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tion sans limite; il sait admirablement cacher | prison de Sainte-Pélagie, Raisant troublait son jeu : il est méchant et très-féroce, et, quoi l'association par de continuelles intrigues. Le qu'on en dise, en général nous ne le sommes gouvernement, en l'envoyant à Doullens, renpas. Raisant ne sait pas parler; aussi n'avait-il dit la vie à l'association. L'organisation fut pas d'influence comme capacité, mais seule remaniée; on s'occupa de recrutement d'ocment comme moralité. On le regardait comme tobre 1838 jusqu'en février 1839. A cette le lieutenant de Lamieussens; il en était ul- époque, Lamieussens voyageait, mais ses voyages n'avaient aucun but politique.

céré.

La Société n'a été pour rien dans les émeutes du commencement d'avril, aux abords de la chambre des députés et à la rue Saint-Denis.

Martin Bernard est intelligent, doux, brave garçon, très-actif, fort capable d'organisation. Barbès est rempli de bravoure : c'est un homme résolu dans l'action, mais qui n'est Notre calcul était de ne pas bouger et d'épas dangereux. Il n'est pas organisateur, il ne clater tout à coup. Les émeutes d'avril étaient connaît pas les hommes, et ne sait pas prendre spontanées, telles que celles de 1831 et 1832; d'empire sur eux : c'est un instrument éner- aussi n'avaient-elles pas de consistance. Quant gique, ce n'est pas un chef. Il est du reste spi- à nous, en mars 1839, nous comptions huit ritualiste décidé, ce que la plupart d'entre cent cinquante hommes. Les émeutes d'avril nous ne sommes pas. Il a été en partie la donnèrent naissance à une autre société paralcause de notre échec du 12 mai. Il ne s'est pas lèle à la nôtre l'effervescence du public rébattu comme un chef, mais comme un soldat. veilla quelques anciens meneurs qui formèLamieussens est Gascon, adroit, délié, am-rent la Société des Montagnards. C'était une bitieux, mais d'une ambition moins vaste que véritable anarchie. Les meneurs étaient nomcelle de Raisant. Il s'est attaché à Barbès à breux et ils étaient tous soldats. Tout se bornait cause de la position sociale de celui-ci. Il s'at-à vingt ou vingt-cinq criards: Pornin, Vachez tachait à tous ceux qui avaient plus de fortune que les autres et une meilleure situation. Du reste, il est essentiellement organisateur. Les hostilités commencèrent bientôt à éclater entre Raisant et Lamieussens. Raisant avait monté une levée de boucliers contre Lamieussens. Martin Bernard, qui l'avait d'abord attaqué, chercha plus tard à le défendre, mais lui et moi fûmes obligés d'y renoncer, tant Lamieussens était soupçonné et devenu impopulaire. Lamieussens fut forcé de se retirer en mai 1838. De formelles tentatives furent faites pour réorganiser une fabrique de cartouches; c'est alors que Raban parut parmi nous : il fut introduit par Raisant, qui voulait s'en servir pour dominer le comité.

Raban est un homme étourdi, impérieux, compromettant. Il fut saisi, et il était impossible qu'il ne le fût pas. Vous me parlez de Dubosc; il ne se souciait pas d'entrer dans l'association, mais il se mettait à ma disposition pour se battre. Lamieussens a été accusé, mais à tort, d'avoir vendu l'affaire Raban. De sa

et autres. Ils allaient répétant sans cesse : « Nous marcherons demain, nous marcherons << tel jour, » et ils ne paraissaient jamais, parce qu'ils n'avaient pas de monde derrière eux. Ils faisaient à merveille les affaires du gouvernement. Ils ébranlaient nos Saisons par leurs criailleries, répétant sans cesse que nous étions exclusifs, que nous ne voulions pas nous fusionner avec eux, que nous ne voulions pas agir; ils mirent en désordre le quartier SaintAntoine : il fallut les dissoudre.

Arriva le 12 mai. Voici les motifs qui nous engagèrent à agir. En premier lieu, la crise ministérielle, qui produisait un mécontentement général. Si le ministère avait été formé le jeudi, nous n'aurions pas pris les armes le dimanche; nous comptions aussi sur les souffrances du commerce. D'un autre côté, les Montagnards menaçaient de dissoudre la Société par leurs intrigues; enfin il y avait parmi les nôtres un cri général et irrésistible de combat.

Le moment était bien choisi la bourgeoisie

était désaffectionnée. Si nous avions pu tenir vingt-quatre heures, nous regardions le gouvernement comme perdu. Nous avons précipité l'action, de peur que le ministère ne parût. Nous étions dans la nécessité d'agir pour éviter de nous dissoudre. Quant aux préparatifs, nous avions renoncé à confectionner les munitions en masse; nous trouvions plus prudent de les fabriquer en détail. Nous pouvions de cette manière éviter les investigations de la police.

23 octobre 1839.

Le 12 mai, des gens étrangers à la Société se sont joints à nous en assez grand nombre. Un de nos motifs d'espoir, c'est que nous regardions la classe ouvrière comme mécontente, et la population en général comme désaffectionnée. La bourgeoisie nous semblait molle et disposée à laisser faire. Il s'est joint à nous plus de monde que je ne croyais. La plupart des gens arrêtés étaient étrangers à l'association. Un cinquième à peine lui appartenait. Sur les accusés de la première catégorie, il n'y avait guère qu'un tiers de sociétaires. Six cent cinquante hommes environ sont venus au rendezvous. Il y avait toujours en moyenne de vingtcinq à trente absents, et on peut porter à deux cents le nombre de ceux qui ne venaient pas, pour diverses causes. On a perdu un temps précieux à enfoncer la porte de Lepage. Ç'a été une des causes du mauvais succès.

avons recruté dans la population un nombre de combattants au moins égal au nôtre. S'il y avait eu des armes, il y aurait eu bien plus de combattants. L'attaque de la Préfecture a échoué par défaut d'ordre on avait mêlé les deux espèces de cartouches, celles de guerre et celles de chasse; il s'en est suivi, quand il a fallu en faire usage, beaucoup de désordre et de trouble. Barbès est parti de la rue Quincampoix avec quarante hommes, en avant du gros de la troupe; il n'a pas été suivi. Après l'attaque du poste de l'Horloge, il n'a su que faire le corps principal était resté sur la place du Châtelet. Barbès est venu le joindre par le pont au Change. Alors on changea de plan. L'attaque de la Préfecture avait échoué; on songea à attaquer l'Hôtel-de-Ville. Je me trouvais sur la place du Châtelet; nous éprouvions des désertions. La colonne attaqua successivement le poste de l'Hôtel-de-Ville, la septième mairie, puis la sixième. C'est alors qu'on créa des barricades. La colonne se sépara, et l'affaire fut perdue. Au Conservatoire, les chances étaient bonnes; nous comptions six ou sept cents hommes armés. Deux heures de combat leur avaient donné de l'ordre et de la confiance. Si la colonne avait rencontré un régiment, elle l'aurait enfoncé. C'est la vieille habitude des barricades qui l'a emporté. Elle a dissous la colonne : nos hommes se battaient derrière les barricades avec beaucoup de sangfroid et d'indifférence. Ils attendaient chacun à leur poste et sans s'émouvoir.

Nous n'avions pas de fusils dans la Société. Nous possédions environ trois mille cartouches, Il y a deux catégories dans le parti républisoit de guerre, soit de chasse. Le plan était cain: ceux qui se battent et ceux qui ne se très-simple. Nous comptions nous armer avec battent pas. La première catégorie se compose les fusils de Lepage, marcher sur la Préfec- presque entièrement d'ouvriers. Tout ce qui a ture, l'occuper, garder et barricader les ponts, des habits ne se bat guère; le nombre des établir une espèce de camp retranché, de quar-hommes à habit qui se mêle d'insurrection est tier-général à la Préfecture, faire de la Cité le très-petit. La grande majorité fait des jourcentre de l'insurrection, et pousser de là des naux et attend. Si le mouvement avait réussi, colonnes dans les diverses directions. Au pre-il aurait été, après le succès, dirigé par mier moment de la prise d'armes, il s'est pré- tres que nous; nous le savions bien : nous senté à peu près huit cent cinquante hommes; étions convaincus que bien des gens se prédeux cent cinquante hommes au moins ont senteraient après la victoire, et que nous ne quitté pendant les trois quarts d'heure qu'a manquerions pas d'hommes pour prendre le duré l'attaque de la boutique de Lepage. Nous pouvoir. Nous n'avions pas nous-mêmes assez

d'au

de notabilité; on n'avait pas désigné d'avance | l'expérience, on pourrait avoir meilleur sucles membres du gouvernement. Cela se serait cès. Après six semaines, l'association a repris fait de soi seul. Les noms conhus se seraient son élan; il y a eu dans une partie de la poemparés de l'autorité. La Société n'avait pas pulation disposition à s'engager dans l'associade relations avec les gens haut placés. Les tion. On attribuait l'échec au manque d'ordre hommes qui passent pour tête de colonne se et de discipline. Mais il n'y avait plus de chefs, gardent de tout contact avec les hommes d'ac- rien que des chefs secondaires, des ouvriers. tion; ils leur font même une opposition qu'ils Mais les ouvriers n'obéissent volontiers qu'aux n'osent pas rendre vive, mais nos allures leur hommes à habit. L'organisation était trèsdéplaisent fort. Je n'ai pas eu de rapport avec mauvaise; l'autorité tomba entre les mains des Cavaignac, Guinard et ses autres amis depuis anciens chefs de mois. Alors on s'adressa à l'évasion de Sainte-Pélagie. moi; je conseillai de conserver l'ancienne dénomination. Il y avait alors cinq cents sociétaires présents. C'était après le procès, dans les derniers jours de juillet; l'anarchie était extrême. Vous avez bien fait d'épargner la vie de Barbès. Si Barbès avait péri, l'exaspération aurait passé toutes les bornes; il y aurait eu certainement des pairs assassinés. Il n'en serait pas résulté d'attentats contre la vie du roi, parce que l'opinion est établie que le roi est trop bien gardé, et que chercher à lui faire un mauvais parti, c'est perdre son temps et compromettre les siens. Mais les vengeances contre les pairs n'auraient pas eu de terme. Malgré la grâce de Barbès, l'idée est restée de faire la guerre; nous comptions sur le mécontentement de la population; je l'attribue à deux causes d'abord à ce qu'il n'y a pas eu de guerre, à l'absence de dignité dans la politique extérieure; en second lieu, à l'encombrement des ateliers; à la lutte du travail contre les capitaux.

L'organisation a survécu au 12 mai. La majeure partie des membres de la Société est en liberté. Il y avait dans les Familles beaucoup d'étudiants; mais ce sont de mauvais soldats, bavards plus indiscrets que les ouvriers. Dans les Saisons, tout était ouvrier. Les Familles avaient eu de nombreux rapports avec l'armée; les Saisons n'en avaient pas. On avait reconnu que c'était un abus : on n'a jamais dans l'armée que des hommes isolés. Ils ne peuvent pas venir au rendez-vous du combat en uniforme. S'ils sont un peu nombreux, ils compromettent. Ces affiliations ne servent à rien le soldat dans les rangs est obligé de faire comme ses camarades. Il faut compter sur les sympathies républicaines dans l'armée pour le cas d'événements; mais c'est une faute d'y recruter pour les sociétés secrètes.

Nous n'avions pas non plus de rapports avec les départements; cela nous semblait tout à fait inutile. Le mouvement du 12 mai n'a été décidé que huit jours avant d'éclater. La lettre adressée à Barbès, et citée dans la procédure de la chambre des pairs, ne signifie rien. Barbès m'avait proposé de fonder un journal à Montpellier. Cette proposition n'eut pas de suite, parce que les fondateurs républicains de ce journal ne voulurent pas d'un rédacteur de Paris.

Le 12 mai a produit deux effets contraires : d'abord, il a ébranlé et découragé; cet effet a duré pendant le premier mois. Puis il y a eu réaction l'exemple d'une attaque aussi audacieuse a monté les esprits; on a pensé qu'en évitant les fautes du 12 mai, et en profitant de

C'est à la fin de juillet que j'ai repris le commandement. Je cherchai à faire cesser les tiraillements, à mettre de l'ordre dans la Société. Le gouvernement, dans son intérêt, a fait trop d'arrestations; c'est une faute. Beaucoup de gens qui n'avaient rien fait quand on les a arrêtés, sortent de prison pour entrer dans les associations les prisons sont des foyers de conspiration.

Il y avait dans l'ancienne Société dix Saisons, et par conséquent dix Printemps. Plusieurs Saisons ont été disloquées après le 12 mai.

1er groupe. Pour chef Geoffroy, cambreur. Geoffroy a été accusé de rapports avec là

police, menacé de jugement et abandonné. | Jouy, ébéniste. Ce groupe est isolé; il se com

Son détachement a été détruit; il était de cinquante-six à cinquante-sept hommes.

pose de cent quarante à cent cinquante hommes. Il est en l'air; il n'a pas de rapport avec

2e groupe, dit des cambreurs, dissous après l'association. Jouy a sous ses ordres Langlois,

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5e groupe. Celui que commandait Nettré, tué en mai. Il commandait à quatre-vingt-dix hommes. Dissous à la suite de mai. Sur les trois Juillet de ce groupe, deux, que l'on nommait Antoine et Joseph, se sont retirés.

6° groupe. Mélangé de gens de toute sorte du faubourg Saint-Germain, quartier Mazarin, commandé par un portier nommé Jean, homme d'anarchie et de désorganisation, qui a amené la dissolution du groupe.

7e groupe. De cordonniers et de tailleurs. Dissous. Le chef est à Sainte-Pélagie; il ne s'est pas ballu en mai.

8e groupe. Des cuisiniers.-Trente à trentecinq hommes, très-braves. Il a pour chef Gorat.

9e groupe. Des serruriers.-Vingt hommes, gens criards, insoumis, raisonneurs. Pour chef Chéry.

10 groupe. Les chapeliers. Ils avaient pour chef Ferrari, qui a été tué en mai. Il avait quatre-vingts hommes; aujourd'hui il en a cent. Il a pour chef Deschamps. C'était un Juillet avant le 12 mai.

Dans le faubourg du Temple, il s'est formé sur la lisière du faubourg Saint-Antoine un groupe de cent cinquante hommes qui a rallié beaucoup d'hommes des divers autres groupes. Lionne est le chef. Hippolyte commande aujourd'hui un groupe de cordonniers de cent hommes; il ne s'est pas battu en mai cependant il conserve le commandement. Boivin commande un groupe de trente à trente-quatre hommes. Le quartier Saint-Antoine est raisonneur, anarchiste; il avait été dissous avant le 12 mai; il a été réorganisé par les soins de

Scarguète, Dupuis, jeune homme assez ambitieux. Tous les chefs sont sous la direction de deux individus : Napoléon Bazin, cuisinier (on ne l'appelle jamais que Napoléon), qui a sous ses ordres Ason, Boivin, Gorat, Chéry, et David, employé à la Bourse, beau garçon de vingt-six à vingt-sept ans. Il commande à tout le reste, sauf le faubourg Saint-Antoine. Ce sont deux hommes médiocres, mais très-braves. Napoléon est dans la misère; c'est un franc et loyal garçon; il lit mal; il fait des cuirs en lisant les ordres du jour; cela déplaît aux ouvriers; il est bon organisateur. David est un peu monsieur; il a des prétentions, mais il n'est pas très-capable. Sa division est la plus forte.

Je parle en dernier lieu de Lamieussens; il n'a pas pris part au 12 mai, parce qu'on l'avait forcé de se retirer de l'association. C'est le plus grand organisateur avec Martin Bernard. J'ai pensé à lui pour la direction. Sans lui la Société ne pouvait se soutenir. David et surtout Hippolyte lui étaient très-opposés, mais ils ont fini par consentir à son admission. Cela s'est passé très-récemment. Lamieussens est sur un pied d'égalité avec les deux autres, dans le fond c'est la seule forte tête, la seule capable de commander; sa présence ralliera immédiatement le faubourg Saint-Antoine, où il a beaucoup d'influence; il ralliera aussi la majeure partie des groupes dispersés. Le principal lieutenant de Lamieussens est Bonnefaux, homme assez intelligent. Les gens de David font une hostilité sourde à Lamieussens. Ce que le gouvernement a à craindre, c'est l'union de divers chefs. Il y a un moyen de l'empêcher: il faudrait lâcher, au milieu de la Société, Raisant et Raban, qui doivent sortir de prison au mois d'avril prochain.

Dans tout cela il n'y a pas de projet d'attentat contre le roi. Ce n'est pas, comme de raison, que nous lui portions intérêt; mais re— marquons, deux motifs. D'abord nous le

croyons bien gardé, et le succès ne paraît pas possible; en second lieu, le gouvernement est aujourd'hui assez affermi pour que le duc d'Orléans succède à son père il serait donc inutile de tuer le roi; on s'exposerait, sans résultat, à jeter de l'odieux sur le parti : il n'y a qu'un mouvement insurrectionnel qui puisse amener la chute du gouvernement.

24 octobre 1839.

Les bonapartistes ont fait beaucoup de tentatives auprès de la Société, mais elles ont toutes échoué; ce n'est pas qu'il n'y ait beaucoup de bonapartistes parmi les ouvriers, même parmi les jeunes. Les idées de gloire et les souvenirs de l'empire agissent sur les imaginations; mais cette classe d'ouvriers n'entre pas dans les associations. Elle n'a pas d'idées et ne se mêle pas de politique. Les républicains ne veulent pas de l'alliance bonapartiste. Il y a eu, pour amener cette alliance, des essais infructueux faits par un nommé Chatelain, maître bottier de la rue Croix-desPetits-Champs; il a été conspué et mis à la porte. Un tourneur de chaises du quartier du Faubourg-Montmartre, s'est aussi occupé de la même affaire, ainsi que son fils: ils n'ont pas mieux réussi que Chatelain. Il n'y a pas à craindre dans le peuple d'associations bonapartistes. La haine du bonapartisme est aussi grande chez les républicains que celle de la royauté de Juillet.

Rien n'est aussi difficile à manier et à gouverner que les hommes du peuple; il faut une aptitude spéciale pour faire quelque chose de durable et de soutenu en matière d'association. Les hommes qui peuvent réussir dans cette entreprise sont rares; il leur faut de la discrétion, de la modestie, une grande connaissance des hommes; il faut qu'ils évitent les airs de commandement; qu'ils mettent dans toute leur conduite beaucoup de retenue et de prudence. Beaucoup de ceux qui essaient de diriger les associations se coulent en très-peu de jours c'est un métier très-ingrat. Arago fils n'était pas dans l'affaire; c'est un bavard qui n'est pas à craindre; il n'entend rien à la politique.

Ce sont les meneurs subalternes, tels que Fonberteau et les autres nommés hier, qui, par jalousie des Saisons, ont fait le Moniteur Républicain: l'apparition du premier numéro m'a étonné. Même, parmi ces hommes-là, il n'y a pas de gens pour faire un attentat contre le roi. Villecoq, qui est un des leurs, est un homme d'une vie privée méprisable, de mauvaises et sales affaires.

Il y avait très-peu d'argent dans les Saisons; les cotisations avaient été supprimées; toute collecte était interdite. Aujourd'hui les munitions manquent complétement; c'est dans les munitions qu'est la grande difficulté ; le matériel est encore plus difficile à organiser que le personnel. On achète la poudre en détail, mais il n'est pas facile de fabriquer un nombre de cartouches un peu considérable.

Dans les Familles, il y avait de nombreux rapports avec les régiments, notamment avec les 6°, 20°, 22° et 56° de ligne, 1er, 5' et 6° léger; c'est surtout dans le 22° de ligne que les relations étaient étendues.

Voici quel était le projet de fuite de B........, il avait accepté de réorganiser la Société, mais il voulait s'en aller une fois l'organisation faite.

Il se proposait d'aller en Suisse dans le canton du Tessin; après deux ou trois mois passés en Suisse, il aurait perdu toute direction; on ne se serait plus soumis à lui demander le mot d'ordre.

On a des projets pour 1840. C'est une époque; on est butté dans les sociétés sur cette idée-là; mais les sociétés ne pourront être en mesure, au moins pour le commencement de l'année. Depuis les dernières me. sures prises par la police, le matériel est beaucoup plus difficile à acquérir qu'auparavant.

Ce n'est pas le samedi soir, 11 mai, qu'on a donné l'ordre aux chefs pour une revue. L'ordre a été transmis hiérarchiquement; chacun croyait qu'il ne s'agissait que de passer en revue sa saison, son mois ou sa semaine, comme cela se pratiquait souvent. On n'avait même pas l'idée d'une revue générale; à peine trois ou quatre savaient qu'on allait se battre.

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