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mais paru à ce régiment. (Registre des officiers du le plus heureux des hommes. Daignez honorer de votre dixième.) toute-puissante intervention les vœux d'un jeune mili

Entré ensuite dans les mousquetaires de la maison taire plein de vénération pour votre auguste personne, du roi.

[Rien ne vient à l'appui des assertions contenues dans les lettres suivantes. Il n'existe de traces d'aucune demande d'avancement ou de décoration en faveur du pétitionnaire. Une seule blessure se trouve constatée.]

A S. A. R. MONSIEUR,
LIEUTENANT- GÉNÉRAL DU ROYaume.
Paris, ce 16 avril 1814.

Monseigneur,

La décoration des braves a été demandée en ma faveur trois fois. L'interception des dépêches et les dernières circonstances m'ont empêché de la recevoir. Daignez ordonner, Monseigneur, que je porte sur mon cœur cette honorable récompense de mes services, heureux si, après avoir versé mon sang pour une cause illégitime, je puis faire agréer à mon roi l'hommage de tout celui qui coule dans mes veines.

J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect et le plus sincère dévouement, de Votre Altesse Royale, Monseigneur, le très-humble et très-obéissant serviteur,

N. DE SALVANDY,

Sous-lieutenant au 18e rég. d'inf. de ligne. A Paris, rue Fleurus n° 18, près le Luxembourg.

AU PRINCE DE WAGRAM.

Paris, le 23 juin 1814.

Mon prince, Adoré de l'armée, vous êtes son protecteur-né; elle n'espère plus aujourd'hui qu'en vous: c'est à ce titre que j'ose réclamer de nouveau les bontés dont vous avez déjà honoré un jeune homme qui ne cessera jamais de s'enorgueillir d'avoir servi sous des drapeaux où votre génie a si souvent rallié la victoire.

digne par sa conduite sur le champ de bataille de la faveur qu'il sollicite, et qui ne cessera de faire des vœux pour votre prospérité.

J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect, mon prince, votre très-humble et très-obéissant serviteur, N. A. DE SALVANDY,

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Un jeune officier, aussi passionné pour la carrière des armes, que plein d'amour et de dévouement pour l'auguste dynastie des Bourbons, et fier d'avoir déjà fait deux campagnes, celles de Saxe et de France, et reçu trois blessures dont une saigne encore, s'adresse avec confiance à son roi pour obtenir des bontés de Sa Majesté une récompense honorifique qu'il allait obtenir de la justice de l'ancien gouvernement, lorsque le jour de la restauration a lui pour les Français.

Sire, la décoration de la Légion d'honneur était le seul objet de mon ambition; dépouillé par la révolution, elle eût été ma seule richesse. J'ai tâché de la mériter sur les champs de bataille, et j'ai eu le bonheur d'y réussir; je me suis signalé dans plusieurs rencontres sous les yeux de mes chefs, et ils ont demandé en ma faveur une fois de l'avancement et trois fois la croix des braves. Ces demandes ne sont malheureusement pour moi parvenues au chef du gouvernement français, que lorsque le sceptre de fer était échappé de

ses mains.

Sire, sans la croix d'honneur, il n'y a pas de bonheur moi. pour J'ai fait avec honneur les campagnes de Saxe et de Louis-le-Désiré voudra-t-il que dans l'âme d'un de France; je n'avais qu'un vœu, celui de servir ma pases plus affectionnés sujets, à l'époque de son retour trie; qu'une ambition, celle d'obtenir la croix d'hon-au trône de ses pères, se rattachent les plus cuisants souvenirs, les plus amers regrets?

neur; elle eût été ma seule richesse, elle aurait comblé ma félicité. J'ai tâché de la mériter; j'ai eu le bonheur d'y réussir. Dans plusieurs rencontres, je me suis signalé sous les yeux de mes chefs. Dans une circonstance, le général comte Gérard qui commandait le 2° corps, fit un rapport sur ma conduite: trois fois la décoration fut demandée en ma faveur, et j'allais l'obtenir lorsque les Bourbons furent rappelés au trône. Je demande que le roi fasse pour moi ce que j'avais lieu d'attendre de la justice de l'ancien gouvernement. Voudra-t-il que l'époque de son avénement au trône de ses pères, soit pour un de ses sujets l'époque de regrets éternels? Qu'il me donne la croix, et je lui donne ma vie.

Mon prince, vous n'avez qu'un mot à dire, et je serai

Sire, donnez-moi la croix d'honneur, et je vous donne ma vie. Français, j'implore la bienveillance de Votre Majesté; neveu du comte du Bouzet qui périt à l'armée de Condé en combattant pour son roi, je sollicite vos bontés; soldat et brave, je réclame votre justice.

Je suis avec le plus profond respect, de Votre Majesté très-chrétienne, le très-humble et très-obéissant serviteur et très-fidèle sujet,

N. A. DE SALVANDY, Officier au colonel général, ci-devant au 18e régiment d'infante de ligne.

Rue Cassette, no 37.

Paris. Imp. Lacrampe et Fertiaux, 2, rue Damiette.

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CORRESPONDANCE DE LOUIS-PHILIPPE ET DE SA FAMILLE
AVEC LA FAMILLE ROYALE D'ANGLETERRE (1).

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Nous donnons aujourd'hui la première partie d'une correspondance qui sera lue avec un vif intérêt des deux côtés du détroit. On y verra des communications d'abord affectueuses, prendre un ton de dévouement de plus en plus passionné à mesure qu'on approche du moment où le désaccord doit éclater. C'est, pour la première fois, au premier jour de l'année où précisément Louis-Philippe doit s'exposer au reproche de duplicité de la part de la reine d'Angleterre, qu'il envoie poupée et fusil à ses enfants, et qu'il établit une correspondance avec ces augustes bambins.

Une lettre fort sèche de la reine Victoria à la reine Amélie, qui clora cette série de lettres, est celle qui a donné lieu à la longue justification que Louis-Philippe adressa à la reine des Belges pour être communiquée à la reine d'Angleterre, et que nous avons imprimée n° II, p. 9 de cette Revue.]

A S. M. LA REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE. | souvenirs chers à mon cœur, est d'informer Votre

Château d'Eu, le 15 octobre 1844.

Madame, ma bien bonne et très-chère sœur, Mon premier soin, en me retrouvant dans ce château d'Eu, dans ce lieu dont la vue me retrace tant de

(1) Portefeuilles trouvés aux Tuileries.

Majesté de mon heureuse arrivée. Mon passage de Douvres à Calais a été de deux heures et demie. Le temps était beau, le vent un peu fort, et la mer assez rude; selon mon habitude, je n'ai pas eu la moindre atteinte du mal de mer. Je ne peux pas en dire autant de mon pauvre Montpensier, qui l'a été tout le temps, mais qui s'est trouvé de nouveau à merveille, dès que nous sommes entrés à Calais.

Nous sommes bien impatients d'apprendre comment | et de Montpensier, et ce sera une grande fête que de se sera passé l'embarquement de Votre Majesté à Grosport et son débarquement à l'ile de Wight, et si Elle ni le prince Albert n'ont pas été incommodés par le mauvais temps. Je n'ai pas cessé d'être préoccupé de cette crainte.

L'accueil que j'ai reçu des grandes réunions de populations qui s'étaient formées à Calais, à Boulogne et sur toute la route, l'écho d'approbation qu'elles donnaient aux discours qui m'étaient adressés, et qui re- | tentissaient tous de leur satisfaction de l'accueil que Votre Majesté m'a fait, de celui que j'ai reçu de toutes les classes de vos sujets, et enfin de leur bonheur de voir se raffermir les relations amicales de nos deux gouvernements et de nos deux pays, m'a causé un plaisir dont j'ose entretenir Votre Majesté, parce que je sais qu'elle le partagera. J'ai l'espoir qu'aujourd'hui ces sentiments ne sont pas seulement ceux de la population de nos côtes, mais qu'ils se propagent sur toute la surface de la France, malgré les efforts de la malveillance qui travaille toujours en sens contraire.

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voir se renouveler une visite dont le souvenir nous est si cher. J'étais charmée d'apprendre que le voyage de Grosport à Douvres s'est fait si promptement, et que Votre Majesté n'était point fatiguée de cette longue course, et il me tarde maintenant de savoir comment le trajet s'est fait.

Le temps étant beau mardi matin, nous avons visité le Gomer, où l'amiral Lassusse nous a donné un excellent déjeuner préparé par M. Charles, et où j'ai eu le plaisir de porter la santé de Votre Majesté avec bien des vœux pour son bonheur. J'ai bien admiré le Gomer, et j'espère que vous approuverez notre visite à bord, même dans votre absence; mais nous avons cru par là faire plaisir à votre marine qui avait eu le grand chagrin de ne pas pouvoir vous reconduire en France; en même temps, il faut l'avouer, nous avions bien envie de visiter un de vos bâtiments.

Albert se met à vos pieds, Sire, bien sensible, ainsi que moi-même, à l'amitié et à la confiance que vous lui avez témoignées. J'ose prier Votre Majesté d'offrir mes plus tendres hommages à la Reine et à Madame votre

Je suis pour la vie, Sire et mon cher frère, de Votre Majesté, la bien affectionnée sœur et fidèle amie, VICTORIA.

J'ai rencontré, à moitié chemin, la Reine qui était venue au devant de moi, avec ma sœur. Je les ai trou-sœur, et de me rappeler au souvenir de Montpensier. vées bien portantes et profondément touchées de toutes vos bontés pour moi et pour les miens. J'espère que vous me permettrez d'offrir ici de nouveau au prince Albert l'expression de ma vive amitié et celle de tous les sentiments dont le temps que nous venons de passer ensemble m'a pénétré pour lui. J'y ajoute du fond de mon cœur les mêmes expressions pour elle-même; il m'est plus facile d'appeler au sien, pour apprécier les sentiments que je lui porte, que d'entreprendre de les exprimer, et je me borne donc à lui répéter que c'est pour la vie, Madame, que je suis, de Votre Majesté, le très-affectionné bon frère,

LOUIS-PHILIPpe.

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS, MONSIEUR
MON FRÈRE, AU CHATEAU D'EU.

Sire et mon très-cher frère,

Votre Majesté m'a écrit deux bien bonnes lettres de Douvres, pour lesquelles je vous remercie de tout mon cœur. Les expressions de bonté et d'amitié que vous me donnez, ainsi qu'à mon cher Albert, nous touchent sensiblement. Je n'ai pas besoin de vous dire encore combien nous vous sommes attachés et combien nous désirons voir se raffermir de plus en plus cette entente cordiale entre nos deux pays, qui existe si heureusement entre nous personnellement. C'était avec un vif regret que nous nous sommes séparés de Votre Majesté

A S. M. LA REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE,
A WINDSOR-CASTLE.

Château d'Eu, le 20 octobre 1844.

Madame ma bien chère bonne sœur,

J'ai fait lecture hier au soir à la reine et à ma sœur, dans ce salon où nous avons eu le bonheur de voir Votre Majesté, d'un long article du Standard qui contenait les details, si intéressants pour nous, de la visite qu'elle a daigné faire au Gomer avec le prince Albert, et je me disposais à vous exprimer combien j'y étais sensible, au moment même où j'ai reçu celle que vous avez eu la bonté de m'écrire le 17, de Osborne-house, Ile de Wight. Je ne saurais vous dire le plaisir que m'a fait cette lettre. Je l'ai immédiatement communiquée à la reine, à ma sœur et à Montpensier. Je me suis chargé d'être leur interprète auprès de vous, Madame, et je sollicite pour moi la même faveur de votre part auprès du prince Albert. Mais, tout en jouissant beaucoup des détails de cette si bonne visite, je souffrais de n'y avoir pas été, et je me reprochais presque ce départ pour Douvres, que pourtant tant de considérations m'avaient décidé à entreprendre. J'aurais été bien heureux de recevoir

Votre Majesté à hord du Gomer et d'avoir le bonheur d'être à ses côtés, à ce déjeuner où elle a bien voulu porter de nouveau ma santé, et même se rappeler du bon Charles. Mais je remercie bien vivement Votre Majesté d'avoir fait cette visite. Je sais qu'elle a transporté tous nos marins, et que c'est de bon cœur qu'ils ont fait retentir nos vaisseaux de ce cri de Vive la Reine que j'étais si heureux d'entendre ici, et je ne doute pas que de nos vaisseaux ce retentissement ne se prolonge dans toute la France et jusqu'aux Pyrénées. Nos populations sont très-sensibles à ces symptômes de kindness pour elles, et c'est assurément, comme Votre Majesté l'a si justement senti, un grand moyen de faciliter cette tâche de maintenir et de cultiver cette entente cordiale si nécessaire à nos nations et si douce pour moi, quand c'est auprès de vous que je la cultive. Je sais, à ma satisfaction bien réelle, que l'effet de tout ceci est très-grand en France, et que si j'avais aujourd'hui le bonheur de conduire Votre Majesté à Paris, elle y serait accueillie avec transport, et j'espère que ce sentiment ne sera pas transitoire. Quoi qu'il en soit, j'espère bien que j'aurai l'honneur de vous faire ma cour à Windsor, et la reine et ma sœur se flattent bien de pouvoir aussi profiter alors des gracieuses intentions de Votre Majesté, auxquelles elles sont bien sensibles.

C'est de tout mon cœur que je renouvelle à Votre Majesté, l'expression de cette vive, sincère et bien tendre amitié avec laquelle je suis pour la vie, Madame et bien chère sœur, de Votre Majesté, le très-affectionné bon frère et bien fidèle ami,

LOUIS-PHILIPPE.

Votre Majesté dans le désir que ce sentiment soit durable, et je l'espère. Nous éprouvons aussi une grande satisfaction en apprenant par Votre Majesté que notre visite à bord du Gomer ait fait à la marine française autant de plaisir qu'à nous.

Je me félicite de l'heureux retour de votre fils Aumale, et j'ose vous prier de vouloir bien être notre interprète auprès de lui, en lui offrant tous nos vœux à l'occasion de son mariage. J'espère que vous trouverez tous vos chers enfants en bonne santé, en retournant à Saint-Cloud où ils vous attendent, comme Victoire (1) m'écrit, avec une grande impatience.

L'espoir que Votre Majesté me donne que la reine et votre sœur vous accompagneront la prochaine fois que vous viendrez en old England (où on sera empressé de vous témoigner de nouveau le respect qu'on vous porte) nous rend fort heureux. Peut-être aussi il nous sera permis une fois de venir vous offrir nos hommages à Paris même. Je prie Votre Majesté de vouloir bien nous mettre aux pieds de la reine et de madame votre sœur, et d'agréer ici les expressions de cette tendre amitié et de cette haute estime avec lesquelles je suis, Sire, et mon bien bon frère, la très-affectionnée sœur et fidèle amie,

VICTORIA.

Albert est bien sensible de votre bon souvenir, et me charge de vous offrir ses hommages les plus affectueux.

A S. M. LE ROI DES FRANÇAIS, MONSIEUR

MON FRÈRE.

Windsor-Castle, le 22 octobre 1844.

Sire et mon bien cher frère,

Arrivée ici hier soir, où tout me rappelle cette bonne et chère visite de Votre Majesté, qui a malheureusement été si courte, je vous remercie bien vivement de vos deux si aimables lettres du 15 et du 20. C'était un grand soulagement pour nous d'apprendre que Votre Majesté n'avait pas été souffrante du trajet; mais je regrette que le pauvre Montpensier n'ait pu échapper à cet odieux mal de mer. Je puis facilement me figurer le bonheur de la chère reine votre sœur, en revoyant Votre Majesté heureusement de retour, et je suis charmée, ainsi qu'Albert, de l'effet que votre visite et votre accueil ont eu en France. Je m'unis à

A S. M. LA REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

Paris, 30 octobre 1844.

Madame, ma bonne chère sœur et bien bonne amie,

C'est des Tuileries, où je suis venu seulement pour la journée, que j'offre à Votre Majesté l'expression de toute ma sensibilité pour les lettres charmantes qu'elle a bien voulu m'adresser. En vérité, j'admire la manière dont vous savez tirer parti de notre langue, et vous exprimer avec tant de grâce et de correction de style. Je ne connais rien de plus aimable que ce que vous me dites sur votre visite au Gomer, et s'il était dans l'ordre des choses possibles, ce qui n'est assuré, ment pas, que notre marine pût savoir qu'une telle phrase est sortie de la plume d'une reine d'Angleterre, ils en seraient tous transportés; quant à moi, qui en ai été transporté aussi, je ne puis mieux faire que de recourir à une réponse que je suis bien flatté de pouvoir

(1) Madame la duchesse de Nemours.

considérer comme l'œuvre d'un trio de fidèles amis, et de répéter à cette occasion: I thank you in the name of France.

La reine et ma sœur sont bien sensibles au désir si bon que vous m'avez témoigné de les voir m'accompagner à Windsor, quand ma seconde visite s'effectuera, et elles le désirent autant que je le désire moi-même; j'espère que ce qui a été si heureusement possible cette année deviendra plus facile dans les années que la Providence peut encore nous réserver; je renoncerais

de vous demander à tous deux de me conserver toujours celle que je suis si heureux de vous avoir inspirée. C'est dans ces sentiments que je me dis pour la vie, madame ma bien chère bonne sœur, votre bien. affectionné frère et bien fidèle ami.

LOUIS-PHILIPPE,

Saint-Cloud, 4 décembre 1844.

Madame et très-chère sœur,

Je me disposais à écrire à Votre Majesté pour la remercier de sa si bonne lettre du 19 novembre, lorsque j'ai reçu la triste nouvelle de la mort de madame la princesse Sophie-Mathilde, ce qui nous a fait une vive peine. Je n'ai pas voulu attendre la notification officielle pour manifester combien je m'associe de cœur et d'âme à toutes les peines de Votre Majesté et de sa famille, et j'ai pris le deuil immédiatement.

difficilement à l'espoir de voir une fois par an, tant A S. M. LA REINE DE LA GRANDE BRETAGNE. Votre Majesté que le prince qui lui est si cher, et dont l'amitié m'est devenue si précieuse. Je la remercie bien de me confirmer dans l'espérance de pouvoir un jour lui faire les honneurs de la ville de Paris; et à cet égard, j'ai la satisfaction de pouvoir vous dire que si quelque événement untoward ne venait pas changer les dispositions où l'on peut craindre quelque mobilité, je répondrais d'un succès complet : j'en répondrais aujourd'hui sans hésiter. L'effet produit par l'amitié dont vous m'avez donné l'année dernière et cette année des preuves aussi touchantes et aussi frappantes, l'accueil du public anglais, les sentiments de peace and amity with France, si cordialement manifestés par votre gouvernement, et the people at large, ont rectifié chez nous beaucoup de préjugés, et ont produit un effet immense. Aussi, dans toutes les sondes plus ou moins directes que j'ai faites ou fait faire, j'ai trouvé les dispositions les plus favorables, et je n'ai aucun doute que si le moment était venu où Votre Majesté crût pouvoir me renouveler à Saint-Cloud sa gracieuse visite, la ville de Paris lui ferait un accueil conforme aux vœux de mon cœur.

J'attends avec quelque impatience le beau dessin que j'ai vu à Windsor, et que vous me faites espérer de recevoir bientôt. Il retrace un moment dont le souvenir m'est bien cher. Je vous remercie bien aussi de vos bontés pour Winterhalter. Le tableau qu'il me fait me sera aussi bien cher, et plus le temps m'éloigne de ces précieux souvenirs, plus j'attache de prix à compléter les tableaux qui retraceront ceux d'En et de Windsor.

Je comprends parfaitement, comme Votre Majesté me le dit, combien il serait téméraire de se livrer trop longtemps à l'avance, à des projets et à des espérances que tant de circonstances peuvent venir frustrer et rendre chimériques. Je le comprends surtout pour une course de Votre Majesté, où nous pourrions avoir le bonheur de vous recevoir à Saint-Cloud, et de vous faire les honneurs de Paris sur une aussi grande ou aussi petite échelle que cela pourrait vous convenir, ainsi qu'au prince Albert. Avant toutes choses, je vous prie tous les deux d'être bien certains que, quels que soient mes désirs que cette course se réalise, je ne consentirais jamais à vous la laisser entreprendre si je n'avais pas acquis préalablement une conviction entière et absolue que vous y seriez reçue comme, sous vos auspices, je l'ai été en Angleterre. Cette conviction,

Tout en faisant ces sondes, nous avons interdit tout acte officiel, toute démonstration de la part des corps ou autorités, qui pourrait devenir la proie des journaux qui trop souvent enveniment ce dont ils s'emparent; et cela a réussi, ils n'en ont pas parlé. Cependant, quand le préfet a sondé le conseil municipal, où les opinions sont un peu mêlées, un des opposants dit tout de suite: « Nous serons galants, nous la recevrons de « notre mieux, et nous voterons sans dissidence tout « ce qu'il faudra pour lui donner une grande fète à « l'Hôtel-de-Ville. » La garde nationale n'est pas moins aimable, et veut aussi donner son grand bal; elle veut vous montrer ses soixante mille hommes sous les armes, ce qui pourrait être trop fatigant pour Votre Majesté; mais comme de raison tout cela pourrait se limiter à tout ce que vous prescririez, et je ne dis cela que pour vous montrer que nous n'aurions pas besoin de stimu-je l'ai aujourd'hui; mais je connais trop bien et les ler, et que l'accueil serait partout tel que nos cœurs le désirent.

J'espère, madame, qu'avec votre bonté ordinaire, vous me permettrez d'offrir au prince Albert l'expression de la vive et sincère amitié que je lui ai vouée, et

hommes et les temps où il m'a été donné de vivre, pour jamais m'embarquer à répondre de l'avenir, t mon avis est toujours de ne pas nous engager avant que cet avenir, s'étant plus rapproché du présent, nous ait mis à la portée de bien juger ce que nous pouvons

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