je vous adresse mes félicitations, en vous réitérant l'assurance de la sincère estime et de la parfaite affection avec lesquelles je suis, Mon frère et cousin,

Votre bon frère et cousin, LOUIS-PHILIPPE.

A Paris, le 7 janvier 1846.

Le bon cousin et serviteur, CHARLES-LOUIS.

Urschendorf, 10 novembre 1845.

(1) Sous une première chemise portant pour suscription, de la main du roi, le titre qu'on vient de lire, on en trouve une seconde sur laquelle la même main a tracé ces mots : « Mon cher baron, veuillez faire une mise au net, que je signerai, de « la répɔnse avec mes corrections. Mais gardez ma minute et ne la donnez pas aux bureaux. »

MÉLANGES.

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III.

Rapport de pétitions de députés.

A MONSIEUR GUIZOT,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Je sais aussi qu'il redoute beaucoup la censure des journaux; mais il lui serait facile, en se prévalant de la demande qui lui en avait été faite par M. Bertrand,

Le Puy (Haute-Loire), 5 octobre 1845. octogénaire, de le remplacer par son fils, en même

Monsieur le Ministre,

J'ai trop de confiance dans vos paroles pour avoir douté un seul instant des dispositions bienveillantes que vous m'avez manifestées à diverses reprises. La lettre dont vous venez de m'honorer, en me prouvant qu'au milieu des grandes affaires qui doivent préoccuper votre esprit, vous vous souvenez de celle qui me concerne, me donne l'assurance d'un succès prochain, puisque Votre Excellence veut réussir. Je n'avais pas besoin qu'un sentiment de profonde reconnaissance vînt s'ajouter aux diverses considérations qui me font prendre rang parmi vos amis les plus dévoués; mais, pour des cœurs tels que le mien, un bienfait reçu enchaîne à jamais.

Vous avez entre les mains les certificats qui m'ont été délivrés par quelques-unes des célébrités médicales civiles et militaires. Celui de M. le doyen de la faculté de médecine de Paris résume mes travaux scientifiques, et suffira, je l'espère, pour prouver à messieurs vos collègues, dont je n'ai pas l'honneur d'être connu comme médecin, que mes prétentions n'ont rien d'exagéré.

Je sais que M. Cunin-Gridaine adopte le principe de l'inamovibilité absolue en faveur des médecins, et qu'il oublie peut-être un peu trop que, pour la direction des établissements thermaux, il faut des hommes jeunes encore, actifs, zélés, et intéressés, sous le double point de vue de la science et de la prospérité de l'établissement confié à leurs soins, à s'occuper avec dévouement de tout ce qui regarde cette branche importante de l'art de guérir.

temps qu'il me nommerait à Néris. Cette double mesure, dictée par des considérations d'utilité publique faciles à établir, se trouverait ainsi expliquée et légitimée.

Quoi qu'il en soit, j'espère que vous triompherez de sa résistance; et puisque vous daignez vous charger de la défense de ma cause, je dois la croire gagnée. J'ai besoin, vous le savez, pour pouvoir conserver le mandat législatif que m'ont confié mes concitoyens, d'occuper un poste qui puisse m'indemniser des sacrifices que j'ai dû m'imposer, et je dois d'autant plus désirer que la session prochaine ne s'ouvre pas sans l'avoir pas de concurobtenu, que je suis certain de n'avoir rent, et que ma réélection est assurée.

Je vous remercie de l'intérêt que vous prenez M. d'Arnouville. Ce fonctionnaire, capable et dévoué, mérite à tous égards la confiance du gouvernement, et il travaille avec succès à émousser les aspérités de son caractère. Assez de reproches lui ont été faits à cet égard, pour qu'il ait dû songer à se corriger.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'hommage du respectueux dévouement avec lequel je suis

Votre très-humble serviteur.
RICHOND DES BRUS.

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à

LE MÈME AU MÊME.

Le Puy, 20 septembre 1847.
Monsieur le ministre,

Veuillez agréer mes vifs remerciements pour votre bienveillante intervention dans l'affaire qui me concernait. Mon dévouement vous était acquis, parce que vous étiez le représentant éloquent de mes principes et des véritables intérêts du pays. Il sera désormais cimenté par un sentiment profond de reconnaissance.

La lutte que va provoquer ma réélection sera chaude sans doute, car, à mon occasion, l'opposition voudra essayer de recueillir les fruits de ses publications insensées. Qui dit conservateur, dit, dans son vocabulaire, voleur et corrupteur; mais j'ai foi dans le hon sens de mes concitoyens, et, malgré les déclamations de quelques énergumènes qui font cortége à M. Tuja, notre ex-collègue, je crois pouvoir compter sur un succès éclatant.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'hommage sincère de mon respectueux dévouement.

RICHOND DES BRUS.

A MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES

ÉTRANGÈRES.

A Lafressange, par Saint-Didier-La Seauve (Haute-Loire), 2 octobre 1846.

Monsieur le Ministre,

Lorsque vous étiez souffrant à Auteuil, nous y fùmes pour avoir l'honneur de vous voir, et là, vous eûtes la bonté de dire à mon fils: « L'automne ne se « passera pas que vous ne soyez nommé premier secréa taire; il est donc inutile que vous rejoignez (sic) à « Hanovre, D

Cet automne est passé : nous voici arrivés à un autre! Qu'es-t-il (sic) résulté de cette espérance? D'abord, la perte pour mon fils de dix-huit mois d'intérim de ministre; secondement une chose bien plus grave encore, c'est l'espèce de doute fâcheux élevé dans le public sur la conduite d'un fonctionnnaire qui a bien servi. Permettez-moi de vous dire, monsieur le ministre, qu'il y a de votre part, en cette circonstance, une étrange manière d'agir vis-à-vis un ami politique et un député qui a toujours eu pour votre personne un dévouement tout particulier!! Je demande à votre loyauté si j'ai acquis le triste droit de me plaindre?

J'ai appris que mon collègue, M. Mathon de Fogères,

ne vous a pas laissé ignorer qu'il avait comme moi des motifs pressants pour désirer l'avancement de mon fils. Votre parole lui a été donnée pour le mois d'octobre actuel; vous n'avez pas hésité à me donner de votre bouche la même certitude: nous y comptons d'une manière absolue. Enfin nous croyons l'époque venue où il doit, entre vous et nous, exister une réciprocité de sentiments, de sympathie et de procédés. Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de mon dévouement et de ma haute considération.

Votre tout dévoué serviteur,
Marquis DE LAFRESSANGE, député.

Veuillez, je vous prie, avoir la bonté de m'honorer d'une réponse.

A MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Bourg-Argental (Loire), le 14 octobre 1846.

Monsieur le Ministre,

A l'instant où sans doute va avoir lieu le travail de cette année pour le mouvement du personnel diplomatique, permettez-moi de vous rappeler M. le comte de Lafressange que Votre Excellence a bien voulu me faire espérer de voir nommé premier secrétaire d'ambassade à cette époque.

Certain d'être nommé député de la Haute-Loire à la prochaine législature, et cela à ma parfaite connaissance, M. de Lafressange a un caractère et une intelligence qui le recommandent déjà d'une manière toute particulière auprès de Votre Excellence, qui voudra bien prendre en considération le vif intérêt que je porte à ce jeune homme, mon parent et mon ami.

Veuillez agréer, monsieur le Ministre, la nouvelle expression de mes sentiments de haute considération. MATHON DE FOGÈRES, député de la Loire.

A MONSIEUR GÉNIE.
25 janvier,

J'aurais désiré vous dire un bonjour d'amitié et non intéressé.

Depuis mon arrivée, je n'ai pu parvenir à voir M. le Ministre des affaires étrangères.

Au reste, le sentiment qui a fait que j'ai été com—

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